Airbus devient un réel sujet politique sur le quel les candidats à la présidentielle s’engagent.

Ségolène ROYAL a reçu l'intersyndicale AIRBUS CFDT - CGT - CGC - CFTC et FO le 2 mars 2007.
Au 1er plan à droite, mon camarade Jean Bernard GAILLANOU) dans de grandes explications.
Le plan de restructuration chez Airbus – 10 000 emplois supprimés sur quatre ans – devient un enjeu de campagne électorale. Ici, il ne s'agit pas de débattre de la valeur travail, mais de savoir, plus pragmatiquement, comment le conserver. Les candidats sont contraints de prendre position. Mercredi, Nicolas Sarkozy a fait savoir sa préférence pour un désengagement de l'Etat : « Le problème d'EADS, ce n'est pas d'abord un problème franco-allemand, mais un problème d'actionnariat. Je ne considère pas que les Etats soient les actionnaires industriels les plus avisés. J'ai l'impression que tout ceci manque de leadership d'un opérateur industriel », a-t-il fait savoir. Le candidat UMP a annoncé qu'il recevrait les syndicats d'Airbus et ferait un « certain nombre de propositions ».
A l'opposé, Ségolène Royal défend la place de l'Etat…et des régions. Considérant que « les emplois doivent être préservés », elle estime qu'« il est de la responsabilité de l'Etat français d'avoir une vision de long terme en participant avec nos partenaires allemands et espagnols à l'indispensable recapitalisation ». Hier, en meeting à Mont-de-Marsan, elle s'est fait encore plus explicite : « Non seulement l'Etat peut faire mais doit faire », s'est-elle exprimée, prenant une posture contraire à celle du candidat Jospin en 2002, qui avait déclaré, à propos de Michelin, un malheureux « l'Etat ne peut pas tout ».
Les régions dans le capital
Aujourd'hui en déplacement à Anglet, Ségolène Royal a été plus loin : elle propose que les régions « qui ont sur leur territoire des emplois liés à l'avenir (de l'avionneur) » puissent « entrer au capital d'Airbus comme le fond les Länder allemands ». Dans un entretien au Figaro aujourd'hui, le président PS de Midi-Pyrénées, Martin Malvy, estime que les régions françaises pourraient prendre entre 5 et 10% dans le capital du groupe. Enfin, Laurent Fabius a accusé ce matin sur France Inter « l'euro cher » de porter atteinte à l'avionneur et Jean-Pierre Chevènement estime qu'aller « dans le sens de Nicolas Sarkozy, celui de l'actionnariat privé, ce serait vouer EADS-Airbus à subir demain le sort de Péchiney et d'Arcelor, en passant sous le contrôle des fonds de pension anglo-saxons ».
Tous les candidats prennent position
François Bayrou a jugé que le soutien des Etats aux groupes aéronautiques était « essentiel », évoquant les aides qu'avait reçues Boeing du gouvernement américain. « Il y a des moments où il faut apporter du soutien en termes de recherche et de développement, d'avances remboursables » a proposé le candidat centriste.
Jean-Marie Le Pen pointe les « dysfonctionnements de la double direction du groupe », comme Philippe de Villiers, qui met en cause le « dogme du 50-50 franco-allemand ».Nicolas Dupont-Aignan, qui accuse le niveau de l'euro, préconise « un minimum (de) préférence communautaire aux frontières de l'Europe. Il n'est pas normal que Lufthansa, Air France, British Airways achètent en ce moment majoritairement des avions Boeing au détriment d'Airbus ».
Marie-George Buffet veut « imposer un moratoire suspensif sur les plans de suppressions d'emplois ». Quant à l'extrême gauche, elle refuse en bloc le plan social, Olivier Besancenot proposant de « renationaliser l'entreprise » et Arlette Laguiller d'« interdire les licenciements ». Dominique Voynet voit la question sous son prisme écologique. « Compte tenu de la nécessité de réduire les émissions de carbone, souligne la candidate, des plans très vigoureux de diversification (…) doivent être mis en place », « il faut accélérer la reconversion ».
(*) Marianne. fr du vendredi 02 Mars 2007
José Bové invite les candidats de gauche à s'unir autour d'Airbus
José Bové a appelé samedi 3 mars 2007 l'ensemble des candidats et candidates de gauche à la présidentielle "à se réunir pour préparer une journée nationale d'action contre les ravages du néo-libéralisme et les suppressions d'emplois annoncées par EADS".
"La suppression de 10.000 emplois et de fermer ou de céder six sites de production annoncée par EADS est inadmissible", souligne-t-il dans un communiqué.
Faisant valoir qu'EADS "est largement bénéficiaire", il juge que "ses actionnaires (au premier rang desquels Daimler-Chrysler, L’État français, et Lagardère) n'assument aucune de leurs responsabilités économiques et sociales".
"Une fois de plus, les salarié-e-s sont utilisé-e-s comme variable d'ajustement dans une course aux profits éperdue", dénonce José Bové.
Son équipe de campagne invite donc les candidats de gauche à la présidentielle "à se réunir en début de semaine prochaine pour préparer" une "journée d'initiatives contre les ravages du néo-libéralisme" qui se tiendrait "d'ici la fin du mois". Les initiatives, "en lien avec les organisations syndicales qui le souhaiteraient", se feraient "autour des salariés d'Airbus et dAlcatel", selon le communiqué. AP