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Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
2 janvier 2006 1 02 /01 /janvier /2006 04:34

VU DE VITROLLES PAR ALAIN HAYOT (*)
 

Article paru dans l'édition de l’Humanité du 4 avril 2001.

 

Le contexte national de poussée à droite, conjugué à la porosité des votes entre la droite et l’extrême droite, a scellé le sort de la gauche à Vitrolles. Au-delà de ce constat, il faut se rendre à l’évidence : l’installation de l’extrême droite dans cette ville ne relève pas d’un " accident de l’histoire ", comme le pensaient certains, après le rejet de la municipalité Anglade, maire socialiste de 1983 à 1997.

 

A contrario, je pense qu’il s’agit d’un produit d’une histoire complexe : en premier lieu, celle de l’échec de la fabrication d’une ville nouvelle des années soixante - soixante-dix par un établissement public, en dehors de tout contrôle municipal et citoyen. Niant le bourg provençal existant, on a bâti le long de ces " non lieux " (zone commerciale, zone industrielle, plate-forme logistique du transport routier), une aire urbaine de vingt kilomètres, destinée à accueillir des populations déracinées de diverses origines, notamment des quartiers populaires de Marseille.

 

Le droit à la ville, c’est d’abord le droit à la centralité, écrivait Henri Lefebvre. À Vitrolles, on a fait l’inverse : une bande industrielle, une bande autoroutière, une bande d’habitats complètement éclatés, aucun vrai centre ville : le résultat, c’est une ville sans identité réelle, à qui l’on n’a donné ni le temps ni les moyens urbanistiques, sociaux et culturels de s’en construire une. Là commence la responsabilité de la municipalité de gauche qui a précédé l’arrivée de l’extrême droite : celle d’un système, au demeurant fort peu original, clientéliste, hégémonique au service d’un parti et d’un clan réuni autour du maire, d’une poignée d’élus et d’affairistes. La justice est passée, les condamnations prononcées, la gauche s’est retrouvée en morceaux, avec des plaies béantes. C’est le rejet de tout cela qui a provoqué l’arrivée de l’extrême droite, qui a occupé le terrain politique déserté par la droite républicaine dès 1993, et est apparue comme l’unique alternative à un pouvoir rejeté.

 

Quatre ans seulement nous séparent de la première élection de Catherine Mégret, dont l’unique souci durant cette période a été de fédérer son électorat. Elle l’a fait autour d’un discours sécuritaire, raciste, nationaliste, " provencialiste ", " victimiste " face aux médias, à l’État, aux collectivités territoriales, aux militants de gauche, à tous ceux qui, à l’entendre, lui en veulent de vouloir défendre les " Vitrollais français ". Ceux-ci n’aspirent, selon elle, qu’à vivre en paix dans une ville qu’elle a réduite à sa fonction dortoir, au sein de laquelle elle a supprimé toute activité sociale et culturelle, en particulier dans les cités populaires et en direction des jeunes, une ville qu’elle a sciemment divisée. Division entre générations, entre quartiers - dont les plus pauvres ont été abandonnés - entre habitants d’un même quartier, entre " communautés " (les " Gitans " contre les " Arabes ", par exemple). Une ville, enfin, qu’elle a délibérément isolée de son environnement régional et national. Il y a là un projet cohérent de recomposition sociologique, politique et urbaine de la part d’une extrême droite qui est passée d’un discours idéologique " dur " à sa mise en ouvre. L’électorat de la droite traditionnelle s’y est retrouvé sur la base du " Bien chez nous à Vitrolles " - au cour de la campagne de Catherine Mégret. Son autre mot d’ordre, " Ou moi, ou le retour d’Anglade ", continue d’exploiter le rejet du passé.

 

Face à cette extrême droite conquérante, pourquoi la gauche ne s’est-elle pas rassemblée dès le premier tour ? Contrairement à ce qui s’écrit ici ou là, ce n’est pas sur la base d’un simple clivage PS-PC ou sur le choix de la tête de liste. La question est plus complexe. Fallait-il reproduire mécaniquement les rapports de forces électoraux et partisans, ou fallait-il, au contraire, que les partis de gauche se remettent en question, participent avec d’autres à l’élaboration d’un véritable projet alternatif ? Il leur fallait, pour cela, se mettre au service d’une démarche neuve, citoyenne, telle qu’elle s’est déployée, au lendemain de l’échec de 1997, à l’initiative de militants politiques et associatifs autour d’un " espace citoyen ". Le Parti socialiste s’y est refusé, comme il s’est désengagé de l’accord national d’union sur les quatre villes détenues par l’extrême droite. La réponse est dans les urnes : trois villes conservées par l’extrême droite, et une gagnée par la droite alliée à l’extrême droite. À Vitrolles, plus précisément, les listes alternatives et citoyennes totalisent 20 % des voix, alors que le PS, malgré le soutien des Verts, du PRG et du MDC, subit, avec 23 %, un recul sévère par rapport à 1995 et 1997.

 

Notre liste, plurielle, était composée de militants communistes, socialistes, Verts et surtout (24 candidats sur 39) de militants associatifs engagés depuis plusieurs années dans le combat contre le FN devenu MNR. Son originalité a été de mettre en synergie des militants des partis de la gauche plurielle et des acteurs du mouvement social et citoyen issus notamment des quartiers populaires et des immigrations récentes. Cette liste, que je conduisais, s’est inspirée d’une démarche de démocratie participative façon Porto Alegre, très proche de celle des listes Motivé-e-s à Toulouse. Son fonctionnement - profondément démocratique - son projet pour refaire la ville, son score, ont marqué le premier tour de l’élection et représentent l’espoir d’un renouveau de la gauche à Vitrolles. Aujourd’hui, nous mettons cette démarche et ses premiers résultats à la disposition de tous ceux qui veulent tourner la page de l’extrême droite, mais également celle du passé antérieur. On ne combat pas l’extrême droite en la diabolisant, mais en lui opposant un projet alternatif radicalement opposé à ses méthodes, à ses pratiques, à ses discours, un projet qui, par là même contribue à rénover la gauche et à la rassembler. C’est aujourd’hui que l’avenir commence à Vitrolles...

 

(*) Sociologue, vice-président de la région PACA, conseiller municipal (d’opposition) à Vitrolles, membre du Conseil national du PCF.

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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1999 - 2001