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Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 14:39

Vitrolles : fin de campagne à hauts risques
 
 
 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 8 février 1997

 
 
 

Le second tour des élections municipales partielles aura lieu demain. La mobilisation des habitants au cours des derniers jours pourrait permettre d’éviter que le Front national s’empare de cette ville et en fasse son quatrième fief.

 
 
 

VITROLLES, demain soir, aura élu sa nouvelle municipalité. En attendant le verdict des urnes, il y aura sans doute aujourd’hui encore des centaines de mini-débats pour convaincre. Convaincre que le Front National ne doit pas faire main basse sur cette ville de 38.000 habitants : ici, chacun est conscient que la conquête de la municipalité n’est que la première étape d’une ambition à l’échelle du département et de la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur. Voire plus vaste encore. Bruno Mégret, jeudi soir : « Nous pouvons être fiers de ce vote (du premier tour), c’est un record absolu, il a impressionné l’Europe entière. »

 
 
 

Jeudi soir avait donc lieu le meeting électoral du FN. Les observateurs ont évoqué la présence de 1.500 personnes. Le ton a été donné par Hubert Fayard, numéro deux de la liste Catherine Mégret. Il a fait huer Lionel Jospin et Robert Hue : « Tous ces politiciens sont venus donner des leçons que les Vitrollais n’acceptent pas », a-t-il dit. Bruno Mégret : « Vous êtes une véritable élite civique. Vous avez compris ce que d’autres ailleurs n’ont pas compris. » Bruno Mégret encore : « Je n’autorise pas les menteurs, les tricheurs, les mis en examen, à dire qui est républicain et qui ne l’est pas. » Il a oublié de rappeler qu’il est lui-même suffisamment tricheur pour être frappé d’inéligibilité. Jean-Jacques Anglade, tête de la liste d’union de la gauche, a d’ailleurs, hier, déposé un recours en annulation du premier tour devant le tribunal administratif « compte tenu de la multiplication des infractions commises par la liste FN, la diffusion de fausses nouvelles, la diffusion d’un faux sondage et la diffamation. »

 

Du côté de la liste Anglade, on a enregistré de nouveaux soutiens de personnalités nationales. Tel celui apporté par le député européen UDF Simone Veil. « Vitrolles est menacée par le Front national, a-t-elle indiqué dans un message à l’attention des habitants de Vitrolles, la candidate Catherine Mégret n’est qu’un trompe-l’oeil. C’est l’appareil du FN qui serait en place à la mairie. Ce n’est pas ce que vous voulez. Vous ne pouvez l’accepter. » Hier soir, une chaîne humaine devait symboliquement encercler l’hôtel de ville pour l’empêcher de tomber dans les filets de l’extrême droite.

 
 
 

L’issue de cette situation électorale est entre les mains des abstentionnistes du premier tour, de ceux qui ont voté FN pour donner un coup de semonce au maire sortant mais qui ne veulent pas pour autant élire une municipalité d’extrême droite. Et, aussi, évidemment, de l’électorat RPR-UDF. L’étude des duels gauche-FN de second tour montre que, d’une manière générale, 20% de ces électeurs s’abstiennent, 30% votent à gauche et 50% FN. Dans ce cas, la liste Mégret pourrait être élue. Mais Vitrolles est aussi un cas particulier. Et il faudra aussi compter sur l’attitude du RPR au plus haut niveau. Alain Juppé semble décidé à ce que le mouvement qu’il préside entre en lutte ouverte contre le FN, les positions de la droite classique étant elles aussi de plus en plus menacées.

 
 
 
D. B.
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 14:38

Chronique d’une élection annoncée
 
 
 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 10 février 1997.

 
 
 
 
 

TOUT commence le 18 décembre 1996. Ce jour-là, le Conseil d’Etat annule les élections municipales de juin 1995 qui avaient vu la victoire du maire sortant Jean-Jacques Anglade (PS) face au numéro 2 du Front national, Bruno Mégret. La haute juridiction administrative décidait dans le même temps que Bruno Mégret ne pourrait être candidat à la prochaine consultation, le déclarant inéligible pendant un an pour dépassement du plafond légal des dépenses électorales.

 
 
 

Le 18 décembre 1996, le Conseil d’Etat rejette donc la requête de Jean-Jacques Anglade qui, réélu à la tête de sa liste avec 353 voix d’avance devant Bruno Mégret, demandait la validation de son élection annulée auparavant par une décision du tribunal administratif de Marseille.

 
 
 

La première irrégularité invoquée : les délégués de la liste Anglade auraient sollicité les abstentionnistes le 18 juin. Mais aussi, l’avant-veille du scrutin, des informations inexactes avaient été publiées selon lesquelles une personnalité locale du RPR retirait son soutien au FN. Selon le Conseil d’Etat, deux autres irrégularités mettant en cause les médias auraient contribué à fausser le scrutin : France-Info a diffusé le 17 juin un communiqué de la direction nationale du RPR appelant à tout mettre en œuvre pour battre M. Mégret. Or, le Conseil a jugé qu’il s’agissait-là d’un message de propagande électorale interdit la veille d’un scrutin. TF1 et France 2, toujours selon le Conseil d’Etat, ont « méconnu l’obligation d’impartialité qui leur incombe » en diffusant, au cours des journaux du 17 juin, des reportages qui « ne faisaient allusion que très brièvement en termes hostiles ou ironiques, à la candidature de M. Mégret », et qui étaient « presque entièrement consacrés à un meeting organisé la veille par M. Anglade et au soutien que lui apportaient plusieurs personnalités politiques nationales ».

 
 
 

Le 18 juin, le Conseil d’Etat rejetait aussi la requête introduite par Bruno Mégret contestant un jugement le rendant inéligible pour un an à la fonction de conseiller municipal pour avoir dépassé de 9% le plafond autorisé (373.984 francs) des dépenses de campagne.

 
 
 

En réalité, tout commence vraiment bien avant le 18 juin 1996. Aux législatives de 1993, Bruno Mégret, battu de peu (49,52%) sur l’ensemble de la circonscription de Marignane, avait obtenu à Vitrolles 56% des suffrages. Lors des municipales de 1995, tous les regards étaient portés sur cette ville, personne n’imaginant que le risque de l’extrême droite était aussi réel à Toulon ou Orange. Au second tour de 1995, trois listes étaient restées en présence. Surprise : le FN est battu. Dans un tel climat de tension, le contentieux électoral ne pouvait être que lourd.

 
 
 

D’autant que pèse une décision judiciaire intervenue le 20 décembre 1995. Ce jour-là, Jean-Jacques Anglade est mis en examen pour faux et usage de faux. Ce qui ne présume en rien de sa culpabilité, le maire affirmant que le dossier à son encontre est vide. Mais le 20 décembre, le juge d’instruction parisien David Peyron prend cette décision. Il enquête alors sur la réalité de treize factures, représentant 1.345.779 francs, payées par la société Expopublicité à diverses associations vitrollaises et au club de hand-ball, OM-Vitrolles, dirigé alors par Jean-Claude, frère de Bernard Tapie. Selon le dirigeant de la société, ces sommes étaient la contrepartie occulte d’une convention signée avec la municipalité portant sur l’exploitation de 66 panneaux publicitaires. La redevance annuelle par emplacement aurait été volontairement minorée (1.500 francs au lieu de 4.000 francs), le complément étant versé à l’Association pour la démocratie socialiste en Europe, organe du mouvement rocardien vitrollais.

 
 
 
DOMINIQUE BEGLES.
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 14:37

Face au FN
 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 10 février 1997.

 
 

Seule l’action pour une politique de justice et de solidarité peut garantir l’efficacité du combat contre le Front national.

 

Les résultats de Vitrolles provoquent un grand choc dans l’opinion. Elle est traversée par une inquiétude largement partagée devant la montée du Front national, notamment dans certains milieux populaires. C’est grave et cela demande justement de ne pas trop vite céder à l’émotion et de prendre le temps de la réflexion : comment un tel phénomène est-il possible ? Comment y faire face ?

Ces résultats viennent après les échecs du Front national à Gardanne et à Dreux. Ecrire cela ne consiste pas à se rassurer à bon compte mais incite à prendre du recul.

 

Les commentateurs s’accordent à dire que le candidat opposé à Catherine Mégret n’était pas le meilleur. Il fallait un rassembleur proche des citoyens, ce fut un maire ressenti comme distant, aux pratiques financières contestées. A tel point que la section socialiste locale elle-même n’en voulait pas comme chef de file. De plus, l’implantation du Front national à Vitrolles s’appuie depuis plusieurs années sur l’amertume provoquée par le chômage, la conviction profonde d’avoir été abusé, voire humilié. Mais au-delà, le sentiment que la société se délite, que les gens sont méprisés par un pouvoir qui n’écoute pas, ne tient aucun de ses engagements, entraîne la nation dans une situation qui met en cause à la fois son devenir, son identité, sa souveraineté, provoque un profond désarroi.

 

La pensée unique refuse tout débat, engage le pays sur la voie de l’application du traité de Maastricht, de la monnaie unique. Elle ouvre ainsi un espace immense au Front national et fait de la politique un monde à la fois inaccessible et consensuel. La désillusion, ce sentiment d’abandon, de faillite des partis politiques qui ne proposent que de se résigner, conduit des citoyens à recourir à ce vote impasse pour faire entendre leur douleur et leur protestation.

 

Le Parti communiste n’a pas le monopole de la lutte contre le Front national et ne prétend pas l’avoir. Il se retrouve au moment où il le faut avec toutes celles et tous ceux, certainement de plus en plus nombreux, décidés à chercher les moyens efficaces de dissuader des hommes et des femmes blessés par la crise d’y trouver un ultime recours. On peut néanmoins se demander pourquoi ce qui a été possible à Gardanne ne l’a pas été à Vitrolles alors que les villes sont voisines. On peut s’interroger sur les différences de crédibilité des deux candidats. Mais au-delà, quand, d’une manière générale, la majorité de l’opinion exprime son scepticisme sur la capacité du Parti socialiste à faire une autre politique, cela n’a-t-il pas handicapé la liste conduite par Jean-Jacques Anglade, particulièrement auprès des milieux les plus touchés par la crise ?.

 

L’apport original du Parti communiste au combat contre l’extrême droite et au racisme qu’elle développe réside dans le fait qu’il est porteur de réponses positives à l’exigence profonde de justice et de développement de la nation. Il prend ainsi le mal à la racine. Son apport réside également dans sa conception de la politique. Il ne considère pas les citoyens comme des pions qu’on manipule, mais place leur libre réflexion et leur intervention au cœur de toute la vie politique. L’avancée de telles conceptions peut modifier bien des données.

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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 14:35

Vitrolles : le FN arrache la ville d’une courte tête
 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 10 février 1997.

 
De notre envoyé spécial.

SUSPENSE hier soir à Vitrolles. Toutefois, à l’heure où ces lignes étaient écrites, le dépouillement des deux tiers des bulletins donnait 52% des voix à la liste du FN conduite par Catherine Mégret, contre 48% à la liste « Ensemble pour Vitrolles » (Union de la gauche) menée par Jean-Jacques Anglade, le maire socialiste sortant.

 

Des indications parvenues entre-temps confirmaient d’ailleurs cet écart. Ainsi donc, pour en être réel, le sursaut des démocrates vitrollais n’aura pas suffi à surmonter le handicap du premier tour. Par son épouse Catherine interposée, Bruno Mégret, le bras droit de Le Pen, présidera donc aux destinées d’une quatrième ville de la région PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur). C’est un coup dur pour la ville, un coup dur pour le Sud-Est, un coup dur pour la démocratie.

 

Hier matin, les trois quotidiens régionaux avaient placé l’événement à la une de leur édition du dimanche. « La France a les yeux tournés vers Vitrolles », titrait « le Provençal ». Sans contester cette réalité, « le Méridional » s’interrogeait sur le caractère de « test national » qu’il attribuait à « la médiatisation à outrance d’un scrutin local ». « En fait, ajoutait-il, le vote des Vitrollais n’aura pas autant de poids que veulent le dire certains commentateurs. » Et de banaliser l’alternative entre « la reconduction d’une équipe de gauche, aux commandes depuis 1983, et la désignation d’un maire Front national, comme l’ont fait avant les Vitrollais les habitants d’Orange, de Marignane et de Toulon ».

 

C’est au contraire au rejet de cette éventualité que Guy Hermier appelait « tous les républicains » dans son éditorial de « la Marseillaise ». Si « Vitrolles n’est pas la France », ce « deuxième tour est d’une exceptionnelle importance pour la démocratie », écrivait-il. Et de poursuivre : « Nul doute que Bruno Mégret, le principal théoricien du FN, qui deviendrait le maître de Vitrolles, cherche à en faire une terre d’expérimentation des idées de rejet de l’autre, de xénophobie, de racisme. Sans parler de l’utilisation qui serait faite de ce résultat dans la perspective de 1998. »

 

11 heures. Le froid souffle. Le taux de participation est de 27,8%. Certes supérieur à celui du premier tour à la même heure (24,75%). Mais il était loin de celui enregistré lors du second tour du 18 juin 1995 (33,9%). Or, à ce moment-là, c’est la forte mobilisation des abstentionnistes du premier tour qui avait permis à la liste conduite par Jean-Jacques Anglade de l’enlever d’une courte tête. 7.466 voix (45,3%) contre 7.113 (42,90%), soit un écart de 353 voix tandis que la liste Guichard (UDF-RPR), qui s’était maintenue, recueillait 2.012 voix (12,07%). On était passé de 75,70% de votants au premier tour au taux exceptionnel de 85,10% au second. A l’heure des comptes, on atteignait toutefois le taux en progression sensible sur le premier tour de 81%. Du côté de la permanence de la liste « Ensemble pour Vitrolles », les visages étaient graves. Personne n’osait le moindre pronostic. Même réticence à commenter « ce qui s’est passé vers 15 h 30 ». Comme par refus d’ajouter de la tension à la tension. A ce moment-là, un véhicule 4 x 4 avait renversé deux jeunes motocyclistes de l’équipe mise en place par la municipalité pour contribuer à la sécurité des quartiers. Selon certains témoins, l’agression serait délibérée. Poings américains, battes de base-ball ont été trouvés dans la voiture. Les deux jeunes ont été hospitalisés. Les trois occupants du véhicule, membres de l’équipe Mégret, étaient attendus au commissariat.

 

Puis c’était l’attente. Déçue pour près d’un Vitrollais sur deux. Reste à présent aux forces démocratiques à tirer tous les enseignements de ce scrutin. Gardanne n’est pas si loin et, ici, le ressaisissement d’entre deux tours prouve que l’ascension du FN, si dangereuse soit-elle, n’a rien d’irrésistible.

 
CHRISTIAN CARRERE
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 14:30

Choses vues à Vitrolles, France
 
source : Le Nouvel Observateur le 13/02/1997 auteur : Chantal de Rudder
 
La veille, Vitrolles, bastion de la gauche, venait de s'offrir sans retenue au Front national: plus d'un électeur sur deux lui avait donné sa voix, 52,48% des votants. La France est atterrée. Vitrolles fait mine de retrouver un train-train ordinaire.
 
Ce lundi matin pas comme les autres, les magasins de la ville sont ouverts comme d'habitude: «On va enfin se remettre au travail!», s'écrie la parfumeuse, avec une indifférence appuyée.
 
Rita, l'accorte patronne de l'Hacienda, le rendez-vous des militants du FN, refuse de commenter le scrutin: «Le commerce d'abord. L'argent n'a pas d'odeur.» Vers midi, quelques badauds arpentent les rues piétonnes et s'attablent aux terrasses des cafés. Seul le silence trop dense laisse deviner le malaise dans la ville. Soudain, un cri secoue l'atmosphère atone. «Mon petit!», hurle une maghrébine paniquée, courant sous les arcades. Tout le monde se met à chercher l'enfant. La femme retrouve son fils, quelques mètres plus loin, et le serre contre elle en sanglotant. «Le minot s'était éloigné, elle a cru qu'on l'avait enlevé, explique, l'accent pagnolesque, un Arabe de Vitrolles. Oh fada! On va partir en biberine et douter de tout maintenant!»
 
On douterait à moins: dans ce coin ingrat de Méditerranée, où le chômage est à 22% et la population grouillante de jeunesse - 35% des 40000 habitants ont moins de 25 ans -, rares sont ceux qui se gênent désormais pour jeter ouvertement l'opprobre sur les musulmans. Y compris parmi ceux qui font profession de foi de combattre l'extrême-droite et le racisme: «Vous croyez que c'était bon pour Anglade, ces Arabes et leurs youyous devant la mairie pour fêter sa victoire en 1995?», demande un grand Noir, militant de la liste UDF-RPR, sincèrement scandalisé. Et il continue, comme s'il énonçait un conseil de bon sens élémentaire, une vérité politique incontournable: «Je leur ai dit, aux gens du PS: "Virez-moi tous les cafards de devant la porte de votre permanence! Nettoyez!" Ici, madame, même les Arabes, ils en ont marre des Arabes!»
 
Les sociologues ont donné un nom à la peste qui embrume désormais les cerveaux: «lepénisation des esprits». Dans la cité des Pins, le quartier chargé de tous les péchés par Vitrolles, les jeunes Beurs énoncent la hiérarchie locale des races comme une leçon bien apprise. «Tout en bas de l'échelle, il y a les Arabes, qu'ils soient français ou pas, dit Omar, 23 ans, éboueur. Après c'est les juifs, puis les gitans. Ensuite, il y a les Européens: Arméniens, Italiens, Espagnols, Yougoslaves. Et en haut, il y a les Français de souche. C'est pas de la folie, un gitan ou un Arménien raciste qui vote FN? Bienvenue à Vitrolles!»
 
Dans le bureau de vote de la cité, installé à l'école Paul-Cézanne, pendant qu'on dépouille les urnes l'ambiance est électrique, et beaucoup retiennent leur souffle. A chaque bulletin pour le maire PS, des encouragements ou des applaudissements crépitent. Ils veulent absolument croire que le pire n'est pas sûr. «Cette élection, c'est notre procès, marmonne un gamin en se tenant le coeur. Je suis innocent, moi. Et même, je suis fier d'ête vitrollais!» «S'ils veulent pas de nous, je deviens un guerrier», menace un autre, de moins en moins confiant sur le score. Le scrutin tombe vers 10 heures du soir: verdict accablant. «C'est eux qui l'auront voulu, si on devient les Beurs Panthers! Après le premier tour, explique Ali, blême, il y a eu des problèmes avec les gars du FN qui nous provoquaient. On n'a pas su réagir, on n'était pas prêt. Depuis, on s'est un peu organisé.» Au soir du second tour, la plupart des jeunes Beurs de la cité se sont massés devant la nationale qui borde leurs HLM. Ils sont restés tard dans la nuit, le regard grave, à scruter les cars de CRS, positionnés de l'autre côté de la route. En revanche, au centre-ville, d'autres jetaient quelques pierres et cassaient des vitres du côté de la mairie et de la permanence du FN pour exorciser leur colère: «On ne s'écrasera pas comme à Toulon ou à Marignane», s'énerve un jeune Beur, en promettant de nouvelles nuits chaudes. «On va leur prouver que le FN, c'est pas un parti comme les autres, reprend son copain. Mégret, ce sera l'insécurité pour tout le monde!»
 
Pendant ce temps-là, à l'hôtel Louisiana, sur la route de l'aéroport, la fête bat son plein: «La France aux Français!» En car, en voiture, les lepénistes sont venus des quatre coins de l'Hexagone célébrer la chute d'une quatrième ville de la région dans leur escarcelle. «J'arrive de Béziers, s'écrie tout sourire une dame à la cinquantaine permanentée. Quelle formidable journée! A midi, je baptisais mon petit-fils!» Entassé dans la salle où les héros du jour - les Mégret - doivent prendre la parole, le peuple FN attend debout, sans se plaindre: mélange hétéroclite de balèzes à catogan et de lodens bcbg, de nuques rasées et de petits princes, de «cagoles» cliquetantes de bijoux, le visage ripoliné, le parfum lourd, et de rosières à collier de perles. «Nous sommes désormais le premier parti de France», s'écrie Bernard, gérant de société. «On a gagné! On a gagné!» La foule s'égosille. Un monsieur d'un certain âge joue les boute-en-train: «Vitrolles, on va d'abord désinfecter. On a déjà téléphoné à l'entreprise de dératisation!» Ces dames pouffent. «Il paraît qu'ils vont construire des églises en Arabie Saoudite!» Ces dames se tiennent les côtes. Le vieux lance un slogan: «Mégret-Vitrolles, restons français!» Le choeur reprend, décline des variations: «La France aux Français!», «L'argent aux Français!», «La Sécu aux Français!».
Un mastard basanné, aux longs cheveux frisés, s'amuse à provoquer les journalistes: «Alors, pas trop déçus?», demande-t-il, l'oeil ironique. «Dehors, les médias!», crie la foule. Le temps d'entonner deux fois le chant des coloniaux, «C'est nous les Africains», et quatre ou cinq fois «la Marseillaise» - V de la victoire et bras tendu à chaque «qu'un sang impur abreuve nos sillons!» - et Mégret et Mégret font leur apparition au son des flonflons tonitruants du grand air d'«Aïda». Une dame crie «Bravo! Enfin une femme au pouvoir!», pendant que «Catherine», foulard rose et blazer bleu, lève le doute pour ceux qui n'avaient pas compris le sens de sa candidature: «Notre victoire est celle de mon mari!»
 
Jean Figadère, 55 ans, l'hôte des lieux, veille au bon déroulement de la réception FN. Les affaires marchent! Ancien pilote acrobatique, le patron du Louisiana a opéré un rétablissement remarqué à Vitrolles entre les deux tours de la municipale. Gaulliste fervent, RPR bon teint, colistier de la liste UPF Guichard, il a bravé les consignes de l'état-major parisien de son parti, qui prônait le front républicain, et a appelé à voter FN plutôt que «socialo-communiste». Ce qui lui a valu l'ire de Juppé: il a dû rendre sa carte du RPR. Figadère a beau «idolâtrer Chirac depuis toujours et pour toujours», il n'en estime pas moins «ceux qui gueulent pour faire avancer les choses, qui sont fiers d'être français et veulent limiter l'invasion».
 
 Il n'a pas été le seul RPR à mettre le bulletin FN dans l'urne. Une bonne moitié des gaullistes l'ont fait. Beaucoup d'autres se sont contentés de voter blanc.«Il fallait maintenir notre liste, s'exaspère Christian Borelli, patron vitrollais du RPR, qui vit plus le FN comme un concurrent direct que comme un ennemi irréductible. Ils sont en en train de se constituer un électorat et nous de le leur fournir ! Il nous bouffe, le FN! Son état-major, c'est devenu le club des ex-RPR et des ex-UDF!» Les grands anathèmes et la diabolisation, il en a sa claque, Borelli. Tout ce qui lui importe, c'est qu'on ne lui pique plus ses clients: «Retournons au bon vieux clivage gauche-droite et la République sera mieux gardée.» 
 
Discours identique chez les UDF, qui se drapent dans un «mon vote m'appartient» pour expliquer le peu d'empressement qu'ils ont mis à défendre le front républicain avant le second tour. Qui ne crie au loup consent ?  Peut-être.

Vitrolles-Clochemerle en a assez d'être le terrain d'affrontement privilégié entre un FN conquérant et une République menacée. On est français quand il s'agit de se différencier des Arabes. On est vitrollais contre le reste de l'Hexagone: «C'est ma vie et c'est ma ville que je regarde d'abord, affirme Roberto, ouvrier à la retraite, qui a voté Chirac à la présidentielle et FN aux municipales. L'enjeu national, je m'en fous!»

Etrange comme cette ville nouvelle, sans frontières ni caractère, faite d'une population récente et hétéroclite, venue du Nord et des Suds, génère un esprit tribal, un patriotisme de clocher. La ville est devenue une unité-refuge contre la béance de la mondialisation.
 
«Vitrolles d'abord!»: les beaux messieurs de Paris qui donnent de grandes leçons de civisme tapent sur les nerfs. «On n'est pas des gosses, s'excite André, chef de chantier, qui a voté Jospin à la présidentielle et Mégret dimanche dernier. On n'a pas besoin de Paris pour savoir ce qu'on a à faire!»

Pour beaucoup, la première des urgences, c'était de se débarrasser de Jean-Jacques Anglade, le maire à l'écharpe blanche. Malgré le score du FN la semaine dernière, il n'y a pas encore 52% de fachos à Vitrolles. Mais on y trouve facilement plus d'un habitant sur deux pour vouer le maire sortant aux gémonies: «Anglade, gémit un jeune homme de 25 ans, comme s'il chantait une complainte, avec sa mise en examen, ses magouilles, ses projets mégalos, son clientélisme outrancier, ses impôts locaux insupportables, sa propension à endetter la ville, son incapacité à écouter ses administrés, et son recours au bouclier FN pour retomber sur ses pattes!» Bipolariser le scrutin, ici et maintenant, c'était aller pour sûr à la catastrophe: «Si Satan devait avoir un visage à Vitrolles, plaisante un déçu de "l'angladisme" qui se définit toujours comme un homme de gauche, ce ne pouvait pas être celui de Catherine Mégret. Le rôle était déjà pris par Jean-Jaques Anglade!»

Peu avant les élections, le PS local n'avait rien trouvé de mieux que de faire scission. Pour se reconnaître sur le marché et ne pas confondre leurs militants avec les socialistes dissidents, les «angladistes» arboraient une écharpe blanche ! Obnubilés par leurs luttes intestines et la mainmise d'Anglade sur l'investiture aux municipales, certains militants socialistes, persuadés que Vitrolles allait à la catastrophe, appelèrent à voter Guichard au premier tour et exigèrent même la nomination d'une nouvelle tête de liste entre les deux tours...

Bref, le «camp moral» donnant un exemple lamentable par ses déchirements et ses accusations internes, il conférait, tous les jours d'avantage, un brevet de respectabilité au couple Mégret, tellement uni, lui... Aujourd'hui encore, Bruno Morosini, 35 ans, ne regrette pas la guérilla menée dans les rangs de la gauche: «On est enfin débarrassé d'Anglade, conclut-il sans trop de remords. A quelque chose, malheur est bon!»

Ce pourrait être une devise du FN, tant le parti de Bruno Mégret s'est fait une spécialité d'exploiter méticuleusement les erreurs des adversaires et les malheurs des Vitrollais. Il a raison, le petit technocrate du FN, de se féliciter de son «choix judicieux de Vitrolles» comme terrain de combat, lui qui rêve d'être calife à la place du calife quand l'heure de la succession de Le Pen aura sonné: «A l'échelon national, ma victoire est emblématique, dit Bruno Mégret de sa voix calme. Alors qu'à l'échelon local, le combat était simple: Anglade est très représentatif de la dégénérescence de la classe politique, coupé du peuple, rattrapé par les affaires, poursuit-il, comme s'il énonçait une recette de cuisine.
 
Nous avons développé une stratégie de la force tranquille: par la présence, le nombre, la proximité, dans la durée évidemment. Nous publions un mensuel, "Allez Vitrolles" (nom repris pour désigner la liste menée par son épouse), journal qui se cantonne strictement à parler de la ville. C'est très important, cet organe médiatique propre à la ville dont nous avons la maîtrise, insiste le nouveau vice-maire, avec un ton professoral.
 
 De plus, notre association Fraternité française s'est consacrée sans relâche à l'aide aux Français en difficulté.»

La méthode FN a déjà fait ses preuves dans d'autres pays: c'est celle qui avait permis aux islamistes de se rendre populaires en Algérie ou ailleurs. Elle demande seulement beaucoup de travail et de la disponibilité. Qui aurait peur du FN quand il est seul à déployer un tel trésor de dévouement pour informer - à sa façon -, écouter les plaintes et au besoin les orienter, materner ceux qu'il prend sous son aile?
De moins en moins de monde. Même un junkie aux cheveux blonds, qui sort de prison pour deal, a décidé de prendre sa carte FN, avec le ferme espoir d'obtenir un emploi fixe et un appartement, parce qu'il porte, dit-il, «un nom bien français». «Les mecs comme moi, affirme Julien, l'oeil vague de méthadone, le FN va essayer de les réinsérer. Les trois quarts des copains français qui ont arrêté les bêtises, ils votent FN.» Et lui, qui avoue avoir toujours peur de «retomber», le voilà qui exige des flics partout «parce que c'est les Arabes qui foutent la merde.»
Lui, il est «blanc» et ne craint rien, «sauf les Arabes et les sans-papiers. Pourquoi on dit: France, terre d'accueil? Mes grands-parents se sont battus pour obtenir les congés payés, on me les enlève progressivement pour faire bouffer les immigrés. On va devenir le tiers-monde, si ça continue, se lamente-t-il. Il n'y a plus de boulot, ni d'argent: je ne veux plus partager avec des étrangers!». Au bourgeois, autrefois accusé de tous les maux sociaux, a succédé l'Arabe. «C'est devenu un repère, un critère structurant chez des gens qui ne comprennent rien à la mutation actuelle», constate le sociologue Jean Viard (voir encadré).

Rosine, 56 ans, originaire des Ardennes, ancienne mécanicienne de précision qui votait communiste, est réduite depuis dix ans à «faire des petits boulots de merde». Elle a un mari chauffeur de poids lourd au chomâge après un accident qui l'a diminué physiquement, et un petit pavillon dont elle doit payer les crédits jusqu'en 2001. Elle prétend que seul Tapie aurait réussi à la dissuader de voter FN. «On n'entend que ça: l'usine machin a fermé, dit-elle affolée. Ils appellent ça la crise, et faut se l'avaler sans se poser de questions. Tapie, lui, il m'aurait expliqué ce qui se passe. Il savait parler au peuple. Mais on lui a cassé les reins parce qu'il a monté trop vite. Un fils d'ouvrier qui réussit, ça n'a pas plu à ces messieurs de la haute!»
A défaut de solution, Rosine veut de la considération pour elle et du dynamisme chez les dirigeants. Avec Tapie pour héros, comment peut-elle donner sa voix au FN et au très peu charismatique Mégret? «Parce qu'il faut que ça change! Ils se foutent de nous, ceux qui gouvernent. On ne peut pas compter sur Anglade, on compte sur l'autre. Voilà. Peut-être qu'on fait chou blanc!» Le FN, un parti comme les autres? «On verra, répond Rosine. Qu'est-ce que j'ai à perdre?»
 
CHANTAL DE RUDDER
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 14:29

Oui, les socialistes sont coupables!
 
source : Le Nouvel Observateur le 13/02/1997 auteur : Daniel Carton
 
«Une partie de trompe-couillons!» Les socialistes les plus lucides des Bouches-du-Rhône n'ont pas trouvé d'autres mots devant le désastre de Vitrolles.
 
Un désastre annoncé, programmé, que personne à gauche n'aura été capable de conjurer. Jean-Jacques Anglade n'était certainement pas le candidat idéal, et tout le monde chez les socialistes le savait. Accusé de mégalomanie - il régissait sa ville comme un duché -, soupçonné de pis encore, la personnalité de l'avocat à l'écharpe blanche n'en finissait pas d'alimenter la chronique.
 
Dès le congrès de Liévin de 1994, les rocardiens, de qui il se réclame, prennent leurs distances avec lui. Cela n'empêche pas, aux municipales de 1995, Bernard-Henri Lévy, Bernard Kouchner, Jack Lang, pour ne citer qu'eux, de faire le voyage pour lui apporter le soutien de Paris...
 
Dans le combat contre le Front national, se disait-on justement, priorité à la victoire. Le miracle s'est produit une fois, pas deux. Lionel Jospin était dans la même disposition d'esprit quand, interrogé début janvier sur son soutien à cette candidature, il expliquait laborieusement que, face au péril lepéniste, il ne fallait pas faire la fine bouche. Mais le coeur n'y était pas et, contrairement à ce qu'il avait fait pour Kouchner à Gardanne, il attendra le second tour pour faire un petit aller et retour à Vitrolles.
 
A la fin de l'été dernier, lorsque l'invalidation des municipales de Vitrolles est déjà quasi certaine, François Bernardini, le patron de cette fédération historique des Bouches-du-Rhône, monte à Paris pour alerter sur les menaces que représenterait pour le PS la reconduction du ticket Anglade. Sur place, le feu couve. Une partie de l'équipe municipale a claqué la porte, la section locale est à la dérive. Quantité de messages de détresse remontent rue de Solferino. Pour en avoir le coeur net, la direction nationale du PS commande à l'automne, dans le dos d'Anglade, un sondage Sofres confidentiel sur «la situation politique à Vitrolles.» Quatre cents électeurs sont interrogés les 30 et 31 octobre. Les handicaps d'une nouvelle candidature Anglade sautent aux yeux: 58% des Vitrollais critiquent son action à la tête de la municipalité; 57% se disent insatisfaits de leur maire; 5% seulement lui accordent le bénéfice de l'honnêteté ! En cas de face-à-face avec Bruno Mégret, Anglade est battu: 48% contre 52%.
 
Selon ce même sondage, seules deux autres personnalités du cru pouvaient escompter faire mieux, sans pour autant garantir la victoire. Un autre élu de Vitrolles, Guy Obino et, l'ancien fils spirituel de Gaston Defferre, en retraite de la politique à Marseille, Michel Pezet. Approché, le premier revendique tout de suite l'étiquette «UDF de gauche», courant inconnu au PS ! Si on venait vraiment le chercher, Pezet se dit prêt à se dévouer. Mais il apparaît bien vite que son importation à Vitrolles déclencherait un incendie général dans une fédération qui n'en finit pas de liquider l'héritage de Gaston Defferre. Ainsi se joua, en secret, le premier acte de cette comédie tragique. Le second ne pouvait surprendre. Dès qu'est connue, fin novembre, l'invalidation par le Conseil d'Etat du scrutin de 1995, Anglade, sans consulter quiconque, s'autoproclame candidat. Coup de force parfait. Le soir même, un grand meeting lance sa campagne. La mégalomanie d'Anglade a encore frappé.
 
Lui-même dit se « trouver bon»! C'est parfait ! Paris n'a pas réussi à sortir ce maire sortant, à propulser le candidat qui ferait passer un courant d'air frais sur Vitrolles.
Entre les deux tours, les règlements de comptes à gauche ont déjà commencé. Ils vont se poursuivre. A qui la faute ? Tous ont leur part de responsabilité. Des cas Anglade, dans les Bouches-du-Rhône, il en existe des dizaines, incontrôlés, incontrôlables. Voilà des années que cette fédération s'embourbe dans ses petits combats de chefs, ferme les yeux sur des élus peu regardants, trafique les cartes des militants. Des années qu'on s'y promeut ou s'y défait suivant les humeurs et les intérêts, sans plus aucune notion d'honneur et de vérité.

Pas plus que ses prédécesseurs, Lionel Jospin n'a essayé d'y remettre de l'ordre. «Je ne peux pas rallumer la guerre», confiait-il encore quelques jours avant ce rendez-vous noir de Vitrolles. Car ces terres sont réputées fabiusiennes... Jospin et Fabius vont-ils enfin s'entendre pour donner ensemble un coup de pied dans cette termitière? Où laisseront-ils les affaires se dégrader encore un peu plus, pour le plus grand profit du Front national ?

A Marseille, les deux complices d'hier, Lucien Weygand, le président du prospère conseil général, et François Bernardini, l'inamovible patron de la fédération, sont engagés dans un combat sans merci, combat de petits coqs, avec leurs supporters obligés. Weygand a soutenu le conseiller général Anglade, parce que, dans son assemblée, chaque voix compte. Bernardini l'a lâché. Demain, on échangera encore d'autres coups bas, qui ne font plus rire personne.

Demain, la justice pourrait se mêler de siffler la fin de cette triste et trop longue partie. Avant l'été, elle pourrait être saisie d'un rapport explosif de la chambre régionale des comptes mettant en cause Bernardini, chargé au début des années 90 de la communication du conseil général, sous le contrôle bienveillant de Lucien Weygand.

Faudra-t-il en être surpris? Le bâtiment du conseil général des Bouches-du-Rhône, un immense vaisseau bleu échoué dans les tristes quartiers Nord de Marseille, est déjà à lui seul une provocation, le symbole de cette folie des élus qui ont oublié leurs électeurs. François Mitterrand s'était fait un devoir, durant sa présidence, de ne jamais y mettre les pieds. Ce gouffre pour argent public n'a pourtant jamais manqué de visiteurs parisiens. Depuis des années, ce faste incongru fait rire. Il est regardé comme une particularité folklorique locale. Sentant venir la tempête, Weygand a renoncé à être sénateur en 1998. De son côté, Bernardini a revu à la baisse les effectifs de sa fédération. Des 18000 adhérents annoncés, elle serait passée à 6000...


Dans une telle parodie politique, Jean-Jacques Anglade n'était, certes, qu'un personnage secondaire. Le drame, c'est que le rôle qu'on lui a laissé jouer était capital. D'où l'amertume, voire le désespoir, de beaucoup de socialistes de la région: désespérant de voir un plan Orsec déclenché par les plus hautes instances du PS, ils attendent en secret que la justice fasse son travail. Le grand enseignement de Vitrolles est qu'on ne peut combattre le Front national qu'avec les mains propres. Jospin aurait avantage, pour lui-même et pour son parti, à s'en souvenir. Et à tirer, dans l'urgence, la leçon de cette défaite annoncée

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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 14:28

«Il faut casser ces appareils...»
 
source : Le Nouvel Observateur le 13/02/1997
 
Monsieur le premier secrétaire,

Il n'est pas besoin d'être né à Marseille ou en Provence pour comprendre cette région. Cessez de nous regarder, nous Provencaux, comme une espèce à part. Ce qui serait évident partout ailleurs en France l'est pour nous aussi. Comme tous les Français, nous voulons des partis modernes, transparents, démocratiques - à même de mobiliser le pays pour faire face aux défis qui l'assaillent. L'élection de Mme Mégret impose donc à toutes les formations, mais singulièrement à la vôtre, qui est ici l'ancienne force dominante, de comprendre enfin que leurs appareils sont d'un autre temps. Ils ont été construits avant que ne double la population. Ils sont encore le fruit de l'époque coloniale et du clientélisme qui y fut lié. Les jeux de clan et leurs conflits empêchent aujourd'hui d'en faire un rempart efficace face au Front national. Il faut casser ces appareils pour les régénérer et rassembler largement un électorat morcelé et déboussolé.       

Les causes de la défaite de Vitrolles sont multiples. Mais celle-là relève de votre responsabilité. Le Sud aujourd'hui a une «demande de France» face à l'affaiblissement des frontières et à l'homogénéisation de notre culture politique. L'absence d'une offre renouvelée à gauche contribue à pousser les milieux populaires vers le Front national. Et à désespérer vos amis.
 
J. V.

* Fondateur avec Gérard Paquet des rencontres «Urgence de comprendre» de Châteauvallon.
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 14:25


Mme Mégret expose son programme au « Berliner Zeitung »

 
 
 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 24 février 1997.

 
 
 

Catherine Mégret s’épanche dans la presse allemande en accordant une interview au « Berliner Zeitung » à paraître ce lundi. Voici quelques morceaux choisis du maire Front national de Vitrolles.

 
.
 

« NOUS allons retirer immédiatement l’ensemble des aides publiques à tous les immigrés et donner l’argent à des Français. » « Vous allez voir comme ils vont disparaître rapidement, ceux qui ne sont ici que pour l’argent. »

 
 
 

Mme Mégret promet également de retirer les subventions aux « organisations d’origine étrangère ou de gauche pour la simple raison qu’elles n’y ont pas droit ici ».

 
 
 

Elle proclame sa volonté de « mettre de l’ordre dans la culture », s’en prenant à « toute cette culture du rap qui n’est pas notre affaire ». « On doit faire attention à ce que les influences étrangères ne soient pas trop fortes », dit-elle.

 
 
 

« Un musicien de rap ou un musicien noir ne ressentiront jamais les choses comme nous », commente-t-elle. « Toute personne un tant soit peu raisonnable sera d’accord pour dire qu’il y a des différences entre les races », ajoute Mme Mégret qui soutient qu’il y a « tout simplement des différences génétiques ».

 
 
 

Pour elle, « Jean-Marie Le Pen l’a bien expliqué, quand il a dit que les Noirs étaient plus doués pour le sport et la danse que les Blancs, qui ont eux-mêmes d’autres atouts ». Elle promet toutefois de ne pas « retirer la presse de gauche » des bibliothèques municipales « pour ne pas donner un argument à la gauche ».

 
 
 

En matière de sécurité, Mme Mégret entend supprimer les postes de travailleurs sociaux créés par ses prédécesseurs pour leur substituer des policiers qui « au lieu de faire de la prévention, interviendront durement ». Les délinquants sont « toujours les mêmes », dit-elle, « ce sont avant tout les immigrés dont le principe est de faire beaucoup d’enfants pour recevoir des prestations sociales et qui ne s’occupent ensuite plus d’eux ».

 
 
 

Elle pense ainsi qu’« à Vitrolles et dans beaucoup d’autres villes, on peut dire » que la criminalité est synonyme d’immigration » . Nous avons été élus pour « faire peur » aux délinquants, ajoute-t-elle.

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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 14:20

Fleur de Vitrolles
 
source : Le Nouvel Observateur le 27/02/1997 auteur : Delfeil de Ton
 
Un qui est gonflé aussi, c'est Jospin. Selon lui, les responsabilités dans la victoire du Front national à Vitrolles, si elles sont imputables au Parti socialiste, le sont aussi aux médias. C'est quand même pas les médias qui lui ont conseillé de présenter à Vitrolles un candidat dont un sondage commandé par le PS lui avait appris que 5% seulement des Vitrollais le tenaient pour honnête ?
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 14:19


 

La mairie FN de Vitrolles passe aux actes

 

 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 6 mars 1997.

 

 

La municipalité FN de Vitrolles a annoncé hier qu’elle mettrait en place, d’ici à la fin du mois, un plan d’économie de l’ordre de 50 millions de francs qui passe notamment par « la remise en cause de tous les contrats des employés » municipaux et « le réexamen de toutes les subventions » aux associations.

 

 

Bruno Mégret, qui s’exprimait devant la presse en tant que porte-parole de la mairie et en l’absence du maire, son épouse Catherine Mégret, a affirmé que ce plan d’économie respectera les priorités du Front national, en particulier en matière de sécurité.

 

 

Les effectifs de la police municipale seront ainsi augmentés de 40 à 60 personnes, par « redéploiement de postes d’éducateurs de rue et d’agents d’ambiance ». Le « conseiller spécial du maire » FN a affirmé que la nouvelle équipe municipale avait trouvé une situation « apocalyptique » des finances de la ville, avec un déficit évalué à 45 millions de francs pour le projet de budget de 1997.

 

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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998