Le blog politique de Didier HACQUART, Maire adjoint PS à Vitrolles (2002 - 2008). Après 5 années de gestion MEGRET Vitrolles est retourné dans le giron Républicain après l'élection partielle d'octobre 2002 ! Fin 2008 je quitte le PS pour le Parti de Gauche.
Comment peut-on être Président de la république et avoir une telle méconnaissance des dossiers ?
Nicolas Sarkozy prétend parler du social et critique allégrement le modèle français en s’appuyant sur l’exemple de nos collègues allemands, alors qu’il n’y connait rien !
C’est inquiétant…
Libé rétablit la vérité sur les 35 heures en France et en Allemagne…
DH
35 heures : le roman allemand de Sarkozy
DESINTOX
Le Président de la République, qui s'est distingué en inventant un bouclier fiscal allemand, fait la preuve qu'il ne connaît pas non plus l'histoire sociale du voisin d'outre-Rhin
«Lorsque la France a connu les 35 heures, les syndicalistes allemands ont dit: “Les 35 heures en France, c’est une bonne nouvelle pour les ouvriers allemands.”»
Nicolas Sarkozy le 21 octobre lors d’une table ronde en Eure et Loir
INTOX
Dire du mal des 35 heures est un plaisir que Nicolas Sarkozy se refuse rarement, y compris quand cela n’a rien à voir avec le sujet de ses interventions. Le 21 octobre, lors d’une table ronde avec les maires ruraux d’Eure-et-Loir, le Président s’est ainsi laissé aller à une digression sur son sujet favori : «Quand on est les seuls au monde à expliquer qu’en travaillant trente-cinq heures, on préservera nos emplois, nos cadres de vie et nos salaires, on a menti aux Français. D’ailleurs, les syndicalistes allemands, lorsque la France a connu les 35 heures, ont dit : "Les 35 heures en France, c’est une bonne nouvelle pour les ouvriers allemands."»
DESINTOX
La France du gouvernement Jospin et de «sa lubie» des 35 heures aurait donc été coupée du monde, jusqu’à être raillée par les syndicats allemands, ravis de pouvoir tailler des croupières aux ouvriers français ? Le tableau dressé par Nicolas Sarkozy reflète bien mal le contexte dans lequel la France a mis en place son dispositif de réduction du temps de travail, à partir de 1999.
L’objectif de la semaine de trente-cinq heures était largement partagé par les syndicats européens : lors de son congrès de 1999, la CES (Confédération européenne des syndicats) adopte ainsi une résolution dans laquelle elle s’engage à «poursuivre l’objectif de la semaine de trente-cinq heures et toute autre forme de réduction du temps de travail».
Pis, en décidant de s’appuyer sur l’exemple du voisin allemand pour ridiculiser le choix français, Nicolas Sarkozy prend le plus mauvais exemple. Les syndicats allemands n’ont pas moqué l’incongruité de l’initiative française des 35 heures, pour la bonne raison qu’ils l’avaient initiée dans leur propre pays bien avant les lois Aubry. L’idée de créer - ou de préserver - des emplois en réduisant le temps de travail a été allemande avant d’être française.
En 1984, après sept semaines de grèves dans la métallurgie et treize dans l’imprimerie, le syndicat allemand de la métallurgie IG Metall obtenait le passage progressif à la semaine de trente-cinq heures dans la sidérurgie, l’imprimerie et la métallurgie. Dans les années qui suivirent, bon nombre d’accords prévoyant un passage de quarante à trente-huit ou trente-cinq heures furent signés. Fin 1993, Volkswagen lança la semaine des quatre jours, soit trente-deux heures.
Mieux, en 2002, suite à la généralisation de la réduction du temps de travail à l’ensemble de l’économie française, Frank Bsirske, président du plus grand syndicat allemand, Ver.di (représentant le secteur tertiaire), déclarait au quotidien Die Welt que la semaine des trente-cinq heures devait être introduite «le plus tôt possible» en Allemagne, parce qu’elle répondait aux souhaits des actifs, et qu’elle permettait de combattre efficacement le chômage. L’année suivante, IG Metall lançait une grève - qui sera un échec - pour la mise en place des 35 heures dans l’ex-Allemagne de l’Est.
Au milieu des années 2000, la crise aidant, le mouvement s’inverse outre-Rhin. Les patrons de certaines entreprises industrielles obtiennent alors des syndicats un allongement de la durée du travail en échange de la préservation de l’emploi. Il n’empêche : l’Allemagne fait encore partie, comme les Pays-Bas, des pays européens affichant une durée moyenne du travail inférieure à celle de la France. Selon l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), la durée annuelle moyenne du travail en 2007 était de 1 559 heures pour les actifs français, contre 1 432 heures en Allemagne.
Par Cédric MATHIOT / Libé.fr (05/11/10)