Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

Référencement

Il y a actuellement  

  personnes connectées à Over-Blog dont  

  sur ce blog
  Blogue Parade - L'annuaire des blogues francophones - BlogueParade.com

 

Wikio - Top des blogs - Politique

Archives


Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
2 janvier 2007 2 02 /01 /janvier /2007 08:54

 



La France n’est pas l’Allemagne. Ceci dit la recomposition de la Gauche en Allemagne à travers le Linskpartei (« Parti de la Gauche ») est une expérience intéressante. J’ai retrouvé cette interview d’Oskar LAFONTAINE et de Grégor GYSI d’Août 2005 sur leurs motivations. C’est à méditer à plus d’un titre…

 
 
DH
 


« Le LINKSPARTEI, une force politique contre l’air du temps néolibéral » (*)

 
 

Entretien avec Gregor Gysi et Oskar Lafontaine, les figures de proue du Linkspartei. (1)

 
 


À quoi attribuez-vous la percée du Linkspartei (parti de gauche) dans les sondages (2) ?

 
 

Oskar Lafontaine. Les partis concurrents sont pour des coupes dans les salaires et les retraites, pour la réduction des prestations sociales et acceptent de participer à des guerres illégales du point de vue du droit international (allusion au déploiement de soldats allemands en Afghanistan NDLR). Il existe beaucoup de gens en Allemagne qui ne veulent pas de cela. Ces gens misent maintenant sur la nouvelle gauche.

 
 


Vous devez votre succès à la concurrence politique ?

 
 


Oskar Lafontaine. Et au besoin d’alternative qui en résulte. Nous sommes pour que les salaires progressent au rythme des gains de productivité. Nous sommes pour que les retraites soient à nouveau augmentées et non pas constamment amputées. Nous sommes pour que l’État providence soit pris en charge comme dans d’autres grands pays industriels. Nous sommes pour une politique qui mise sur la diplomatie et la redistribution sociale et non sur les bombes.

 
 


Gregor Gysi. Nous sommes la seule force politique à se positionner contre l’air du temps dominant, sur le plan culturel, intellectuel mais aussi économique et social. Les gens sentent que nous élargissons le spectre politique. Nos électeurs se réjouissent de cela parce qu’ils veulent une alternative.

 
 


Les autres partis vous abordent personnellement en se livrant à des campagnes de diabolisation et de haine. Inattendu ?

 
 


Gregor Gysi. Les attaques se sont faites un peu moins virulentes à mon encontre et se concentrent aujourd’hui bien davantage sur Oskar Lafontaine. Il est une personnalité à la foi fascinante et contestée. Mais la diffamation n’aura pas d’effet.

 
 


Oskar Lafontaine. Si cette campagne demeure au niveau où elle se trouve aujourd’hui, celui des injures, cela signifie seulement que l’adversaire politique manque d’arguments. Il est incapable de répondre autrement quand je fais le constat qu’aussi bien l’actuel gouvernement que le camp conservateur sont favorables à la mise en œuvre de coupes dans les salaires, les retraites et les dépenses sociales et qu’ils entendent favoriser les hauts revenus et les fortunes. Parce que ce constat est vrai. Nous allons faire part de nos arguments alternatifs.

 
 


Gregor Gysi. Quand je siégeais au Bundestag, j’ai dû affronter plus de haine que jamais dans ma vie. Un jour cependant les autres partis ont dû se résoudre à ce qu’il existe un PDS à l’Est qui, au niveau national, rassemblait autour de 5 % des électeurs. Aujourd’hui, nous avons une nouvelle situation : Oskar Lafontaine est pour eux un tout autre cas. Je ne suis pas vraiment un des leurs, mais lui si. Il fut le président du SPD. Et il construit maintenant avec nous un parti, à gauche de la social-démocratie, qui peut devenir un acteur politique d’un poids plus important que le PDS, seul, n’aurait jamais eu la chance de devenir. C’est cela que l’élite politique en Allemagne a apparemment grand-peine à digérer.

 
 


Démissionner du gouvernement jadis, pour Oskar Lafontaine, n’a-t-il pas constitué une fuite des responsabilités ?

 
 


Oskar Lafontaine. Le reproche ne m’a pas été fait, en tout cas au sein du SPD. Quand on n’est pas d’accord avec une politique, alors il faut partir. La ligne du programme gouvernemental de la première coalition SPD-Verts qui porte les signatures de Schröder, de Fischer et de moi-même a été rompue tout autant avec la participation à la guerre du Kosovo qu’avec la réorientation complète de la politique économique et sociale. Cette rupture de parole, je ne pouvais pas l’assumer.

 
 


Que répondez-vous quand on vous reproche de représenter une politique passéiste, voulez-vous vraiment retourner aux années soixante-dix ?

 
 


Oskar Lafontaine. D’abord, peut-on vraiment le prendre comme un reproche ? Dans les années soixante-dix nous avions un très faible taux de chômage, nous avions des taux de croissance convenables et les bas revenus bénéficiaient d’une part croissante du bien-être commun. Oui, nous voulons à nouveau une politique de ce type car la politique des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix a échoué. Notre prétendu « passéisme » est tourné vers l’avenir et il vaut bien mieux que le véritable retour en arrière d’autres vers une économie sans droit des salariés.

 
 


Gregor Gysi. Nous faisons des propositions fiscales qui ont déjà été expérimentées et d’autres qui ne l’ont jamais été. Mais, ce qui est décisif, ce sont les réformes structurelles. Notre réforme des retraites alternative vise une assurance vieillesse solidaire, c’est un grand changement vers l’avant et non vers l’arrière. Avec notre proposition de remplacer les actuelles charges salariales par un prélèvement en fonction de la valeur ajoutée créée par les entreprises, nous privilégions les entreprises qui pratiquent une politique de l’emploi intensive. Cela aussi n’a rien à voir avec les temps anciens. Nous reprocher que nous refusons de bâtir l’avenir est absurde. Simplement nous ne croyons pas, comme d’autres peuvent le faire, que la fin du socialisme d’État justifie un retour en arrière vers le capitalisme de Manchester.

 
 


Le Linkspartei ne sera pas au gouvernement après le scrutin. Quelle influence réelle pourrez-vous exercer en tant qu’opposition pour contrer les conceptions néolibérales ?

 
 


Gregor Gysi. Depuis qu’il est devenu clair que nous parviendrions à nous présenter sous cette forme devant les électeurs, les autres partis se donnent beaucoup de peine pour afficher leur volonté sociale. Ils collent une affiche après l’autre vantant une politique sociale plus juste. Si on sait d’expérience que ce genre de promesses n’est pas franchement suivi de conséquences réelles, il serait réducteur de penser que l’on ne peut rien changer depuis l’opposition. Si le parti de gauche se renforce, la pression augmente sur les autres (...). Naturellement les conditions ne sont pas réunies aujourd’hui pour une participation gouvernementale. Il n’existe pas de partenaires qui auraient des objectifs semblables avec lesquels nous pourrions former une majorité. Aucun compromis n’est possible pour nous avec la réforme Hartz IV du marché du travail, l’agenda 2010 ou la participation à des guerres - là il y a seulement notre opposition. En 2009 la configuration pourrait être différente.

 
 


Des commentateurs disent que vos propositions sociales ne sont pas finançables ?

 
 


Oskar Lafontaine. Il n’existe pas de politique sociale solide sans qu’on fasse passer à la caisse les grands fortunés et les hauts revenus (...). Comme nous sommes les seuls à proposer cela, nous avons aussi le seul programme sérieux dans notre riche pays (...). Si nous portons le taux de prélèvement des tranches les plus élevées de l’impôt sur le revenu à 50 %, cela signifie 10 milliards de recettes fiscales supplémentaires. Avec l’introduction d’un impôt sur les revenus boursiers pour réduire les spéculations quotidiennes sur les actions, d’autres milliards peuvent s’y ajouter (...). Avec ces propositions, nos ambitions sociales pourraient être facilement financées...

 
 


Où passe votre ligne de démarcation avec l’actuel SPD ?

 
 


Oskar Lafontaine. Les partis sociaux-démocrates - pas seulement en Allemagne - ont manqué leur examen de passage en ne sachant pas contredire le néolibéralisme. Willy Brandt avait attiré mon attention sur la question ouverte qui surgissait après que le contre-modèle du système communiste s’est écroulé. Le SPD actuel a évacué la réflexion sur le sujet et la recherche de réponses différentes et s’est, en tant que parti gouvernemental, rallié au modèle néolibéral.

 
 


Gregor Gysi. Gerhard Schröder n’aurait pas dû suivre Tony Blair.

 
 


Oskar Lafontaine. La nouvelle gauche s’est créée pour développer un contre-modèle au concept de développement néolibéral. C’est notre rôle historique. Dans les débats actuels, il est affirmé que la politique redistributive est dédiée seulement à l’État. C’est une erreur grossière. La redistribution commence quand les messieurs Ackermann (dirigeant de la Deutsche Bank NDLR), Schremp (Daimler Chrysler) et les autres managers marchandent combien de millions ils obtiennent et quand les actionnaires des firmes décident à quelle hauteur doivent se situer leurs gains. Une minorité de la société s’accapare de bien trop gros morceaux de ce qui est le fruit du travail commun. Une distribution juste doit être engagée dans l’économie avant de solliciter l’État. La nouvelle gauche est pour cette réorientation.

 
 


Réduire l’influence de l’extrême droite n’est-ce pas aussi une mission particulière du parti de gauche ?

 
 


Oskar Lafontaine. Pas particulière mais évidente. Nous voulons dissuader les gens de voter à l’extrême droite. Il nous faut différencier entre les fanatiques extrémistes et les gens qui votent pour eux uniquement parce qu’ils ne voient pas d’alternative dans les partis établis. Ces gens-là, nous voulons les gagner.

 
 
 


(1)
Extraits d’une interview conjointe parue dans Neues Deutschland - 31 Aout 2005

 


(2)
Le LINKSPARTEI obtiendra 8,7% des voix aux législatives et 54 Députés

 
 
 
 
Partager cet article
Repost0
Published by Didier HACQUART - dans La Gauche Antilibérale