Lors de son dernier voyage à Rome, Nicolas Sarkozy dans son discours de Latran précise sa vision de la laïcité et la place de l’église catholique dans notre pays.
Je en ne vais pas faire le laïque (laïc,voir commentaire ci-après de BB) sectaire, mais sa vision m’inquiète cependant. J’ai trouvé remarquable l’analyse de Fiametta VENNER dans le Charlie hebdo du 28 décembre dernier.
Je retiens, que Nicolas Sarkozy privilégie la reconnaissance du fait religieux sur la reconnaissance des faits sociologiques. C’est une manière à peine détournée et très grave de se défausser de ses responsabilités républicaines. C’est une vision à l’américaine qui privilégie la charité au traitement des problèmes sociaux du pays.
A méditer.DH
Voyage à Rome, Sarkozy prie pour la laïcité
Même au Saint-Siège, le président veut tout faire en personne. En visite chez le pape, il a dît la messe.
Sarkozy a rapporté un souvenir de Rome : il a été fait « unique chanoine honoraire » de Saint-Jean-de-Latran par le pape, un titre conféré a tous les chefs d'État français depuis Henri IV. Benoît XVI a été filmé debout, faisant quelques pas vers son hôte, ce qui, d'après les observateurs du Vatican, signifie que Sarkozy compte pour l'Eglise. Sarkozy lui a tapoté sur l'épaule, tic que les observateurs du monde entier n'ont toujours pas réussi à interpréter.
D'aucuns pourraient penser que Benoît XVI reçoit indifféremment toutes les personnalités politiques. Non. L’été dernier, Condoleezza Rice avait demandé un entretien avec le pape. Refusé en raison de divergences sur l'Irak et le Da Vinci Code. Les évêques de France protestent contre la politique de Sarkozy en matière d'immigration, mais, pour Benoît XVI, cela n'a aucune importance : Sarkozy, c'est l'espoir de tourner la page de la laïcité à la française. Le secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, ne s'y est pas trompé en saluant dans son élection un « changement d'orientation » de la France .Lorsque Sarkozy était ministre de l'Intérieur, son interprétation de la laïcité « positive » a été le cauchemar des associations antisectes et des laïques refusant de voir l'« espérance spirituelle » remplacer l'« espérance sociale ». Exit la surveillance de la scientologie. Les Témoins de Jéhovah pouvaient même s'enorgueillir de recommandations du chef du bureau des cultes.
Appelez-moi mon père. Aux laïcs, inquiets, les sarkophiles répondaient: « N'ayez pas peur, une fois président, il se conformera au statut. » Tu parles. L'homme qui, dans son livre La République, les religions et l'espérance (qu'il a offert au pape), voulait favoriser le fait religieux chrétien au détriment du fait sociologique, car, « pour fondamentale qu'elle soit, la question sociale n'est pas aussi consubstantielle à l'existence humaine que la question spirituelle », l'homme qui traitait les laïcs d'« intégristes », l'homme qui souhaitait que « partout en France, et dans les banlieues plus encore [...], il est bien préférable que des jeunes puissent espérer spirituellement plutôt que d'avoir dans la tête, comme seule religion, celle de la violence, de la drogue ou de l'argent », cet homme-là n'a pas disparu.
Comme il l'avait promis, il souhaite aujourd'hui « revaloriser » les racines chrétiennes de la France. Au Latran, il a ainsi appelé à « l'avènement d'une laïcité positive, qui tout en veillant à la liberté de pensée, à celle de croire ou de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout ». Il a promu la laïcité « positive », plus ouverte au fait religieux, plus favorable aux nouveaux mouvements spirituels, c'est-à-dire aux sectes... Cette laïcité, contrairement à la laïcité française, qui ne reconnaît ni ne salarie aucun culte, permettrait de subventionner massivement les religieux pour qu'ils aient, à égalité, la possibilité de s'exprimer. Un peu comme aux Etats-Unis. Et, pour ceux qui n'auraient pas bien compris, il a enfoncé le clou : « Je veux dire, par ma présence ici, que nous avons besoin de la contribution de l'Église catholique comme des autres courants religieux et spirituels pour éclairer nos choix et construire notre avenir. »
En novembre 2005, devant le Mouvement national des élus locaux réuni à Levallois-Perret, Sarkozy déclarait : « Tout l'argent mis par les gouvernements de gauche et de droite depuis vingt ou trente ans dans les politiques de la Ville a été en partie détourné par une économie souterraine qui a pollué l'économie réelle dans ces quartiers. Les religieux, eux, ne coûtent pas un euro et ramènent l'espoir. » Message entendu : face à l'effondrement des services publics dans certains quartiers sensibles, l'enseignement catholique a fait savoir qu'il souhaitait « installer des antennes dans les zones sensibles »...
FIAMMETTA VENNER, Charlie Hebdo n°810 du 28/12/2007