Nicolas SARKOZY chasse la délinquance
Nicolas SARKOZY s’appuie sur un rapport de l’INSERM pour son projet de Loi sur la prévention de la délinquance.
Ce rapport préconise notamment «le repérage des perturbations du comportement dès la crèche et l'école maternelle». Les chercheurs stigmatisent comme pathologiques «des colères et des actes de désobéissance», et les présentent comme «prédictifs» d'une délinquance. «Des traits de caractères, tels que la froideur affective, la tendance à la manipulation, le cynisme, l'agressivité», mais aussi «l'indocilité, l'impulsivité, l'indice de moralité bas», sont ainsi mentionnés «comme associés à la précocité des agressions».
«Cette production de l'Inserm vient donner un vernis scientifique et médical à l'approche de la délinquance du gouvernement. C'est vraiment du pain bénit pour Sarkozy !» tranche Bruno Percebois, membre du syndicat national des médecins de PMI (Protection maternelle et infantile).
Le ministre de l'Intérieur n'hésite d'ailleurs pas à citer les travaux de l'Inserm pour promouvoir le plan sur la prévention de la délinquance, évoquant par exemple un carnet de développement de l'enfant qu'il nomme «carnet de comportement». Un projet qui devrait être présenté courant mars en Conseil des ministres.
Heureusement, la fronde s’organise ! Intitulée «Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans», une pétition a été lancée par des psys. Puis elle a grossi, recueillant près de 30 000 signatures, aussi bien des professionnels de la petite enfance que des magistrats, mais aussi de simples citoyens.
Tous s'inquiètent : «Faudra-t-il aller dénicher à la crèche les voleurs de cubes ou les babilleurs mythomanes ?» Selon Muriel Eglin, magistrate détachée auprès de la Défenseure des enfants, une même philosophie transparaît chez le ministre et à l'Inserm : «On analyse l'enfant sous l'angle du trouble à l'ordre public qu'il représente, plus que de sa souffrance.» C'est un air du temps qui nous vient des Etats-Unis, selon Percebois : «L'application du libéralisme au champ sociétal».
«Scientiste». Les promoteurs de la pétition s'insurgent contre le caractère «scientiste» et «prédictif» des approches de l'Inserm et du ministre. «On sent les volontés d'instrumentaliser les soignants dans des démarches mécanistes qui visent à prévenir des comportements délinquants», explique le pédiatre Pierre Suesser. «Dépister le plus tôt possible la souffrance d'un enfant, tout le monde est pour ! Mais quand on regarde le contexte et qu'on lit le rapport Bénisti et les projets d'un certain Nicolas Sarkozy...», lance Pierre Delion, chef de service de pédopsychiatrie au CHU de Lille.
Dans quel monde veulent –ils nous faire vivre ?
Extraits d’un article de Libération paru le 28 février 2006, et autres analyses personnelles.