Elu Local : Confrontation avec la réalité sociale
Etre Elu local, c’est être confronté à la réalité. Ma responsabilité d’Adjoint au Personnel m’amène à rencontrer de très nombreux Vitrollais confrontés à des problèmes d’emploi. J’assure en effet, 2 à 3 vendredis après midi par mois des permanences. A cette occasion je rencontre des employés municipaux mais aussi des Vitrollais en recherche d’emploi.
Je ne développerai pas ici les rencontres des employés municipaux qui relèvent de problèmes de carrière, mutation, organisation des services, etc.
Dans une ville comme la notre, avec un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale, malgré un tissu économique important, l’emploi est un véritable problème, essentiellement lié à une sous – qualification.
Très souvent et c’est tout à fait compréhensible « la mairie » est la bouée de secours pour trouver un emploi.
Malheureusement la réalité est tout autre, et si la mairie est un gros employeur de la commune, malheureusement la Mairie ne peut pas embaucher tout le monde. Qui plus est pour assurer un service public de qualité, la mairie doit aussi recruter des personnes avec des compétences et des qualifications.
Faire de la politique, c’est gérer les contradictions entre notamment dans ce cas, ceux qui ne veulent pas payer d’impôts, tout en revendiquant plus de services (crèches, équipements sportifs, culture, loisirs, etc.), et ceux qui ne peuvent pas payer d’impôt en espérant un emploi à la mairie…
Ces séances du vendredi sont parfois difficiles mais toujours très enrichissantes. C’est une véritable confrontation avec la réalité et donc à des situations sociales difficiles et complexes. On n’en sort pas toujours indemne.
C’est la rencontre avec les divorcées « d’un certain âge » qui doivent retrouver un emploi pour « se loger et manger », ce sont les très jeunes filles mères, ce sont les hommes et femmes plus ou moins jeunes sans qualification, les chômeurs, les personnes au RMI, etc.
Il faut faire front à des situations difficiles (menaces de suicide, etc.) à des menaces parfois (« je ferai voter contre vous », etc.) mais aussi à des situations cocasses, comme la maman qui accompagne son jeune fils de 18 ans, sans aucune qualification qui « veut travailler dans les bureaux, parce que ce n’est pas trop dur »… Je vous fais grâce du cas d’une ex - employée municipale, embauchée par la précédente Municipalité, en contrat d’auxiliaire que nous n’avions pas renouvelé à l’échéance, qui m’a enregistré à mon insu, lors d’un entretien et qui m’a ensuite menacé par lettre. Mais je n’avais jamais dit ce qu’elle voulait me faire dire !…
A chaque fois, il faut trouver les mots, donner des pistes, expliquer, rassurer, aiguiller et ne rien promettre, si ce n’est de s’occuper du dossier. L’honnêteté vis à vis de ces personnes me parait essentielle. C’est une forme de respect à laquelle je suis très attaché, et la difficulté pour un homme politique n’est pas de dire OUI, mais de dire NON, s'il ne veut pas céder au clientélisme...
Alors que faire ?
La première tentation serait d’avoirs recours massivement aux contrats aidés, hier les CES, CEC, aujourd’hui les CAE et autres. C’est une politique pratiquée par le passé à laquelle nous ne voulons pas céder. Notre responsabilité d’élus, ce n’est pas de prendre des gens en contrat aidé, mais c’est de se préoccuper réellement de la fin du contrat. Que vont devenir ces personnes, si elles ne sont pas intégrables dans la Mairie, si ce n’est retourner à l’ANPE, et à la rue ? Nous ne voulons pas aussi, céder à la facilité de la « main d’œuvre pas chère », et ce malgré le forcing des autorités de l’Etat pour « faire du chiffre » avant les échéances présidentielles de 2007…
Tout d’abord, nous limitons les contrats CAE (ex CES) aujourd’hui à des activités ciblées comme la « police administrative ». Ce sont les personnes qui font traverser les enfants devant les écoles, le matin, le midi et le soir.
Nous travaillons pour revoir, le principe (type de contrat) des surveillantes de cantines qui ne travaillent que 2 heures par jour pendant les périodes scolaires (hors vacances, mercredis, etc.). En effet, si cette activité était initialement prévue il y a plusieurs années pour que des étudiants se fassent de « l’argent de poche », aujourd’hui, cette tâche très importante est réalisée par des femmes en situations plus ou moins difficiles. Je ne cesse d’en rencontrer pour avoir « plus d’heures » pour espérer un revenu plus décent. C’est compréhensible et totalement légitime. Cela prouve aussi que le système actuel n’est pas satisfaisant et c’est pourquoi nous travaillons sur ce sujet.
Vis-à-vis de ces « petits boulots », notre objectif est de créer « moins d’emplois », mais des « vrais emplois ». L’expérience, montre qu’avec trop de contrats précaires, on ne résout rien, si on n’est pas en capacité d’offrir un réel avenir. A contrario, l’expérience prouve aussi, que dans certains cas, ces contrats aidés permettent à des personnes d’accéder au monde du travail et se réadaptant le cas échéant avec le respect des horaires, des consignes de travail, etc. Rien n'est simple, et nous devons donc trouver les structures adaptées pour réellement faire de la réinsertion à l’emploi.
Gérer des chiffres, avoir de grandes théories sur la précarité, est une chose, avoir les personnes en face de soi dans son bureau en est une autre. C'est cela la réalité de l'Elu local confronté au quotidien de la réalité sociale du pays. C’est pourquoi, je tiens à avoir une gestion humaine vis-à-vis des personnes en grande difficulté, tout en essayant de trouver des solutions adaptées en toute honnêteté dans le plus grand respect qui leur est dû.
A suivre…