Libération de jeudi révélait que Paulson, l'auteur du plan de sauvetage de 700 milliards de dollars plaide pour que les PDG des banques concernées conservent leurs indemnités de départs de plusieurs millions de dollars, même si l'état fédéral rachète les actifs de leurs banques en faillite ! Il faut dire, qu'il est lui-même un ex patron de Golman-Sachs, et sa fortune personnelle est estimée à 600 millions de dollars...
On se moque vraiment du monde, et c'est totalement scandaleux. Le Sénat Américain par ailleurs renâcle à voter les 700 milliards de dollars. Ce n'est pas anodin, et effectivement il faut y regarder de plus près comme le rappelle Hervé Nathan sur marianne2. Libération avait effleuré le sujet aussi dans son édition d'hier.
Encore une « on ne nous dit pas tout », et heureusement qu'il y a internet pour s'informer...
Dans un autre registre, et j'y reviendrai, il est « super » que Sarkozy découvre les méfaits du libéralisme... Ceci dit, avant le discours de Bush, tout allait bien en France et nous étions à l'abri de tout... Cette révélation, dans une certaine mesure semble aussi toucher mes amis du PS tentés par la social-démocratie. Et dire que je me suis fait traiter plus d'une fois d'archaïque.
A suivre,
DH
Etats-Unis : après l'ultralibéralisme, la dictature ?
George Bush et Henry Paulson (Wikimedia Commons)
En France, tout le monde applaudit l'ambition du plan Paulson, destiné à sauver les banques grâce à l'achat par l'argent public de 700 milliards d'euros de créances « toxiques », des subprimes, mais aussi d'autres produits comme des swaps, dont actuellement personne ne veut. Formidable, se dit-on.
Quelle audace, quelle résolution, ces Américains ! Mais personne ne fait attention aux détails du projet de loi que le secrétaire au Trésor, banquier d'affaires de profession, a présenté.
S'il était adopté en l'état (ce qui n'est pas sûr, grâce à la majorité démocrate au Congrès), le secrétaire d'Etat (quel qu'il soit) serait doté de pouvoirs tout à fait extraordinaires : possibilité d'embaucher qui il veut, notamment ses amis de Goldman Sachs, de passer des contrats avec des entreprises privées hors du code des marchés publics, le tout sans contrôle, puisque le texte précise que son action ne serait susceptible ni d'une commission d'enquête, ni d'une cour de justice.
Une sorte de dictature, au pays de la séparation des pouvoirs et du contrôle étroit de l'exécutif par la justice et le Congrès, succéderait à la dictature des marchés.
De la dictature en Amérique
Tocqueville doit se retourner dans sa tombe ! On comprend mieux pourquoi l'administration tient à prendre des gages juridiques, si l'on sait que la somme de 700 milliards de dollars apparaît aux yeux de nombres d'économistes comme bien supérieure à ce qui est nécessaire pour dégager les banques de l'ornière.
Ce qui signifierait que le Trésor américain compterait reprendre les actifs pourris des établissements financiers sans décote ou avec une très faible décote, alors qu'aujourd'hui ils valent entre 0 et 20% de leur prix facial. Une énorme boite à scandales politico-financiers serait ainsi mise en œuvre.
Evidemment, les membres du Congrès traînent des pieds pour adopter une pareille loi et veulent négocier des amendements, alors que Paulson et Ben Bernake, le président de la Fed brandissent la menace d'un énorme krach boursier si le plan n'est pas voté très rapidement.
La réponse est maintenant dans les mains du Congrès et des deux candidats McCain et Obama, dont l'accord est nécessaire à un consensus entre républicains et démocrates, aujourd'hui inexistant. De ce qui sortira des pourparlers, on saura si la crise du capitalisme financier est enrayée. Mais peut-être l'Amérique aura-t-elle perdu un peu de son âme.
Jeudi 25 Septembre 2008 - Hervé Nathan