Le blog politique de Didier HACQUART, Maire adjoint PS à Vitrolles (2002 - 2008). Après 5 années de gestion MEGRET Vitrolles est retourné dans le giron Républicain après l'élection partielle d'octobre 2002 ! Fin 2008 je quitte le PS pour le Parti de Gauche.
Un petit résumé de l’assemblée citoyenne vitrollaise avec Michel HUSSON…
DH
Michel Husson. « L'austérité fabrique les déficits »
Économiste et membre d'Aftac. Michel Husson était en visite à Vitrolles où il a participé à une assemblée citoyenne organisée par le Front de Gauche avec son candidat aux législatives, Jean-Claude Labranche (Gauche Unitaire).
La Marseillaise. Quelle est votre réaction après la décision d'augmenter la TVA prise par Nicolas Sarkozy ?
Michel Husson. C'est une mesure inefficace et dangereuse. Elle est présentée comme une réponse au problème de compétitivité mais aura pour conséquence l'augmentation des prix des produits internes comme importés ce qui réduira d'autant le pouvoir d'achat. C'est pourquoi cette décision accentue les risques de récession.
La Marseillaise. Vous êtes signataire du manifeste des « économistes atterrés ». De quoi s'agit-il ?
Michel Husson. De nombreux économistes très divers se sont réunis pour dire ensemble que les politiques menées par les gouvernements en Europe sont absurdes. En somme, on fait de l'austérité pour réduire les déficits mais l'austérité provoque en réalité la récession qui… accentue les déficits. L'exemple de la Grèce est frappant à cet égard : après deux ans d'austérité, la situation des finances publiques est encore pire. L'austérité fabrique les déficits.
La Marseillaise.Préconisez-vous une révision des missions de la Banque Centrale Européenne ?
Michel Husson. Bien sûr, c'est le point central. Aujourd'hui, les pays européens n'ont pas le droit de faire financer leur dette par leurs banques centrales. Elles peuvent en revanche prêter aux banques privées qui ensuite octroient des prêts aux États à des taux plus élevés, ce qui les rend totalement dépendants des marchés financiers. C'est un verrou absolu aux politiques qui déplairaient aux marchés. Mais dire que les banques centrales doivent pouvoir financer directement les États n'est pas particulièrement révolutionnaire, aux États-Unis c'est ce que fait la Réserve fédérale.
La Marseillaise. Faut-il pour cela sortir de l'euro ?
Michel Husson. Ca ne résoudrait absolument pas la question que je viens de soulever. Si on sort de l'euro mais que l'on reste dépendant des marchés financiers, les problèmes seraient même accentués. Car notre dette est libellée en euros, si nous en sortons ce sera pour dévaluer le franc, ce qui augmentera donc mécaniquement la dette. Par ailleurs, des attaques spéculatives contre le franc seraient à prévoir. La véritable question est de sortir de la dépendance aux marchés.
La Marseillaise. Votre dernier ouvrage s'intitule « le capitalisme en 10 leçons »(*), quelle est votre analyse de son état de crise aujourd'hui ?
Michel Husson. Le capitalisme est dans une impasse. Il n'existe pas une pression suffisamment forte pour le faire revenir à son état régulé qu'on a connu pendant les trente glorieuses mais la fuite en avant néolibérale ne peut se poursuivre : elle a fait entrer le capitalisme dans une crise très profonde. Pour tenter de le remettre à flots, une offensive sans précédents contre les modèles sociaux en Europe est en cours. La crise de la dette est l'occasion pour les néolibéraux d'opérer une thérapie de choc. Ce qui permet d'affirmer que si Nicolas Sarkozy est réélu, il mènera un programme de casse encore plus violent.
La Marseillaise. Vous vous engagez avec le Front de Gauche. En quoi ouvre-t-il pour vous une perspective de transformation sociale ?
Michel Husson. En tant qu'économiste, je dirais que le Front de Gauche apporte la seule réponse cohérente et proportionnée à l'ampleur de la crise qui a été provoquée par un déplacement de la répartition des richesses en faveur des rentiers et au détriment des salariés. En abordant la question clef de la répartition des revenus, en proposant de changer radicalement les règles du jeu, le Front de Gauche offre un chemin pour dégonfler la place énorme prise par la finance dans l'économie.
Propos recueillis par Léo Purguette (La Marseillaise, le 12 février 2012)
(*) « Le capitalisme en 10 leçons ». La Découverte, coll. Zones. 256p. 16€.