5 janvier 2006
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Résistance en sous-solsource : Le Nouvel Observateur le 31/07/1997 auteur : Isabelle MonninAu début, rien ne les prédisposait à la politique. Ils n'avaient que du rock dans la tête. Le Sous-marin, c'était d'abord l'histoire d'un rêve. Loïc Taniou et Thierry Curbelié sont deux copains de lycée fous de rock alternatif, façon Béruriers noirs.Ensemble, ils montent une association, organisent quelques concerts. En 1990, Jack Lang lance l'opération Café musical; ils sautent sur l'occasion et retapent un local en sous-sol en plein centre de Vitrolles. Le Sous-marin n'en finira plus de grandir et d'attirer les jeunes de la région. Les Garçons bouchers, Ludwig Von 88, Burning Heads, Zebda ou Miossec: avec quelque 42 concerts et 8000 entrées par an, le Sous-marin, c'était une référence.Mais la culture du Sous-marin n'entre pas exactement dans les canons du Front, qui n'y voit que musique partisane, agressive et excitant les mauvais instincts de la jeunesse, à l'opposé de cette culture «provençale» qui a les faveurs de Mégret et de ses amis.Alors doucement, les sous-mariniers sont entrés en résistance. Ce sont les circonstances qui l'ont voulu. Quand les autres associations ont été privées de lieux de réunions, c'est ici, à quelques mètres de l'hôtel de ville, que les militants se retrouvaient. «Nous sommes devenus un espace de palabres», dit simplement Loïc.L'endroit, l'atmosphère de liberté qu'il dégageait étaient trop gênants pour les édiles lepénistes Le 19 juin, le conseil municipal a décidé de diminuer de moitié les subventions versées aux associations. L'enveloppe globale passe de 9 à 3,8 millions de francs. La mairie ne renouvelle pas les 200000 francs du café musical, soit 20% de son budget, et menace de reprendre les locaux, jusqu'alors prêtés par la Ville. Punis.Alors que d'autres sont soutenus, comme la Fraternité française, association d'aide aux Français proche du Front, qui obtient 300 000 francs pour sa première année d'activité.Les sous-mariniers ne désarment pas. Ils ont lancé pour l'été un tour de France des festivals qui les amènera à témoigner partout de leur combat. Comme à Châteauvallon, après la mise à pied de Gérard Paquet, le ministère de la Culture et les artistes ont réagi. Outre le soutien de Catherine Trautmann, qui devrait permettre de trouver les 200000 francs manquants, un comité de soutien au Sous-marin s'est formé. Présidé par Bertrand Cantat, le chanteur de Noir Désir, il entend bien ne pas laisser tomber les amateurs de musique «sauvage» des bords de l'étang de Berre.I.M.
Published by Didier HACQUART
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dans
Histoire politique de Vitrolles : 1997 - 1998