Le mythe du « trou de la Sécu », par Julien DUVAL (*)
J’ai diffusé il y a quelques temps un article sur l’enjeu de la santé dans le cadre de la campagne des législatives. Cet article expliquait le fonctionnement du système américain, modèle que l’on veut nous imposer.
J’ai reçu un commentaire d’un internaute qui m’a interpelé. En effet cet internaute me demandait en quoi cela avait un rapport avec les législatives ? Je me suis dit alors que la pensée libérale avait fait son chemin, et que cet internaute, qui ne doit pas être le seul avait fini par être convaincu que la santé se résumait à un problème comptable, et non humain, ni de choix de société. La protection sociale est aujourd’hui essentiellement considérée comme une question technique, alors que c’est une question éminemment politique !
Le hasard a fait que je suis tombé sur le dernier livre de Julien DUVAL qui traite justement du fameux « trou de la Sécu ». Je vous en livre la quatrième de couverture, et évidemment je vous en conseille la lecture ! Le mythe du trou de la Sécu est une victoire de plus du libéralisme sur les esprits, qu’il nous faut combattre !
"À en croire les médias et les débats politiques, la Sécurité sociale serait menacée de faillite par un déficit abyssal. Pour faire face à l'augmentation des dépenses et au vieillissement de la population, notre système de protection sociale, créé en 1945 pour donner à chaque homme "la garantie à chaque homme qu'en toute circonstance il pourra assurer sa subsistance et celles de personnes à sa charge ", serait condamner à se "réformer" sans cesse : déremboursements, réductions des prestations, hausse des cotisations, voire privatisation.
Chercheur au CNRS, Julien Duval renverse les termes du problème : il n'y a pas de déficit de la Sécu, mais un besoin de financement que les gouvernements successifs ont décidé de ne pas satisfaire en multipliant depuis 1993 les exonérations de charges sociales.
En effet, l'affaiblissement de la protection sociale découle non pas d'arbitrages techniques, mais d'un choix politique : le transfert généralisé des risques du capital vers le travail."
4ème de couverture, et un petit extrait de la préface, pour se mettre en bouche :
« La Sécurité sociale n'est pas une entreprise capitaliste orientée vers la réalisation de profits. On ne devrait pas décider de son avenir sur la base de ses seuls besoins de financement. De plus, il est discutable d'imputer son déficit, comme on le fait souvent à des dépenses excessives : le "trou" résulte plutôt d'une insuffisance de ressources, ou d'un phénomène de sous-financement.En outre, il est réducteur de ne voir dans les dépenses sociales qu'un facteur de "déficit" : c'est dans les pays où les dépenses sociales sont les plus élevées que la proportion de la population confrontée à la grande pauvreté est la moins importante.
En considérant le niveau des dépenses sociales en France comme une cause du "trou de la Sécu", on oublie qu'elles contribuent à réduire les situations de pauvreté et à rendre la répartition du revenu un peu moins inégalitaire".
DH(*) Le mythe du « trou de la Sécu », Julien DUVAL, Editions Raison d’Agir - 6 €