J'aime bien Bernard Maris, économiste, professeur d'université, par ailleurs Oncle Bernard dans Charlie Hebdo, et chroniqueur sur France Inter, i-télévision et autres.
J'en ai parlé régulièrement sur ce blog.
J'ai bien aimé sa rubrique d'hier matin sur France Inter.
Quand comprendrons - nous que nous vivons dans un monde fini et que les ressources ne sont pas infinies ?
C'est une vraie question, dont la réponse oblige à remettre en cause beaucoup de nos principes, y compris en termes de logique économique...
A suivre,
DH
Limites de la croissance économique: la revanche de Meadows
Le professeur Meadows vient de remporter le « Japan Prize », l'un des prix scientifiques les plus prestigieux, pour un ouvrage qu'il a dirigé en 1972. Soit... 37 ans plus tard. Le rapport du professeur Meadows s'appelait « Les limites à la croissance » et il a été traduit en France sous le titre « Halte à la croissance ! » En effet le professeur Meadows, et les autres, proposaient, tout simplement, une croissance zéro. Meadows n'est pas si vieux que ça, il a 66 ans. Il a été prof au prestigieux Mit, Massachussets Institute of Technologie. Moi qui ai fréquenté les milieux économiques, je n'ai jamais vu autant de ricanements, je veux dire autour de Meadows et de son rapport. Meadows était un gauchiste au pire, un idéaliste au mieux, un ennemi du progrès, un amateur des cavernes et de la viande boucanée, un ennemi du Sud et des pauvres qui ne demandaient qu'à se développer ou à s'enrichir etc. etc.
Son rapport reposait sur une hypothèse infiniment simple. Les ressources sont limitées : le pétrole, le charbon, l'eau, l'uranium, les forêts, n'existent pas à profusion. Or la population humaine semble devoir croître indéfiniment. Et les besoins de la population humaine croissent encore plus vite que la population elle-même. Rien de commun entre les besoins de l'Américain moyen et les besoins du Bushiman ou du Pygmée lambda. Donc l'humanité va se heurter de façon dramatique au mur de la rareté. Cqfd. Stop à la croissance, vive la croissance zéro, arrêtons tout.
Meadows et Malthus avaient seulement raison trop tôt
Ce qui faisait ricaner les économistes. Ils s'esclaffaient, même. Ah ! ah ! Tout ce que dit Meadows, Malthus le disait déjà, Malthus le pasteur de l'apocalypse économique. Il disait ça en 1800, dans son « Essai sur le principe de population » et nous sommes en 1972, ah-ah ! Car Malthus, pas plus que ce pauvre Meadows, n'avait prévu une chose : la hausse des rendements ! L'incroyable progrès de la productivité qui fait que le quintal de blé produit par cent paysans en 1800 est produit par un seul paysan aujourd'hui. Et les économistes de rire.
En réalité, il n'y a pas de quoi rire. Malthus et Meadows ont simplement eu raison trop tôt. Le mur de la rareté approche, et nous allons nous heurter contre lui. Nous avons eu quelques prémisses de la crise des matières premières, la crise de l'eau est proche, les déchets commencent à envahir le monde, et la technique, hélas, n'a pas que des effets positifs. La technique peut être maléfique. A suivre.
Retrouvez la chronique de Bernard Maris du lundi au jeudi à 6h50 sur France Inter.
Jeudi 22 Janvier 2009 - 09:16