Pour mieux connaitre l’histoire
politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre
disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à Vitrolles.
Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème
"l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette
rubrique sera renseignée au fil du temps.
Il se trouve que j'ai rejoint la Ligue des Droits de l'Homme, il y a peu de temps. Cela a été l'occasion pour moi, de participer à la cérémonie de dépôt de gerbe le 10 décembre, en mémoire de René CASSIN.
J'ai été très choqué par les propos tenus le même jour par Bernard Kouchner. Au-delà de la polémique avec Rama Yade, qui ne m'intéresse guère, c'est sa déclaration sur le fait que les droits de l'homme s'accommodent mal du caractère gouvernemental d'un secrétariat d'Etat.
En clair, pour lui, il y a incompatibilité avec droits de l'homme et pratique gouvernementale. C'est très grave de penser cela. C'est encore plus indigne de sa part, lorsque l'on connaît son parcours. Encore un qui vieillit bien mal. C'est à partir de tels raisonnements que l'on finit par accepter les pires infamies.
Pour lui, mais il n'est certainement pas le seul à penser cela, la « real politique » s'accommode mal des droits de l'homme. « Les affaires sont les affaires », et c'est sans doute cela qui doit primer sur tout ? Je ne le pense sincèrement pas.
Récemment, des collègues de travail s'inquiétaient des retombées possibles de la rencontre de Nicolas Sarkozy avec le Dalaï Lama. Ils craignaient des annulations de commandes. Je ne soutiens pas Sarkozy et je ne suis pas dupe de son action, tout comme je ne suis pas béat devant le Dalaï Lama, Pour autant, en politique, il faut savoir donner des signes.
Pour les affaires, de toute façon les chinois ont autant besoin de nous que nous deux, alors...
Dominique Méda est une vraie intellectuelle qui se penche depuis des années sur le travail.
A l’heure du « travailler plus pour gagner plus » elle revient sur les 35 heures. A titre personnel, je suis toujours interloqué au sujet des 35 heures entre le discours officiel qu’il « faut » tenir dans les entreprises vis-à-vis des chefs et des collègues au sujet des 35 heures, et la réalité de ce que pensent réellement les salariés dans leur for intérieur… Si on eut admettre que certains placent le travail au centre de leur vie, la grande majorité a d’autres pôles d’intérêt et c’est heureux !
A l’heure de la recherche de rentabilité comme seul intérêt et objectif de toute entreprise, la remarque de Dominique Méda détonne un peu : «Nous ne ferons pas une Europe puissante avec des salariés mal formés, mal payés et terrorisés». C’est tellement évident que c’est très souvent oublié dans les entreprises…
A méditer…
DH
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Dominique Méda : «Nous ne ferons pas une Europe puissante avec des salariés mal formés, mal payés et terrorisés».
Dominique Méda, bête à concours (École normale supérieure, agrégation de philosophie, ENA...) qui parvient dans la minute à nous le faire oublier, bataille en marge (dans des laboratoires de recherches excentrés)sur l'essentiel (faut-il perdre sa vie à la gagner?). Elle est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages, dont celui qui la fit découvrir en 1995 : Le Travail. Une valeur en voie de disparition (Ed. Aubier [Alto], rééd. Flammarion, Champs, 1998). On lui doit également le Que sais-je? sur Le Travail et elle a publié en 2008 Au-delà du PIB. Pour une nouvelle mesure de la richesse (Ed. Champs-Actuel).
S'étant beaucoup exprimée dans la presse et dans les colloques au moment des lois Aubry sur la réduction du temps de travail, Dominique Méda est parfois perçue comme la madone de la RTT. Il était donc tentant d'interroger cette chercheuse conjuguant l'expertise et le débat civique sur des pistes et des espoirs (in)validés par la crise, sept ans bientôt après l'échec électoral de Lionel Jospin, qui devait sonner en France le glas des 35 heures...
Votre vision du «temps libéré du travail» n’a plus le vent en poupe comme il y a dix ans…
Certes ! Même si je n’ai jamais mis les mains dans la mécanique des 35 heures, on m’a longtemps prise pour leur inspiratrice. Je terminais mon livre sur le travail par un appel à réduire la place qu’il occupait dans notre vie. Je pensais qu’il nous fallait à la fois organiser l’accès de chacun, hommes et femmes, à l’emploi et l’accès de tous à des activités essentielles au bien-être : les activités politiques, qui permettent la détermination des conditions de vie communes, et les activités dites de «care» : de soins aux proches, notamment aux jeunes enfants. Travailler tous et travailler mieux, telle était ma position.
Circonscrire la place du travail, c’est aussi une façon de limiter l’emprise de la production et de la consommation dans nos vies individuelles et dans notre vie sociale: c’est reconnaître que le travail est une activité essentielle, à la fois comme possible expression de soi et comme lien social, mais que la vie en société ne peut pas se résumer à produire. Les sociétés ne vivent pas que d’échange de biens et services mais aussi de parole, et de soins, d’activités qui ne consistent pas nécessairement à mettre la nature en coupe, à transformer, à mettre sous la forme d’un prêt à consommer pour l’autre.
Plus que jamais, il me semble que nous devons organiser de la place pour ces autres activités essentielles à la reproduction de la société (et en cela je suis en plein accord avec Habermas qui attire notre attention sur les risques d’une dépolitisation de la société et du caractère automatique de son pilotage par de pures considérations économiques). Nous devons nous intéresser davantage à la qualité de l’emploi qu’à la quantité des heures de travail prestées (c’est ce qu’indiquent les théories actuelles du capitalisme cognitif) et prendre en considération les coûts de notre mode de croissance.
Prônez-vous la décroissance ?
Non. Mais nous devons à la fois changer les instruments avec lesquels nous mesurons la croissance, changer notre conception du progrès et nous doter de nouveaux outils pour piloter notre développement. C’est un anachronisme de rester les yeux rivés sur le PIB alors que nous savons que cet indicateur ne prend en compte ni des temps essentiels pour la société (il compte pour zéro les temps du care, du bénévolat, des tâches domestiques, des activités politiques, du loisir), ni la mauvaise répartition des revenus issus de la participation à la production, ni les dégâts que nous infligeons au capital naturel. Nous continuons à vivre les yeux rivés sur le PIB, nous continuons à exhiber ce seul indicateur dans les comparaisons internationales alors que nous devrions suivre les évolutions d’un agrégat beaucoup plus large.
La mise en place des 35 heures ne s’est pas appuyée sur ce type de réflexion, s’en tenant à des considérations «économicistes» (créer du travail). Il est vrai que mon essai de 1995, titré Le Travail, une valeur en voie de disparition, s’est télescopé avec celui de Jeremy Rifkin, La Fin du travail (La Découverte, 1996), à un moment où la France venait de connaître un chômage record. Ce choc n’aidait pas à tout repenser. Les Français montraient toute l’importance qu’ils accordaient au travail et je proposais d’en limiter la place ! Tous les conservatismes se sont alors rués pour jouer sur les incompréhensions ou les amertumes et enlever tout crédit à la gauche par rapport à ce qu’une reconquête idéologique de droite a baptisé «la valeur travail»…
Il importe en définitive de savoir si notre société (et quand je parle de société je parle d’une communauté dans un territoire donné, dont les membres ont consenti à vivre ensemble) est capable de s’inscrire dans la durée, de continuer à se développer, d’éviter de disparaître, engloutie par une pollution majeure, une guerre civile ou un conflit extérieur. D'où l'attention à porter aux facteurs susceptibles de dégrader la cohésion de notre société (de trop grandes inégalités) ou d’abîmer notre patrimoine naturel. Nous devons donc changer d’instruments de mesure et de guidage et développer de nouvelles politiques plus attentives à ces dimensions; mettre en œuvre un nouveau modèle de développement.
Il nous faut aussi profondément repenser aux interventions de notre État, envisager un nouvel État social, plus attentif à prévenir la formation des inégalités, plus capable aussi de susciter ce dont nous avons sans doute le plus besoin dans la compétition mondiale : de la qualité, de la qualification, de l’intelligence, de la matière grise, de l’innovation. Vous le voyez, cela n’a que peu de choses à voir avec le nombre d’heures de travail.
Je rappelle d’ailleurs que, du point de vue de la durée hebdomadaire du travail, la France n’est en aucune manière la lanterne rouge que l’on dit puisque si l’on prend en considération le temps partiel – ce que l’on oublie toujours de faire comme par hasard – le Danemark, la Suède, les Pays-Bas, l’Allemagne, les Etats-Unis travaillent moins que nous ! Alors cessons de nous faire peur ! Notre véritable problème, c’est le taux d’emploi des seniors et aussi le taux d’emploi des femmes. On connaît la solution: améliorer les conditions de travail, développer ce que l’on appelle le « travail soutenable », faire en sorte que les femmes ne soient pas entravées dans leur accès à l’emploi par la prise en charge des tâches familiales et que les seniors n’arrivent pas hors de force à cinquante ans.
Souvenez-vous, après la mise en œuvre des trente-cinq heures, ce qui a commencé à se mettre en place, notamment au niveau européen, c’est l’idée de qualité de l’emploi. C’était selon moi le volet complémentaire à la politique de réduction du temps de travail. Car la gauche n’a pas eu le temps d’aller au bout: il y a eu réduction du temps de travail mais on sait que certaines entreprises n’ont pas joué le jeu, n’ont pas vraiment libéré des blocs de temps mais qu’elles ont flexibilisé et intensifié le travail. Ces difficultés auraient pu être corrigées. Et une politique de la qualité de l’emploi aurait pu se développer. L’histoire en a voulu autrement.
Mais l’implantation des 35 heures n’a pas su convaincre.
Je n’en suis pas sûre. Difficile, à l’époque et encore aujourd’hui, de tirer le «vrai» bilan des trente-cinq heures. Plusieurs enquêtes, faites au terme de la première loi «Aubry» (qui conditionnait l’obtention d’aide à des créations d’emploi et à une réduction du temps de travail opérée strictement), ont montré que plus de 60% des salariés étaient satisfaits. Mais l’expérience n’a pas été à son terme ! Les défauts n’ont pas pu être corrigés. Les volets qui auraient pu s’intégrer dans une politique plus globale (qualité de l’emploi, requalification, prise en compte des temps de formation, calcul du temps de travail sur l’ensemble de la vie) n’ont pas pu l’être.
Les fortes oppositions qu’a rencontrées cette idée n’ont pas permis, ou pas permis suffisamment, de mettre en bonne place la question de l’égalité hommes femmes et de présenter la réduction de la place occupée par le travail comme une occasion de rééquilibrer les tâches de production et de care dans notre société et au sein des couples, et de permettre à plus de femmes d’accéder à l’emploi dans les mêmes conditions que les hommes. Les enquêtes l’ont montré: la question du temps de travail et de son aménagement est centrale pour permettre aux femmes d’accéder à tous les emplois.
Sauf pour certains cadres sachant gérer leur temps libre et dotés des moyens afférents, la RTT fut donc un marché de dupes: travailler plus (réaliser en quatre jours ce qui en demandait cinq) pour gagner moins!
Je ne crois pas que l’on puisse dire cela. Oui, il y a des endroits où il y a eu beaucoup de flexibilité, oui, il y a des endroits où la RTT a entraîné de fortes perturbations (à l’hôpital par exemple), oui certains salariés ont subi de la modération salariale et parfois des baisses de revenus, mais comme le montrent les statistiques récentes de l’Insee, la durée hebdomadaire du temps de travail des salariés à temps plein est de 41h, 350.000 emplois ont été créés ou préservés, le dialogue social a pu entrer dans des entreprises (PME) ou des secteurs d’activité (le tertiaire) où il était jusqu’alors absent.
On peut cependant regretter que cette politique, qui visait à créer des emplois et à travailler tous et mieux, n’ait pas été une politique européenne, voulue par tous les pays de l’Union, qui auraient pu ainsi poursuivre un objectif de civilisation: organiser l’accès de tous les citoyens européens en âge de travailler à un emploi de qualité permettant à leurs pays de se positionner sur des produits à haute valeur ajoutée et s’imposant dans la compétition mondiale, non pas par le dumping, la baisse des coûts, le soutien aux emplois peu qualifiés (qui alimente une spirale générale de déqualification et de sous-qualification), mais par la qualité du travail, l’innovation, le développement d’organisations apprenantes et aux performances collectives élevées.
La dépression économique dans laquelle nous sombrons n’est guère propice aux tentatives éclairées.
Nous voyons effectivement aujourd’hui se développer sous nos yeux la concurrence, la surenchère dans la baisse des coûts, l’augmentation du travail temporaire et de la précarité. Comme l’a excellemment rappelé le Parlement européen en réponse à la communication de la Commission européenne intitulée «vers des principes communs de flexicurité», nous ne ferons pas une Europe puissante avec des salariés mal formés, précarisés, mal payés, craignant pour la sécurité de leur emploi. Voilà ce que montrent toutes les enquêtes dont nous disposons (par exemple l’enquête Eurobaromètre spéciale réalisée pour la Commission) : les Français sont non seulement ceux qui, dans l’Europe, apparaissent les moins satisfaits de leurs conditions de travail (salaires, perspectives de promotion…), mais aussi ceux qui craignent le plus de perdre leur emploi et de ne pas en retrouver un équivalent. Est-ce vraiment avec des salariés terrorisés que l’on fait de bonnes organisations, de la performance, des produits de qualité ? Non !
Prenons au pied de la lettre l’idée d’Europe de la connaissance. C’est sur la connaissance, le savoir, la qualification de la main-d’œuvre que va se jouer la survie de l’Europe. C’est en imitant les pays scandinaves, leur capacité à allier de hauts niveaux de protection sociale et de bonnes performances économiques, avec des conditions de vie relativement égalitaires que nous deviendrons plus forts, plus performants et plus capables d’inventer les nouveaux produits (la voiture propre?) dont nous avons besoin.
Face à la déflagration économique, l’Europe devrait donc aller un cran plus loin : coordonner son action, adopter une politique budgétaire commune, lancer un grand emprunt, miser sur la qualité, l’innovation, le capital humain. Elle a la taille critique pour influencer le reste du monde et entraîner dans ce mouvement les Etats-Unis d’Amérique gouvernés par les démocrates.
N’est-ce pas faire preuve d’irénisme ?
Considérez l’état de la France, avec son taux de chômage, son sous-emploi, sa précarité, sa modération salariale. Son état d’esprit rejoint celui des anciennes démocraties populaires d’Europe orientale, selon l’Eurobaromètre 2007. Ce sentiment de peur, c’est lui qui pousse à consentir au travail le dimanche et qui oblige à vouloir travailler sans relâche, à n’importe quelles conditions. Cet effondrement d’une approche qualitative, au profit d’une conception du travail comme simple marchandise, est aux antipodes des attentes de nos concitoyens.
Paradoxalement, ces attentes sont immenses, comme le montrent les enquêtes européennes : les Français sont ceux qui ont les plus fortes attentes envers le travail. De lui ils attendent presque tout : un salaire mais aussi l’expression et la réalisation de soi, la possibilité de travailler en groupe, dans une équipe bien liée. C’est en France que les personnes sont les plus nombreuses à dire que, pour elles, le travail est important. Et pourtant, c’est aussi en France que le plus de personnes disent qu’elles souhaiteraient que le travail prenne moins de place. Pourquoi ? Parce que les relations sociales sont exécrables. Les conditions d’exercice du travail sont jugées déplorables et empêchent de mener à bien les autres activités. La confrontation entre ces attentes et la réalité du travail provoque d’énormes frustrations. Les citoyens en viennent à craindre les institutions censées les protéger (alors que les démocraties nordiques maintiennent leur confiance en des structures étatiques et entrepreneuriales jugées bienveillantes).
Comme l’ont magnifiquement montré Roger Godino dans Réenchanter le travail (La Découverte) ou Isabelle Ferreras dans Critique politique du travail (Presses de Sciences-Po), il nous faut repenser en profondeur non seulement la place du travail dans notre société, mais aussi les conditions de son exercice et la manière dont les salariés doivent être pleinement associés à la gestion de l’entreprise. Cela ne pourra se faire qu’au sein d’une Europe forte, pleinement consciente que son modèle est fondé sur la qualité de l’éducation, des personnes, du travail et des produits et qu’il nous faut désormais sortir d’une conception totalement archaïque de la richesse et du développement.
Il faut une nouvelle potion, il faut tenter de l’expliquer et de se faire entendre : ce n’est pas de l’irénisme, c’est de la pédagogie.
C’est aujourd’hui, le 60ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’Homme.
Alors qu’aujourd’hui, certains principes semblent parfois oubliés, dans un monde dominé par la finance, et la logique du profit à court terme, il n’est pas me semble – t-il inutile de les rappeler. Peut –on espérer un autre monde recentré sur l’homme ?
Le 1er décembre 2008, Stéphane Hessel, co-rédacteur de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, était l’invité des Amis de l’Humanité et des Amis de l’hebdomadaire La Vie. Au cours de la première partie, il nous parle de l'adoption des Droits de l'Homme, puis dans la seconde partie, il aborde les sujets actuels de l'immigration, de Chefs d'Etat tel que N. Sarkozy, G. Bush, et enfin, bien sûr, d'Israël et de la Palestine...
Déclaration universelle des droits de l’homme (10 décembre 1948)
Le 10 décembre 1948, les 58 Etats Membres qui constituaient alors l’Assemblée générale ont adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme à Paris au Palais de Chaillot (résolution 217 A (III)). Pour commémorer son adoption, la Journée des droits de l'homme est célébrée chaque année le 10 décembre.
Préambule
Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde.
Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme.
Considérant qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression.
Considérant qu'il est essentiel d'encourager le développement de relations amicales entre nations.
Considérant que dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes, et qu'ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande.
Considérant que les Etats Membres se sont engagés à assurer, en coopération avec l'Organisation des Nations Unies, le respect universel et effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Considérant qu'une conception commune de ces droits et libertés est de la plus haute importance pour remplir pleinement cet engagement.
L'Assemblée Générale proclame la présente Déclaration universelle des droits de l'homme comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives d'ordre national et international, la reconnaissance et l'application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction.
Article premier
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Article 2
1. Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
2 .De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.
Article 3
Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
Article 4
Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Article 5
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Article 6
Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique.
Article 7
Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.
Article 8
Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi.
Article 9
Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.
Article 10
Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.
Article 11
1. Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées.
2.Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis.
Article 12
Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.
Article 13
1.Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat.
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.
Article 14
1. Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays.
2. Ce droit ne peut être invoqué dans le cas de poursuites réellement fondées sur un crime de droit commun ou sur des agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies.
Article 15
1. Tout individu a droit à une nationalité.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité.
Article 16
1.A partir de l'âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution.
2. Le mariage ne peut être conclu qu'avec le libre et plein consentement des futurs époux.
3. La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l'Etat.
Article 17
1. Toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété. 2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété.
Article 18
Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.
Article 19
Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.
Article 20
1. Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques. 2. Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association.
Article 21
1. Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis.
2. Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions publiques de son pays.
3. La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s'exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote.
Article 22
Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays.
Article 23
1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.
2. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal.
3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.
4. Toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.
Article 24
Toute personne a droit au repos et aux loisirs et notamment à une limitation raisonnable de la durée du travail et à des congés payés périodiques.
Article 25
1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.
2. La maternité et l'enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciales. Tous les enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de la même protection sociale.
Article 26
1. Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.
2. L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix.
3. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants.
Article 27
1. Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent.
2. Chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l'auteur.
Article 28
Toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration puissent y trouver plein effet.
Article 29
1. L'individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seule le libre et plein développement de sa personnalité est possible.
2. Dans l'exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun n'est soumis qu'aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d'assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d'autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l'ordre public et du bien-être général dans une société démocratique.
3. Ces droits et libertés ne pourront, en aucun cas, s'exercer contrairement aux buts et aux principes des Nations Unies.
Article 30
Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant pour un Etat, un groupement ou un individu un droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés.
Ouf, nous pouvons être rassurés… Malgré la crise rien ne change et ne doit changer pour les (bonnes) affaires. Vive l’économie de marché, et la concurrence libre et non faussée, qui seules avec l’aide de l’Etat quand cela dérape, peut sauver le monde !
Laurence Parisot et ses collègues du patronat mondial, n’ont vraiment aucune figure. D’un autre coté, pourquoi se gêner, puisqu’ils vont trouver des appuis de poids avec Sarkozy et Barroso pour que rien ne change pour eux…
DH
Les patrons des patrons défendent leur business (*)
Réunis au MEDEF, à Paris, les leaders des organisations patronales des pays les plus riches se mettent d’accord pour ne rien changer au système.
« Avec toutes nos organisations, nous représentons plus de 70 % du PIB mondial », fanfaronne Laurence Parisot. « Et 80 % des investissements dans le monde entier », ajoute un peu plus tard le pantagruélique Jurgen R. Thumann, président du patronat allemand. Après quelques mois difficiles, les dirigeants des organisations patronales des pays les plus riches veulent reconquérir le terrain perdu avec la crise. Ce jeudi soir,
Ils sont reçus par Nicolas Sarkozy, à l’Élysée, et vendredi, ils communiqueront leurs revendications à José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne. Aux yeux du MEDEF et de ses cousins états-uniens, canadiens, japonais, russes, allemands, britanniques et italiens, il s’agit, après avoir sollicité à cor et à cri les secours publics au secteur bancaire et à l’industrie, d’écarter les hypothétiques prétentions des gouvernements à contrôler les marchés financiers et les entreprises.
« Nous sommes tous convaincus que seule l’économie de marché permet la création de richesses, le développement et l’innovation, se félicite Laurence Parisot. Seules les entreprises peuvent réellement sortir nos économies de la récession. Certes les États ont un rôle, notamment quand il s’agit de sauver et de bien faire fonctionner les marchés financiers. Mais en aucun cas, ils ne doivent intervenir dans les entreprises. »
Derrière ce refrain néolibéral, parfaitement intact malgré l’explosion systémique actuelle, les patronats des pays les plus riches se montrent très soudés, en particulier pour inciter les États membres de l’Organisation mondiale du commerce à conclure le cycle de négociations de Doha. « Ce serait une façon de marquer la préférence de tous pour les échanges économiques et une manière de montrer notre refus de tout protectionnisme », insiste la présidente du MEDEF. Bon bougre, Tom Donohue, président des chambres de commerce des États-Unis, se dit prêt à enfreindre les principes élémentaires de l’économie de marché pour sauver l’industrie automobile : « Si, à court terme, et de manière ciblée, il faut aider la filière, on soutiendra cette initiative, mais nous sommes tous d’accord pour refuser un engagement des États à long terme dans les industries automobiles. »
On peut critiquer Hugo Chavez. D'ailleurs, il est intéressant d'analyser qui le critique le plus farouchement. Son modèle de développement social dérangerait - il ?
Mais, l'Amérique du Sud ce n'est pas l'Europe, mais Hugo Chavez démontre qu'un autre modèle est possible. Il mène une vraie politique de redistribution des richesses de son pays envers les plus pauvres. C'est une vraie démarche de solidarité qui va à l'encontre de tout ce qui se passait jusqu'à lors. Il invente ou réinvente un « autre modèle »....
Au Venezuela, le pétrole rejaillit sur la population (*)
Soixante litres pour 1,50 euro, pourboire compris ! Les Vénézuéliens règlent le plein d'essence avec la ferraille sortie de leurs poches, et remplissent les réservoirs des 4 x 4 flambant neufs qui engorgent le centre de la capitale pour un prix inférieur à celui d'une bouteille d'eau.
En République bolivarienne du Venezuela, le carburant est subventionné à 98 % par l'Etat et les 700 000 barils par jour consommés dans le pays sont vendus à un coût symbolique par rapport au marché. Le reste de la production quotidienne, évaluée à 2,4 millions de barils, est exporté au prix fort - à 70% vers les Etats-Unis - et alimente les fabuleuses réserves en devises du pays. Ainsi la Banque centrale finira-t-elle l'année avec 39 milliards de dollars (30 milliards d'euros) en caisse, tandis que les réserves du Fonds de développement national (Fonden), un organisme gouvernemental créé en marge du système financier traditionnel, se monteraient à 25 milliards de dollars.
Peut-être bien plus mais «personne ne connaît les vrais chiffres», déplore Rafael Muñoz, économiste dans une banque internationale et professeur à l'université centrale du Venezuela. Et de préciser : «Depuis cinq ans, le gouvernement a mis en place une gestion fiscale parallèle hors de tout contrôle. Ce qui lui permet de financer d'énormes dépenses publiques largement vers le social. De fait, toute l'économie est subordonnée à l'objectif politique.» Le tour de passe-passe s'effectue à travers Petróleos de Venezuela SA (PDVSA), entreprise nationale qui reverse une partie de ses bénéfices au Fonden. Puis le fonds distribue l'argent aux misiones créées dans les zones les plus pauvres, en faveur de l'éducation, de la santé, de l'alimentation, de la rénovation de l'habitat, de «banques populaires» ou de coopératives ouvrières.
Bidonvilles. D'après les estimations des experts, 85 milliards de dollars auraient été affectés en cinq ans aux programmes d'aide, une première dans un Venezuela habitué à la coexistence paisible entre l'arrogante richesse des beaux quartiers et la misère des ranchitos (bidonvilles) qui les cernent. On peut y ajouter les dizaines de milliards de dollars affectés par le gouvernement du président Hugo Chávez à l'aide internationale, dans le souci d'exporter sa «révolution» (rachat d'une partie des dettes argentine et équatorienne, aide à la Bolivie, fourniture de pétrole bon marché à Cuba, au Nicaragua, au Honduras...).
Arsenal. Arrivé au palais Miraflores, l'Elysée local, il y a dix ans avec un baril à 7 dollars, Chávez a bénéficié d'un boom pétrolier qui lui a permis de financer ses projets vers «le socialisme du XXIe siècle», de payer les salaires de 3 millions d'employés d'Etat, de s'offrir un arsenal militaire russe et chinois et... de rester populaire. Mais la chute des cours, liée à la récession mondiale, est un coup de semonce à Caracas. Le budget 2009 a été calculé sur la base d'un baril vénézuélien à 60 dollars alors qu'il en cote aujourd'hui moins de 45 (1). Le Venezuela plaide donc au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, avec l'Iran, pour une nouvelle réduction de la production d'un million de barils par jour pour soutenir les cours. C'est la position ce samedi au Caire lors de la réunion du cartel.
«Cette réduction devra intervenir avant la fin de l'année», estime Rafael Ramírez, ministre vénézuélien de l'Energie, soucieux de maintenir un pétrole élevé «pour les riches» afin de continuer à remplir les caisses de l'Etat. D'autant que son pays, dont la croissance moyenne annuelle flirte avec les 10 %, doit faire face à une forte demande interne de biens de consommation. La production nationale hors pétrole étant «ectoplasmique», cette demande est satisfaite par les 48 milliards de dollars annuels d'importations. Viande, sucre, farine, café, mobilier, habillement, électroménager, la plupart des articles vendus dans les magasins des grandes villes sont importés à grand renfort de pétrodollars. Le Venezuela de Chávez ne peut pas se permettre une chute prolongée du brut.
(1) Inférieur de 5 dollars au cours du brut léger en raison des difficultés de raffinage.
Libération.fr du 29/11/08, CARACAS, envoyé spécial GÉRARD THOMAS
En lisant Le Monde dans l'avion, il y a quelques jours, en voyage professionnel sur Paris, je suis tombé sur une présentation du livre de François RUFFIN : « La guerre des classes ».
A priori, le titre du livre ne me paraissait pas vraiment intéressant, voire d'un autre âge. En fait après avoir lu cet article, je me suis très vite procuré le livre que j'ai dévoré en quelques heures.
François Ruffin, remet en fait les pendules à l'heure. Son déclic lui est venu d'une phrase du milliardaire Warren Buffet :
« Il y a une guerre des classes, c'est un fait, mais c'est ma classe, la classe des riches, qui la mène, et nous sommes en train de la gagner »
(Le New York Times du 26 novembre 2006).
Et oui ! A force de tout comprendre et de tout accepter, on finit par oublier ou nous faire oublier certains fondamentaux... Manifestement « de l'autre coté », la lutte continue !
Je vous conseille donc ce livre.
Il se trouve que l'auteur, a fait de très bons articles (est-ce le hasard ?) sur EADS, sujet que je connais particulièrement bien pour le vivre de l'intérieur. Il est de Picardie, et connait manifestement bien la problématique Aéronautique, via sa proximité avec l'usine AIRBUS de Méaulte.
"La Guerre des classes", de François Ruffin : pour en finir avec la gauche molle (*)
ll y a des mots tellement horribles qu'il faut posséder la liberté d'impertinence d'un milliardaire pour les prononcer. Il revenait donc au premier d'entre eux, l'homme le plus riche du monde, Warren Buffett, de révéler une vérité inconvenante : "Il y a une guerre des classes, c'est un fait, mais c'est ma classe, la classe des riches, qui la mène, et nous sommes en train de la gagner" (le New York Times du 26 novembre 2006).
Cette observation lucide est le point de départ du livre de François Ruffin. Il explore avec une verve caustique mais attristée ce mystère : pourquoi le terme de lutte de classes a-t-il disparu du débat politique, alors que l'évidence montre qu'il est plus actuel que jamais ?
Ce ne sont pas seulement les déclarations d'un milliardaire plus sincère que les autres qui légitime cette interrogation, mais aussi les études de la Banque des règlements internationaux (BRI), du Fonds monétaire international (FMI) ou de la Commission européenne, dûment référencées dans le livre et qui montrent que la part des profits, ou du capital, dans le partage de la richesse collective s'est singulièrement accrue, dans tous les pays occidentaux, depuis les années 1980, au détriment des revenus du travail.
La part de ceux-ci dans le produit intérieur brut a baissé dans les pays du G7 de 5,8 % entre 1983 et 2006. "Cette donnée majeure est quasiment effacée de la sphère publique, éclipsée dans les médias, à peine mentionnée par les politiques", observe François Ruffin, qui sait par ailleurs donner chair à cette statistique, en montrant notamment que cette redistribution des richesses au profit de l'oligarchie s'est opérée au détriment de la "génération des trentenaires précaires".
C'est surtout l'absence de toute référence à cette question par les partis de gauche - défenseurs supposés naturels des travailleurs - qui frappe l'auteur. Il analyse d'une plume chirurgicale les discours de Ségolène Royal, de Marie-George Buffet, plus larmoyante que combative, de Vincent Peillon, un champion de la langue molle. Comment s'explique cette démission de la gauche ? François Ruffin cite l'analyse d'Emmanuel Todd : "L'immobilité idéologique des enseignants (noyau du Parti socialiste) les a séparés de cet autre coeur sociologique de la gauche que constituent les ouvriers, qui eux subissent, depuis près de vingt ans, toutes les adaptations, tous les chocs économiques concevables."
Mais l'explication ne suffit pas, comme le montre le travail d'une chercheuse du CNRS, Josette Lefèvre, qui a analysé le vocabulaire syndical depuis plusieurs décennies et constaté que le terme de "classe" disparaît du discours, donc de l'analyse, dans les années 1980, non seulement du PS, mais aussi des syndicats ouvriers.
M. Ruffin ne prétend pas livrer une explication définitive, simplement souligner un trait majeur et mesurer l'épaisseur du silence à son propos. S'appuyant sur Jaurès bien plus que sur le marxisme, rappelant que le grand leader sut être révolutionnaire sans céder à ce qui allait devenir le léninisme, François Ruffin propose un point de départ : "S'il suffit de poser capital/travail pour rendre à l'univers social un peu de sa clarté, pourquoi s'en priver ? Pourquoi déchirer ce schéma, grossier, certes, mais efficace au moins pour mettre à nu cette offensive générale de l'argent contre les hommes ?"
Pour M. Ruffin, la refondation de la gauche ne peut se faire qu'en redéfinissant un socle commun d'intérêts. Il propose une grille de lecture sans doute insuffisante, mais qui s'appuie suffisamment sur les faits pour mériter une large réflexion chez ceux qui aspirent à changer les règles du jeu social et économique. Et les citations vigoureuses de l'humaniste socialiste Jaurès, d'une surprenante actualité, rappellent que l'on peut dénoncer l'âpreté de la lutte sociale sans tomber dans la dogmatique marxiste.
LA GUERRE DES CLASSES de François Ruffin. Fayard, 252 pages, 19 €.
"Chacun sait qu'il est interdit de déposer des détritus sur la voie publique. Question d'hygiène... Vous saurez dorénavant qu'il est également interdit de laisser traîner dans la rue des SDF sous une tente. Un SDF sans tente, c'est mortel par grand froid, mais c'est toléré. Un SDF avec tente, cela revient à "embarrasser la voie publique en y laissant des objets", c'est puni par le Code pénal, et ça coûte 12.000 euros d'amende devant le tribunal de police de Paris. Ou la confiscation des tentes, sans amende, car la justice sait varier ses peines. (*)
Quelle est la conclusion de l'affaire des délits d'initiés d'EADS ?
Quelles sont les mesures prises envers les banquiers qui ont mis à mal notre économie aujourd'hui, en s'en mettant plein les poches » ?
C'est bizarre, plus les sommes en jeu sont importantes, plus les personnes concernées sont « importantes » ( ?), plus cela semble compliqué... Evidemment, suivant ce principe il ne faut pas « rater les SDF ». C'est scandaleux, et attristant à la fois. Pendant ce temps là, mes amis du PS recomptent leurs voix...
On ne nous dit pas tout, ou Sarkozy et les fonds souverains
Le 20 novembre dernier, Nicolas Sarkozy a lancé les fonds souverains pour soutenir les PME. Pourquoi pas ?
Ce qui me choque, c'est l'exemple choisi de la société DAHER. En effet, cette société va recevoir 85 millions d'€ pour faire face à la crise. C'est la même société qui a racheté la filiale SOCATA d'EADS à Tarbes, il y a à peine quelques semaines.
Je trouve très « bizarre », que quelques semaines plus tard, que la société DAHER soit en recherche de financements. Les fonds souverains tombent donc à pic.
Je ce que je veux dire, c'est que le besoin de financement de DAHER, n'a strictement rien à voir avec la crise actuelle, et que l'on peut émettre des doutes sur l'opération de cession de la SOCATA par EADS...
Finalement, c'est l'Etat qui au travers du fond souverain et de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), finance pour DAHER, société privée le rachat d'une filiale d'EADS, dont il est actionnaire. Cherchez l'erreur ?
On en nous dit pas tout, mais il ne faut pas nous prendre pour plus idiots que nous sommes...
ATTAC décrypte le plan d'actions du G20. Cela ne fait que confirmer ce que beaucoup pensaient...
Pourquoi changer un système qui rapporte ? .....................A quelques-uns, bien sûr !
DH
Communiqué d'Attac France
Le nouveau consensus de Washington est arrivé
Le résultat de la réunion du G20 à Washington le 15 novembre 2008 est dérisoire et indécent. La déclaration adoptée par les gouvernements est un modèle du genre « réaffirmation des principes du néolibéralisme ». Pas un seul dogme ayant présidé à la financiarisation de l'économie mondiale qui a conduit à la crise n'est absent de cette déclaration finale.
Alors que la circulation absolue des capitaux, les innovations financières, le débridement des produits dérivés sont unanimement reconnus comme facteurs d'instabilité permanente, le G20 veut encourager « le développement des échanges de produits et services financiers » et faire en sorte que les institutions financières puissent « traiter des volumes croissants de produits dérivés ».
Se gargarisant de « régulation » à chaque page, le G20 ne prend aucune véritable mesure contre les paradis fiscaux et ne dit pas un mot du secret bancaire, auxquels pourtant beaucoup de chefs d'État ou de gouvernement affirmaient vouloir mettre fin.
Ne craignant pas la contradiction, le G20 affirme la nécessité d'éviter la récession, tout en appelant à « maintenir un cadre politique conduisant à la soutenabilité budgétaire », c'est-à-dire un cadre de rigueur
Faut-il s'étonner que le bilan de trente années de politiques néolibérales ne soit pas tiré ? La montée considérable des inégalités, consécutive d'une part à la forte diminution de la part de richesse produite allant aux travailleurs, et d'autre part à l'application de programmes d'ajustement structurel dans les pays du Sud, est totalement ignorée par le G20. Or le programme dit « de la valeur pour l'actionnaire », corollaire de la dégradation de la condition salariale, est la cause profonde de l'emballement de la finance et de sa crise.
Dans les années 1980 et 1990, les politiques néolibérales furent canonisées sous l'appellation de « consensus de Washington ». Aujourd'hui, on peut dire qu'un nouveau consensus de Washington vient d'être reformulé pour donner l'apparence de la nouveauté à ce qui n'est qu'une simple copie des préceptes qui ont conduit le monde au bord du désastre. L'effacement des dettes des grandes banques n'a posé aucun problème aux partisans du capitalisme, tandis que celui de la dette des pays du Sud attend encore de devenir une priorité.
L'Union européenne s'est-elle exprimée d'une voix originale dans ce concert ? Non, à l'unisson des autres grandes puissances, elle s'engage dans la poursuite des réformes structurelles du marché du travail, ainsi que l'a déclaré le Conseil des ministres des finances (Ecofin) du 7 octobre, réformes qui portent en germe l'aggravation de la situation du plus grand nombre, préparant ainsi les conditions d'une nouvelle crise avant même que l'actuelle soit jugulée. La « refondation du capitalisme », chère au président français qui est aussi le président en exercice de l'UE, n'est que l'habillage d'une nouvelle fuite en avant vers le chaos social. Après avoir fait la part belle aux banquiers et spéculateurs fauteurs de crise, les principaux gouvernements présents dans le G20 viennent de réaffirmer leur foi aveugle dans les bienfaits du marché roi et dans les vertus de la recherche de la rentabilité à tout prix. Le prix à payer sera celui de l'impossibilité de réduire la pauvreté et les inégalités et celui de l'impossibilité de mettre les sociétés sur une trajectoire de développement respectueux de l'environnement.
Avec l'ensemble du mouvement altermondialiste, Attac propose de mettre la finance au pas, de désarmer ses acteurs et d'inscrire les citoyens au cœur des procédures de décision. Alors que le G20 s'est fixé un nouveau rendez-vous en avril 2009, Attac s'engagera dans toutes les mobilisations sociales et citoyennes pour sortir du néolibéralisme, en exigeant notamment la taxation générale des transactions financières, la mise sous contrôle public du secteur bancaire et financier et un nouveau partage de la richesse produite. C'est possible et c'est maintenant indispensable rapidement.
Cela n'a pas vraiment fait la une des médias, si ce n'est quelques articles de presse.
C'est avec un peu de retard, mais je tenais à réagir à la « dernière du ministre Brice Hortefeux ». Organiser une conférence européenne sur l'intégration à Vichy, c'est un peu « gonflé » et à la limite de l'indécence. Quand de plus, le choix de la ville a été fait pour justement, la réhabiliter d'un passé lourd à porter, et dont les vichyssois ne sont en aucun ca responsables, c'est se moquer du monde.
En politique les symboles ont leur importance. Choisir Vichy, n'est pas le fruit du hasard, pour traiter d'un tel sujet. Ce gouvernement, ne recule devant rien, ni même le pire...
DH
Hortefeux le Vichyssois (*)
Le choix de Vichy pour la tenue de la conférence européenne sur l'intégration des immigrés est un symbole inquiétant dans une période de frénésie sécuritaire où le repli sur soi et la peur de l'autre constituent des traits dominants des politiques menées en France et en Europe.
Bien évidemment, il ne s'agit officiellement pas de réhabiliter le régime de Vichy mais de redonner à la ville de Vichy le lustre d'une agréable bourgade balnéaire. Brice Hortefeux n'est donc pas vichyste mais simplement vichyssois, du fait de ses origines auvergnates revendiquées. Il prétend que son initiative n'a aucun caractère politique. Qu'il soit permis d'en douter. Une vidéo mise en ligne sur Internet le montre en train d'affirmer, dans une réunion publique, qu'«on en a ras le bol de cette histoire du passé». Mais l'oubli de la politique criminelle du régime de Vichy ne lui paraît pas suffisant. Le Canard Enchaîné s'est récemment fait l'écho de ses tentatives, vaines jusqu'à présent, pour le débaptiser et le rebaptiser en «régime de Pétain».
La perspective adoptée ici vise à faire porter le chapeau à un seul et est donc diamétralement opposée à celle de Jacques Chirac qui reconnaissait solennellement, dans son discours du 16 juillet 1995, la responsabilité de la France dans la déportation des juifs.
Cette méconnaissance, délibérée ou non, de l'histoire n'a été rendue possible que par l'émergence dans le champ politique français d'un discours nationaliste initié par le Front National et repris à son compte par l'UMP. Il est temps de réagir avant qu'il ne soit trop tard, à la fois pour perpétuer la mémoire de grandes figures de la Résistance récemment disparues, comme Georges Guingouin et Germaine Tillion, et pour ne jamais oublier l'avertissement lancé par Bertolt Brecht : le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde.