En doutions-nous Vraiment ?
DH
Où trouver 4000 milliards de dollars ?
Faut-il nationaliser les banques ? C'est une question toute simple mais que se pose le FMI. Le fonds monétaire international n'est pas très optimiste sur la sortie de la crise. Il chiffre la crise à 4000 milliards de dollars, 4000 milliards qui représentent la masse des dépréciations dans les institutions financières mondiales, au premier rang desquelles les banques, dont les dépréciations frôlent les 2500 milliards. Le FMI estime que les banques américaines ont, à peu près, nettoyé la moitié de leur bilan. Les banques européennes, au mieux, le quart. Il pense que les banques américaines ont besoin de 275 milliards de dollars et les banques européennes de 600. C'est beaucoup.
Tant que les banques n'auront pas fait cet effort d'apurement des comptes, elles ne retrouveront ni la confiance des prêteurs, ni celle de leurs clients. C'est pourquoi le crédit continue à s'effondrer.
Où trouver l'argent? Dans la poche du contribuable
Où trouver ces milliards? Réponse des libéraux : sur le marché. Or le marché ne veut rien donner en ce moment, pas confiance. Qu'importe, disent les libéraux, l'Etat va nationaliser, apporter ces capitaux par l'impôt, puis il pourra repartir et privatiser.
C'est la solution qui a été choisie en Islande... pays en faillite où les trois plus grandes banques ont été nationalisées à l'automne. C'est celle qui se profile aux Etats-Unis, où le Trésor américain transforme ses prêts au secteur bancaire en actions préférentielles qui pourraient devenir des actions ordinaires, ce qui reviendrait à nationaliser.
Et après la nationalisation, on privatise. C'est ce que souhaitent les libéraux. On fait payer le contribuable, et puis on redonne les clefs de la boutique aux génies de la finance qui dirigeaient les grandes banques et pourront repartir dans leur géniale gestion qui justifie leurs salaires exorbitants. Vous me direz, c'est assez immoral : des patrons incapables ruinent les citoyens, auxquels on demande de rembourser les fautes des incapables, pour qu'ils puissent repartir comme avant. Car c'est vraiment là le problème : s'agit-il de faire comme si rien ne s'était passé, ou veut-on construire une nouvelle économie sur du crédit, bien sûr, mais du crédit sain ? Le refus de nettoyer les bilans des banques et l'acceptation corrélative de plans de relance importants, qui substituent de la dette publique à de la dette privée ressemblent fort à une politique de l'autruche.
La phrase : « Il y a trois sortes d'êtres au langage mystérieux : les fous, les polytechniciens, et les comptables. Les plus aisés à comprendre sont les fous ». (A. Detoeuf)
Retrouvez l'Autre économie, la chronique de Bernard Maris, sur France Inter.
Jeudi 23 Avril 2009 - 11:36
Bernard Maris (Marianne.fr)