La CFDT a interpellé les candidats à l'élection présidentielle sur les sujest qu'il lui semblent importants. Certains ont répondu, Nicolas SARJKOZY a fait le choix lui de ne pas répondre... les salariés apprécieront.
Voici les réponses apportées par jean-Luc MELENCHON aux questions précises de la CFDT.
Allez on lâche rien !!!
DH
Cher camarade,
Je vous remercie pour votre courrier qui m’interpelle sur la politique que le Front de Gauche entend mener face à la crise économique, sociale, écologique et démocratique que traverse la France.
Le Front de Gauche estime qu’une Révolution citoyenne est devenue nécessaire face à la captation méthodique du pouvoir par la finance. Sa légitimité découle de l’exercice de la démocratie aujourd’hui menacée.
C’est pourquoi, il est important que des acteurs de la démocratie sociale, comme la CFDT, s’engagent dans le débat public en interpellant les politiques.
Vous trouverez ci-jointes les réponses du Front de Gauche à vos interrogations.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations les plus sincères.
Jean-Luc Mélenchon
Défendons la cohésion sociale, réduisons les inégalités.
Quelles mesures à court et moyen termes comptez-vos prendre dès votre entrée en fonction pour limiter la précarité et relancer l’emploi ?
Notre premier objectif est l’éradication de la précarité. Notre première mesure sera la titularisation de l’ensemble des précaires de la fonction publique. Dans le secteur privé, nous instaurerons des quotas dans les entreprises (5% pour les grands groupes et 10% pour les TPE/PME). Le CDI sera de nouveau la norme et non l’exception. Enfin, le temps partiel sera supprimé sauf demande formelle de l’employé.
Les 35h effectives seront pleinement appliquées et le recours aux heures supplémentaires sera strictement limité.
A moyen terme, nous recréerons les 180000 postes de fonctionnaires que la droite a supprimé.
Nous relèverons le défi de la catastrophe écologique en mettant en œuvre la planification écologique. Elle nécessitera la création de centaines de milliers d’emploi nouveaux.
Enfin, de très nombreux emplois seront sauvés et restaurés grâce à la relocalisation des emplois industriels.
Reviendrez-vous sur la mesure préjudiciable à l’emploi de défiscalisation des heures supplémentaires ?
Oui. Cette mesure s’inscrit dans la logique sarkoziste de « travailler plus pour gagner plus ». Elle sera, comme beaucoup d’autres, abrogée.
Au contraire de cette logique, le Front de gauche portera le SMIC à 1700€ bruts. L’ensemble des échelles de salaires devra être réévaluée en fonction de cette augmentation.
Quelles sont vos priorités pour encourager la socialisation des jeunes enfants, garantir à chaque jeune une qualification et lui permettre d’acquérir son autonomie ?
L’Ecole de la République doit être gratuite, laïque et permettre à tous les jeunes d’obtenir un haut niveau de qualification. Pour cela, nous porterons l’obligation scolaire de 3 à 18 ans. Cette décision porte en elle-même de nouveaux défis. Pour y faire face, nous rendrons à l’Ecole les moyens de remplir sa mission. Les postes supprimés depuis 2002 seront recréés. Les enseignants bénéficieront à nouveau d’une formation de qualité. La mixité sociale des enseignants sera assurée par la mise en place d’un pré recrutement.
Pour garantir l’égalité de chacun, l’Ecole sera pensée pour répondre aux besoins des élèves qui n’ont qu’elle pour réussir. Ainsi, le soutien scolaire, au lieu d’être sous-traité à des officines privées, sera une des nouvelles missions du Service public.
Au-delà, pour sortir les jeunes de la précarité, de la dépendance familiale et du recours au salariat pendant leurs études, nous créerons un statut social pour tous les jeunes permettant leur autonomie. Nous mettrons en place un système d’allocations financées, pour les jeunes en formation, par la solidarité nationale, et pour ceux en recherche d’un premier emploi, par la Sécurité sociale professionnelle. Ces contrats sécurisés de formation et d’emploi ouvriront droit à la prise en charge des cotisations sociales afin entre autres d’inclure les années de formation dans la durée de cotisation pour la retraite.
Quelle politique du logement mènerez-vous, avec quelle régulation de la hausse des loyers et de l’immobilier ?
Il n’y a pas assez de logements en France, notamment sociaux. Aujourd’hui, selon la Fondation Abbé Pierre, il y a 10 millions de personnes qui sont touchées par la crise du logement. 1,2 million de ménages sont en attente d’un logement social. 685 000 personnes sont privées de domicile personnel et 133 000 sont sans domicile fixe.
La spéculation foncière et immobilière entraîne une flambée des prix dans le privé. Les locataires, notamment les précaires et les travailleurs pauvres, ne peuvent plus payer de tels loyers. Le logement révèle et aggrave ces inégalités sociales croissantes.
Cette situation résulte de l’illusion que le marché libre peut répondre seul aux besoins de logement. L’Etat a abandonné le logement social. Il a laissé les loyers augmenter de manière excessive.
En urgence, nous bloquerons et baisserons les loyers. Nous interdirons les expulsions locatives et appliquerons la loi de réquisition pour répondre au plus pressé.
Ensuite, nous agirons pour que soient construits les logements manquants pour faire face aux besoins (200 000 par an pendant 5 ans). Nous relèverons la dépense publique en faveur du logement dans le budget de la nation à 2% effectifs du PIB. La vente des logements HLM sera interdite et les sanctions à l’égard des communes qui ne respectent par la loi SRU renforcées.
Quelles mesures d’urgences prendrez-vous pour répondre aux inégalités notamment dans l’accès au soin ou encore la pénurie des offres de garde d’enfants ?
Pour garantir l’accès aux soins, nous abrogerons la loi Bachelot et reviendrons sur les fermetures des lieux de santé qui augmentent les inégalités territoriales et donc sociales.
De plus, pour garantir l’accès de tous à la santé, nous établirons le remboursement des besoins de santé à 100 % par la Sécurité sociale, y compris les lunettes, les soins et prothèses dentaires et auditives.
Face à la pénurie des offres de garde d’enfant, le Front de Gauche mettra en place un service public de la petite enfance. Il s’agit de mettre en œuvre la veille bienveillante à laquelle ont droit tous les enfants sans aucune distinction de quelque nature que ce soit.
Comment envisagez-vous de garantir à tous un haut niveau de protection sociale ? Lancerez-vous dès 2012, avec les acteurs concernés, l’étude d’une réforme systémique des retraites ?
Dans ce domaine également, nous reviendrons sur les contre réformes du gouvernement. Nous abrogerons les lois remettant en cause la protection sociale, par exemple l’augmentation des jours de carence, la conditionnalisation des allocations chômage…
Le financement de la Sécurité sociale sera assuré à partir des cotisations sur les salaires, avec une modulation et une contribution sur les revenus financiers des entreprises, des banques et des assurances.
Nous réformerons les retraites et les partenaires sociaux seront bien évidemment impliqués dans ce processus. Nous rétablirons également le droit à la retraite à 60 ans à taux plein (75 % du salaire de référence) pour toutes et tous avec la prise en compte de la pénibilité de professions particulières donnant droit à des départs anticipés. Aucun salarié ne touchera de retraite inférieure au Smic. Le financement des retraites sera assuré en particulier par une cotisation nouvelle sur les revenus financiers des entreprises, au même taux que les cotisations employeurs sur les salaires. L’accroissement du taux et de la masse des cotisations patronales sur les salaires sera modulé en fonction des choix de gestion de ces entreprises.
Aucun recours à la fiscalisation des retraites ou de la protection sociale ne sera opéré pour leur financement.
Entendez-vous mener une réforme globale de la fiscalité devenue aujourd’hui incontournable et sur quelle base ?
Plus qu’une simple réforme, c’est une révolution fiscale qui est nécessaire pour partager enfin des richesses et permettre au grand nombre de vivre dignement de son travail. Il s’agit de récupérer les 10 points du PIB (190 MM€) qui en 20 ans sont passés des mains des salariés à celles des actionnaires.
Nous abolirons l’ensemble des niches fiscales. Il est inacceptable que, grâce à elles, les entreprises privées du CAC 40 ne soient taxées qu’à 3 % alors que les PME le sont à 30 %.
Nous rendrons à l’impôt sur le revenu son rôle redistributif. Nous créerons 14 tranches et le taux d’imposition de la dernière, au-delà de 30000€/mois, sera de 100% afin de fixer une limite à l’enrichissement personnel.
Dans le même temps, les revenus du capital seront taxés au même niveau que ceux du travail.
Au regard de la situation actuelle des finances publiques, quelles mesures prendrez-vous pour maîtriser la dette et comment ferez-vous participer les contribuables les plus aisés à l’effort collectif ?
La dette publique est utilisée comme un prétexte pour imposer une politique néolibérale qui met en péril la cohésion sociale.
Beaucoup de candidats placent la finance au premier plan en assurant vouloir « rassurer les marchés ». Nous, au contraire, voulons remettre « l’Humain d’abord ». La crise frappe aujourd’hui les plus démunis. Mettre en œuvre une politique d’austérité serait injuste socialement mais aussi inefficace économiquement. L’exemple dramatique du peuple grec que l’on martyrise est là pour le prouver. C’est au contraire une politique de relance et de solidarité qu’il faut mettre en œuvre.
Les contribuables les plus aisés seront mis à contribution par la révolution fiscale que nous avons déjà évoquée.
Inventons un nouveau mode de développement
La crise économique et sociale actuelle occulte la catastrophe écologique. Pourtant, les constats alarmants de mise en péril de l’écosystème se multiplient. Le Front de Gauche propose d’y répondre grâce à la planification écologique.
Face à la tyrannie du productivisme, nous proposons la planification écologique comme moyen de redéfinir nos modes de production, de consommation et d’échange en fonction de l’intérêt général de l’humanité et de l’impact de l’activité économique sur l’écosystème. Elle permettra de préciser les orientations et les investissements publics nécessaires pour enclencher une transition écologique et promouvoir un développement humain durable créateur d’emplois et facteur d’égalité sociale. Elle s’appuiera sur un plan écologique débattu et voté au Parlement, assorti d’une loi de programmation financière. Les partenaires sociaux seront pleinement associés à ce travail de planification écologique qui sera mené au sein de d’assemblées du niveau national au niveau local.
Pour répondre à ces défis, un grand programme de formation sera mis en place pour accompagner l’apparition de nouveaux métiers et permettre la reconversion des travailleurs. Nous revaloriserons les filières professionnelles et technologiques. Nous créerons également un service public de la formation professionnelle.
Loin de toute « flexicurité », nous sécuriserons les parcours de chacune et de chacun dans l’emploi et la formation avec une continuité de revenu tout au long de la vie.
Dans ce cadre, nous porterons des stratégies de filières dans des secteurs émergents et stratégiques, intégrant recherche, innovation, développement, formation et production pour réduire par exemple la consommation d’énergie par l’isolation du parc ancien des bâtiments, ou encore dans le domaine des transports collectifs et de l’aménagement des espaces de vie.
Les emplois créés s’inscriront dans la lutte contre la précarité (quota de CDD par entreprise, réglementation stricte des stages, etc.). De plus, nous réformerons le code du travail pour réaffirmer le principe de hiérarchie des normes, pour qu’aucun accord de branche ne puisse être moins avantageux pour les salariés que la loi. Car entre le faible et le fort, c’est la liberté qui opprime et la loi qui libère.
Nous avons besoin d’une Europe laïque, indépendante, de paix et de solidarité internationale. Une Europe qui agisse pour mettre fin aux ingérences impérialistes et néocolonialistes. Une Europe qui s’engage pour le respect des droits des peuples.
Cette Europe devra mettre en œuvre une harmonisation sociale par le haut. Mais une telle politique est incompatible avec les traités actuels et avec le Mécanisme européen de stabilité.
Conformément au mandat qui nous aura été donné par le peuple français pour mettre en place une politique de gauche, nous organiserons un référendum pour fixer une listes des directives européennes auxquelles nous désobéirons.
Construisons un pacte social
Le programme du Front de Gauche l’Humain d’abord, souhaite mettre l’Humain au centre de l’action politique. L’implication populaire est indispensable pour réussir la révolution citoyenne que nous souhaitons réaliser. C’est pourquoi le Front de Gauche convoquera une Assemblée constituante pour établir une 6ème République. Il faut en finir avec la monarchie républicaine de la Vème qui donne tous les pouvoirs à un homme et réduit pour l’essentiel le rôle du peuple à voter sur une personne une fois tous les 5 ans.
Entre deux élections, le pouvoir peut gouverner sans le peuple voire contre lui comme nous l’avons vu ces dernières années sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Dans cette situation, les intérêts privés les plus puissants s’en donnent à cœur joie. C’est l’oligarchie qui gouverne. Pour restaurer une démocratie véritable, il est temps de fonder une nouvelle République.
La Constitution que nous défendons réaffirmera les droits sociaux : droit à l’emploi et au travail, à la santé, au logement, à l’éducation, à la protection sociale.
Elle renforcera les pouvoirs du citoyen là où il travaille, en reconnaissant la citoyenneté d’entreprise : nous instaurerons des droits nouveaux pour les salariés dans l’entreprise, et le statut des grandes entreprises sera redéfini en tenant compte de leur responsabilité sociale. Le pouvoir économique ne sera plus entre les mains des seuls actionnaires. Les salariés et leurs représentants seront appelés à participer aux choix d’investissement des entreprises en tenant compte des priorités sociales, écologiques et économiques démocratiquement débattues.
L’avis favorable des représentants du personnel ou des comités d’entreprise sera obligatoire pour toutes les décisions stratégiques. Nous instaurerons un droit de veto suspensif sur les licenciements et l’obligation d’examiner les contre-propositions présentées par les syndicats.
Le droit de grève et de se syndiquer, la liberté d’expression seront confortés. Les CE se verront reconnaître des droits étendus d’expertise, de contrôle, de proposition et de décision. Les délégués syndicaux interentreprises dans les TPE seront reconnus, et nous agirons pour l’extension des droits des « Comités de groupe » au niveau des groupes européens.
Dans les entreprises publiques, le droit des usagers sera reconnu et exercé.
Nous créerons de nouveaux domaines d’intervention populaire : citoyenneté d’entreprise, conseils de quartiers avec des budgets participatifs, consultation populaire par référendum avant toute privatisation de service public.
Nous proposerons un débat public national immédiat sur la politique énergétique en France.
Ce grand débat devra permettre la remise à plat des choix énergétiques et du nucléaire et préparer le remplacement des énergies fossiles. Il se déroulera sous contrôle citoyen de l’information jusqu’à la prise de décision et se terminera par un référendum.