L'une des voitures les moins chères du marché, la Logan, fabriqué par Dacia, une filiale du groupe Renault, est en panne. Ou plutôt l'usine roumaine qui produit le modèle à Pitesti, près de Bucarest. Le salariés de l'usine sont en grève illimitée depuis lundi et réclament une revalorisation de salaire à hauteur de 50%. Grève illégale rétorque la direction qui a décidé de porter plainte.
Une part du gâteau. Voilà ce que réclament les salariés roumains de l'usine Dacia de Pitesti, près de Bucarest. Face à l'énorme succès rencontré par le modèle créé par Renault, les ouvriers de l'usine qui produit la Logan estiment légitime de voir leurs salaires revalorisés. Depuis lundi, ils ont entamé une grève générale et illimitée. Les syndicats souhaitent une augmentation de salaire de 148 euros, accordée en deux tranches, ainsi qu'une majoration des primes à Pâques et Noël. Les ouvriers de l'usine Dacia pourraient subir de plein fouet les dommages collatéraux de l'intégration à l'Union européenne.
Des revendications "inacceptables"
Alors que le niveau et le coût de la vie augmente en Roumanie, les salaires ne suivent et les salariés de l'usine Dacia commencent à chanter le blues du "plombier polonais". Selon les syndicats, le salaire brut moyen au sein de Dacia est de 285 euros quant il est de 390 selon la direction de l'usine. Le salaire moyen au niveau national est quant à lui de 28o euros. La direction de l'usine pour sa part a proposé une augmentation de 12% du salaire brut moyen et de 18% de celui du salaire minimum. Elle a ainsi estimé que les revendications des syndicats, qui réclament 50% d'augmentation, étaient de ce fait "inacceptables", faisant valoir que les pertes enregistrées entre 2000 et 2004, à savoir 363 millions d'euros, n'avaient pas été compensées par les bénéfices dégagés entre 2005 et 2007. Un argument que réfutent bien entendu les délégués syndicaux qui avancent le record de ventes établi par Dacia en 2007 avec plus de 230000 voitures vendues, soit une hausse de 17,4% par rapport à l'exercice précédent.
Depuis lundi, ils sont donc près de 10000 salariés à avoir débrayé, soit près de 80% du personnel de l'usine, selon les syndicats. Ce n'est pas la première grève de masse sur le site de Pitesti, racheté par Renault en 1999. Déjà en 2003, les salariés avaient mené la fronde durant trois jours, avant que les tribunaux roumains ne jugent illégale leur action. Bis repetita cette fois-ci encore? Lundi, la direction de Dacia a saisi la justice et demandé une décision en ce sens. Les négociations se poursuivent pour l'heure alors que la justice devrait rendre son verdict en fin de semaine.
Par Stéphane RIO leJDD.fr - 25/03/08