Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

Référencement

Il y a actuellement  

  personnes connectées à Over-Blog dont  

  sur ce blog
  Blogue Parade - L'annuaire des blogues francophones - BlogueParade.com

 

Wikio - Top des blogs - Politique

Archives


Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 17:00


La gestion de Marignane au cœur de la bataille électorale pour la mairie de Vitrolles

 
 
 

Article paru dans l'édition du Monde du 29 Janvier 1997

 
 
 

La politique de M. Simonpiéri, maire FN de la municipalité voisine, sert d'exemple ou de repoussoir

 
 
 

Marignane, la plus « sage », jusqu'à présent, des trois villes détenues par le FN

 
 
 

Lionel Jospin a apporté, lundi 27 janvier, dans un communiqué, son soutien à Jean-Jacques Anglade, candidat PS d'union de la gauche à l'élection municipale partielle de Vitrolles des 2 et 9 février. Le candidat UDF-RPR, Roger Guichard, désormais plus présent dans la campagne, a porté plainte auprès du tribunal d'Aix-en-Provence contre la liste du FN pour « volonté de tromper l'électeur » à propos du statut de Bruno Mégret.

 
 
 

La bibliothèque municipale Jean-d'Ormesson de Marignane (Bouches-du-Rhône) présente, depuis vendredi 17 janvier, ses dernières acquisitions. Sur une table, le Rapport d'enquête sur le budget européen, de Jean-Yves Le Gallou, conseiller régional Front national d'Ile-de-France, Racket sur l'écologie et Voyage autour de la femme, de Jacques Bompard, maire d'extrême droite d'Orange, Une âme pour la France, de Bruno Gollnisch, secrétaire général du FN, côtoient des ouvrages à caractère social, Le Mythe des acquis sociaux, Privatiser la Sécurité sociale, ou des romans de Robert Brasillach.

 
 
 

Dans une lettre ouverte à Jean d'Ormesson, la présidente du groupe Provence-Alpes-Côte d'Azur de l'Association des bibliothécaires français interpelle l'académicien : « La municipalité de Marignane dénie aux bibliothécaires la responsabilité des acquisitions, met en place un comité de censure, et impose ses choix d'ouvrages aux lecteurs. Ne pensez-vous pas que, en agissant ainsi, elle salit votre nom ? » La municipalité d'extrême droite argue, elle, du « respect d'un authentique pluralisme »...

 
 
 

L'affaire de la bibliothèque, et plus généralement la politique municipale marignanaise, alimentent la campagne pour l'élection municipale partielle des 2 et 9 février à Vitrolles. Chaque candidat puise ses arguments dans le travail de la municipalité FN voisine. A l'extrême droite : « Regardez, à Marignane, les impôts locaux et le prix de l'eau ont baissé. » A gauche : « Voyez, à Marignane, le Front national noyaute les associations, asphyxie les Restos du Cœur et censure la culture. » « Que l'exemple marignanais serve à l'équipe de Catherine Mégret, ce serait notre fierté de militants », affirment Daniel Simonpiéri, maire de Marignane, et les élus de sa majorité, en participant à la campagne de Mm Mégret, tête de liste FN à Vitrolles.

 
 
 

M. Simonpiéri joue, depuis son élection, la carte de l'enfant du pays, de l'employé de banque devenu « maire de tous les Marignanais ». « Le problème, c'est qu'il est gentil, observe Jean Montagnac (UDF-PR), chef de file de l'opposition municipale. Il fait la bise à tout le monde, et s'invite aux mariages des Maghrébins. » La bonhomie de M. Simonpiéri, l'indifférence apparente des Marignanais, un champ politique déserté par les partis traditionnels en proie à des déchirements internes, tout cela fait que Marignane apparaît jusqu'à présent comme la plus « sage » des trois villes Front national. Jouant un rôle de test, la manifestation du 14 décembre 1996 contre la venue de Jean-Marie Le Pen a mobilisé tout juste quatre cents personnes.

 
 
 
« LEPÉNISME LAIQUE »
 
 
 

Les deux cents militants d'Alarme citoyens, l'association née, au lendemain de l'élection de M. Simonpiéri, « du désespoir d'un petit groupe de personnes », analysent ce « lepénisme laïque » comme un frein à une plus large mobilisation des Marignanais. « Pour l'instant, Simonpiéri a mené une politique plutôt front bas, mais si Vitrolles tombe aux mains du FN, il va se déchaîner », redoute une militante. L'association, qui va bientôt ouvrir un local dans le centre-ville, joue la carte juridique.

 
 
 

A chaque décision de la municipalité portant l'empreinte du FN, le tribunal administratif est saisi. La dernière action en cours vise à annuler la note du premier adjoint recensant les publications auxquelles doit être abonnée la bibliothèque municipale. « Première victoire » de l'association, le tribunal administratif de Marseille a ordonné, le 27 novembre 1996, le sursis à exécution d'une délibération du conseil municipal du 24 juin, qui réformait le règlement des cantines scolaires. Alléguant d'indispensables économies, la municipalité avait décidé de réserver l'accès des cantines aux enfants dont les deux parents pouvaient prouver qu'ils travaillaient (Le Monde du 3 décembre 1996). Selon la FCPE, à l'origine de cette procédure, cela entraînait « l'exclusion des enfants de chômeurs, des enfants de pauvres, ceux qui ont le plus besoin d'un repas équilibré et complet par jour ».

 
 
 

Directeur du service des sports jusqu'à sa démission en janvier 1996, Joseph Mahmoud, vice-champion olympique du 3 000 mètres steeple à Los Angeles en 1984, déplore la « casse » du Jogging international de Marignane (JIM), un des clubs d'athlétisme les plus prestigieux de France. Au lendemain de l'élection de la nouvelle majorité, Jean-Christian Tarelli, premier adjoint au maire, déclarait que la dizaine d'athlètes du JIM embauchés comme employés municipaux, mais partiellement détachés pour suivre leur entraînement, ne seraient « plus payés pour courir, mais pour travailler 37 h 30 par semaine ». Abdellah Behar, Halez Taguelmint, Abdel Zouad, autant d'athlètes d'élite, ont déserté les pistes de Marignane pour rejoindre d'autres clubs.

 
 
 

« Je n'ose pas imaginer que la consonance maghrébine de ces grands noms de l'athlétisme français a poussé la municipalité à casser le JIM, déplore M. Mahmoud.

 
 
 

La municipalité FN s'est focalisée sur le sport, qui représente 4 000 licenciés, en pensant qu'il s'agissait d'un vivier d'opposants. » « L'ancien directeur, premier responsable de la gabegie et de la très mauvaise ambiance qui rongeait le club, dut démissionner, non sans avoir tenté de politiser ses malheurs », assure, de son côté, le journal municipal.

 
 
 
LUC LEROUX

Partager cet article
Repost0
Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 16:00


Bruno Mégret joue son va-tout dans la bataille de Vitrolles : « Fraternité française » à l'écoute des Vitrollais

 
 
 

Par Michel SAMSON, article paru dans l'édition du Monde du 30 janvier 1997

 
 
 

Quand on demande à Bruno Mégret ce qui explique l'audience du Front national à Vitrolles, il avance d'abord des réponses d'ordre sociologique : cette ville-dortoir, aux équipements nombreux, a été rattrapée par la crise sociale, et le maillage opéré par les socialistes et par Jean-Jacques Anglade lors de ses premiers mandats s'en est trouvé cisaillé.

 
 
 

C'est sur ces ruines, et constatant qu'il atteignait des scores impressionnants sans travail de « terrain », que le Front national a entrepris de s'implanter durablement à partir de 1994. Faisant le diagnostic que les associations ne représentaient plus grand-chose, les amis de M. Mégret ont entamé la constitution directe d'un réseau plutôt que d'essayer de prendre la direction des organismes existants.

 
 
 

Un premier cercle de fidèles, qui oscille entre deux cents et trois cents personnes, s'est donc rapidement constitué. Il est présent aux banquets, galettes des rois et autres choucroutes-parties, où convivialité et discours politique se marient pour offrir aux gens, souvent peu politisés au départ, une sociabilité qui leur manque.

 
 
 

La voix de cette implantation a été un « quatre pages », Allez Vitrolles !, qui en est à son vingt-deuxième numéro. Ce mensuel, où figure systématiquement la photo de M. Mégret en « une », a servi d'abord à installer la notoriété locale du numéro deux du Front national (on y voit son épouse, Catherine, tête de liste aujourd'hui en raison de l'inéligibilité du délégué général, dès janvier 1996), mais il a surtout été le véhicule d'informations, vraies, exagérées, tronquées ou totalement inventées, qui font de ce journal un compromis explosif entre une feuille à scandales et un tract d'agitation politique.

 
 
 

On y apprend, par exemple, que les drogués se réunissent « par dizaines » dans tel quartier ! Une dame, évidemment anonyme, a été « expulsée de sa chambre » d'hôpital alors qu'elle la partageait avec une « malade d'origine maghrébine ». Un manutentionnaire est empêché de dormir par des soirées « exotiques », et son véhicule a été abîmé à deux reprises.

 
 
 

La chronique des mésaventures judiciaires de M. Anglade est tenue par le menu, comme sont régulièrement rappelés les noms de toutes les personnes en examen. Quant à l'article de décembre 1996 censé exposer pourquoi le Conseil d'Etat a cassé l'élection de 1995, il reprend non pas l'arrêt lui-même, mais l'argumentation de M. Mégret demandant l'annulation du scrutin, ce qui est passablement différent. Enfin, une « brève » du numéro 19 annonçait que « Catherine Mégret [était] en tête dans les sondages », affirmation condamnée par la commission nationale des sondages, qui n'a trouvé trace nulle part de cette prétendue enquête.

 
 
 

Le Front national a su créer autour de lui un réseau de sympathies et, surtout, réussi à le faire savoir dans toute la ville

 

Un petit placard grisé apparaît aussi, régulièrement, sous le titre « Bruno Mégret se bat pour aider les Français dans la détresse ». On y lit : « Vous avez des problèmes de logement, d'impôts, d'aides sociales, de surendettement ? Nous vous conseillerons. Permanence de Fraternité française chaque mardi. » Suivent adresse et numéro de téléphone. Le chef de file du Front national estime que l'action de cette association caritative, pilier de son travail local, a été décisive.

 
 
 

Josette Clément, retraitée, s'y consacre à plein temps. Elle montre volontiers un classeur bien garni de dizaines de fiches d'intervention. Tous les mardis donc et sur rendez-vous, elle reçoit des gens en difficulté. Bien qu'elle ait lourdement insisté, lors de la présentation des listes, sur l'aide « aux Vitrollais français dans la détresse », elle assure au journaliste qu'elle ne demande aucun justificatif de nationalité à ceux qui viennent à elle.

 
 
 

Son action commence par l'écoute. Selon elle, en effet, les désemparés souffrent d'abord des contacts trop froids avec les administrations et, même, avec les assistantes sociales que la plupart d'entre eux ont déjà rencontrées. Elle leur explique, ensuite, ce à quoi ils ont droit, car ils l'ignorent souvent ; elle les aide à constituer un dossier, voire le rédige entièrement quand il s'agit d'une procédure complexe. En matière de logement, elle s'adresse aux organismes concernés et dit obtenir d'assez bons résultats sur la base des dossiers parfaitement constitués qu'elle présente sans oublier quelques relogements d'urgence dans la ville limitrophe de Marignane, dirigée par le Front national. Même chose pour les demandes d'aides spéciales qui permettent d'éviter une expulsion, ou pour ces dossiers à rallonge qu'on adresse à la Banque de France afin d'éviter les catastrophes créées par un surendettement incontrôlé.

 
 
 

Mm Clément ajoute quelques cas où une annonce parue dans le journal de Fraternité française a permis de trouver un emploi de magasinier ou dans un hôtel ; l'envoi d'enfants en vacances dans des familles ayant fait connaître leur offre d'accueil par le même journal ; la distribution de quelques colis alimentaires d'urgence : elle a ainsi fait le tour de son travail. Elle a aussi raconté comment le Front national a su créer autour de lui un réseau de sympathies et, surtout, réussi à le faire savoir dans toute la ville.

 
 
 
Partager cet article
Repost0
Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 15:55

Mégret: Vous connaissez ma femme?
 
source : Le Nouvel Observateur le 30/01/1997 auteur : Marie-France Etchegoin
 
Sur le marché de Vitrolles, Bruno Mégret promène sa femme qui promène son bouquet de fleurs. Ils s'avancent, bras dessus, bras dessous, comme à la sortie de la messe, encadrés par une dizaine de sbires en rangs serrés. Elle, en imperméable beige, foulard Chanel, serrant ses fleurs dans ses gants blancs. Lui, costume sombre et regard conquérant.
 
Tels les nouveaux Bonnie and Clyde de l'extrême-droite provençale. Version «famille patrie», s'entend. Madame sourit derrière sa plante pendant que Monsieur détaille le programme du Front national. Madame est la voix de son mari et ne s'en plaint pas. «Il était de mon devoir d'aider mon époux», dit-elle. «Quand ma femme sera maire, précise aussitôt l'époux, elle s'occupera des affaires sociales et familiales. Moi, je serai son conseiller pour les grandes orientations.»
 
En attendant, Monsieur et Madame font corps. Impossible de rencontrer l'un sans l'autre. Et si par malheur il est retenu à Paris, elle tient des «réunions d'appartement», à huis clos, loin du regard des journalistes. «Ma femme anime ses réunions Tupperware, en privé», dit Monsieur, pince-sans-rire.
 
Catherine, née Rascovsky dans le 16e à Paris (un grand-père russe «mais blanc», et une grand-mère roumaine), se moque comme de sa première paire de gants de soie (elle ne s'en défait jamais quand il s'agit de serrer les mains de ses électeurs) de la promotion de la femme. Il lui suffit d'être l'avenir de son homme.«Comme le répète souvent mon mari, dit-elle, ils ne voulaient pas d'un Mégret, maintenant ils en ont deux !»
 
Pour son malheur, Vitrolles n'avait pas assez de sa déprime de ville nouvelle, de ses 20% de chômeurs, de ses pavillons au bord de l'autoroute, de ses centres commerciaux envahissants. Désormais, c'est deux Mégret sinon rien. Bruno Mégret savoure déjà la situation comme un début de revanche.
 
Lors des dernières municipales, en juin 1995, il avait été battu de justesse par le maire sortant, Jean-Jacques Anglade. Et puis en décembre dernier, le Conseil d'Etat a annulé le scrutin pour irrégularités.
 
Il a aussi déclaré le candidat FN inéligible pour un an. Mais Bruno Mégret a rapidement transformé ce handicap en atout. Grâce à Madame Catherine, une «ambassadrice de charme pour Vitrolles», disent les tracts du Front. Un emballage décoratif pour Monsieur Bruno surtout, dont Jean-Marie Le Pen dit souvent qu'«il sera toujours gêné par deux tares rédhibitoires: son absence de fibre populaire et son physique».
 
Au sein du parti, certains de ses détracteurs l'appellent même le «petit Goebbels» (dans l'esprit de ceux-là, c'est l'adjectif qui est insultant). Mégret apparaît comme un technocrate froid, un polytechnicien au verbe grinçant, un apparatchik intelligent mais sinistre.«Les médias m'ont toujours traité comme la bête immonde, explique-t-il. C'est plus difficile avec ma femme. Nous avons tout à gagner à sa candidature parce que notre parti souffre d'un déficit dans l'électorat féminin. Finalement, cette inéligibilité est tout bénéfice pour moi.»
 
En cas de victoire, il imagine sa femme au fourneau municipal. Plus besoin de perdre de temps en inauguration de chrysanthèmes. D'autres échéances l'attendent. Les prochaines législatives (il est sûr de gagner dans la 12e circonscription des Bouches-du-Rhône), les régionales (il se voit déjà ravissant la présidence du conseil à Jean-Claude Gaudin). Mais aussi le prochain congrès du parti, au mois de mars à Strasbourg, où deux clans s'affronteront. D'un côté, les «modernistes», emmenés par Bruno Mégret, qui verrouille l'appareil et prône une «stratégie de prise de pouvoir». De l'autre, les «anciens», un courant hétéroclite (catholiques traditionalistes, nostalgiques des ligues d'avant-guerre, héritiers des groupuscules d'extrême-droite) qu'essaie de rassembler Bruno Gollnisch, le secrétaire général.
 
Si Catherine fait tomber Vitrolles, Bruno sera sacré nouveau conquérant du grand Sud. Celui qui aura fait la jonction avec la commune voisine, Marignane, dirigée par un maire FN, Daniel Simonpiéri, depuis les dernières municipales. Toulon, Orange, Marignane, peut-être Vitrolles... c'est dans le Midi que le Front national espère gagner le plus de batailles. Marie-France Stirbois, vaincue deux fois à Dreux, projette d'ailleurs de s'installer bientôt dans la région d'Antibes. A Vitrolles, le Front national déploie une énergie et des moyens à la mesure de cet enjeu.
 
En fait, il n'a jamais cessé d'être en campagne. Ses militants font du porte-à-porte depuis des mois. Ils inondent la ville d'affiches, ratissent toutes les boîtes aux lettres avec leurs tracts. «Voyez, disent-ils, Marignane est passée au Front. Et pourtant, les maisons sont toujours debout.» Sur le marché, ils sont parfois presque cent, épaulés par les membres du Front national de la Jeunesse, descendus spécialement de Paris. Ils martèlent à longueur de journée les mêmes thèmes. L'insécurité, l'immigration et surtout la «corruption des élites». Ils jouent sur du velours. Depuis les dernières élections, le socialiste Jean-Jacques Anglade a été mis en examen dans une affaire de fausses factures municipales.

Devait-il prendre le risque de se représenter, alors qu'en juin 1995 il avait gagné avec seulement quelques centaines de voix d'avance? Les instances fédérales et nationales du PS ont hésité. Elles ont commandé des sondages confidentiels pour étudier l'image du maire sortant. Les résultats ? Pas très encourageants. Mais on a estimé que les autres candidats testés par la Sofres (dont Michel Pezet) n'avaient pas plus de chance. Et puis il y avait d'autres négociations en cours sur les investitures pour les prochaines législatives, régionales, sénatoriales. Des transactions complexes, un jeu subtil entre les familles du PS local.
 
Bref, Jean-Jacques Anglade a été désigné candidat. Il a réussi à faire une liste d'union dès le premier tour avec le PC, les écologistes et les radicaux. Les communistes de Gardanne viennent lui prêter main-forte sans se faire prier. Guy Hermier, le député marseillais PC, ne répète-t-il pas partout cette maxime d'Aragon: «Quand le feu est dans la grange, fou qui fait le délicat»?

Jean-Jacques Anglade s'est mis lui aussi au porte-à-porte. Il se passionne pour l'entretien des trottoirs, écoute avec patience les plaintes de ses administrés, les enregistre sur son Dictaphone. Après les dernières municipales, on a suffisamment reproché à cet avocat rocardien, maire de Vitrolles depuis 1983, d'avoir négligé ses électeurs. On a dit qu'il était devenu mégalo, imbu de lui-même. On avait oublié que, dans cette ville où la population a triplé en vingt ans, il avait bien fallu construire des écoles, des crèches, des piscines. On ne voyait plus que le «bâtisseur fou», celui qui avait creusé l'endettement de sa commune (20000 francs par habitant), celui qui s'entourait d'un cabinet pléthorique, celui qui se promenait éternellement avec son écharpe blanche autour du cou («le petit BHL vitrollais»), celui qui faisait de la communication au lieu de s'occuper des gens. Pour un peu, on l'accusait d'être responsable de tous les maux de Vitrolles, cette ville sans âme, sans centre, sans identité, créée par les urbanistes dans les années 60. Entre les deux tours des municipales, Bernard Tapie, qui était venu lui prêter main-forte, lui faisait même la leçon en public: «Tu vois, petit, c'est pas difficile, il suffit de serrer les paluches!» Jean-Jacques Anglade semble avoir digéré l'humiliation. Il a fait son autocritique: «C'est vrai, dit-il, je n'ai peut-être pas assez mesuré le mal-être de cette ville.» Depuis juin 1995, il a instauré des comités de quartier. Il ne jure plus que par la «proximité», la «démocratie locale». Cela suffira-t-il à inverser le mouvement?

Bruno Mégret ricane. Sûr que son électorat se soucie peu de proximité. En 1995, il avait fait 43% au premier tour. Jean-Jacques Anglade, lui, avait remporté 28% des voix. Mais la gauche était partie désunie. Le candidat de la majorité, l'UDF Roger Guichard, affichait, lui, un score de 12%. Ce chef d'entreprise vitrollais se présente cette fois encore. Se retirera-t-il au deuxième tour, comme le laisse entendre Jean-Claude Gaudin? «Si le seul critère était celui de l'efficacité, confie Claude Bertrand, l'éminence grise du maire de Marseille, Guichard devrait se maintenir. Pour capter les voix de la droite et les empêcher de se reporter sur le FN. Mais la pression de l'opinion et des états-majors politiques sera telle qu'il sera sans doute obligé d'abandonner la course.»

En attendant, de jeunes militants de Ras l'Front, qui a rassemblé 1500 personnes pour un défilé dans les rues de la ville samedi dernier, essaient de plaisanter en jouant aux sept familles: «Dans la famille Mégret, je voudrais la mère. La bonne africaine. Le chien-loup.» Mais le coeur n'y est pas.
 
MARIE-FRANCE ETCHEGOIN
Partager cet article
Repost0
Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 15:43

Le Front national en tête à Vitrolles
 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 3 février 1997.

 

APRES le dépouillement de 55,47% des bulletins de vote, à 20 h 20, la liste du Front national conduite par Catherine Mégret recueillait 47,08% des voix, et se trouvait donc en tête du premier tour de l’élection municipale de Vitrolles (Bouches-du-Rhône). La liste du maire sortant, Jean-Jacques Anglade (Parti socialiste), se situait alors en deuxième position avec 36,84%, devant celle menée par Roger Guichard (UDF-PR) avec 16,08%.

 

Ce dernier n’hésitait pas à demander, avant même la publication des résultats définitifs, au maire sortant de retirer sa liste pour le second tour. « Deux Vitrollais sur trois ne veulent plus de lui », déclarait-il à l’Agence France-Presse. Bien que le score du Front national soit en hausse, ce n’est pas en divisant ceux qui veulent lui barrer la route que l’on parviendra à la large mobilisation indispensable pour le second tour. Il faut savoir qu’avant même l’élection, Roger Guichard avait écarté un éventuel désistement en faveur de la liste d’union de la gauche. Sur invitation du secrétaire départemental du RPR, il a finalement décidé de communiquer sa position définitive cet après-midi au cours d’une conférence de presse.

 

Informé de cette déclaration, Jean-Jacques Anglade proposait une fusion de la liste de droite avec la sienne. Vers 21 heures, le dépouillement de près de 70% des bulletins de vote plaçait la liste FN en tête avec 46,42% des voix. Celle du maire sortant à 37%, et celle de Roger Guichard à 16,58%.

 

L’évolution des chiffres au cours du dépouillement montre que la bataille pour empêcher le Front national de s’emparer de la commune n’est pas perdue à Vitrolles. Le taux de participation au scrutin de 76,69% du corps électoral indique que des potentialités existent parmi les abstentionnistes. Le Parti socialiste a d’ailleurs immédiatement demandé « la même attitude claire et responsable » que celle qu’il a eue il y a quelques semaines aux municipales de Dreux (Eure-et-Loir) où le candidat socialiste s’était retiré au second tour pour empêcher l’élection du candidat du Front national.

 

Lors du second tour qui avait déjà opposé ces trois listes, en 1995, Jean-Jacques Anglade avait recueilli 45,03% des voix devançant la liste FN de Bruno Mégret (42,90%) et la liste UDF de Roger Guichard (12,07%) des voix.

Partager cet article
Repost0
Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 15:43

Le Front national en tête à Vitrolles
 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 3 février 1997.

 

APRES le dépouillement de 55,47% des bulletins de vote, à 20 h 20, la liste du Front national conduite par Catherine Mégret recueillait 47,08% des voix, et se trouvait donc en tête du premier tour de l’élection municipale de Vitrolles (Bouches-du-Rhône). La liste du maire sortant, Jean-Jacques Anglade (Parti socialiste), se situait alors en deuxième position avec 36,84%, devant celle menée par Roger Guichard (UDF-PR) avec 16,08%.

 

Ce dernier n’hésitait pas à demander, avant même la publication des résultats définitifs, au maire sortant de retirer sa liste pour le second tour. « Deux Vitrollais sur trois ne veulent plus de lui », déclarait-il à l’Agence France-Presse. Bien que le score du Front national soit en hausse, ce n’est pas en divisant ceux qui veulent lui barrer la route que l’on parviendra à la large mobilisation indispensable pour le second tour. Il faut savoir qu’avant même l’élection, Roger Guichard avait écarté un éventuel désistement en faveur de la liste d’union de la gauche. Sur invitation du secrétaire départemental du RPR, il a finalement décidé de communiquer sa position définitive cet après-midi au cours d’une conférence de presse.

 

Informé de cette déclaration, Jean-Jacques Anglade proposait une fusion de la liste de droite avec la sienne. Vers 21 heures, le dépouillement de près de 70% des bulletins de vote plaçait la liste FN en tête avec 46,42% des voix. Celle du maire sortant à 37%, et celle de Roger Guichard à 16,58%.

 

L’évolution des chiffres au cours du dépouillement montre que la bataille pour empêcher le Front national de s’emparer de la commune n’est pas perdue à Vitrolles. Le taux de participation au scrutin de 76,69% du corps électoral indique que des potentialités existent parmi les abstentionnistes. Le Parti socialiste a d’ailleurs immédiatement demandé « la même attitude claire et responsable » que celle qu’il a eue il y a quelques semaines aux municipales de Dreux (Eure-et-Loir) où le candidat socialiste s’était retiré au second tour pour empêcher l’élection du candidat du Front national.

 

Lors du second tour qui avait déjà opposé ces trois listes, en 1995, Jean-Jacques Anglade avait recueilli 45,03% des voix devançant la liste FN de Bruno Mégret (42,90%) et la liste UDF de Roger Guichard (12,07%) des voix.

Partager cet article
Repost0
Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 15:37


Ils ont dit...

 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 4 février 1997.

 

DALIL BOUBAKEUR, recteur de la Mosquée de Paris :

 

« Bien malin est celui qui peut dire qu’il décrypte la situation en Algérie. Je souhaite ardemment la paix pour mon pays mais bien malin est celui qui peut dire : « voilà le sens intelligible » et qui peut donner des conseils sur ce qu’il faut faire. Pendant la guerre d’Algérie, la France n’aimait pas non plus que l’on se mêle de ses affaires. Nul mieux que les protagonistes ne peut trouver de meilleures solutions. »

 

ROGER GUICHARD, tête de liste RPR-UDF à Vitrolles :

 

« Nous voulons, en retirant notre liste, marquer de la façon la plus forte et symbolique notre opposition absolue aux thèses et aux méthodes du Front national, conformément aux souhaits de MM. Juppé, Gaudin, Muselier, Bayrou et Léotard. »

JEAN-LUC MELENCHON, sénateur socialiste

 

de l’Essonne (à propos de Vitrolles) : « L’affaire est bien compromise pour Jean-Jacques Anglade. La droite est devant un problème moral et elle doit s’en débrouiller. Les nôtres doivent faire ce qu’ils peuvent pour convaincre pour ce second tour. La tâche est rude. Les fronts républicains sont des fronts de circonstance qui convainquent peu. Il y a nécessité d’un sérieux examen de conscience. »

 

Les résultats du premier tour 1997

 

Inscrits : 20.297.

Exprimés : 15.037.

Abstention : 23,73%.

 

Liste Catherine Mégret (Front national) :              7.022              (46,69%).

Liste Jean-Jacques Anglade (PS, PCF, Ecol. Div.)

                                                                                   5.563             (36,99%).

Liste Roger Guichard (UDF-RPR) :                        2.452             (16,30%).


Rappel des résultats de juin 1995

 

Premier tour.

 

Mégret (FN) :                        6.344             (43,04%)

Anglade (PS) :                    4.256              (28,87%)

Guichard (UDF-RPR) :        1.839             (12,47%)

Agarrat (PCF) :                        930             (6,31%)

Tomasi (Verts) :                       816             (5,53%)

Lecerf (DVD)                           379             (2,57%)

Marti (DVG)                              173              (1,17%)

 

Deuxième tour.

 

Anglade (PS, PCF, Ecol. Div.) : 7.466             (45,02%)

Mégret (FN) :                                    7.113             (42,89%)

Guichard (UDF-RPR) :                    2.002             (12,07%)

 


 

REACTIONS

 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 4 février 1997.

 

Réactions FRANÇOIS HOLLANDE, porte-parole du PS :

 « La mobilisation doit être totale afin de faire échec au Front national. Deux conditions sont requises pour cela : que la droite prenne ses responsabilités, comme nous l’avions fait au moment de l’élection de Dreux, et que les Vitrollais se mobilisent. »

 

BERNARD KOUCHNER, porte-parole du Parti radical socialiste :

« Je souhaite que le candidat UDF apporte ses voix à celles des démocrates, pour assurer la victoire de Jean-Jacques Anglade au second tour et écarter la menace du Front national. »

 

ALAIN JUPPE, premier ministre :

 

« Il n’y a pas à hésiter, nous souhaitons tous que, compte tenu des résultats, la liste du candidat UDF-majorité se retire. J’appelle les électeurs attachés aux valeurs républicaines à prendre leurs responsabilités. »

 

JEAN-FRANÇOIS MANCEL, secrétaire général du RPR :

 

« Il est souhaitable que Roger Guichard (UDF-PR) retire sa liste. Il n’est pas question de faire un front républicain, mais les électeurs qui ont voté pour lui doivent pouvoir se déterminer en conscience en faisant référence à leurs valeurs républicaines. »

 

CLAUDE GOASGUEN, secrétaire général de l’UDF :

 

« Le candidat UDF Roger Guichard doit se retirer. J’invite un certain nombre d’électeurs qui ne se sont pas déplacés à venir voter pour une équipe municipale qui, sans doute n’est pas parfaite, mais a le mérite de gérer démocratiquement sa ville. »

 

LE GRAND ORIENT DE France

 

« en appelle à tous les démocrates et les républicains que compte Vitrolles pour opposer un front uni à la menace qui pèse sur leur ville. Le combat à mener est celui de la défense de la liberté, du respect de l’égalité et l’avènement de la fraternité. Celui qui a fait la République et dont Vitrolles ne peut être exclus ».

 

JEAN-MARC NESME, porte-parole du PPDF (UDF) :

 

« Entre la peste et le choléra, on ne choisit pas. La majorité a de toute les façons perdu ces élections locales. »

 

ANDRE ROSSINOT, président du Parti radical :

 

« La seule solution responsable pour que Vitrolles échappe au Front national est entre les mains du PS : qu’il retire M. Anglade dont la défaite est inéluctable et accepte de soutenir M. Guichard, seul candidat qui puisse gagner. »

Partager cet article
Repost0
Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 15:32


Vitrolles : la droite se retire et la gauche veut mobiliser

 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 4 février 1997.

 

SEULE une mobilisation exceptionnelle des électeurs démocrates et républicains de Vitrolles peut empêcher le Front national de s’emparer, dimanche prochain, de cette ville de 39.000 habitants située sur les rives de l’étang de Berre, au nord de Marseille. Les résultats du premier tour sont limpides : en obtenant 46,69% des suffrages, la liste lepéniste conduite par Catherine Mégret améliore, en voix et en pourcentage, le précédent score du FN. Elle distance de 9,7% la liste d’union de la gauche de Jean-Jacques Anglade, le maire socialiste sortant, invalidé par le Conseil d’Etat.

 

De son côté, la liste UDF-RPR de Roger Guichard (16,3% au premier tour soit un gain de 2,8% sur juin 1995) a annoncé hier son retrait en vue du deuxième tour. Dans un premier temps, le chef de file local de la droite avait demandé à Jean-Jacques Anglade de s’effacer de la bataille, en avançant que le maire sortant « n’était plus le meilleur rempart face au FN ».

 

Jugée totalement irréaliste par ses propres amis, cette position n’a pas tenu très longtemps. Dès dimanche soir, réunis autour du ministre UDF et maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, et de son premier adjoint et député RPR Renaud Muselier, les principaux responsables régionaux de la majorité gouvernementale estimaient inévitable le retrait de leur candidat. Ils considéraient que c’était la meilleure stratégie pour empêcher le FN de s’emparer d’une quatrième ville dans le Sud-Est.

 

Hier soir, Roger Guichard a expliqué les raisons de ce retrait : « Nous avions le choix de nous maintenir. Nous ne le ferons pas, car nous voulons marquer fermement notre opposition symbolique au Front national. (...) Je demande aux Vitrollais d’avoir une attitude républicaine et de voter en leur âme et conscience. »

 

Cette déclaration a été précédée d’une série de prises de position des responsables nationaux de l’UDF et du RPR. Et pas toujours convergentes. Autant le premier ministre Alain Juppé, le secrétaire général du RPR Jean-François Mancel, ou le président du groupe UDF à l’Assemblée Gilles de Robien ont soutenu la nécessité du retrait tout en ne se revendiquant pas d’un « front républicain », autant des personnalités comme Alain Madelin, ou encore le ministre des Affaires étrangères Hervé de Charette ont plaidé en faveur du maintien de la droite.

 

Ces divergences pourraient compliquer l’attitude, au second tour, des 2.452 Vitrollais qui ont opté pour la liste Guichard dimanche dernier. D’autant plus qu’une partie de cet électorat passe pour être très sensible aux thèmes de l’insécurité, de la corruption, de l’immigration, « du rejet des Parisiens », thèmes qui sont martelés par le Front national depuis juin 1995. En outre, le FN ne manquera pas, entre les deux tours, de mettre en avant la présence sur sa liste de Raymond Leclerc, ancienne figure locale du RPR, devenu directeur de cabinet du maire lepéniste de Marignane.

 

Si les conséquences de l’absence de la droite à ce second tour restent relativement imprévisibles, les composantes de la gauche savent, en tout cas, qu’elles doivent s’adresser, sans exclusive, à tous ceux qui ne veulent pas d’un maire lepéniste. Nombre de candidats socialistes, communistes, écologistes ou sans appartenance estiment que le mauvais résultat de la liste de gauche, en recul de 5% sur 1995, exprime les critiques très vives d’une partie de l’électorat de gauche à l’encontre de la gestion du maire sortant. Une analyse confirmée par un taux d’abstention plus élevé dans les cités HLM que dans les lotissements pavillonnaires.

 

Mais cette attitude critique, entendue comme un message de premier tour, n’exclut pas la possibilité de rassembler très largement à gauche et au-delà de la gauche dimanche prochain. C’est à cette condition que peut se renouveler le mouvement qui s’était opéré entre les deux tours de juin 1995. Au terme d’une participation électorale sans précédent (85,1% de votants), la liste d’union était alors parvenue à coiffer de 353 voix celle de l’extrême droite.

 

C’est d’ailleurs en faisant référence à cette mobilisation que le premier secrétaire du Parti socialiste, Lionel Jospin, a décidé de se rendre demain soir à Vitrolles. D’autres personnalités de gauche pourraient être du déplacement. Dans le même temps, et à la stupéfaction de beaucoup, la secrétaire de la section locale du PS, Agnès Froppier, a déclaré dans un communiqué que « seul un front républicain peut encore sauver la ville. Mais sans le maire désavoué ». Sur place, ces propos sont jugés « irresponsables ». « La priorité des priorités, confie un militant socialiste, est de battre le Front national. »

Partager cet article
Repost0
Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 15:30

Vitrolles refuser le piège !
 
source : Le Nouvel Observateur le 06/02/1997 auteur : Marie-France Etchegoin

Ce soir-là à Vitrolles, alors que Catherine et Bruno Mégret s'embrassent pour la troisième fois devant les photographes pour fêter leurs 46,7%, on pense soudain à la petite caméra. Celle qui est accrochée sur la façade d'un immeuble, dans une rue du centre-ville, à deux pas de la permanence de Jean-Jacques Anglade, à côté d'une belle pancarte où il est écrit: «Ce site est équipé d'un système de vidéosurveillance visant à renforcer la sécurité des personnes et des biens... signé: municipalité de Vitrolles.» Et ce soir-là, on mesure plus que jamais combien cette enseigne, installée depuis deux ans par la mairie, est dérisoire et pathétique. On dirait une bouée inutile jetée dans un ultime effort à une ville qui se noie. «Ce qu'ils proposent, nous l'avons déjà fait», disaient les tracts d'Anglade. Mais la petite caméra qui fait de l'oeil à l'électorat frontiste n'a rien empêché.

Que filme-t-elle, ce dimanche 2 février au soir? Les sympathisants atterrés de Jean-Jacques Anglade qui battent la semelle devant son local de campagne. Au fil des minutes, les résultats tombent, toujours plus mauvais pour leur candidat qui n'obtient que 37% des voix. Toujours meilleurs pour les époux Mégret. Pas de larmes, pas de cris de colère. Seulement de la stupeur. Et de l'amertume aussi. «Nous sommes tous responsables de ce qui arrive aujourd'hui, dit Alain Castan, un vieux militant associatif vitrollais. C'est notre faute à tous. Aux pro-Anglade qui n'ont rien voulu voir venir. Et aux anti qui n'ont pas trouvé de solution de rechange.»
 
Un peu plus loin, les proches du maire essaient tant bien que mal de se persuader que rien n'est encore perdu: «On ne les laissera pas faire. Dès demain, nous repartons de plus belle. Sans états d'âme et tous ensemble. Regardez, tout le PS est là.»

Les caciques locaux sont venus, en effet. Et ils s'évitent soigneusement. Dans un coin, il y a François Bernardini, le secrétaire fédéral, qui s'était opposé à une nouvelle candidature du maire sortant. Ses troupes ont formé un cercle imposant et hermétique autour de lui. Car, dans un autre coin, il y a son adversaire au sein du PS des Bouches-du-Rhône, le président du conseil général, Lucien Weygand, qui soutient depuis le début Jean-Jacques Anglade. Devant la permanence, il a lui aussi rassemblé ses fidèles. «Ça va être très dur», dit l'un de ceux-là. «Surtout avec les fausses cartes qui circulent dans certaines sections», précise le militant socialiste venu de Marseille. De quoi parle-t-il? «Mais voyons, du vote de mardi prochain, au PS. La désignation des têtes de liste pour les sénatoriales! Vous n'êtes pas au courant?»
 
C'est ainsi, pendant que Vitrolles bascule les stratèges locaux du Parti socialiste dissertent sur leurs batailles internes. Aussi impuissants que le système de vidéosurveillance face à l'expansion du Front national.

Il est presque minuit. Les rues de Vitrolles se vident. Les ténors du PS sont rentrés chez eux. Si la petite caméra tourne toujours, elle enregistre peut-être le triste manège de trois femmes et d'un homme qui profitent de la nuit pour se montrer, à la recherche des derniers journalistes encore debout. Ils tiennent entre leurs mains un communiqué manuscrit sur une feuille de papier sans en-tête, une sorte de brouillon photocopié en plusieurs exemplaires. On y lit: «La section du PS de Vitrolles ne souhaitait pas la candidature de Jean-Jacques Anglade. Elle avait alerté les instances nationales et départementales. Seul un front républicain peut encore sauver la ville, mais sans le maire désavoué.»
 
Qui sont ces délateurs nocturnes? Des membres du PS vitrollais en rupture de ban, dont la secrétaire de section, le trésorier, une ancienne directrice de cabinet de Jean-Jacques Anglade, licenciée il y a quelques mois. Ils ne représentent pas beaucoup plus qu'eux-mêmes. Mais ils ont fini par trouver des caméras, des vraies, cette fois, celles de la télévision.

Et le lendemain, ils lisent leur déclaration dans les journaux télévisés. Une heure plus tard, le responsable de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, François Bernardini, aura beau prononcer leur exclusion, le mal est fait. Malgré les suppliques d'Alain Areski, le directeur de campagne du maire, aux journalistes, aux sympathisants qui traînent les pieds, aux déçus de «l'angladisme»: «S'il vous plaît, on parlera de tout ça après le second tour. Il faut d'abord retrousser les manches. Sonner le tocsin auprès des abstentionnistes. Il faut battre le Front.» Faire taire les rancoeurs, remettre les règlements de comptes à plus tard, attendre encore un peu pour la grande auto-flagellation, l'examen de conscience, les promesses de renouvellement.

Ce dimanche soir à Vitrolles, la droite elle aussi se déchire à belles dents. Mais à huis clos. Dès 22h30, le rideau de fer de la permanence du candidat de la majorité, l'UDF Roger Guichard, est baissé. Mais à l'intérieur, les membres de sa liste sont en pleine mutinerie. Parce que, dès le début de la soirée, les «patrons» du département (Renaud Muselier pour le RPR et Jean-Claude Gaudin pour l'UDF) ont ordonné le retrait de Roger Guichard pour le second tour. «Sans même nous demander notre avis, alors que nous avons tout de même fait 16%, soit 4 points de plus qu'en juin 1995!», s'insurgent les colistiers. Ils refusent de se saborder. Ils jurent qu'ils n'obéiront pas aux injonctions venues de «là-haut»...

En fait, la poussée du FN a, encore une fois, pris tout le monde au dépourvu. Les états-majors de l'UDF et du RPR pensaient que le score de Catherine Mégret ne dépasserait pas celui de son mari aux dernières municipales. Ils avaient parié sur un résultat de 43%, peut-être moins. C'était le cas de figure idéal. Guichard n'aurait pas été obligé de se retirer. Comme aux dernières municipales, sa présence aurait servi à «fixer» une partie des voix de la droite en les empêchant de se reporter sur le Front national. Les électeurs d'Anglade comme ceux de Guichard y auraient trouvé leur compte. Mais au soir du premier tour, cette confortable stratégie ne tient plus la route. Cette fois, la droite doit mouiller sa chemise. Prendre position. Désormais, Jean-Jacques Anglade a besoin de toutes les voix. Comme le RPR Gérard Hamel en novembre dernier à Dreux. Et les socialistes n'oublient pas de rappeler qu'ils s'étaient alors désistés pour empêcher l'élection de Marie-France Stirbois.

Voilà ce que tente d'expliquer Roger Guichard à ses colistiers, cette nuit du 2 février, derrière son rideau de fer, même si devant les micros quelques heures auparavant il a laissé planer le doute. «C'est Jean-Claude [Gaudin] qui nous demande de jeter l'éponge, dit il. Et même Alain Juppé.»
 
Mais à 2 heures du matin, le petit chef d'entreprise vitrollais n'a toujours pas réussi à convaincre. Et pendant toute la journée du lundi, ceux qui ont fait sa campagne traînent leur désarroi, étalent leur ressentiment. Ils sont aussi désemparés que la grande majorité des électeurs d'Anglade. «Près de 2500 personnes ont voté pour nous, explique la numéro deux de la liste, Bonnie Alleman. A ces gens-là, qui ne veulent plus entendre parler d'Anglade, on a promis qu'on reviendrait au second tour. Pendant notre meeting, c'est aussi ce que leur ont dit Jean-Claude Gaudin et Renaud Muselier. Ils ont eté applaudis à tout rompre à ce moment-là. Comment voulez-vous que les électeurs de la droite traditionnelle s'y retrouvent aujourd'hui? Vous croyez qu'ils nous feront confiance la prochaine fois? Ils voteront FN, dès le premier tour, à toutes les élections.»

Christian Borelli, l'un des responsables du RPR vitrollais, s'énerve lui aussi: «Aujourd'hui, il faut qu'on se fasse hara-kiri, qu'on renonce à nos conseillers municipaux, qu'on laisse tous les sièges aux Front national et à la gauche. Il faut qu'on vole au secours de nos ennemis du PS pour empêcher les canailles du FN de gagner.» Le militant RPR marque une pause et dit, l'air malheureux: «C'est vrai que ce serait atroce si l'extrême-droite gagnait.» Et Bonnie Alleman ajoute: «Ce serait pire que tout. Pire qu'à Marignane ou à Orange. Eux, ils ont des frontistes du cru. Nous on aura les Mégret. On sera montré du doigt partout. On deviendra le fief de Le Pen.»
 
Comme tous les Vitrollais qui ne veulent pas de l'extrême-droite, les deux militants RPR se sentent coincés, ligotés. Eux aussi disent qu'après l'élection «il faudra remettre les choses à plat», entamer les séances d'autocritique.
 
Pourquoi la droite n'a-t-elle pas présenté un candidat plus crédible que Roger Guichard? «Parce que nous n'avions personne d'autre sous la main, reconnaissent aujourd'hui les responsables de la majorité. Beaucoup de RPR sont passés au Front. Il a fallu rapidement trouver un UDF pour combler le vide. Ce fut Guichard.»


A Vitrolles, la droite comme la gauche semblent frappées d'impuissance. Toutes deux se sont laissé engluer dans le piège frontiste. Paralysées. Incapables de préparer la relève. Dimanche soir, il fallait aller dans un hôtel de l'aéroport de Marignane pour trouver des gens heureux. Là-bas, les militants du Front national trinquent. Bruno Mégret triomphe. Sa femme prend d'heure en heure un peu plus d'assurance. Elle se désinhibe. Reprend à son compte les insinuations, les jeux de mots douteux de son mari contre ses adversaires. Elle rit beaucoup. A n'en pas douter, elle sera mordante pour cette campagne du second tour. Tous la félicitent. Tous l'envient déjà. Les nouveaux postulants, les futurs candidats, jeunes ou moins jeunes, tous ceux qui se sont juré de «prendre» les communes des environs. Et qui rêvent déjà d'installer partout des milliers de petites caméras

Partager cet article
Repost0
Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 14:45

Les femmes relèvent le défi
 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 6 février 1997.

 
De notre envoyé spécial.
 

QUAND on arrive à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), ce qui frappe, c’est d’abord le soleil. Puis, c’est une mobilisation dynamique autour de la liste de gauche conduite par Jean-Jacques Anglade. Mais ça, on ne peut la sentir d’emblée, puisque, précisément, cette dynamique est nouvelle. Il paraît qu’on la sent depuis seulement mardi soir ou mercredi matin.

 

Beaucoup parlent d’effets de campagne. D’autres, mais parfois aussi les mêmes, évoquent l’émission de TF1 « le Monde de Léa », supprimée au dernier moment mardi soir. Le motif : les lepénistes ont refusé d’y participer. Ici, ça fait un choc. Auraient-ils quelque chose à craindre d’un débat à la télévision ? Pourquoi le FN a-t-il choisi d’organiser la censure ? Il y a le coup de la télé. Mais il y a aussi le comportement des colistiers de Roger Guichard (UDF-RPR) qui se montrent de plus en plus pour faire barrage au second tour au Front national et font le porte-à-porte de leurs électeurs.

 

Le point d’orgue devrait être la venue de Jean-Claude Gaudin, ministre UDF et maire de Marseille, sur le marché, vendredi, en compagnie de Jean-Jacques Anglade. C’est qu’ici, dans les Bouches-du-Rhône, la crainte grandit : si on laisse Vitrolles au Front national, il prendra ensuite le canton, le département, puis la région. Et personne ne veut de cette mauvaise histoire-là. Tout cela donc commence à se savoir. L’espoir gagne du terrain. Et on relève la tête. « Depuis quelques heures, on a le sentiment que les gens recommencent à se parler après la chape de plomb qui avait pesé les derniers jours de campagne du premier tour », explique Nadine, responsable de l’association culturelle « Font Blanche ».

 

Leur tête, elles la portaient bien haute, mercredi après-midi, les femmes de Vitrolles. Une manifestation spontanée, impressionnante. Deux cents jeunes femmes, les poussettes des bébés au premier rang, et un slogan crié à pleins poumons : « Les femmes contre la haine. » Une détermination à donner la chair de poule. Dina, jeune animatrice : « Les femmes ont pris conscience que le FN n’apportera pas la sécurité, bien au contraire. » A peine a-t-elle prononcé cette phrase, que dix, quinze, vingt femmes de tous âges veulent apporter témoignage. C’est ainsi qu’à plusieurs voix un récit prend forme. L’histoire est celle qui a eu lieu dimanche soir. Il était 22 heures. Les résultats du premier tour venaient d’être proclamés. Dans les quartiers de La Frescoule, des bandes armées sont arrivées et ont agressé des jeunes. Précision : dans ces quartiers-là, le FN n’a pas fait le score qu’il escomptait. « Est-ce cela que certains visiteurs de Saint-Cloud proposent pour établir la paix dans notre ville ? » s’indignent les femmes. Leur crainte est que la violence face tache d’huile : « Nos jeunes ne laisseront pas faire. »

 
Donc, à Vitrolles, on relève la tête. On se reparle. Et on compare. Notamment avec l’action municipale du FN à Toulon ou à Marignane. Et, du coup, le bilan de l’ancienne municipalité n’est finalement pas si mauvais. Surtout si l’on imagine que, comme à Toulon, les lepénistes fermeraient les maisons de quartier. Où, comme à Marignane, excluraient des cantines scolaires les enfants des familles considérées comme immigrées. Et l’on évoque aussi le sort que l’extrême droite réserverait au centre de vacances qui accueille plus d’un millier de jeunes quels que soient les revenus de leurs familles.

 

Nadine : « Ici, tout le problème se résume autour d’un constat : les Vitrollais sont en quête de reconnaissance et beaucoup sont confrontés à une misère qui n’épargne aucune couleur de peau. » Hasard ? Au moment même où ces lignes sont écrites, un groupe de jeunes brandissant pancartes appelant à refuser la haine défilent devant la permanence de la liste Jean-Jacques Anglade. Et ils chantent « la Marseillaise ».

 

D. B.

Partager cet article
Repost0
Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 14:40


Vitrolles : meeting d’union pour battre le Front national

 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 6 février 1997.

 
De notre envoyé spécial.
 

La lecture du score du couple des immigrés de Saint-Cloud a glacé les cœurs dimanche dernier. Mais le réflexe n’a été que de courte durée. La conviction raisonnée et lucide est là. « La liste de Jean-Jacques Anglade va gagner contre le Front national », cette phrase est prononcée en prélude au meeting organisé hier soir à la salle des fêtes de Vitrolles, à quelques jours d’un second tour d’élection municipale à haut risque.

 

Danger réel. A preuve, sont présentes toutes les forces démocratiques : le secrétaire national du PS Lionel Jospin, celui du PCF Robert Hue, mais aussi le porte-parole du Parti radical socialiste Bernard Kouchner, celui d’Ecologie solidarité Noël Mamère. Dans la salle, l’actrice Béatrice Dalle, mais aussi Michel Vauzelle, Guy Hermier, Louis Minetti, Robert Bret et un nombre impressionnant d’élus locaux.

 

Mais présence surtout d’au moins 2.000 personnes dans une salle conçue pour n’en accueillir que 900. C’est sur la musique de « Christophe Colomb » que les dirigeants nationaux font leur entrée. Les participants apprécient, lancent des hourras, à la réaction du camp républicain contre celui de l’extrême droite. Meeting événement donc, placé sous la présidence d’une trentaine de jeunes Vitrollais.

 

L’avocat Arnaud Klarsfeld d’abord : « Ce n’est pas contre un homme ou une femme que nous nous battons, mais contre des préjugés qui ont pris forme humaine. Le Front national n’est pas un parti, mais un ramassis de frustrations. Le bon parti est celui qui se met à la tête des idées et non pas des rancœurs. »

 

Jean-Jacques Anglade ensuite. Pas un long discours. Mais il fait lecture d’une lettre anonyme dont les termes sont révélateurs de la xénophobie et de la haine de son auteur. Lionel Jospin : « Nous avons, en juin 1995, réussi à maintenir l’extrême droite à la porte extérieure de la mairie : il faut recommencer », dit-il. « L’arithmétique est là, ajoute-t-il, les voix de ceux qui, malgré leurs divergences, se réfèrent aux valeurs républicaines peuvent permettre de battre le Front national. La physique de la politique, celle qui a permis le mouvement conduisant au Front national, peut aussi jouer, si nous n’argumentons pas. » Selon lui, « Vitrolles n’est pas toute la France », mais, précise-t-il, « c’est important pour la ville, pour la région, c’est un signe pour tout le pays que le Front national soit battu. Et pour cela il faut rassembler. » Pour Lionel Jospin, « Jean-Jacques Anglade est devenu le candidat des républicains. » Il rappelle à l’attention des électeurs qui ont voté UDF-RPR que ça n’a pas été facile à Dreux pour l’électorat de gauche de voter RPR pour battre le Front national. « Mais ils l’ont fait, et ça a marché. » Le secrétaire national du PS ajoute : « Dans un an, nous agirons aussi par la proposition : pour relancer l’économie, développer l’emploi, assainir la démocratie, assurer les bases d’une réelle sécurité. Mais ici, c’est l’urgence. »

 

Monsieur Zetoun, du CRIF, rappelle ensuite qu’il s’agit « d’un rassemblement d’hommes et de femmes de bonne volonté qui craignent pour la France. La violence des paroles peut précéder la violence de l’action. Vitrolles est au centre de nos consciences. »

 

« Il s’agit en effet de se rassembler très largement pour dire ensemble, le plus fort possible : non à l’extrême droite », explique ensuite le secrétaire national du Parti communiste français, Robert Hue. Il ajoute : « Je me félicite que l’union se soit immédiatement réalisée ici pour ce meeting, comme elle doit se réaliser sans failles parmi les électrices et les électeurs de cette ville qui veulent la préserver de la mainmise du parti de Le Pen ».

 

Il rappelle que « les communistes de Vitrolles ont participé à la liste d’union conduite par Jean-Jacques Anglade avec la volonté d’apporter tout leur dévouement au service des habitants de cette ville, d’être à leur écoute pour faire vivre une véritable démocratie de participation, une gestion nouvelle conforme à leurs aspirations. Selon lui, bien au-delà du jugement qu’ils peuvent avoir, des choix qu’ils peuvent souhaiter concernant l’équipe chargée de gérer leur ville, il s’agit pour eux d’écarter le pire : la menace que représente le FN, sa démagogie, ses pratiques de haine et de division ». Robert Hue souligne qu’« il existe une véritable crise de politique. Un véritable dégoût devant des dirigeants qui ne tiennent pas leurs engagements, leurs promesses. Une véritable colère devant les ballets politiciens et la politique spectacle qui conduisent nombre de nos citoyens à concevoir les hommes politiques comme constituant une petite caste où l’on se sert les coudes en songeant d’abord à soi et à sa carrière. Un véritable rejet d’une politique faite de surdité et d’arrogance face à ce que ressent et exprime l’opinion ». Il ajoute : « C’est, me semble-t-il, ce dégoût, cette colère, ce rejet qui permettent à Le Pen et à ses séides de bomber le torse ».

 

Le secrétaire national estime que ce phénomène « est accentué par l’inquiétude de millions de Français devant le fait qu’une perspective débouchant sur le véritable changement tant espéré n’est pas encore pour l’heure ouverte ». Et de lancer un appel : « Il est urgent que tout le monde prenne la mesure de la gravité de cette situation. On ne peut laisser les choses continuer ainsi. Il faut entendre le message fort qui monte du pays et en tirer concrètement les conséquences. Pour ce qui nous concerne, nous, communistes, c’est bien ce que nous voulons nous employer à faire. En faisant vivre un autre visage, une autre conception de la politique. En répliquant aux menaces de l’autoritarisme, de l’extrémisme par une pratique neuve de la démocratie citoyenne, de terrain, de proximité. »

 
DOMINIQUE BEGLES
Partager cet article
Repost0
Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997