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Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 12:45

Chasse à la sorcière
 
 
 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 4 juillet 1997.

 
 
 

REGINE JUIN n’a pas voulu céder à la politique d’épuration culturelle dictée par la majorité communale de Vitrolles. Au pays des époux Mégret tant d’intégrité mérite la porte. Mercredi, Alfred Liévin, conseiller municipal Front national et président de la société d’économie mixte (SEM) gérante du cinéma local, Les Lumières, a annoncé le licenciement de la directrice qui, depuis onze ans, assurait le fonctionnement de cette salle classée art et essai. La sanction, signifiée le 26 juin, est motivée par un « refus d’obtempérer ».

 
 
 

Les amis du maire FN, Catherine Mégret, reprochent à Régine Juin l’organisation d’une soirée thématique, agrémentée d’un débat, autour de la projection du film « L’amour est à réinventer », succession de courts métrages sur l’homosexualité et les risques du SIDA. Programmée au début du mois dernier, l’initiative s’était attirée les foudres des élus lepénistes.

 
 
 

Parmi ces derniers, Brigitte Marandat déléguée à la culture en tête, avait exigé son annulation. Par courrier d’abord, Brigitte Marandat passa un savon à l’insoumise, demandant des explications sur le maintien d’une soirée « ayant pour origine l’association Lesbian et Gay Pride Films ». Puis l’édile frontiste revint à la charge, promettant des sanctions contre Régine Juin, accusée de propagande homosexuelle et « d’incitation à la pédophilie » (voir « l’Humanité » du 21 juin). Pour Alfred Liévin, ex-membre du RPR passé à l’extrême droite, le film ne « convenait pas » aux normes de la majorité vitrollaise. Conclusion primaire : l’employée de la SEM n’en a pas tenu compte, elle est donc limogée.

 
 
 

Infondé juridiquement, l’argument ne fait que confirmer l’oukase. Catherine Trautmann, ministre de la Culture, ne s’y est pas trompée qui, hier, a condamné une décision « irrespectueuse », « injuste » et « marquée par une idéologie ». La veille, des réalisateurs, des producteurs et des auteurs ont adressé une lettre ouverte au président de la République Jacques Chirac et au premier ministre Lionel Jospin. Parmi les signataires de cet appel en faveur du respect des « libertés d’expression et de réunion inscrites dans la Constitution » figurent Bertrand Tavernier et son fils Nils, Merzak Allouache, François Dupeyron, Philippe Faucon, l’auteur du film incriminé, Anne Fontaine...

 
 
 

Dès mercredi, le cabinet du maire de Vitrolles indiquait que Régine Juin « est remplacée par un professionnel précédemment en poste à Gardanne (Bouches-du-Rhône), qui a reçu comme consigne de proposer une programmation pluraliste, de qualité et accessible à tous les publics ». Le remplaçant travaillait effectivement comme projectionniste vacataire au cinéma communal de Gardanne, Les Trois Casinos. Cependant, la municipalité, dirigée par le communiste Roger Meï, et toute l’équipe du service culturel affirment leur entière solidarité avec Régine Juin. D’aucuns, ironiques, rappellent que le « brave garçon » recruté par le FN avait débarqué aux Trois Casinos après avoir été licencié de L’Etoile... un cinéma X marseillais.

 
 
 
REMI BROUTE.


Archive de l’INA : (Vitrolles MEGRET dans les archives)

 

 

03/07/1997 : Licenciement de Régine Juin

 

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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 12:44

Licenciements non-conforme à Vitrolles.
 
 
 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 24 juillet 1997.

 
 
 

La sous-préfecture d’Istres (Bouches-du-Rhône) a fait parvenir le 13 juin au maire FN de Vitrolles, Catherine Mégret, une lettre d’observation concernant la suppression de 31 emplois municipaux de non-titulaires en raison de « vices de forme » dans la délibération du 11 avril dernier.

 
 
 

Dans le cadre du contrôle de légalité exercé par la sous-préfecture sur les délibérations prises par les collectivités locales, le sous-préfet a demandé à la mairie « des renseignements concernant la consultation du comité technique paritaire de la mairie ». Il a également souligné dans sa lettre le fait que « le conseil municipal doit se prononcer sur la nature et le nombre des emplois concernés ». La délibération n’étant pas conforme à la loi, le sous-préfet a demandé à la mairie que la délibération soit « rapportée ». Le maire FN, Catherine Mégret, a immédiatement dénoncé « le harcèlement judiciaire et administratif » que subit la municipalité, ajoutant que cela « ne modifiera en rien la décision prise ».

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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 12:30

Vitrolles: une épuration FN
 
source : Le Nouvel Observateur le 31/07/1997 auteur : Isabelle Monnin

On la devine timide. Pas envie de s'affirmer comme pasionaria, de jouer les martyrs. Régine Juin veut juste témoigner. Raconter l'histoire d'une ville abandonnée au Front national. «On dirait qu'ils sont là depuis dix ans.»
 
Sur son répondeur, sur son fax s'embouteillent les messages de soutien mais peu d'offres d'emploi. Régine Juin a été licenciée par la mairie de Vitrolles pour avoir refusé de céder à l'ordre moral. Directrice du cinéma municipal les Lumières, elle avait maintenu, malgré les pressions des élus, une soirée-débat le 19 mai, organisée autour de courts-métrages: «L'amour est à réinventer, dix histoires d'amour au temps du sida».


Ce soir-là, 130 personnes avaient fait le déplacement, les discussions ont traîné jusqu'à 2 heures du matin. Dans les deux autres salles des Lumières, d'autres spectateurs regardaient «les Pleins Pouvoirs» et «Nous sommes tous encore ici». «C'est drôle, ces deux titres, sourit-elle. Involontairement, ils résument bien la situation de Vitrolles.» La mairie, elle, lui reproche de faire la «promotion de l'homosexualité» et lui recommande de s'intéresser au «vrai amour», à la Bible.
 
Le 26 juin, elle reçoit sa lettre de licenciement, pour «refus d'obtempérer».

Dans son petit appartement, juché au centre d'Aix-en-Provence, Régine Juin récupère doucement. «Je n'ai pas très envie de retourner là-bas», avoue-t-elle. Sous ses fenêtres, sur une jolie place ombragée l'attendent ses amis de la Charrette, la dernière-née des associations vitrollaises qui regroupe les personnes licenciées par Mme le Maire depuis sa prise de pouvoir.

Car l'équipe Mégret n'a pas traîné. L'image du soir de ces tristes élections municipales est encore fraîche, et pourtant le souvenir paraît déjà lointain. «Le Chant des partisans» résonne dans la salle des fêtes, des larmes coulent, des poings se ferment. Février 1997, il faisait froid à Vitrolles. «La veille du deuxième tour, on avait organisé une veillée autour de l'hôtel de ville, se souvient Régine Juin. Il y avait du monde, on voulait croire qu'une fois encore on passerait à côté.» Mais le lendemain, Vitrolles se réveille FN, après Marignane, Orange et Toulon...

Et le nettoyage commence très vite. Dès le mois de mars, les licenciements pleuvent. Parmi les premiers touchés se trouve Pascale Morbelli, solide jeune femme, aujourd'hui présidente de la Charrette. Embauchée par l'ancienne municipalité de Vitrolles, Pascale était une des quatre éducateurs de rue de la ville. Un travail de prévention de la délinquance, de suivi des jeunes et des familles les plus en difficulté.

Pascale ne met ni sa langue ni ses convictions dans sa poche: elle s'était déjà fait remarquer pendant la précédente campagne électorale. Elle suivait, armée d'une poussette agrémentée d'un panneau de sens interdit, Bruno Mégret dans tous ses déplacements. La «provocation» a agacé. Et les Mégret ont fustigé pendant toute la campagne ces éducateurs partisans et inutiles.
 
Le 4 mars 1997, la sentence tombe: «Conformément au programme électoral énoncé par voie de presse, télévisée et radiophonique, Mme Catherine Mégret a fait part de son intention de mettre en oeuvre une nouvelle politique ne nécessitant plus l'intervention d'éducateurs de rue.» Trois des quatre éducateurs sont contractuels: Vitrolles n'a plus besoin d'eux.

Six mois après, la liste s'est allongée. Le bilan de l'épuration est impressionnant, effrayant: près de 150 personnes auraient d'ores et déjà été remerciées. La rumeur fait état d'une liste de personnes «à virer en priorité» qui circulerait parmi les militants FN de la mairie. Tous les services municipaux sont concernés sauf... la police municipale. Culture, animation, éducation, emploi, environnement ou administration: les contrats non remplacés affecteront la vie des Vitrollais dans les mois à venir. La ville, et ses 40000 habitants, comptait huit maisons de quartiers. Aucune d'elles ne fonctionne plus aujourd'hui, faute de personnel. Le théâtre, le théâtre de verdure sont fermés. Trente contrats emploi-solidarité, habituellement reconduits pour un an, n'ont pas été renouvelés. Idem pour les contrats de 30 assistantes maternelles ou puéricultrices.

«En six mois, ils ont cassé ce que nous avions mis près de quinze ans à construire, analyse Régine Juin. Qui parlait de Vitrolles comme d'une ville sans âme? Ce sont les Mégret qui ont jeté le discrédit sur la ville pendant toute la campagne, qui l'ont traînée dans la boue, fait courir les pires rumeurs. Or il se passait des choses à Vitrolles. 72000 personnes venaient par exemple au cinéma chaque année. Il y avait beaucoup de services, de loisirs possibles. Vitrolles avait une âme! Ils sont en train de tout détruire.»

Victimes et résistants tout à la fois, les membres de la Charrette sont bien décidés à ne pas laisser aux Mégret et à leurs lieutenants les clés d'une ville qu'ils aiment. «Nous avons monté l'association, ce collectif des gens licenciés, pour nous entraider, témoigner, mais aussi pour protéger ceux qui restent», dit Pascale Morbelli. Car nombre de cadres de l'administration municipale précédente sont partis, laissant les fonctionnaires en prise directe avec l'équipe dirigeante. «Du coup, les gens ne sont plus protégés par leur hiérarchie. Ils ont peur et ils n'ont pas toujours le courage de résister», dit encore Pascale.

Résister, c'est refuser les ordres contraires à la loi. Frédéric Jemel travaillait à la direction informatique. La première chose que lui ont demandé les nouveaux élus, c'est le fichier récapitulatif des fonctionnaires grévistes. Pas question pour l'informaticien d'obéir. Son contrat expirait au 15 août. Mais il a été licencié, «pour raisons économiques», dès le 7 juillet. Quand on lui a demandé de faire le «transfert de compétences», Frédéric a compris que, raisons économiques ou pas, quelqu'un d'autre était sur les rangs pour effectuer la besogne. Il s'aperçoit aussi qu'un homme, récemment embauché, est en fait chargé de surveiller le personnel du service. «Ils craignent tous les résistants potentiels, dit Frédéric. Ce sont des paranos du complot. Ils ont peur qu'on diffuse des informations à l'extérieur.» Après la dissolution de l'Assemblée nationale, le surveillant a mystérieusement quitté le bureau. A l'extérieur, certains l'ont vu qui collait les affiches du FN.

La résistance s'organise à Vitrolles. Elle sera le fait des associations puisque les politiques semblent avoir déserté les bords de l'étang de Berre. La mairie ne s'y est d'ailleurs pas trompée, qui a décidé en conseil municipal de diminuer de moitié les subventions de ces associations. Une Coordination des Associations vitrollaises (CAV) est déjà en place. Un maillage qui se transformera, les militants ne veulent pas en douter, en machine de reconquête de la ville:
 
«C'est à Vitrolles que le Front national a fait son plus gros score. Mais nous serons les premiers à nous libérer...»
 
ISABELLE MONNIN
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 12:15

Résistance en sous-sol
 
source : Le Nouvel Observateur le 31/07/1997 auteur : Isabelle Monnin
 
Au début, rien ne les prédisposait à la politique. Ils n'avaient que du rock dans la tête. Le Sous-marin, c'était d'abord l'histoire d'un rêve. Loïc Taniou et Thierry Curbelié sont deux copains de lycée fous de rock alternatif, façon Béruriers noirs.
 
Ensemble, ils montent une association, organisent quelques concerts. En 1990, Jack Lang lance l'opération Café musical; ils sautent sur l'occasion et retapent un local en sous-sol en plein centre de Vitrolles. Le Sous-marin n'en finira plus de grandir et d'attirer les jeunes de la région. Les Garçons bouchers, Ludwig Von 88, Burning Heads, Zebda ou Miossec: avec quelque 42 concerts et 8000 entrées par an, le Sous-marin, c'était une référence.
 
Mais la culture du Sous-marin n'entre pas exactement dans les canons du Front, qui n'y voit que musique partisane, agressive et excitant les mauvais instincts de la jeunesse, à l'opposé de cette culture «provençale» qui a les faveurs de Mégret et de ses amis.
 
Alors doucement, les sous-mariniers sont entrés en résistance. Ce sont les circonstances qui l'ont voulu. Quand les autres associations ont été privées de lieux de réunions, c'est ici, à quelques mètres de l'hôtel de ville, que les militants se retrouvaient. «Nous sommes devenus un espace de palabres»,   dit simplement Loïc.
 
L'endroit, l'atmosphère de liberté qu'il dégageait étaient trop gênants pour les édiles lepénistes Le 19 juin, le conseil municipal a décidé de diminuer de moitié les subventions versées aux associations. L'enveloppe globale passe de 9 à 3,8 millions de francs. La mairie ne renouvelle pas les 200000 francs du café musical, soit 20% de son budget, et menace de reprendre les locaux, jusqu'alors prêtés par la Ville. Punis.
 
Alors que d'autres sont soutenus, comme la Fraternité française, association d'aide aux Français proche du Front, qui obtient 300 000 francs pour sa première année d'activité.
 
Les sous-mariniers ne désarment pas. Ils ont lancé pour l'été un tour de France des festivals qui les amènera à témoigner partout de leur combat. Comme à Châteauvallon, après la mise à pied de Gérard Paquet, le ministère de la Culture et les artistes ont réagi. Outre le soutien de Catherine Trautmann, qui devrait permettre de trouver les 200000 francs manquants, un comité de soutien au Sous-marin s'est formé. Présidé par Bertrand Cantat, le chanteur de Noir Désir, il entend bien ne pas laisser tomber les amateurs de musique «sauvage» des bords de l'étang de Berre.
 
I.M.
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 12:14

Trois mois de prison avec sursis pour Mme Megret
 
 
 

Article paru dans l'édition du 9 septembre 1997.

 
 
 

LE tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence a condamné hier Catherine Mégret, maire Front national de Vitrolles (Bouches-du-Rhône), à trois mois de prison avec sursis et à 50.000 francs d’amende pour le délit de « complicité de provocation publique à la discrimination à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie ou à une nation déterminée ». L’épouse du numéro deux du FN était poursuivie pour des propos tenus, en février, au quotidien allemand « Berliner Zeitung ». Elle y déclarait notamment que « l’insécurité est liée à l’immigration » ou encore que « les immigrés qu’on rencontre continuent de vivre comme s’ils étaient chez eux (...) ils ont l’esprit colonialiste ».

 
 
 

Le tribunal, sans suivre totalement les réquisitions prononcées à l’audience, le 30 juin, par le procureur Jacques Baume, qui demandait une peine d’inéligibilité à l’encontre de la responsable lepéniste, a donné raison aux trois associations
-  S.O.S.-Racisme, le MRAP et la Ligue des droits de l’homme -qui avaient déposé plainte. Selon lui, les propos visés « démontrent une volonté délibérée de provoquer un état d’esprit hostile ou inamical envers un groupe de personnes ». Il s’est, en revanche, déclaré incompétent pour juger d’une autre affirmation grossière de l’élue frontiste - « il y a des différences entre les races, il y a des différences entre les gènes » -, estimant, pour le moins curieusement même en l’état actuel du droit, que la compétence pour ces débats relèverait des seuls « généticiens, ethnologues, sociologues ou théologiens ». Il a, en outre, jugé irrecevable la plainte pour diffamation raciale déposée par 590 particuliers.

 
 
 

Nonobstant, Me Alain Molla, leur avocat, s’est félicité de ce « jugement plutôt lourd avec une peine d’emprisonnement avec sursis ». Même constat du côté de Me Alain Lothe, conseil de S.O.S.-Racisme : « C’est une magnifique victoire car la peine est lourde ». Quant à Fodé Sylla, il y voit « la preuve que face au FN, il n’y pas de fatalité ».

 
 
 

Dans le camp de la condamnée, qui a elle-même dénoncé dans un communiqué une atteinte « aux libertés publiques », le coup est rudement ressenti si l’on en juge par la hargne des réactions. Me Wallerand de Saint-Just, l’un des défenseurs de Mme Mégret, a entamé à nouveau le couplet, cher aux lepénistes en ce seul cas, de la « liberté d’expression » bafouée. Comme si celle-ci pouvait se confondre avec la propagation d’une vulgate raciste distillant le poison de la discrimination et de la haine sous le couvert d’affirmations grossières sans aucun fondement scientifique. Quant au premier adjoint de la mairie de Vitrolles, Hubert Fayard, il n’a pas hésité à afficher son mépris pour la justice en ces termes : « Les Français avancent, les chiens aboient. »

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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 12:00

Vitrolles et les hommes en noir
 
source : Le Nouvel Observateur le 02/10/1997 auteur : Isabelle Monnin
 
Tout est calme, banal. Qu'attendait-on en franchissant la pancarte? Que tout soit estampillé, différent, identifiable? Non, Vitrolles est restée Vitrolles.
 
On imaginait que la ville, physiquement, afficherait la couleur. Et puis rien. Où sont les 9169 personnes qui ont glissé, le 9 février dernier, un bulletin Front national dans l'urne ?
 
Pas sur le marché, où la tente «Vitrolles en Provence, nous écoutons vos doléances» reste vide. Pas dans les cafés, où l'on ne parle pas de ces choses-là.
 
Voilà le mystère: plus de la moitié des électeurs ont donné leur ville au Front, mais on n'en rencontre aucun, ou si peu... La «vitrine» du Front est une ville comme les autres, le silence en plus. Pour ne pas avouer qu'il a voté Mégret, pour ne pas entendre que tel copain ou voisin a choisi le Front national, le Vitrollais préfère se taire.
 
Sous le soleil de Vitrolles, la faconde méditerranéenne a déserté. Vite monter dans sa voiture et fermer la porte. Hausser les épaules, pour décourager la discussion. Ne rien dire. La ville s'étend sur des kilomètres au bord d'une quatre-voies. C'est une ville nouvelle sans repère ni centre évidents. Un amalgame monotone de parkings, de culs-de-sac, de centres commerciaux et de zones piétonnes où l'on ne fait que passer. Bientôt, la place Nelson-Mandela sera rebaptisée place de Provence. C'est là que se trouve, massive et beige, la mairie: deux drapeaux français qui encadrent une bannière bleue avec une fleur de lis or au milieu, l'emblème de la Provence. Sur les portes d'entrée, un appel à signer une «Pétition contre le laxisme du commissariat de police nationale». A l'intérieur, une urne en Plexiglas couverte du sourire de Catherine Mégret en quadrichromie accueille les pétitions.
 
Bienvenue à Vitrolles-sur-FN...Quand Josiane est arrivée ici, il y a plus de vingt ans, la vie était belle et douce. Il y avait du travail. On construisait, on équipait. Et puis le laboratoire où elle était assistante de direction a déménagé. Josiane est restée. De CES en CES, elle a tenu trois ans sur le fil. Dégringoler en essayant de ne pas tomber tout à fait. Aujourd'hui, elle vient juste de trouver une place de vendeuse. Elle sourit, mais ses mots murmurent que «ce n'est plus pareil». Que la peur surtout a gagné du terrain. L'été, quand la fraîcheur attend la nuit pour se pointer, elle ne sort plus. Des histoires d'agression gratuite, elle en connaît des tonnes. Un de ses voisins s'est fait débarquer trois fois de sa voiture alors qu'il était arrêté à un feu rouge. «Depuis, il est traumatisé, il ne parle plus.» Josiane a dit à sa fille de 20 ans de boucler ses portières quand elle est en voiture. Josiane habite la résidence de la Corniche, côté «village», le coin chic de la ville. De petits immeubles de quelques étages perdus dans une mousse de verdure. Pour qui a-t-elle voté? La question ne se pose pas, la réponse se laisse deviner. «On se sent plus en sécurité depuis que Mme Mégret est à la mairie, dit-elle. A part ça, c'est comme avant. C'est un parti comme les autres, vous savez.»
 
Alain Castan connaît bien la ville. Aujourd'hui président de la Coordination des Associations vitrollaises, il a été élu municipal jusqu'en 1992. Il habite aux Plantiers et n'a jamais eu peur de sortir le soir. Sauf une fois: quand certains de ses voisins se sont mis en tête, après l'élection, d'organiser une milice qui veillerait toute la nuit. «Ils ont tenu une semaine», dit-il en souriant. Le prof, infatigable militant des droits de l'homme, analyse avec lucidité le calme apparent de la cité: Pour les gens peu politisés, l'arrivée du FN n'a rien changé. Personne ne manifeste ouvertement de sympathie pour le Front, certains de ses électeurs sont même peut-être déçus, mais ne le disent pas. Le FN s'est développé sur une profonde désagrégation sociale. Des liens distendus. Des gens qui se sont sentis progressivement isolés, abandonnés.»
 
Abandonnés comme cette petite femme, habitante des Pins, qui fonce sur «monsieur Castan» pour lui raconter son dégoût, tous ses malheurs. Elle a frappé à toutes les portes, en vain. Pas de travail. «Il y a des jours, j'ai envie d'ouvrir le gaz, de foutre le feu, et hop! ça sera fini.» Elle a des larmes de colère au coin des yeux. Derrière elle, deux grands enfants attendent sagement. «Je ne peux pas les envoyer au lycée, crie leur mère. Je n'ai pas assez pour leur payer le bus et la nourriture.» Elle a essayé de trouver des aides. On lui a répondu d'attendre que ses enfants aient 25 ans: «Ils pourront alors toucher le RMI, voilà ce qu'on m'a dit.» 22% des habitants de Vitrolles sont au chômage; les moins de 25ans constituent près de 35% de la population.
 
Les Pins: c'est ici que les télévisions viennent filmer quand elles veulent suggérer l'insécurité et la dégradation. Les Maghrébins y sont nombreux, fraîchement rejoints par des «gitans», qui seraient désormais les seuls à accepter de s'installer ici. Sur les colonnes en béton du quartier, on ne voit pas les affiches de Bruno Mégret qui commencent à refleurir ailleurs, promesses d'une nouvelle campagne électorale, la cinquième en deux ans. Quelques antennes paraboliques sont accrochées aux façades. Les arbres semblent sortir du béton. On a oublié de replanter de l'herbe et les «espaces verts» sont plutôt gris. Pour se rendre à pied au centre urbain, les habitants des Pins doivent franchir un petit tunnel. Symbolique frontière entre eux et les autres, certains le surnomment en souriant «le mur de Berlin».Quand Patrice est arrivé là, il y a dix-sept ans, il y a retrouvé un peu de la chaleur ouvrière des corons du Nord où il a grandi. Lui l'ancien militant communiste, le sempiternel responsable syndical aimait l'ambiance «ouvrière». Il rêvait encore du grand soir. C'était avant de voir sa cité devenir ghetto, s'enfoncer, pour s'offrir finalement au Front national. Il dit aujourd'hui que la politique a gâché sa vie: «J'aimerais mieux être un abruti qui ne comprend rien à ce qui se passe et qui vit sa petite vie peinard.» Comme Virgile, l'iguane qui cherche le soleil sur le tapis. Dans son petit salon, entre une grande télévision en location et un mur entier de cassettes vidéo, Patrice ressasse ses désillusions. «Il est beau, mon bilan personnel: au chômage après trente ans de boulot et coincé dans une ville FN. On est des otages, tous autant qu'on est. Qu'est-ce que cela veut dire d'avoir le droit de vote quand on n'a pas de vrai choix démocratique? Je crois que le RMI et le FN ont rempli la même fonction: sans eux, les petits se révolteraient.»
 
Patrice dit que les gens d'ici se retranchent derrière leurs cloisons, mais qu'ils ont besoin de parler, «pour évacuer».Dans le petit appartement ont défilé des journalistes du monde entier. Car Patrice, «le bolchevique», comme l'appelaient ses parents quand il avait à peine 12 ans, a été tenté un instant par le démon nationaliste. Il a failli basculer. Il a manifesté avec Le Pen à Carpentras avant de se ressaisir: «Je ne pouvais pas me trahir à ce point.» Reste qu'il comprend ceux qui, à bout, ont voté FN. «Les gens ne se parlent plus, il n'y a que de l'indifférence, de la haine et du désespoir. On est livré à nous-mêmes.» Patrice s'énerve quand son fils, aussi blond aux yeux bleus que lui, est traité de fasciste par ses camarades de classe après que la maîtresse eut évoqué la race aryenne dans un cours sur l'Allemagne nazie. Il s'emporte quand Tina, sa jolie femme, d'origine portugaise, clame que «les bougnoules» elle peut pas «les saquer»: «T'es à bout, Tina, mais pas raciste. C'est pas vrai.» Il raconte surtout l'atmosphère invivable du quartier depuis l'élection:
 
«Les Arabes soupçonnent tous les Français d'avoir voté FN. Tout le monde est replié sur soi-même.» Au pied de l'immeuble où vivent Patrice et sa famille, la petite place n'est pourtant pas sinistre avec ses deux terrasses de café. Stéphane, né à Vitrolles d'un père tunisien et d'une mère française, y boit un verre avec ses copains: «Depuis que le FN est passé, la méfiance est encore plus grande entre les gens, tout le monde soupçonne tout le monde.»

Plus que le Front national, c'est la peur qui a gagné à Vitrolles. Insécurité économique, insécurité tout court. La peur s'est installée petit à petit jusqu'à occuper tout l'espace. Les histoires d'agressions, fantasmées ou pas, se sont racontées jusqu'à devenir paroles d'évangile. Les chiffres officiels disent que la délinquance est en baisse continue depuis quatre ans, mais la peur reste.

Le Front national l'a compris, qui laboure ce sillon sans relâche. Le sentiment d'insécurité des Vitrollais est devenu son précieux fonds de commerce. Le jeu est subtil: attiser l'angoisse tout en affirmant lutter contre. Promettre une police municipale pléthorique et insinuer que le danger est partout, que les «voyous», comme dit Hubert Fayard, le premier adjoint, guettent à chaque coin de rue.

Cet été, un habitant de la Frescoule, au sud de la ville, décharge son fusil sur un groupe de jeunes, en blesse un. Hubert Fayard s'est empressé d'apporter son soutien... au tireur. «C'est une victime de l'insécurité», dit-il encore aujourd'hui.

Si Mme Mégret quitte rarement Saint-Cloud pour Vitrolles, sa police municipale est omniprésente. Son QG se trouve au milieu d'un parking, à l'entrée du «centre urbain». Impossible de rater les cinquante et un agents. Ils ont été «relookés» au début de l'été: rangers, treillis, tee-shirt, casquette, tout est noir. Armés de matraques et de revolvers, l'essentiel de leur travail est de se montrer, «pour rassurer la population». Leurs rondes ont été doublées. Le quadrillage est total, du vieux Vitrolles, souvenir d'une bourgade provençale, aux quartiers sud, tellement lointains qu'ils semblent constituer une autre ville. Ils tournent, ou plutôt ils traversent. Des kilomètres de béton rose, beige ou marron, défilent sous leur regard bienveillant. Cet été, ils ont même assuré la surveillance de plus de trois cents de ces maisons acquises quand Vitrolles était encore un rêve de promotion sociale.

Rien de bien inquiétant en apparence. Ces bons Samaritains aident les vieilles dames à traverser et répondent toujours présent quand on les appelle. Aidés par le système de surveillance vidéo installé par la municipalité précédente, ils interviennent à la moindre occasion et opèrent, dès qu'ils le peuvent, des arrestations en flagrant délit. «Tout citoyen a le droit d'interpeller un délinquant, explique Hubert Fayard. Quand les municipaux surprennent des voyous, ils les arrêtent et les conduisent à la Police nationale. C'est tout simple.» Pas de quoi en faire une histoire en somme.
Cet été, un habitant de la Frescoule, au sud de la ville, décharge son fusil sur un groupe de jeunes, en blesse un. s'est empressé d'apporter son soutien... au tireur. dit-il encore aujourd'hui., sa est omniprésente. Son QG se trouve au milieu d'un parking, à l'entrée du Impossible de rater les cinquante et un agents. Ils ont été «relookés» au début de l'été: rangers, treillis, tee-shirt, casquette, tout est noir. Armés de matraques et de revolvers, l'essentiel de leur travail est de se montrer, . Leurs rondes ont été doublées. Le quadrillage est total, du vieux Vitrolles, souvenir d'une bourgade provençale, aux quartiers sud, tellement lointains qu'ils semblent constituer une autre ville. Ils tournent, ou plutôt ils traversent. Des kilomètres de béton rose, beige ou marron, défilent sous leur regard bienveillant. Cet été, ils ont même assuré la surveillance de plus de trois cents de ces maisons acquises quand Vitrolles était encore un rêve de promotion sociale.Rien de bien inquiétant en apparence. Ces bons Samaritains aident les vieilles dames à traverser et répondent toujours présent quand on les appelle. Aidés par le système de surveillance vidéo installé par la municipalité précédente, ils interviennent à la moindre occasion et opèrent, dès qu'ils le peuvent, des arrestations en flagrant délit. explique Hubert Fayard. Pas de quoi en faire une histoire en somme.

Officiellement, la chasse aux «voyous» se fait dans les règles de l'art. Pourtant, Vitrolles bruit déjà de récits de dérapages. Les contrôles d'identité, interdits par la loi aux policiers municipaux, seraient fréquents.
 
Marie a 17ans. Elle parle de «couvre-feu». Elle vit au Liourat, un des quartiers sensibles de la ville. Ses copains sont arabes ou noirs. Au pied des immeubles, ils rêvent de rap et élèvent des pitbulls en attendant un travail qui ne vient pas. Un nom à consonance étrangère et une adresse suffisent à décourager bien des employeurs. Et à se faire contrôler plus souvent qu'à leur tour par ceux que l'on appelle ici les «Ninjas» ou les «World Apart». Ils sont une dizaine devant le foyer des jeunes. Ont-ils voté  Ils rigolent, se chambrent un peu jusqu'à ce que Bernard, le Franco-Camerounais, explique qu'il a entendu, «chez Dechavanne», qu'en fait «tous les partis se sont entendus pour que le FN existe; ça les arrange». Eux n'imaginent pas pouvoir inverser le rapport de force politique. Ils subissent, sans oublier de jouer les caïds, ceux qu'il ne faut pas trop chercher, «sinon ça pétera».

«Les gens des zones pavillonnaires sont satisfaits de cette présence policière, admet Simone Bessade, présidente du Mouvement démocratique vitrollais. Jusqu'au jour où leurs enfants se feront contrôler un peu brusquement par des agents qui n'en ont pas le droit.» Face aux «voyous» qui hantent les rues de Vitrolles, Hubert Fayard dit vouloir des «gros bébés, pas des gringalets». Des montagnes de muscles qui ne rassurent pas tout le monde: «On conseille à nos jeunes de refuser de donner leur identité, sauf s'ils sont seuls, poursuit Simone Bessade. Dans ces cas-là, mieux vaut ne pas faire les malins. On ne sait pas ce qui peut arriver. Mais on n'est pas à l'abri d'une bavure, présidente du Mouvement démocratique vitrollais. Face aux qui hantent les rues de Vitrolles, dit vouloir des . Des montagnes de muscles qui ne rassurent pas tout le monde: poursuit Simone Bessade.

Car les bons Samaritains jouent parfois les cow-boys et outrepassent leurs droits. Et les «voyous» qu'ils traquent ne sont pas toujours des délinquants. Trois plaintes sont déjà déposées sur le bureau du procureur de la République. Les militants antifascistes de Vitrolles se méfient depuis longtemps de ce corps armé et aux ordres de la mairie.
 
Mais Jean-Pierre, lui, n'est pas militant. Il ne comprend toujours pas ce qui lui est arrivé il y a quelques semaines. Depuis plus de vingt ans, il est employé au service des sports de la mairie. Le 5 septembre dernier, il va travailler, malgré un méchant abcès dentaire: ce soir-là, un tournoi de sixte en nocturne est organisé au stade du Griffon. Jean-Pierre doit ouvrir le stade, s'occuper des éclairages et des vestiaires. Sous antibiotique, il est «un peu dans le coaltar». Deux policiers municipaux, «un genre skinhead en noir et un autre en tenue bleue», s'approchent de lui. Pour eux, Jean-Pierre est en état d'ivresse. «Ils m'ont attrapé à deux par le bras, en me faisant mal. Ils m'ont passé les menottes et m'ont jeté dans leur voiture comme un sac de patates. Le skinhead a pris ma main comme s'il voulait la broyer, ses yeux étaient méchants.» La voiture de la municipale le conduit au commissariat national, où il restera trois heures avant de pouvoir repartir vers son stade.

Qui sont les hommes en noir ? Simples fonctionnaires ou sympathisants actifs du FN ? Les dernières recrues étaient des volontaires: ils avaient souhaité rejoindre les troupes municipales de Mme Mégret. Des fonctionnaires de la mairie affirment avoir trouvé des cartes de membres du FN dans les lettres de motivation des postulants. Un sous-brigadier de la Police nationale de Marseille a été suspendu pour avoir exercé «des activités privées au sein de la police municipale de Vitrolles». «Le FN a une vision policière de la société, assure Bruno Bidet, responsable de la CFDT locale. La police municipale n'est que la partie visible de l'iceberg. Mais le flicage est à tous les niveaux:des chargés de mission ont été mis en place dans les services municipaux clés pour surveiller les fonctionnaires. Les militants reçoivent des lettres et des coups de téléphone anonymes. On n'est qu'au tout début de la frontisation de la ville.», responsable de la

La ville devrait bientôt être rebaptisée. Ce sera Vitrolles-en-Provence. Beaucoup de rues aussi vont changer de nom. Une petite provocation pour faire parler de Vitrolles dans le reste de la France. Dans la ville, 40000 personnes se regardent en chiens de faïence et des hommes en noir patrouillent.
 
Isabelle Monnin
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 11:50

Les racines du FN
 
 
 

Article paru dans l'édition du 6 octobre 1997.

 
 
 

« Ils ont voté et puis après ? », chantait Léo Ferré. Oui, le conseil municipal de Vitrolles, à majorité Front national, a voté vendredi soir pour le changement du nom de la ville et pour débaptiser huit noms de rues et places. Pour, disent-ils, « réenraciner la ville dans son identité provençale et ses valeurs universelles », les élus vitrollais devaient « prendre des mesures d’urgence ».

 
 
 

Proposer « Vitrolles-en-Provence ». Et puis surtout, laver les rues de certains noms indignes, ceux de Mandela (sans commentaire), de Mitterrand, de Tjibaou (cet « agitateur et terroriste, coupable d’avoir assassiné des gendarmes français à la machette ») ou encore de Dulcie September (la militante de l’ANC assassinée en France et qualifiée d’« agitatrice africaine »). « Retrouver de vraies racines », affirment-ils. La place de Provence efface donc la place Nelson-Mandela. Le square Marguerite-de-Provence élimine le square Dulcie-September. L’avenue Jean-Pierre-Stirbois (ex-numéro deux du FN) raye l’avenue Jean-Marie Tjibaou.

 
 
 

Les Mégret, Catherine et l’autre, n’ont d’ailleurs pas assisté aux débats - ouverts il est vrai, à la demande de l’ancien maire socialiste Jean-Jacques Anglade, par une minute de silence en mémoire des victimes de l’Holocauste. « Vous voulez tirer un trait sur l’Histoire et effacer les mémoires pour mieux revenir sur votre idéologie, votre nostalgie de l’apartheid et du colonialisme », s’est indigné Henri Agarrat, élu communiste. La décision de transformer le nom de la ville, elle, devra être entérinée par le ministère de l’Intérieur après avis du conseil général des Bouches-du-Rhône et du Conseil d’Etat. L’Etat c’est la République. Et le FN attaque la République.

 
 
 
Jean-Emmanuel Ducoin
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5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 11:45
Le FN saborde le Sous-Marin qui navigue contre ce courant
 
 
 

Article paru dans l'édition du 16 octobre 1997.

 
 
 

LE conseil municipal de Vitrolles (Bouches-du-Rhône), à majorité Front national, a résilié hier la convention liant la municipalité à l’association le Sous-Marin, qui exploitait le principal lieu d’animation musicale de la commune, a constaté l’AFP. Le conseil municipal a décidé de créer, dans les locaux municipaux occupés par le café-musique Sous-Marin, une maison de quartier consacrée « à l’usage de technologies multimédias ».

 
 
 

L’association les Productions du Sous-Marin « n’a pas respecté les conditions conventionnelles » en ne remettant pas à la municipalité un bilan financier certifié par un commissaire aux comptes, a expliqué Hubert Fayard, le premier adjoint, au cours du conseil municipal.

 
 
 

M. Fayard dirigeait la séance en l’absence du maire, Catherine Mégret, épouse du numéro 2 du FN, qui « attend un heureux événement pour le printemps », a précisé M. Fayard. « Le médecin lui a imposé un repos absolu », a-t-il ajouté.

 
 
 

Les neuf élus de gauche de l’opposition ont protesté contre la fermeture du Sous-Marin, qui est « l’aboutissement terroriste de la politique culturelle » de la municipalité, selon Michèle Domingues, conseillère municipale socialiste.

 
 
 

La municipalité avait déjà essayé de mettre fin à l’activité du Sous-Marin en murant, le 6 octobre, son entrée principale après avoir pris un arrêté de fermeture. Saisi en référé par l’association les Productions du Sous-Marin, qui estimait « illégal » cet arrêté, le tribunal de grande instance d’Aix-en-Provence avait exigé la restitution des locaux.

 
 
 

En juin, le conseil municipal avait auparavant voté la suspension de la subvention municipale de 200.000 francs, qui représentait 20% du budget annuel du café-musique. Quelque deux mille personnes avaient manifesté samedi, devant l’entrée du Sous-Marin, leur soutien.

 
 
 

Les ministres de la Jeunesse et des Sports, Marie-George Buffet, et de la Culture, Catherine Trautmann, avaient condamné l’attitude de la municipalité et annoncé que des subventions seraient versées par l’Etat. La convention, signée en 1994 par l’ancien maire PS, Jean-Jacques Anglade, portait sur une durée de neuf ans renouvelable tous les trois ans.

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5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 11:40

Des coups de feu très récupérés
 
 
 

Article paru dans l'édition du 8 novembre 1997.

 
 
 
Correspondance particulière.
 
 
 

LE 17 août, Hervé Jauffret, chauffeur routier en contrat de qualification de vingt-cinq ans, avait fait feu sur des jeunes qui faisaient du bruit au bas de son immeuble du quartier de la Frescoule à Vitrolles. L’homme avait tiré par deux fois avec un fusil de chasse, blessant cinq jeunes gens.

 

Ce qui rend cette affaire, jugée hier par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence, particulière, c’est qu’Hubert Fayard, premier adjoint Front national de Vitrolles, avait apporté publiquement son soutien au tireur, jetant ainsi son lot d’huile sur le feu. « Se sentant menacé et ayant été insulté », Hervé Jauffret avait tiré en direction du groupe une fois vers le sol et en l’air. C’est par ricochet que les plombs avaient atteint les victimes. « J’ai voulu leur faire peur, pas les blesser. Ils étaient nombreux et menaçants », explique à la barre le jeune camionneur sans doute dépassé par l’ampleur prise par son affaire. Car, volontaire ou non, la récupération se tapit derrière ce procès, où certains témoins ou avocats reprennent à leur compte les thèses du FN de Vitrolles, notamment sur l’incapacité de la police nationale qui oblige à l’autodéfense.

 
 
 

Pour certains, on ne parle pas de jeunes gens mais de Maghrébins et une pétition de soutien à Hervé Jauffret a circulé dans le quartier. La mairie de Vitrolles entend en effet montrer du doigt une partie de sa population et justifier la mise en place de sa propre police, qualifiée de milice par de nombreux opposants. « Quand des jeunes gens font du bruit et que l’on prend un fusil, je dis non », s’emporte alors Me Kujundjan-Anglade, avocate de l’un des blessés. « Le tireur est de la même génération que ses victimes », reprend Me Romain, avocate des autres blessés qui se sont constitués parties civiles. « Cet incident marque le manque de dialogue et de compréhension dans ce quartier qui est plus tranquille qu’on veut bien le dire. »

 
 
 

Le substitut du procureur de la République d’Aix-en-Provence a requis contre le jeune homme une peine de cinq mois avec sursis et mise à l’épreuve. « La dignité d’un homme existe », défendait Me Greco, avocat du prévenu. « Jauffret est un mari qui a voulu protéger sa concubine contre des jeunes gens âgés de douze à vingt-cinq ans avec souvent des casiers judiciaires ouverts, qui l’insultaient. » Le jugement était attendu dans la nuit.

 
 
 
MARC LERAS
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5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 11:35

Mégret invité du « Blok » néo-fasciste
 
 
 

Article paru dans l'édition du 27 novembre 1997.

 
 
 
Correspondance particulière.
 
 
 

Le Vlaams Blok, le parti ultra-nationaliste flamand (néo-fasciste), avait mardi soir deux invités à Anvers. L’un était Bruno Mégret, l’autre son adjoint à Vitrolles, Hubert Fayard. Pour Fayard, arrivé en éclaireur, il avait été prévu qu’il assiste dès lundi soir à la séance du conseil communal. Ce qui suscita un branle-bas de combat auprès d’associations d’anciens combattants et de résistants ainsi que de groupes antifascistes. Tous s’étaient donné le mot pour remplir la tribune du public. Aussi, le bourgmestre d’Anvers, Mme Léona Detiège, « constatant » que toutes les places étaient occupées, déclara qu’il n’était pas possible de laisser entrer Fayard. Ce qui déchaîna la colère du « Blok » et entraîna plusieurs suspensions de séance. Cela pendant que, à l’extérieur de l’hôtel de ville, Hubert Fayard, entouré d’une garde policière et d’un cordon de militants du Vlaams Blok, se voyait conspué par quelques dizaines de manifestants.

 
 
 

Mardi, Filip Dewinter, le « Le Pen » flamand », se mua en cicérone, cette fois de Bruno Mégret, pour lui montrer Anvers et son hôtel de ville hors des heures de séance. Lors d’une conférence de presse, les deux hommes firent chorus. « Nous partageons les mêmes valeurs en ce qui concerne la criminalité, les immigrés et l’attachement à la famille. » Et Dewinter d’ajouter que « ce qui est possible à Vitrolles doit pouvoir l’être également à Anvers et partout en Flandres » ; Bruno Méget, pas en reste, proclama combien il lui paraissait « tout à fait légitime que le peuple flamand veuille retrouver son identité et son indépendance ».

 
 
 

Certains trouveront étrange que le Front national, qui affiche un nationalisme outrancier, se lie à un parti, le Vlaams Blok, qui fait de « l’éradication » du français en Flandres sa première revendication.

 
 
 
PIERRE-ANDRE CHANZY
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