Il y a très longtemps que je dis qu'un accident majeur sur une centrale de la vallée du rhône aurait des conséquences majeures pour la France. Imaginez qu'il ne soit plus possible d'aller de Paris à Marseille via Lyon, car l'autoraoute serait coupée ! Et ce n'est qu'un des petits problèmes pratiques que nous aurions à résoudre.
On ne parle même pas d'un grave problème sur la centrale proche de Paris...
Ceci dit, l'Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire (IRSN) commence à évaluer les couts d'une telle catastrophe... Je conteste d'aborder le problème par une approche purement économique, par si cela peut émouvoir nos dirigeants, alors pourquoi pas !
Je vous conseille la lecture de l'article des Echos sur le sujet...
DH
L'IRSN a évalué l'impact d'un accident nucléaire « grave » ou « majeur » en France.
Son coût irait de 120 à 430 milliards d'euros.
L'Autorité de sûreté nucléaire le répète souvent pour appuyer sa doctrine : « L'accident nucléaire est possible en France. » Presque deux ans après la tragédie de Fukushima, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui joue un rôle d'expert public sur les risques liés à l'atome, a présenté, hier soir au centre de recherche de Cadarache (Bouches-du-Rhône), ses travaux sur « le coût d'un accident nucléaire ». Ceux-ci s'appuient sur une étude présentée en novembre lors du forum Eurosafe à Bruxelles. Cette étude évalue l'impact économique pour la France d'un accident grave (niveau 6 sur l'échelle Ines) à 120 milliards d'euros, et celui d'un accident majeur (niveau 7, comme Tchernobyl ou Fukushima) à 430 milliards d'euros. Des coûts sans commune mesure avec l'explosion de l'usine AZF ou le naufrage de l'« Erika », évalués autour de 2 milliards d'euros. Un tel accident serait de fait inédit en France : le plus grave, intervenu à Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) en 1980, a été classé au niveau 4. Un accident de niveau 6 correspondrait à une fusion du coeur du réacteur, suivie de rejets radioactifs « contrôlés ».
Sur les 120 milliards d'euros, le premier poste serait, paradoxalement, un « coût d'image » (47 milliards d'euros), lié à une chute du tourisme et des exportations agroalimentaires. Le deuxième (44 milliards d'euros) correspondrait à une forme de transition énergétique accélérée : un accident réduirait la durée d'exploitation des centrales de dix ans, estime l'étude. Le coût global, qui représenterait 6 % du PIB, soit de « trois à six années de croissance » serait ainsi plus national que local. Alors que les associations antinucléaires rappellent que la centrale de Nogent-sur-Seine (Aube) n'est qu'à 100 kilomètres de Paris à vol d'oiseau, « les écarts de coût en fonction de la localisation existent mais ne sont pas majeurs », note l'étude.
« Une catastrophe européenne ingérable »
Dans ce type d'accident, le nombre de « réfugiés radiologiques » serait limité à 3.500 personnes, ce qui constitue la grande différence avec un accident de niveau 7. Des rejets radioactifs « massifs » impliqueraient par contre le départ de 100.000 personnes de la zone contaminée, avec un nombre « élevé » de cancers. Ainsi, alors qu'un accident de niveau 6 serait « un désastre national […] néanmoins gérable », un accident de niveau 7 deviendrait « une catastrophe européenne ingérable », notamment parce que les conséquences économiques pour les populations touchées seraient massives (110 milliards d'euros).
Avec un impact global dépassant 400 milliards d'euros, la seule référence comparable serait celle d' « une guerre régionale ». En novembre, l'opérateur de la centrale de Fukushima, Tepco, a indiqué que les seuls chantiers de décontamination et le dédommagement des populations touchées pourraient coûter 100 milliards d'euros. La publication de ces recherches, destinées aux « gestionnaires de crise et aux autorités de sûreté », intéresse aussi les antinucléaires, qui estiment que cette technologie entraîne une forme de concurrence déloyale en n'intégrant pas le coût d'une assurance contre son risque.
Véronique Le Billon