Et en plus, il conseille Sarko !
Il prouve au moins que rien n'est inéluctable mais que choix de sociétés...
A voir ou revoir : Joseph Stiglitz sur France - Inter
DH
«La valeur du loisir est un élément de la richesse» (*)
Pour Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie, les salariés doivent profiter des gains de productivité :
Recueilli par GRÉGOIRE BISEAU et FABRICE ROUSSELOT
Prix Nobel d'économie, ancien conseiller de Bill Clinton puis chef économiste de la Banque mondiale, Joseph Stiglitz est l'économiste préféré des altermondialistes. De passage à Paris pour faire la promotion de son dernier ouvrage (1), il évoque, pour Libération, la question de la réduction du temps de travail.
La France fête les 10 ans de ses 35 heures. Une politique de réduction du temps de travail diamétralement opposée à celui des Etats Unis...
Dans le cadre de la mission que le gouvernement de Nicolas Sarkozy m'a confiée avec d'autres experts, nous réfléchissons à la façon d'établir de nouveaux instruments de mesure pour évaluer la richesse d'un pays. Je pense notamment que l'on doit intégrer dans la mesure du PIB ce que j'appelle la «valeur du loisir». C'est important dans une société efficace que les gens qui veulent un travail puissent en trouver un. Mais si ces personnes veulent prendre un mois de vacances durant l'été, est-ce pour autant un «dysfonctionnement» de cette société ? Evidemment non : c'est juste le choix de profiter au mieux des gains de productivité et du progrès technologique. Les Américains travaillent aujourd'hui plus qu'il y a trente ans. Ils devraient pouvoir en profiter plus, mais ce n'est pas le cas. Ils disent travailler pour offrir de meilleures conditions à leurs familles, mais la conséquence c'est qu'ils n'ont plus de temps à consacrer à leur famille.
Alors pour ou contre les 35 heures ?
L'un des enjeux des 35 heures était de partager les heures de travail pour permettre à plus de gens de travailler. C'était aussi l'occasion de trouver entre patron et salariés des accords d'entreprise spécifiques. Il faut développer ces cadres législatifs et sociaux qui permettent à chacun de passer plus de temps en famille quand on en a envie.aspiration sociale légitime et un coût économique global. Ce qui nous enseigne la théorie économique, c'est que lorsqu'une économie augmente sa productivité, le temps de loisir croît. Il y a encore trente ans, il y avait très peu de différence entre la France et les Etats-Unis. Ce qui se passe aujourd'hui en matière de temps de travail aux Etats-Unis est aberrant. Evidemment, cela a un coût économique, plus important à supporter pour une petite entreprise. Quand vous n'avez qu'un comptable et qu'il prend du temps pour lui, ce n'est pas facile à gérer. Tout est donc affaire d'arbitrage : entre une
(1) Une guerre à 3000 milliards de dollars, de Joseph Stiglitz et Linda Bilmes, Fayard, 354 pp.
(*) Libération.fr du lundi 19 mai 2008