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Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 10:40


Vitrolles : une ville en résistance contre le FN

 

Paru dans l’Humanité du 06/02/1998

 
De notre envoyé spécial.
 

VITROLLES, dans les Bouches-du-Rhône. Un an déjà que le Front national s’est installé à la mairie. Un anniversaire que la majorité lepéniste a marqué du sceau de la honte. De la préférence nationale. L’annonce de la création d’une allocation de naissance de 5.000 francs, qui serait versée aux seules familles dont l’un des parents au moins est français ou ressortissant de l’Union européenne, est perçue par une grande partie de la population comme un affront. Une nouvelle provocation.

 

Depuis que la famille Mégret a fait main basse sur la ville les coupes réglées se succèdent. Cependant, les pressions n’ont manifestement pas réussi à démobiliser ceux qui refusent l’arbitraire. Leurs rangs ne cessent de grossir. Dans cette cité du Midi de la France, les énergies se mobilisent. La lutte quotidienne des antifascistes et de tous les démocrates contre la mairie et ses décisions antidémocratiques, antisociales et anticulturelles, ne connaît pas de répit. "A Vitrolles, nous bénéficions d’un mouvement social et citoyen fort", explique Alain Hayot, membre du Comité national du PCF. Aussi, avec toutes les forces qui veulent débarrasser la commune de l’équipe frontiste, ce sociologue et universitaire de renom a décidé de relever le gant. Sur le terrain.

 

Candidat du rassemblement, présenté sur le canton par le PCF, les Verts, le Mouvement des citoyens, la LCR, Alain Hayot est soutenu par de nombreuses associations. Son engagement, il le place sous le signe de la citoyenneté. "Cette expression diverse et plurielle incontournable", comme il aime à le dire. "Ici, confie-t-il, les événements nous ont contraints à travailler ensemble, à se parler." A la cité HLM de la Petite Garrigue, un quartier populaire de la ville, dans la petite salle "Le Bartas" où, l’autre soir, quatre-vingts personnes se pressaient, on pouvait au fil des interventions vérifier cette volonté d’écoute mutuelle. De recherche de ce qui rassemble et non divise. Et, comme devait le noter un participant, s’apercevoir qu’à Vitrolles on avait "commencé à faire autrement". Un "autrement" qui, après bien des réticences, a contraint le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur à suspendre Ä comme ne cesse, depuis le premier jour, de le demander Alain Hayot Ä les mesures de "préférence nationale" instaurées par la municipalité Front national.

 
RAYMOND MASSONI
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 10:40


Vitrolles : une ville en résistance contre le FN

 

Paru dans l’Humanité du 06/02/1998

 
De notre envoyé spécial.
 

VITROLLES, dans les Bouches-du-Rhône. Un an déjà que le Front national s’est installé à la mairie. Un anniversaire que la majorité lepéniste a marqué du sceau de la honte. De la préférence nationale. L’annonce de la création d’une allocation de naissance de 5.000 francs, qui serait versée aux seules familles dont l’un des parents au moins est français ou ressortissant de l’Union européenne, est perçue par une grande partie de la population comme un affront. Une nouvelle provocation.

 

Depuis que la famille Mégret a fait main basse sur la ville les coupes réglées se succèdent. Cependant, les pressions n’ont manifestement pas réussi à démobiliser ceux qui refusent l’arbitraire. Leurs rangs ne cessent de grossir. Dans cette cité du Midi de la France, les énergies se mobilisent. La lutte quotidienne des antifascistes et de tous les démocrates contre la mairie et ses décisions antidémocratiques, antisociales et anticulturelles, ne connaît pas de répit. "A Vitrolles, nous bénéficions d’un mouvement social et citoyen fort", explique Alain Hayot, membre du Comité national du PCF. Aussi, avec toutes les forces qui veulent débarrasser la commune de l’équipe frontiste, ce sociologue et universitaire de renom a décidé de relever le gant. Sur le terrain.

 

Candidat du rassemblement, présenté sur le canton par le PCF, les Verts, le Mouvement des citoyens, la LCR, Alain Hayot est soutenu par de nombreuses associations. Son engagement, il le place sous le signe de la citoyenneté. "Cette expression diverse et plurielle incontournable", comme il aime à le dire. "Ici, confie-t-il, les événements nous ont contraints à travailler ensemble, à se parler." A la cité HLM de la Petite Garrigue, un quartier populaire de la ville, dans la petite salle "Le Bartas" où, l’autre soir, quatre-vingts personnes se pressaient, on pouvait au fil des interventions vérifier cette volonté d’écoute mutuelle. De recherche de ce qui rassemble et non divise. Et, comme devait le noter un participant, s’apercevoir qu’à Vitrolles on avait "commencé à faire autrement". Un "autrement" qui, après bien des réticences, a contraint le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur à suspendre Ä comme ne cesse, depuis le premier jour, de le demander Alain Hayot Ä les mesures de "préférence nationale" instaurées par la municipalité Front national.

 
RAYMOND MASSONI
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 10:30

Catherine Mégret condamnée pour injures
 

Paru dans l’Humanité du 17/02/1998

 

CATHERINE MEGRET, maire FN de Vitrolles (Bouches-du-Rhône), a été condamnée hier par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence à deux mois de prison avec sursis et 20.000 francs d’amende pour "injures" envers un ancien employé de la ville, Ahmed Sarhane, qui avait été renversé dans des circonstances mal définies par une automobile le 9 février 1997, jour du second tour de l’élection municipale partielle de Vitrolles.

 

Au cours de l’émission "Le vrai journal", sur Canal+, l’épouse du délégué général du FN avait traité M. Sarhane de "délinquant". Catherine Mégret devra, en outre, verser 30.000 francs de dommages et intérêts à la partie civile et 5.000 francs en application de l’article 475 du Code pénal.

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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 08:33

Vitrolles : Qui tient la boutique ?
 
source : Le Nouvel Observateur le 26/02/1998 auteur : Agathe Logeart
 
Dans le show vitrollais, le conseil municipal est un moment à ne pas manquer pour qui veut voir de près à quoi peut ressembler le degré zéro de la politique.
 
Depuis le mois d'octobre, Catherine Mégret, maire en titre sinon en fait, n'y a plus mis les pieds, « alitée, dit-on, en raison d'une grossesse pathologique ». Donc on ne la voit plus non plus sur les marchés, les mains toujours gantées comme si elle craignait de se salir. Son mari Bruno, officiellement « conseiller spécial auprès du maire et porte-parole », que ses amis appellent affectueusement « BM », ne fait que passer, et réunit l'équipe pour visser les boulons, souvent jusqu'à des heures tardives de la nuit.

L'homme qui tient la boutique, c'est Hubert Fayard, le premier adjoint. 39 ans, une femme lituanienne (c'est dire s'il n'a pas d'hostilité à l'égard des étrangers, mais les préfère nés sur le bon vieux contient européen), et deux prénoms, Hubert et Gérald. , le premier adjoint. 39 ans, une femme lituanienne (c'est dire s'il n'a pas d'hostilité à l'égard des étrangers, mais les préfère nés sur le bon vieux contient européen), et deux prénoms, Hubert et Gérald.
 
L'ancien maire socialiste Jean-Jacques Anglade affirme que si le premier adjoint utilise plus volontiers Hubert (l'intéressé raconte qu'au service militaire il ne répondait pas quand on l'appelait Gérald), c'est parce qu'Hubert est le saint patron des chasseurs, qui depuis que le FN a pris la mairie disposent désormais de locaux à la bastide de Fontblanche, où la municipalité précédente avait, elle, placé des rappeurs.

Le 10 février, le tribunal d'instance de Martigues a radié Hubert Fayard des listes électorales, en estimant que sa domiciliation n'était pas suffisamment assurée. Il est vrai que, conseiller régional d'Auvergne (et cette fois candidat en Paca), M. Fayard continue de percevoir ses émoluments dans une banque du Puy.
 
Il ne se trouve d'ailleurs pas dans une situation bien différente de celle des époux Mégret, qui ne sont pas électeurs à Vitrolles et dont le domicile est toujours à Saint-Cloud.

C'est une main de fer, M. Fayard. S'il a décidé de supprimer les éducateurs de rue, c'est parce que « l'éducation se fait dans la famille et l'école, et non dans la rue ». S'il décide de « provençaliser les marchés », c'est parce qu'il veut des étals qui « fassent couleur locale et pas des gris-gris, qui d'ailleurs ne se vendent pas ». S'il est un ardent défenseur de la préférence nationale, c'est pour mettre fin « à la préférence étrangère » qu'il croit avoir décelée dans la gestion de l'ancienne municipalité. Mais il n'en dira pas plus, de peur « de la guillotine judiciaire. La loi Gayssot, vous connaissez ? La publicité n'est pas obligatoire. Il suffit de faire ». Et il ajoute : « De toute façon, depuis que nous sommes là, peu d'étrangers viennent nous voir. Ils préfèrent quitter la ville. »

Sous sa férule, les élus d'opposition n'ont droit qu'à deux minutes par intervention. En cas de dépassement, il coupe le micro, ou couvre la voix de ses adversaires de remarques qui ont le don de faire tordre de rire les conseillers du FN. A une élue de gauche qui doit 700 francs à la caisse des écoles pour la cantine, il ne cesse de dire : « Payez vos dettes ! Il mange bien votre enfant. Il faut payer ce qu'il mange, merde ! » A Jean-Jacques Anglade, poursuivi pour abus de biens sociaux et qui s'étonne d'avoir à voter des frais de représentation d'un maire malade, il met sous le nez ses notes de frais du temps où il était premier magistrat de la ville.
 
Ses adjoints ne sont pas en reste : « Jette-toi par la fenêtre, ça débarrassera ! », dit Gilles Lacroix au maire déchu. au maire déchu.

Ce même Gilles Lacroix est mis en examen, en compagnie d'un employé des services sociaux et du chef du service sécurité, pour complicité de violences en réunion avec armes après une expédition punitive contre des routiers en grève au mois de novembre. Paul Gomez n'est pas le dernier à rire des insultes contre l'ancien maire : il est vrai que M. Anglade vient de gagner contre lui un procès en diffamation, pour avoir révélé dans un journal électoral que cet élu du FN, autrefois chauffeur dans une société d'équarrissage, avait reconnu devant les policiers qui l'avaient interpellé et gardé à vue qu'il avait détourné au détriment d'une grande surface,de la viande et du poisson périmé pour les offrir aux pompiers de Vitrolles. n'est pas le dernier à rire des insultes contre l'ancien maire : il est vrai que M. Anglade vient de gagner contre lui un procès en diffamation, pour avoir révélé dans un journal électoral que cet élu du FN, autrefois chauffeur dans une société d'équarrissage, avait reconnu devant les policiers qui l'avaient interpellé et gardé à vue

Comme c'est l'usage, au conseil municipal du 19 février, 17 des 19 décisions soumises au vote concernaient des autorisations de mener des actions en justice et de régler les honoraires d'avocat. M. Fayard a refusé de répondre à l'opposition, qui lui demandait à quelle hauteur le contribuable vitrollais avait, depuis un an, financé cette inflation procédurière sans précédent. 
 
A.L.
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 08:00

La France des Mégret
 
source : Le Nouvel Observateur le 26/02/1998 auteur : Agathe Logeart

Dans le parking désert, la voiture a glissé lentement pour se garer à la hauteur de la sienne. Le passager a baissé sa vitre. Et il s'est passé un doigt sur la gorge, mimant ce que les truands appellent avec poésie «le sourire kabyle». Un crissement de pneus puis la voiture a disparu dans la nuit. Ce soir-là, Me Alain Molla s'est dit qu'il ferait un bien mauvais témoin. Il ne se rappelait ni le visage des hommes ni la marque de la voiture. Mais il n'oubliera pas le geste, ni ce froid étrange qui l'avait envahi. Il ne se trouvait ni dans le parking de son cabinet ni dans celui de son domicile. Il venait de rendre visite à des amis, de façon impromptue.
 
Les auteurs de cette très explicite menace de mort l'avaient donc discrètement suivi.
 
Du travail de professionnel. On ne les a jamais retrouvés. C'était quelques jours après le procès intenté par plusieurs centaines de personnes et trois associations - le Mrap, la Ligue des Droits de l'Homme et SOS-Racisme - contre Catherine Mégret, maire de Vitrolles, pour complicité de provocation à la haine raciale après les propos sur l'inégalité des races qu'elle avait tenus au «Berliner Zeitung». Alain Molla avait été à l'origine de la procédure. Jamais dans sa carrière d'avocat pénaliste Me Molla n'avait eu à subir pareille agression. Pas même au cours du procès du meurtre de la petite Céline Jourdan, où, au côté de Me Henri Leclerc, il avait obtenu l'acquittement de Richard Roman. Pas plus lorsqu'il défend des meurtriers, des violeurs.

Au tribunal d'Aix-en-Provence, l'audience avait été houleuse. Conspué par la foule de supporters lepénistes, il avait (il se demande encore pourquoi) été traité de «corrompu», s'était fait cracher dessus. Il avait fallu l'intervention des CRS pour le dégager. Dénonçant «la kermesse», Bruno Mégret, d'ordinaire si contenu, avait fait un bras d'honneur aux militants antiracistes venus suivre le procès de sa femme.
 
Les lettres d'insultes, les messages anonymes sur le répondeur de l'avocat n'avaient cessé que plusieurs mois après le procès. «C'est un autre monde, dit Alain Molla. On sent que la règle du jeu, la règle de la démocratie, n'est pas la même.»
Le café s'appelle le Rétro. Il est au centre de Vitrolles, si l'on peut appeler «centre» ces rues où le vent s'engouffre sous les arcades, balayant des commerces qui ont toujours l'air désert et où la seule touche un peu gaie est un manège à l'ancienne qui fait hurler sa sono. C'est ici que se retrouvent le plus souvent les militants de Ras l'Front, depuis que le café-musique le Sous-Marin a été fermé par la municipalité frontiste.

Tout le monde ou presque se connaît, au Rétro. On y parle moins bas qu'ailleurs, on s'y méfie moins de son voisin. On y rit fort, même. Et ça fait du bien. Alors il rit, Ahmed Sahrane, parce qu'il vient, un an jour pour jour après son élection à la mairie, d'obtenir une nouvelle condamnation de Catherine Mégret pour injures : deux mois de prison avec sursis et 20000 francs d'amende. Après les trois mois de prison avec sursis et les 50000 francs d'amende entraînés par l'interview au «Berliner Zeitung», Mme le maire est en train de se tricoter un joli petit casier.
 
Dans un entretien au «Vrai Journal» de Karl Zéro, elle avait traité Ahmed de délinquant. Pas de chance: ancien agent de médiation de la ville de Vitrolles, Ahmed Sahrane est plutôt une victime qu'autre chose.

Le 9 février 1997, alors que le Front national venait de conquérir la ville, il s'était interposé entre des jeunes et des colleurs d'affiche du FN qui paradaient au quartier des Pins, une cité à majorité immigrée, en disant aux gamins qu'il était temps pour eux de «faire les bagages». Ils n'avaient pas aimé qu'Ahmed tente de calmer le jeu et, avec leur 4x4, avaient fait valdinguer sa moto. «Ensuite, ils sont descendus de leur voiture, alors que j'étais par terre, raconte Ahmed. Ils avaient des battes de base-ball et des lacrymos. Ils m'ont dit: "Enculé d'Arabe, tu vas mourir." Je leur ai dit que je travaillais à la mairie. Ils m'ont répondu: "Eh bien, comme ça, tu ne travailleras plus."» Ils n'avaient pas tout à fait tort, car Ahmed a été licencié. Les auteurs de l'agression ont été identifiés, l'enquête judiciaire est toujours en cours.

Guy, chômeur, a trouvé un mot sur sa porte: «On sait où tu habites, on aura ta peau.» Géraldine, animatrice à Berre, se souvient d'une manif contre la fermeture du Sous-Marin. Elle était avec deux amies. Un type du FN est sorti de sa voiture, et «c'était incroyable, il a enfilé des gants de boxe pour nous cogner». Corine, animatrice dans les transports urbains: «On est dans la démesure complète, dans la troisième dimension.» Pascale assure que pendant la campagne électorale, sur un marché, Mme Mégret l'a traitée de «traître à sa race».
 
Membres du service d'ordre du FN, gros bras du FNJ et parfois même élus municipaux ont l'injure facile. Et sexuelle de préférence. A combien de filles, déjà, n'ont-ils pas promis de «leur faire leur fête dans un coin tranquille...»."

Les caméras de surveillance installées par le maire socialiste Jean-Jacques Anglade et les appareils photo du service d'ordre du FN qui mitraillent en permanence donnent l'impression d'être tout le temps surveillé. «On a la peur et le fantasme de la peur, dit la jeune femme. Les seuls qui arrivent à s'exprimer sont ceux qui ont un boulot qui ne les met pas en situation de danger.»
 
Sitôt installé à la mairie, le FN a fait un grand ménage. Le personnel municipal est passé de 950 à 780 titulaires. La plupart des cadres de la fonction territoriale sont partis d'eux-mêmes. Quant aux licenciements ou aux contrats non renouvelés, on peine à les dénombrer: 180, comme le disent les opposants au Front, ou 78, comme l'affirme la mairie? Les indemnités pour licenciements abusifs entraînés par les condamnations devant le tribunal administratif s'élèveraient au moins à 2 millions de francs.

L'orientation est claire. La prévention, la culture, le social sont les premiers attaqués. Les animateurs de rue (5 titulaires, 20 vacataires) virés. La directrice du cinéma municipal, accusée d'organiser une programmation trop sulfureuse, licenciée. La direction du théâtre, décapitée. Les services sociaux, démembrés.
 
Une association frontiste, Fraternité française, récupère les subventions et réorganise, à sa manière, l'aide sociale. Deux centres de loisirs sur quatre ont fermé. Les maisons de quartier restent - officiellement - ouvertes, mais sans directeurs ni animateurs.
 
Les 9 élus d'opposition (sur 39 conseillers municipaux), privés de locaux dans l'enceinte de la mairie, se replient dans un bureau minuscule de la Maison des Syndicats. Ils n'ont pas de secrétariat, pas de Minitel, pas d'affranchissement pour leur courrier. Leur téléphone est restreint à Vitrolles et une partie de Marseille. Ils n'ont accès à aucun document administratif, hormis les quelques lignes annonçant les projets de délibération soumis au conseil municipal.

La police municipale, en revanche, se porte bien. Ses effectifs sont passés de 35 à 64, et un nouveau concours devrait prochainement encore augmenter les effectifs de 20 nouveaux agents. Armés de 357 magnum, vêtus d'uniformes ressemblant à s'y méprendre à ceux du GIGN, ces «ninjas» paradent en ville et dans les quartiers dans des conditions qui inquiètent les autorités de l'Etat.

Un rapport confidentiel du parquet, adressé le 5 septembre au procureur général de la cour d'appel d'Aix-en-Provence, souligne ainsi que «la police municipale est, dans la vie concrète, dirigée par un policier en fonction de la police nationale de Marseille sur le compte de qui une enquête pénale et administrative a été effectuée par l'IGPN: ce policier a été administrativement suspendu». Délaissant l'îlotage pour des «modes offensifs d'intervention», la police municipale intervient «physiquement dans des conditions de légalité limites, pénétration dans des lieux publics, prise en chasse de groupes de jeunes qui s'éparpillent à leur vue, contrôles d'identité...». Alors que depuis trois ans la baisse de la délinquance urbaine est constante, les pratiques des policiers municipaux sont perçues «par une part de la population et surtout par les jeunes comme une agression qui crée une tension permanente, au point de rendre souvent souhaitée l'intervention de la police nationale».
 
Depuis un an, le parquet a relevé au bas mot 150 incidents entre des particuliers et la police municipale. Le contentieux vitrollais occupe 15% du temps du parquet d'Aix-en-Provence. Sous prétexte de réduire le train de vie de la commune - terriblement endettée -, la dotation pour les bibliothèques scolaires est passée pour chaque classe de 160 à 77 francs. 100000 francs d'économies ont été faites en supprimant l'achat de serviettes en papier pour les cantines.
 
Seule une erreur administrative a par ailleurs évité une hausse prévue de 37% pour lesdites cantines. L'élu chargé de l'éducation vient de provoquer un tollé en annonçant que la dotation municipale pour les fournitures scolaires serait amputée de 1000 francs, avant de se raviser et de concéder que le reliquat serait payé à la rentrée de septembre.

Il y a les décisions les plus voyantes: la fermeture du Sous-Marin, bien sûr, où la police municipale, entrée par effraction, a prétendument découvert trois barrettes de haschisch. La «perquisition» a été annulée par la justice.
 
Il y a ces rues débaptisées (la rue Jean-Marie Tjibaou par exemple, devenue rue Jean-Pierre Stirbois), et le nom même de la ville qui a changé: Vitrolles s'appelle désormais Vitrolles-en-Provence. Il y a «la prime au bébé blond», ces 5000 francs offerts à grand renfort de publicité et en toute illégalité aux parents dont l'un au moins est français ou européen.

Mais il y a aussi tout ce qui ne se voit pas. Au quartier des Pins - 1300 logements, 6000 habitants, parmi les plus défavorisés de Vitrolles -, la régie de quartier, qui employait 19 personnes de la cité payées un peu au-dessus du smic, est en train de mourir. La ville, petit à petit, a supprimé les subventions puis résilié ou refusé de renouveler les marchés d'entretien contractés avec la régie, la maintenance des aires de jeu des enfants, l'enlèvement des déchets encombrants, l'entretien des cages d'escalier: 19 chômeurs supplémentaires et un peu plus d'abandon et de crasse... «Ce n'est pas une attaque contre la régie, mais contre le quartier, commente Alain Castan, son président.
 
Contre ces gens, qui - c'est comme ça qu'on nous a parlé d'eux à la mairie - jettent de toute façon leurs ordures par la fenêtre...»

Evidemment, le climat peu à peu se dégrade. Alors que le vandalisme avait pratiquement disparu grâce à l'action des animateurs de rue, il n'y a plus de jour où un Abribus ne soit détruit. «Le Front laisse mourir ceux qui ne l'intéressent pas», commente Alain Castan. La mort lente du mépris et de l'abandon.
 
Agathe Logeart
 
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 07:47


« Les Mégret gèrent la ville »
 

source : Le Nouvel Observateur le 26/02/1998


Bruno Mégret a engagé un référé, plaidé le 26 février, pour demander la saisie de cet ouvrage. Dessiné et écrit par Luz, « les Mégret gèrent la ville » a été édité en hors-série au début du mois, quoique les dessins paraissent depuis un an dans « Charlie Hebdo ». Ils content le quotidien de « la Gourde » et du « P'tit rat », surnoms du couple Mégret, cela va sans dire. Mais, dédié « aux résistants de Vitrolles et d'ailleurs », c'est surtout le récit hebdomadaire d'une année de gestion municipale FN. C'est à pleurer.

 
L. G. « Charlie Hebdo », en kiosque le 1er avril, 84 p., 30 F.

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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 07:29


Condamnée en appel, Catherine Mégret sauve son siège

 

Paru dans l’Humanité du 10/03/1998

 

La cour d’appel d’Aix-en-Provence a confirmé hier, à l’encontre de Catherine Mégret, la peine de trois mois de prison avec sursis et 50.000 francs d’amendes pour "incitation à la discrimination raciale", infligée par le tribunal de grande instance en juillet dernier. La cour n’a toutefois pas suivi l’avocat général, qui réclamait, "en raison de la gravité des faits", une peine d’inéligibilité.

 

Le maire de Vitrolles avait le 23 février 1997 donné une interview au quotidien allemand "Berliner Zeitung" dans laquelle elle affirmait notamment qu’"il y a des différences entre les races... il y a des différences entre les gènes". "Les immigrés qu’on rencontre continuent de vivre comme s’ils étaient chez eux (...), ils ont l’esprit colonialiste. Ils ne sont là que pour prendre l’argent", ajoutait-elle dans cette interview réalisée en français et enregistrée sur magnétophone, traduite et publiée quelques jours plus tard par "le Monde".

 

A l’audience, Catherine Mégret avait plaidé "l’amnésie", expliquant "qu’il semble s’agir de ma voix", sans reconnaître les propos enregistrés. 729 citoyens s’étaient portés parties civiles, obligeant la justice à poursuivre Catherine Mégret. Le procès avait également été marqué par deux incidents, l’un des avocats du maire de Vitrolles ayant été surpris en train d’enregistrer les débats.

 

Bruno Mégret s’était lui distingué en adressant un bras d’honneur aux parties civiles au début du procès, assorti de la formule : "On vous emmerde."

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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 07:15

VITROLLES : RPR, pas de consigne de vote…
 

Paru dans l’Humanité du 17/03/1998

 

Le candidat UDF-RPR Christian Rossi (RPR) n’a pas donné de consigne de vote avant le second tour de l’élection cantonale de Vitrolles (Bouches-du-Rhône) où un élu municipal FN, arrivé en tête au premier tour, sera face à un socialiste, Dominique TICHADOU.

 

M. Rossi, qui a obtenu 12,48% des voix au premier tour, a expliqué que "les gens n’acceptaient plus qu’on leur dise pour qui voter". "Ma démarche est claire et raisonnable, elle ne fait pas le jeu du FN", a-t-il ajouté.

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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 07:00

Des cantonales dans la dynamique des régionales
 
Paru dans l’HUMANITE du 18/03/1998
 
De notre envoyé spécial.

Les superstitieux diront que le 13 porte bonheur. Les forces de progrès des Bouches-du-Rhône préfèrent dire que les quelques jours qui nous séparent des cantonales doivent être utilisés à fond pour pousser le plus loin possible la dynamique exprimée par les résultats du 15 mars. On n’ébranlera pas dans ce domaine les convictions de Jean-Marc Coppola, secrétaire de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône, pas davantage celles d’Alain Hayot, lui aussi dirigeant national du Parti communiste. Tous deux siégeront au conseil régional de la PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur). Tous deux estiment, ils l’ont dit hier à l’occasion d’une conférence de presse, que plus nombreux seront les organismes institutionnels relayant l’aspiration au changement traduite par les élections législatives du printemps dernier, plus grandes seront les chances de répondre à ces attentes. A condition de ne pas concevoir ces instances comme des instruments de délégation, mais comme des relais. Le conseil général du "13" peut en être un.

 

Toute médaille comportant son revers, ils n’ont pas davantage caché leur inquiétude devant le score élevé réalisé par un FN (24,86%) en situation de faire son entrée dans l’assemblée départementale. Inquiétude ne signifiant pas renoncement, tout doit être mis en oeuvre pour déjouer les pronostics quant à l’élection de Simonpieri, le maire lepéniste de Marignane (48,89% au premier tour) et à celle d’Alain Cesari (38,83%), la voix du couple Mégret à Vitrolles.

 

Alain Hayot sait de quoi il parle. Candidat d’un large rassemblement dans ce canton, (soutien des Verts, du MDC, de la LCR et de larges secteurs du mouvement associatif local), il a rassemblé 14,5% des suffrages au premier tour, soit 4% de plus que son score aux dernières législatives, et un quasi doublement de celui du PCF aux cantonales de 1992. Il n’en regrette que davantage les divisions de la famille PS-PRG dans ce canton. Il n’en met que davantage encore son engagement au service du rassemblement autour de la candidature de Dominique Tichadou (PS). De la même façon, aucun effort ne sera ménagé pour soutenir Robert Bismuth, candidat commun PC-PS au premier tour à Marignane. Idem pour assurer l’élection de Marie-Arlette Carlotti candidate socialiste dans le 6e arrondissement de Marseille qui devrait apporter un siège jusqu’ici détenu par la droite dans l’escarcelle départementale de la gauche plurielle.

 

Globalement, les résultats du premier tour des élections cantonales offrent ici la possibilité d’un renforcement de la majorité de gauche au conseil général, actuellement présidé par Lucien Weygand entré en dissidence pour les régionales mais qui vient d’annoncer qu’il votera Michel Vauzelle, vendredi, pour la présidence de la PACA. La droite est en recul en voix et en pourcentage dans 22 des 27 cantons renouvelables. Le PS, stable à un niveau élevé, est en situation de renforcer ses positions.

 
CHRISTIAN CARRERE
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 06:45


Vitrolles : rassembler et mobiliser face au FN

 

Paru dans l’Humanité du 19/03/1998

 
De notre envoyé spécial.
 

DEPUIS le début de la semaine, le beau bébé blond aux yeux bleus a disparu des panneaux d’affichage officiels de la mairie de Vitrolles, au profit d’un placard sur la sécurité vantant la politique de la municipalité lepéniste en la matière. A l’heure où le parti d’extrême droite est prêt à mettre "la préférence nationale" en veilleuse dans le cadre de son opération de charme en direction de l’UDF et du RPR, il n’hésite pas à mobiliser les moyens de la mairie au service de cet ajustement. Quitte à prendre quelques libertés avec la réalité.

 

Brandissant des statistiques faisant état d’une diminution de la délinquance dans la ville, pour s’en attribuer la paternité, le FN oublie de dire que celles-ci portent sur les années 1995 et 1996, donc sur une période antérieure à son arrivée aux affaires. Sur fond de grandes manoeuvres en vue de l’élection des présidents de région, le FN est prêt à tout pour effectuer son entrée au conseil général des Bouches-du-Rhône. Il n’a manqué que 168 voix au maire de Marignane, Simonpieri, pour réussir ce pari dès le premier tour. Aucun effort ne sera de trop pour parvenir au sursaut citoyen susceptible d’empêcher que ce soit chose faite au second.

 

A Vitrolles aussi, l’heure est à la mobilisation des forces de progrès, pour faire barrage à Cesari, maire adjoint de la ville. Dès dimanche soir, le communiste Alain Hayot candidat du PCF, des Verts, de la LCR, du MDC et du MDV (mouvement démocratique vitrollais), appelait au rassemblement autour de Dominique Tichadou, candidat socialiste devenu celui de la gauche et de tous les républicains. Après l’élection du socialiste Henri d’Attilio aux législatives de juin dernier, la campagne d’Alain Hayot a confirmé qu’une dynamique pouvait se créer.

 

Obtenant 14,5% des suffrages, soit le double du score communiste aux cantonales de 1992, Alain Hayot a amélioré de quatre points le pourcentage qu’il avait réalisé sur la ville lors de ces mêmes législatives. Il n’en regrette que davantage que cette dynamique ait été "plombée" par les querelles et les divisions dans la mouvance socialiste. Bref, après la douloureuse expérience des municipales, à Vitrolles on sait ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire quand les blés sont sous la grêle. Il n’est pas trop tard pour agir en conséquence.

 

Le meeting en préparation témoigne de cette volonté. Il se tiendra demain soir à 19 heures, à la salle des fêtes de la ville. A l’heure où ces lignes étaient écrites, tandis que d’autres contacts étaient pris, on annonçait la participation de Michel Vauzelle, celle du député de la circonscription Henri d’Attilio, celle d’Alain Hayot, et bien entendu celle de Dominique Tichadou.

 

Sans attendre, Alain Hayot s’engage à fond. Sans rien abandonner dans "le combat d’idées et sur les valeurs", il estime que celui ci "doit être nourri par un combat politique sur le projet même du FN". Ainsi, estime-t-il indispensable de "démasquer l’imposture". "Non, lance-t-il, le FN n’est pas un parti défenseur des intérêts populaires et des exclus. Il est, au contraire, un défenseur du capitalisme dans ses formes d’exclusion les plus extrêmes". Et de rappeler l’hostilité du parti d’extrême droite "à toute avancée sociale : 35 heures, emploi jeunes, sécurité sociale"...

 

Du côté de la droite, Christian Rossi (RPR), le candidat du premier tour éliminé du second, laisse ses électeurs se prononcer "en leur âme et conscience". Une âme que certains de ses amis sont en train de monnayer avec ceux de Le Pen et Mégret. Le conseil régional UDF Alain Bayrou prône "le dialogue". Le maire frontiste de Toulon, Le Chevallier, ne cache pas que ce dialogue est effectivement engagé dans des "conversations privées". Au point que Philippe Séguin a cru devoir inviter François Léotard à revenir sur sa décision de ne pas se présenter pour l’élection du président de région afin de "fixer" ses collègues tentés par le chant des sirènes. Pour sa part, Karim Belkacemi, membre du PPDF, une des composantes de l’UDF, en appelle aux sentiments républicains des électeurs de droite. Il appelle les Vitrollaises et les Vitrollais à voter pour Dominique Tichadou.

 
CHRISTIAN CARRERE
 
Résultats du premier tour
 
Tichadou (PS) :                                21,13%.
Hayot (PC) :                                      14,45%.
Rossi (UDF-RPR) :                          13,21%.
Césari (FN) :                                    41,08%.
GE :                                                   4,07%.
Total de deux divers gauche :        5,66%.
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