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Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 05:55

Les BBR, ou le monde rêvé du FN
 
Paru dans l’Humanité du 21/09/1998
 

RENDEZ-VOUS annuel des militants FN, la fête des "BBR" (Bleu-Blanc-Rouge) se révèle surtout l’expression de la culture ghetto du FN, bien en peine de montrer des signes d’ouverture. On y vient moins pour débattre de l’actualité politique (rien par exemple dans les forums sur les accords passés dans les régions avec la droite...) que pour s’y retrouver entre soi.

 

N’en déplaise à Le Pen, toute la France n’y est pas. Seules les fédérations départementales les mieux structurées sont représentées. Vitrolles et Toulon sont présentes en leur nom propre. L’ancien SS Franz Schönhuber a fait un bref passage. La scène musicale, elle, se résume à quelques groupes nationalistes au professionnalisme approximatif, ne se cachant pas de faire du "rap celtique" parce que c’est à la mode, et parce que "les chants de la Waffen, c’est un peu démodé". "Dr Merlin" dédicace son dernier album, intitulé... "Brasillach", tandis que d’anciens militaires orphelins de grandeur, en uniformes de béret vert ou de zouave, entonnent dans les allées quelques chants de la Légion. "Je ne suis pas un alibi", s’évertue à proclamer Isabella, la chanteuse "de couleur" qui précède désormais les discours de Jean-Marie Le Pen.

 

Entre un hommage rapide à Maurice Bardèche, l’écrivain antisémite et les habituels ouvrages tendant à réhabiliter la collaboration, la fête des "BBR" s’attache à promouvoir la contre-culture du Front national, en entretenant le sentiment d’un complot généralisé. Un mélange d’orgueil et de nostalgie. Loin du "pays réel" que le FN prétend incarner.

 
L. V.
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 05:50

Mégret: A nous deux, Le Pen!
 

source : Le Nouvel Observateur le 03/09/1998 auteur : Carole Barjon


Il l'avait juré. Jamais, il ne ferait la bêtise de se dresser contre Jean-Marie Le Pen. Jamais il ne se laisserait aller, lui, Bruno Mégret, à de tels errements. Ces enfantillages étaient bons pour les autres, ceux de la bande des quatre. Il y a quelques années, il le répétait même à qui voulait l'entendre: «J'ai toujours dit que je ne serai pas le Rocard de Le Pen».


Pourtant, il s'est lancé. En revendiquant en tant que «second» par presse interposée la semaine dernière, le droit de conduire la liste européenne si l'inéligibilité de Jean-Marie Le Pen était confirmée, Bruno Mégret s'est attaqué au pouvoir réservé: celui des nominations. En remettant en cause le souhait émis par Le Pende présenter le cas échéant sa femme Jany, le délégué général du Front national, a choisi de défier publiquement le chef suprême,président et fondateur du parti. Faute politique?


Sans doute si l'on se fonde seulement sur la vigueur des réactions qui se sont exprimées à l'université d'été de Toulon toute la semaine dernière. Après avoir eu droit aux menaces du leader charismatique - «Il fait ses confidences plutôt à la presse qu'au président, il devrait pourtant avoir de bonnes raisons de se méfier» - Mégret a du encaisser un à un les assauts des lieutenants de Le Pen, de Bernard Antony faisant acclamer Jany Le Pen à la tribune à Jean-Claude Martinez s'étonnant qu'un Mégret puisse refuser l'application de la jurisprudence Vitrolles. Allusion au fait que Mégret n'avait pas hésité, lui, à présenter sa femme à sa place. Mégret ou l'arroseur arrosé. Le Pen enfin a rappelé quelques vérités. Il est le seul habilité à constituer la liste, comme il l'a toujours fait par le passé. Il n'a nul besoin de consulter les instances dirigeantes. Du reste, «il n'y a qu'un seul numéro au FN, c'est le numéro un». Un coup de griffe qui se voulait un coup de grâce.


Difficile d'imaginer que Mégret n'avait pas mesuré la puissance de l'orage qu'il allait déclencher. Mieux que quiconque, il sait que Le Pen ne lâchera jamais les rênes, que le leader du FN veut «mourir en scène» comme le confie un de ses proches (1). Que si Le Pen est lucide quant à la faiblesse de ses chances d'accéder au pouvoir, il entend bien profiter jusqu'au bout des avantages que lui confère sa situation de président de parti. «Jouisseur plus que conquérant», avait un jour dit de lui Charles Pasqua. Il a la haute main sur le système de financement du FN et ne laissera personne d'autre que lui gérer cette manne-là. Il continuera jusqu'à l'élection présidentielle de 2002. Au   moins.


Mégret sait tout cela depuis longtemps. Il a admis qu'il devrait prendre son mal en patience, que sa montée en puissance serait longue et semée d'embûches. Il y est prêt. Car, il compte bien un jour toucher l'intégralité de sa mise. S'il s'est donné tant de mal pour organiser ce parti, c'est bien pour en hériter dans sa totalité. Et non pour fomenter une scission hasardeuse. N'en déplaise à tous ceux qui, à droite, spéculent sur cette hypothèse et rêvent d'une alliance avec un homme jugé - hâtivement - plus fréquentable que Le Pen. «En politique, toute prise de décision doit être justifiée par une double légitimité: celle de l'homme et celle du moment», dit-il. Le grand moment, il le sait, n'est pas encore venu.


En revanche, Mégret connaît aussi ses classiques: en politique, on se pose quand on s'oppose. Et, de ce point de vue, l'heure lui a semblé propice pour pointer du doigt ce qu'il juge comme une faute de Le Pen. En proposant que sa femme tire la liste européenne s'il était empêché, Le Pen continue de donner dans le folklore et alimente les critiques sur la dérive monégasque du Front national. Il a pris le risque de désorienter des militants qui commençaient à prendre goût au sérieux et à l'organisation institués par Mégret. Mégret a osé défier Le Pen parce qu'il sait que les militants ont déjà maintes fois plébiscité son efficacité. Il veut appuyer où ça fait mal, souligner l'incongruité de la farce imaginée par le leader du FN, et mettre en évidence la faiblesse d'un Le Pen de plus en plus réduit à des artifices pour continuer de régner. Mégret distille le poison et escompte qu'il diffusera lentement.


Mais, ce faisant, il a aussi injecté les germes de la division. Pour la première fois de son histoire, le Front national est en proie à une guerre des chefs devenue publique. Innovation intéressante pour un parti qui vantait jusque-là son unité et sa cohérence comparées aux autres partis condamnés, eux, aux querelles éternelles. Et qui prouve que même l'absence de démocratie et le culte du chef ne préservent pas de ces mortelles contingences. C'est peut-être la seule bonne nouvelle pour une droite républicaine dont la rentrée politique s'avère plus sinistre encore que la précédente

.
CAROLE BARJON


(1) « L'Après-Le Pen », de Michaël Darmon et Romain Rosso.

 
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 04:30

Loïc Taniou Du Sous-Marin de Vitrolles
 

Paru dans l’Humanité du 30/10/1998

 

Votre réaction à l’attentat "en représailles" à l’organisation d’un concert "Rock identitaire" par la mairie FN de Vitrolles ?.

 

Nous ne sommes pas d’accord avec de telles méthodes : on ne combat pas le FN avec des attentats. Ensuite, qui sont les auteurs ? L’organisation du "RIF" (Rock identitaire français) n’est pas une réussite. Qui cet attentat arrange-t-il ? Si le but était d’empêcher la tenue de leur concert le 7 novembre, les auteurs s’y sont pris à l’avance. Enfin, je ne suis pas un professionnel du terrorisme...

 

Où en êtes-vous de la préparation des concerts des 6 et 7 novembre pour vos quatre ans d’existence ?

 

Tout se passe très bien : tant au niveau du public que de la communication. Ce seront deux jours de vraie fête avec une soirée rock et une autre, métisse. Nous avons pris les dispositions nécessaires afin que tout se déroule pour le mieux avec la mise en place d’un service de sécurité agréé par la préfecture. Nous nous sommes adressé à cette dernière pour qu’elle assure la présence de la police nationale. Nous sommes vigilants car le 7, date du concert du "RIF", des gens vont venir d’un peu partout avec des idées extrêmes dans leur tête. Mais nous nous refusons à toute provocation.

 
ZOE LIN
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 04:15


Vingt minutes en apnée chez les fachos de Vitrolles

 

Paru dans l’Humanité du 09/11/1998

 
De notre envoyée spéciale.
 

"La date du concert du RIF (Rock identitaire français) le même soir que le concert-anniversaire du Sous-Marin, une coïncidence ?" Anne-Marie Charlot, responsable des affaires "culturelles" à la mairie de Vitrolles, affiche un léger sourire : "Absolument aucune. Ce concert était prévu de longue date, nous n’allons pas le déplacer en fonction du calendrier des autres associations." Bien sûr. Combien de personnes attendez-vous ? Réponse : "C’est difficile à chiffrer. Il y a eu d’énormes pressions. L’attentat du Stadium a probablement découragé pas mal d’entre elles. Des rumeurs d’annulation ont couru : beaucoup n’ont pas tenté le voyage."

 

Les fausses victimes. Quelques instants auparavant, dialogue avec un des "organisateurs" de la soirée qui justifie son accent parisien : "Je suis là pour Mémorial Records (la maison de disque chapeautée par le Front national). Je suis venu prêter main-forte aux organisateurs d’ici. Jusqu’à 16 heures, nous ne savions pas si le concert pourrait avoir lieu." Pourquoi ? "Il y a eu d’énormes pressions." Une consigne de boycott ? Réponse en forme d’esquive : "Si vous étiez chef d’entreprise, vous hésiteriez à louer votre matériel de crainte de le voir sauter." Où ont-ils donc déniché le matériel de son et la structure ? Pas de réponse. Est-ce la mairie de Vitrolles ? Toujours pas de réponse. Les dégâts occasionnés par "l’attentat" au Stadium la semaine dernière n’étaient pas importants au point de déplacer le concert : "Au contraire, plus rien n’était utilisable." Combien de billets avez-vous vendus ? Pas de chiffre avancé : "Il était difficile de se procurer un billet d’entrée, d’autant que les points de vente habituels (FNAC) ont refusé de les vendre."

 

Fliquage en règle. Se présenter en victime, le ton est donné dès les premières mesures de Vae Victis, premier groupe de la soirée : "Merci d’être venus. Nous sommes là malgré la guerre totale que nous ont menée nos ennemis." Quelques éructations dans la salle, très vite recouvertes par le vacarme d’une guitare et d’une basse. Une bande-son défile : Vae Victis aurait-il du mal à recruter des musiciens ? Retour à la case départ.

 

Nous sommes une poignée de journalistes à attendre de pouvoir entrer sous le chapiteau : deux consoeurs du "Figaro" et de "la Provence", des photographes de l’AFP, d’Ima Press, de Reuters, une équipe de France 2.

 

Auparavant, il nous aura fallu franchir un premier barrage : une dizaine de policiers municipaux filtrent les voitures, braquant une lampe sur ses occupants. A l’entrée du parking, même scénario. On nous invite poliment à nous garer "par là, ne laissez pas de vide". Leur écusson ressemble à s’y méprendre à celui de la police nationale dont la présence, d’ailleurs, se fait plutôt discrète, même si le commissaire est dans les parages.

 

Quelque cent cinquante personnes attendent que les portes s’ouvrent. Il y a des jeunes bon chic bon genre, lookés étudiants, propres sur eux. Quelques skins, crânes rasés, blousons bombers, l’un enveloppé dans un grand drapeau bleu-blanc-rouge. Des moins jeunes, comme ces deux dames, la quarantaine passée, qui prétendent travailler à la mairie de Gardanne et sont là parce que des amis les ont invitées. On les croisera après dans la salle, égarées, faisant peine à voir. Les portes sont toujours closes. "Pas d’images, pas de photos", ordonne-t-on aux photographes, "mais comme nous connaissons la nature humaine, vous êtes priés de laisser vos appareils dans vos voitures". Les photographes quittent les lieux. Cela ne prend que quelques secondes pour fracturer une voiture...

 

Les journalistes au ban des accusés. Jusqu’alors, le GO, comme il se nomme à aucun nom de responsables du concert ne nous sera fourni Ä, parle à des journalistes non identifiés. Impossible d’avoir un ou des disques des groupes de la soirée : "Ils sont en vente à l’intérieur. Vous êtes journalistes, vous avez des notes de frais..." Ricanements. Nous sommes enfin autorisés à pénétrer dans les lieux. On relève soigneusement le numéro de notre carte professionnelle. On nous fait préciser pour quel journal nous travaillons. Deux solutions : répondre n’importe quoi, ou se présenter comme journaliste de "l’Humanité". J’opte pour la seconde : on est en démocratie, non ? Sans broncher, une jeune femme inscrit le nom du journal face au mien. Jusqu’ici, tout va bien.

 

Dans la salle, on essaie d’échanger quelques mots avec des spectateurs. "Vous êtes journalistes ? J’parle pas aux journalistes. Ils mentent, déforment nos propos", nous dit un colleur d’affiche membre du FN qui "toute la semaine (a) collé pour le concert, mais on se faisait arracher". Il ne veut pas nous parler mais ne nous lâche pas. Pas trop méchant celui-là. Plutôt paumé. Un jeune étudiant se trémousse sottement et s’appuie en rigolant sur un monsieur, bien mis de sa personne : "Vous accompagnez votre fils ?" "Oui, l’accès est difficile." "Vous aimez cette musique ?" "Ils ont le mérite de poser les bons problèmes." Monsieur père parle avec quelques légères réticences, regards appuyés sur le stylo et le carnet : visiblement, il n’aime pas trop les journalistes, mais, trop poli pour l’avouer : "Moi, je n’écoute que de la musique de chambre." C’est cela, oui. Le fils nous ignore, avec superbe.

 
 

"Je suis là parce que je suis blanc." Un petit groupe de skins. On y va ? Le plus grand est aussi le plus jeune d’entre eux, dix-huit ans tout juste. "Je suis là parce que je suis blanc." C’est dit avec le sourire. "Je me définis comme un néonazi. J’aime pas cette musique. C’est une musique de..." Le reste se perd dans le brouhaha. "J’aime que le "oï", le "ska". Je vais aux concerts skin, mais ils sont tenus secrets. Celui de ce soir, ce sont des amis qui me l’ont indiqué." Je me garde de lui rappeler que le ska est une musique d’origine black, d’autant qu’un monsieur lui glisse à ce moment quelques mots à l’oreille. Stupeur sur le visage du jeune skin. Colère : "C’est qui la journaliste de "l’Huma" ? Dégage, tu m’as compris, dégage !" Légère bousculade. La sécurité fait mine de s’interposer, histoire de faire monter la vapeur. Le jeune skin revient à l’attaque. L’homme qui m’a "dénoncée" ferait partie de la garde rapprochée de Mégret. Il se gardera bien de dire son nom. Comme tous les autres d’ailleurs.

 

"L’Huma" viré manu militari. Je range stylo et carnet, m’écarte. On me montre du doigt. Regards mauvais. Pas très fière. J’essaie de me concentrer sur les textes de Vae Victis : "Chanson dédiée à tous les camarades nationalistes : sois pur et dur." Borborygmes de satisfaction dans la salle. Auparavant, on a eu droit à une chanson pour "dénoncer" les médias, "Cassez vos télés !" La salle répond en écho : "Pourris ! Pourris !" C’est alors que je suis sommée par un type qui se présente comme "l’organisateur de la soirée" de le suivre dans le sas d’entrée. "Qui êtes-vous ?" me demande-t-il. Je lui rétorque : "Vous êtes de la police ?" Il réitère sa question, sur un ton plus menaçant. Je lui fais comprendre qu’il sait pertinemment qui je suis. "Pourquoi vous êtes là ?" insiste-t-il.

 

Anne-Marie Charlot assiste à l’interrogatoire sans broncher. Je suis plutôt bien encadrée et de moins en moins rassurée. Je sens qu’on m’agrippe par derrière : un gars a tout simplement ouvert mon sac à dos et fouille à l’intérieur. Je le lui arrache et prends à témoin Anne-Marie Charlot, lui demandant de tenir ses hommes de main : "Je ne le connais pas, c’est quelqu’un du public." Evidemment. Surgissent mes conséurs, affolées par ma disparition. D’autant que, dans la salle, on ne cesse de leur demander où est la journaliste de "l’Huma". Ça sent le roussi. Anne-Marie Charlot me dit que je peux "retourner dans la salle, à condition de ne pas embêter les gens". A condition de ne pas travailler. D’un commun accord, nous décidons unanimement de partir. On se presse vers les voitures. J’aurais tenu vingt minutes en apnée chez les fachos.

 
ZOE LIN
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 04:10


14-18 : quand la mémoire bouche ses trous

 
Paru dans l’Humanité du 12/11/1998
 

Hommage officiel, hier à Paris, où le président de la République et la reine d’Angleterre se sont retrouvés à l’Arc de triomphe. Et d’autres rencontres qui rappellent au souvenir des victimes oubliées, mutins de 17 ou tirailleurs sénégalais.

 

CONTRASTE. La cérémonie officielle hier à l’Arc de triomphe semblait traditionnelle et guindée, alors que les polémiques autour des déclarations de Lionel Jospin sur les mutins de 17, ont replongé dans le vif de 1998, le 80e anniversaire de la Première Guerre mondiale. Sous un grand soleil automnal, Jacques Chirac et Elisabeth II d’Angleterre ont écouté le marsouin Olivier Dréan sonner, en tenue d’époque, les notes du cessez-le-feu, sur le clairon même qui retentit le 11 novembre 1918. Chacun remit une gerbe sur le tombeau du Soldat inconnu, salua Ä suivis par Lionel Jospin Ä les six poilus présents, avant de s’incliner devant les drapeaux des régiments de la Grande Guerre dissous.

Auparavant la foule nombreuse massée sur les Champs-Elysées avait pu assister à un défilé de véhicules et de matériels de 14-18 : taxis de la Marne, canon de 75 tracté par six chevaux portant ses servants, camions Berliet ou Renault de la Voie sacrée à Verdun, char Schneider de 17 tonnes, véhicules infirmiers... Mais, interrogés, les jeunes des collèges et lycées invités, ont éprouvé plus d’émotion à penser à toute cette génération hachée par la mitraille qu’à la reconstitution historique, réduite aux matériels d’époque.

Si Raymond Abescat, doyen des poilus avec ses cent sept ans, était bien là, Abdoulaye Ndiaye, le dernier tirailleur sénégalais de la Grande Guerre, manquait, décédé la veille dans son village de Thiowor à 200 km au nord de Dakar. L’ambassadeur de France au Sénégal est parti lui remettre la Légion d’honneur à titre posthume... Piètre consolation pour un vétéran de cette "force noire à consommer avant l’hiver", selon les mots du général Mangin, l’un des officiers supérieurs pour lesquels la vie des soldats compta le moins au cours du conflit. Le prix de son sang versé Ä deux blessures en 1914 et 1916 Ä après 30 années sans la moindre compensation, est resté figé à 340,21 F par mois. Le montant des pensions versées aux Africains ayant été gelées au jour de l’indépendance de leur pays. Le sort qui fut celui des 608.209 soldats venus des colonies de 1914 à 1918 surgit peu à peu. Et réclame réparation, juge le MRAP.

 

La mémoire encore était aux prises avec le présent, hier à Amboise (Indre-et-Loire) où, nous signale notre correspondant, le maire RPR Bernard Debré s’est laissé aller à déclarer, concernant les mutins de 1917 : "Faudra-t-il réhabiliter ceux qui, en 1940, se sont mis du côté de l’ennemi ?" Aux prises, mais au sens propre, les militants de Ras l’front hier à Vitrolles, bousculés et blessés pour deux d’entre eux par des membres du FN et de la police municipale des époux Mégret, alors qu’ils portaient lors de la cérémonie au cimetière de Vitrolles, une pancarte : "Le FN tente de récupérer la boucherie de 14-18 (...) Nous rendons aussi hommage aux mutins de 1917".

 

D’hommage, il en fut aussi question à Riom, lors du dépôt de gerbe convié par les Verts devant le monument aux mutins de 17 érigé en 1922, à l’initiative de l’ARAC. Dédié "aux victimes innocentes des conseils de guerre", il fait face au monument au morts traditionnel. Trois cents autres personnes se sont retrouvées à Gentioux, un village creusois de 370 habitants, pour une cérémonie célébrant la paix, devant le monument aux morts portant l’inscription "Maudite soit la guerre", érigé en 1923, mais jamais reconnu par les autorités. Au pied du monument, un enfant orphelin en blouse d’écolier et sabots, sa casquette à la main, lève le poing.

 
PATRICK APEL-MULLER.
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 04:00

Le Pen-Mégret... ou la manière de faire
 

Paru dans l’Humanité du 07/12/1998

 

Bataille rangée samedi au conseil national du FN. Les deux "chefs" partagent les mêmes objectifs. Ils divergent sur la méthode.

 

C’EST bien un règlement de comptes qui a eu lieu samedi à la Maison de la chimie à Paris où se réunissait Ä à huis clos Ä le conseil national du Front national. Avec une partie du spectacle dans la salle, l’autre dans la rue. A l’affiche : la purge anti-Mégret accompagnée de cris, de huées, de bousculades, de noms d’oiseaux et quelques démonstrations musclées.

 

La journée a commencé par l’expulsion de la salle de deux proches de Bruno Mégret. Première sortie, Nathalie Debaille, membre du cabinet de Mégret, qui, sur le trottoir de la rue Saint-Dominique, s’étonnait d’avoir été licenciée "pour des raisons économiques" alors que le même jour quatre personnes, dont deux de la famille de Le Pen, "ont été embauchées". Pour elle, "la purge anti-Mégret a commencé". Deuxième sortie, celle d’Hubert Fayard, premier adjoint au maire de Vitrolles, qui déclarait : "On ne m’a jamais traité de la sorte." Au même moment, dans la salle, éclats de voix et applaudissements alternaient selon qui pouvait se faire entendre.

Franck Timmermans, secrétaire général adjoint du FN, évoquait une "injustice", un conseiller régional de PACA, Stéphane Durbel, répliquait en condamnant "un véritable parricide", rappelant aux mégretistes "qui vous a fait rois", les proches du maire consort de Vitrolles demandaient des "explications", un conseiller régional de Rhône-Alpes, Alain Breuil, défendait les "exclus" en s’interrogeant sur les "performances" électorale de Jean-Claude Martinez (le directeur de la campagne des élections européennes) avant d’être raccompagné, lui aussi, vers la sortie. Bref, les chaises n’ont pas volé mais on en était arrivé à l’extrême limite avant de faire appel à Police-Secours, aux pompiers et au SAMU. La guerre larvée entre Le Pen et Mégret a éclaté publiquement samedi dans une Maison de la chimie peut habituée Ä malgré son nom Ä à ce genre d’explosion.

 

La crise couve depuis des mois. Raison officielle : Bruno Mégret est coupable de vouloir s’emparer du parti et revendique une place de choix sur la liste des candidats aux élections européennes. Les véritables motifs sont d’ordre stratégique même si des rivalités personnelles ne sont pas à négliger. Le Pen veut garder le cap d’un FN "pur et dur" alors que Mégret, dont les dents de l’ambition rayent tous les parquets, s’accommoderait d’alliances avec la droite traditionnelle quitte à mettre en sourdine quelques-unes de ses phobies. Raciste et xénophobe, Mégret l’est et le reste comme en témoigne sa gestion de Vitrolles. Le maire consort n’a-t-il pas, par exemple, tenté de mettre en application la "préférence nationale" dans cette ville des Bouches-du-Rhône ?

 

La brutalité de Le Pen et de ses amis ne peut absoudre un Mégret silencieux, perfide et machiavélique. La différence entre les deux hommes portent sur la manière de faire. Pas sur les buts.

 
JOSE FORT.
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998