Fukushima, on n’en parle plus et pourtant… C’est un « Tchernobyl japonais » comme le rappelle un article de l’Humanité, qu’on ne peut pas accuser d’anti-nucléaire…
DH
Fukushima, un véritable tchernobyl japonais
Variant suivant les zones touchées de 300 000 à 30 000 000 becquerels par mètre carré, la contamination aux césiums 134 et 137 égale celle des territoires les plus atteints d’Ukraine.
La catastrophe de Fukushima égale-t-elle dans son ampleur celle de Tchernobyl ?
Pour l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), « la comparaison est pertinente ». À l’appui de cette affirmation, l’institut cite des niveaux de contamination observés dans la zone d’évacuation de 20 kilomètres autour de la centrale japonaise et au-delà qui atteignent ceux des territoires ukrainiens et biélorusses les plus touchés par la catastrophe de 1986. La cartographie des retombées établie sur la base de mesures réalisées par les experts du département de l’énergie des États-Unis pour le compte des autorités japonaises ne laisse aucun doute. Elle dessine une large bande de territoire longue de plusieurs dizaines de kilomètres, située au nord-ouest de la centrale et fortement contaminée au césium 134 et au 137. Les taux de radioactivité mesurés y varient de 300 000 becquerels par mètre carré pour les plus faibles jusqu’à 30 000 000 becquerels par mètre carré pour les plus élevées.
Les populations qui vivent dans les zones contaminées sont exposées à un double risque. Celui d’une irradiation externe en cas d’exposition au rayonnement du césium 134 et du 137 et celui d’une irradiation interne en cas d’ingestion d’aliments contaminés. « Les doses reçues par jour peuvent s’avérer très faibles. C’est la durée d’exposition qui pose problème », explique Didier Champion, directeur de l’environnement à l’IRSN. « Pour la première année, une personne exposée à un rayonnement lié au césium 134 et 137 de 600 000 becquerels par mètre carré accumule une dose de 10 millisieverts. » C’est la moitié moins que la dose annuelle autorisée pour un travailleur du nucléaire intervenant en zone contaminée mais c’est une dose à laquelle il convient de ne pas exposer des personnes fragiles comme les femmes enceintes ou les enfants.
Didier Champion précise que si un événement comparable à celui de Fukushima se produisait en France, l’IRSN conseillerait au gouvernement d’évacuer les populations vivant dans les zones contaminées par du césium 134 et 137 dès lors que le seuil de 600 000 becquerels serait atteint. L’application de cette règle par le Japon devrait conduire à évacuer des populations qui vivent au-delà de la zone de 20 kilomètres autour de la centrale. Selon un rapport de l’IRSN et cité par l’AFP, 70 000 personnes, dont 9 500 enfants de moins de quatorze ans, seraient ainsi concernées. Le rapport attire particulièrement l’attention sur le sort de 26 000 habitants qui risquent d’être exposés à une dose annuelle supérieure à 16 millisieverts.
Interrogé sur la mise en cause au Japon et en Europe de la sincérité des informations délivrées par les autorités japonaises et concernant les niveaux de contamination et les zones concernées, Didier Champion se montre sceptique. « La carte de la contamination au césium a été dressée par les Américains », explique-t-il. Quant aux mesures de radioactivité effectuées à Tokyo par des laboratoires indépendants, il juge les écarts avec celles annoncées par le gouvernement nippon pas suffisamment importants pour justifier un doute.
La situation peut-elle encore s’aggraver ? Tout dépend de la capacité de Tepco à sécuriser les piscines de stockage du combustible usé et les réacteurs endommagés de la centrale de Fukushima afin d’empêcher toute nouvelle contamination. L’opération devrait prendre encore plusieurs mois mais les autorités japonaises et Tepco espèrent parvenir à juguler les rejets radioactifs d’ici à juillet.
Pour en savoir plus :