Si vous hésitez sur le candidat qui représente le mieux vos idées, n’hésitez pas à faire ce petit test !
Pour moi, cela ce confirme, c'est FABIUS !!!!
Attention, le meeting avec Laurent FABIUS à Marseille le 13 novembre change de lieu :
Voir :
Pour mieux connaitre l’histoire
politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre
disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à Vitrolles.
Si vous hésitez sur le candidat qui représente le mieux vos idées, n’hésitez pas à faire ce petit test !
Débat socialiste du zénith à Paris
Dans la journée précédant le débat, Laurent Fabius avait regretté que celui-ci se tienne en présence des journalistes de la presse écrite mais sans caméras ni matériel d'enregistrement.
"C'est un paradoxe: on évoque les caméras au conseil des ministres et moi, je souhaiterais qu'il y ait aussi la presse, les médias dans les réunions de militants", a-t-il déclaré.
Le débat a donc eu lieu sans caméra et sans enregistrement à la suite d'une demande de Ségolène Royal et de son équipe de communicants.
Des camarades courageux attachés à la liberté de choix et au débat démocratique, ont bravé le service d’ordres pour enregistrer malgré tout ce débat et t'en faire profiter. Dès maintenant, tu trouveras l'enregistrement audio des trois interventions à cette adresse: http://www.dailymotion.com/Razzye/1
Le vent a tourné. Le débat entre candidats socialistes à l’investiture présidentielle, organisé jeudi 26 octobre à Paris, a marqué le retour des militants dans le débat. L’ambiance s’en est ressentie, le consensus apparent a volé en éclats. Dans cette terre majoritairement acquise à Dominique Strauss-Kahn, les slogans creux n’ont pas emporté l’adhésion des foules. Et la madone des sondeurs s’est faite huer à pas moins de neuf reprises.
Tout a bien commencé pour elle. Près de la moitié des 5 500 adhérents réunis au Zénith l’ont accueillie debout. Puis, la belle mécanique s’est grippée et la première incantation aux Désirs d’avenir a provoqué une bronca inédite dans ce genre de débats. Ce ne devait pas être la dernière.
Pourtant, la candidate du Nouvel Observateur avait pris soin de déminer le terrain. Après avoir déclaré, lors du deuxième débat télévisé, que le programme des socialistes n’était pas « un petit livre rouge », elle se l’est enfin approprié, déclarant : « Bien sûr que le programme du candidat sera le programme des socialistes ». Une réponse directe à Laurent Fabius. Dans son propos liminaire, le député de la Seine-Maritime a en effet lancé : « Des idées nouvelles jaillissent autour de nous et, notamment, chez nous. Je voudrais proposer ici l’idée la plus nouvelle : qu’en 2007 le candidat désigné par le PS applique le projet socialiste ».
Dans le même ordre d’idée, la présidente du Poitou-Charentes s’est réappropriée enfin la « République métissée » alors que, jusqu’à présent, elle vantait comme une « réussite » le modèle d’intégration britannique. Elle a aussi redécouvert les vertus de l’union de la gauche qu’elle a souhaité réaliser « dès le premier tour du scrutin présidentiel (sic) ».
Un recentrage bienvenu à quelques semaines du vote des militants. En marge du débat, un royaliste explique les raisons de cette nouvelle stratégie de la compagne du premier secrétaire du PS : « Tu vois quand même qu’il y a plus de points communs entre Fabius et nous ». Sous-entendu : il faut s’unir contre Strauss-Kahn. Cela, c’est sûr, c’est une forme de rénovation…
Las, la machine n’a pas pris au Zénith. Il faut convenir que la candidate malheureuse à l’investiture pour la mairie de Niort, dans les années 90, n’a pas paru à l’aise, débitant mécaniquement un discours truffé de formules creuses et d’incantations ; hochant, métronome, la tête de droite à gauche et de gauche à droite ; cherchant ses mots lorsqu’elle n’a pas buté dessus. Contraste saisissant avec l’enthousiasme quasi lyrique d’un Laurent Fabius et le ton patelin d’un Dominique Strauss-Kahn, définitivement roi dans son jardin d’Ile-de-France.
Les deux candidats socialistes ont décliné leur vision de la social-démocratie au 21e siècle. Dominique Strauss-Kahn a précisé : « Ma gauche, notre gauche, c’est une société de confiance, pas de surveillance », taclant ainsi les tentations sécuritaires à l’œuvre chez la championne de Julien Dray. Cette sortie faisait aussi écho à la volonté martelée par Laurent Fabius à propos des banlieues : « A un moment où nos banlieues, nos quartiers populaires sont stigmatisés, je veux rendre hommage à celles et ceux qui y habitent, aux associations qui y travaillent, aux élus qui s’investissent ». Les banlieues, la précarité et l’Europe étaient les trois questions choisies par les organisateurs du débat pour le structurer. Voire le corseter.
C’est ce qu’à déploré, d’ailleurs, le premier adjoint au maire de Sarcelles : « Je souhaiterais que les questions ne soient pas connues par avance ». Faut-il se rappeler que c’est l’équipe de la dame des Deux-Sèvres qui a insisté pour que tout soit préparé à l’avance. Ce qui ne l’a pas empêchée de déraper… « N’ayons pas peur du peuple », a-t-elle déclarée, face à des militants qui vont à la rencontre du peuple chaque semaine sur les marchés, au pied des immeubles ; qui s’investissent auprès des « sans papiers » comme à Cachan ; qui travaillent à éviter que les provocations de Sarkozy ne dégénèrent à Clichy ou à Bondy… Du coup, cette saillie a été accueillie par une nouvelle salve de lazzis.
Néanmoins, comme l’a salué Dominique Strauss-Kahn, « la politique a repris ses droits »au Zénith. Le débat a éclairé sur les différentes visions en présence. A la sortie, un jeune militant a déclaré à l’AFP : « On a eu deux discours de président de la République et un discours de présidente de région ». D’autres ont changé d’avis après avoir écouté les trois prestations. Ainsi, un militant cité par l’AFP, pro-Royal au début de la soirée, a évoqué la possibilité de voter finalement Fabius. Il faut reconnaître à l’ancien Premier ministre que sa conclusion a enthousiasmé une salle qui, initialement, lui a peu fait de cadeaux, le bousculant sur les questions liées à l’Europe.
Et si ce débat parisien constituait le tournant de la campagne ? En tous les cas, les masques sont tombés. Et le vernis médiatique ne protège plus la candidate de la Sofres.
Laurent FABIUS à Marseille
le 13 novembre 2006 à 18h00
ATTENTION CHANGEMENT DE LIEU :
L'AGORA DES SCIENCES
10 Place de
Entrée Euroméditerranée
13002 Marseille
Dans le cadre de la désignation du candidat PS à la Présidentielle, Laurent FABIUS organise une réunion publique à Marseille.
Que vous soyez déjà convaincu, que vous soyez encore hésitant, pour vous faire une meilleure idée personnelle, pour mieux connaître l’homme, pour confronter les choix de Laurent FABIUS avec ceux de Ségolène ROYAL et DSK, n’hésitez pas à venir !
Face aux communautarismes elle reste un des seuls lieux soustraits aux groupes de pression.
Par André LAIGNEL, Henri PENA-RUIZ
André Laignel maire (PS) d'Issoudun (Indre), secrétaire général de l'Association des maires de France, député européen, ancien ministre et Henri Pena-Ruiz philosophe, écrivain, ancien membre de la commission Stasi.
En République, tous les citoyens, athées, croyants, ou agnostiques, doivent jouir des mêmes droits. Cette égalité est la meilleure garantie de leur liberté. Elle implique la neutralité spirituelle des institutions publiques, ainsi dotées d'une légitimité authentique. Prétendre qu'il n'y a d'espoir que par les religions, comme le fait monsieur Sarkozy, c'est faire injure aux athées dont l'humanisme est source de valeurs autant que peut l'être la croyance en un dieu. Peut-on oublier que, dans la résistance à l'oppression nazie, sont tombés ensemble Honoré d'Estienne-d'Orves, «celui qui croyait au ciel», et Gabriel Péri, «celui qui n'y croyait pas» ?
Si la République laïque se refuse à tout privilège public des religions ou de l'athéisme, c'est pour mieux promouvoir ce qui importe à tous les hommes : justice, santé, instruction, culture. Les étourdis qui oublient la solidarité entre la défense des services publics et celle de la laïcité seraient bien avisés de se souvenir de l'action de madame Thatcher, qui détruisit les services publics en Angleterre et délégua la question sociale aux associations religieuses, invitées à suppléer par la charité aux carences d'un Etat désormais absent. Si la charité est respectable, elle ne peut tenir lieu de justice sociale. Justice sociale portée par la carte scolaire, mise en place depuis 1963, socle commun de l'égalité des chances. Les diverses déclarations qui s'en prennent à cet acquis sous prétexte de liberté de choix des parents entretiennent une grave illusion. On sait qu'une telle «liberté» est proportionnelle au niveau d'aisance sociale ou culturelle, et aboutit à remettre en cause la mixité sociale.
La neutralité laïque ne signifie nullement absence de valeurs fortes. Tout au contraire. Solidarité, fraternité, souci du bien commun sont à même de réunir tous les êtres humains, et non certains d'entre eux seulement. Cette portée universelle de l'idéal laïc est trop souvent méconnue. C'est dire que la croyance religieuse n'a pas à être mieux traitée que la conviction athée. Et réciproquement.
Le bien commun est aujourd'hui menacé. Et la laïcité également. Les grands services publics, et l'école laïque école de tous ouverte à tous donnent pourtant chair et vie à l'intérêt général et incarnent concrètement l'universalisme laïc, si essentiel dans une société guettée par les replis communautaristes. Ces services conçus pour le bien de tous et de chacun, méritent une attention et un soutien sans faille de la part des pouvoirs publics. L'école laïque, notamment, accueillant sans discrimination les croyants et les athées, les enfants de toutes origines, répond au beau mot de République, qui veut dire chose commune à tous. Il n'y a pas d'étranger dans l'école laïque : un enfant de l'école publique est un enfant de la République.
N'en déplaise à l'actuel ministre de l'Education, l'école laïque est bien par essence l'école de la République.Tenir la balance égale entre elle et l'école privée est peu républicain. L'école laïque, c'est l'école de la liberté, en un double sens : la liberté y enseigne et y est enseignée. La circulaire de Robien, prise en application de la loi du 13 août 2004 relative aux «libertés locales», modifie les règles de financement des frais de scolarité d'un élève inscrit dans un établissement confessionnel ou public situé en dehors de son lieu de résidence. En redéfinissant la nature des dépenses prises en compte dans le calcul du forfait communal, elle aboutit à leur alourdissement en faveur de l'enseignement privé.
Il est nécessaire, après trop de silence ou de renoncement tacite, de rappeler le principe de la priorité absolue des fonds publics pour l'école publique. Peut-on admettre qu'en France trop de communes soient encore dépourvues d'école publique ? Le rapport de la commission Stasi appelait à faire cesser cette injustice, qui traduit un manquement de l'Etat à ses devoirs. Il est également paradoxal que l'école publique manque cruellement de moyens pour encadrer plus efficacement les élèves, alors qu'en raison de la loi Debré de 1959 des crédits publics irriguent massivement les écoles privées sous contrat.
On ne peut, au nom du «réalisme», continuer à se satisfaire d'une situation où chaque recul en prépare d'autres. Une chose est d'affirmer la liberté des écoles privées à se développer. Autre chose est de se croire obligé de financer ce développement, en contradiction avec la tradition laïque et notamment la loi Goblet de 1886. L'argument selon lequel les écoles privées rempliraient «une mission de service public» est aussi irrecevable que celui qui conduirait à dire la même chose des milices privées. Il fut l'apanage invariable des partisans de l'école privée. Pourquoi ne peut-on l'admettre ? Parce que l'instruction publique n'est pas une «prestation» comme une autre, qu'il serait possible de déléguer comme on le fait de la construction d'un édifice ou de toute autre prestation matérielle. La nature de l'institution qui enseigne, et notamment celle des principes qui l'animent, importe en l'occurrence au plus haut point.
Il n'est pas vrai qu'une organisation privée, mue par la quête du profit ou le ressort du prosélytisme religieux puisse assumer aussi bien le service public d'instruction que l'école publique laïque, institution organique de la République dont Condorcet faisait le levier de l'émancipation générale et de la citoyenneté éclairée. Bien sûr, pour cela, il importe que l'école publique assume pleinement les missions que les familles sont en droit d'attendre d'elles. Elle ne le fait pas toujours, dira-t-on, et le réseau des écoles privées se trouve ainsi conduit à combler certaines de ses carences, notamment en matière d'encadrement des élèves. Il faut à l'évidence œuvrer pour élever la qualité du service public d'instruction et d'éducation, ce qui implique, entre autres, une priorité absolue des deniers publics pour l'école publique.
Les services publics doivent être à l'abri de toute accusation de partialité et de discrimination. La loi de 2004 interdisant de porter ostensiblement des signes religieux distinctifs à l'école a eu le mérite de rappeler les principes de la laïcité et de fixer clairement les barrières. La laïcité garantissant la liberté des consciences permet l'émancipation notamment des jeunes filles et des femmes, pour certaines enfermées dans des modèles sexistes. Garantir l'accès de toutes et de tous, garantir la mixité dans les pratiques culturelles, sportives, associatives, c'est faire vivre la laïcité. L'école laïque veut voir dans chaque enfant cette part d'universalité qui en fait un sujet porteur de droits égaux, sans distinction de sexe, d'orientation sexuelle, de culture d'origine, de conviction spirituelle. Dans un monde en plein déchirement, elle reste un des seuls lieux soustraits aux groupes de pression religieux, idéologiques, ou économiques. Il est grand temps de rappeler cette fraternité qui advient dans le partage du meilleur de l'être humain : la liberté de la conscience qui juge en connaissance de cause, et fonde ainsi la citoyenneté sur une lucidité agissante.
Premières impressions sur le second débat pour l’investiture socialiste. Jean – Luc MELENCHON s’exprimait ce matin sur RTL.A suivre…DHInterview de Jean-Luc Mélenchon suite au second débat socialiste pour l’investiture
Le sénateur socialiste de l'Essonne et proche de Laurent Fabius était l'invité de RTL mercredi matin au lendemain du second débat télévisé entre Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, consacré aux questions de société et aux institutions.
- Jean-Michel Aphatie : Bonjour Jean Luc Mélenchon. C'était le deuxième débat des Socialistes, hier soir ?
Jean Luc Mélenchon : Oui.
- Votre sentiment ? Un bon débat ?
C'était plus intéressant que la fois précédente, parce que plus animé. Bon, ça, c'est le premier côté. Vos collègues, les journalistes n?ont, à mon avis, pas été dans les bons clous, je me permets de le dire...
- Ah, mais... parfait ! Mais...Non, mais c'est possible. Rien n'est parfait, mais des fois, il y a des petits moments où vous avez commis quelques légères erreurs...
- Rarement, mais ça arrive.
Oui, c'est vrai... Non contents de répéter la vulgate libérale à tout bout de champ dans leurs questions, hier soir, ils ont interrogé les trois candidats sur les cinq ou six dernières propositions de Ségolène Royal, si bien qu'on avait l'impression que c'était...
- Que le débat tournait autour de ces propositions ?
Eh bien oui...
- ... Et ça peut donner le sentiment, effectivement, que c'est elle qui domine la compétition...
Eh oui. Bien sûr. Alors, le lendemain, tous les journalistes reprennent en disant : Le débat a tourné autour de ses propositions. Et pour cause ! On répondait aux questions qui étaient posées. Donc, ça, c'est un peu le côté décevant.
- Ca fausse le débat, d'après vous ?
Disons que ça exaspère les gens comme moi qui n'aiment pas qu'on discute que de ça... Parce que, franchement, en plus c'était pas curieux comme questionnement. Bon, par exemple, il y a des énormités qui sont dites en cours de route, personne n'arrête, personne ne relève...- Par qui ?
... Notamment par Ségolène. Le Conseil des ministres qui se tient en public. Je ne sais pas n'importe quelle personne censée dit : Mais attendez, ça marche comment une histoire pareille ? Bon, ah non, là on ne dit rien. Ca passe comme ça. Les jurys citoyens, il y a deux jours, c'étaient des jurys. Ils étaient populaires. Il s'agissait de contrôler les élus. Là, ça devient des jurys citoyens, et il s'agit d'aider par des contributions. Bon, voilà, on ne pousse pas plus. Pourquoi on est passé d'une chose à l'autre ? Les camps militaires sont devenus des camps humanitaires, et en plus à l'étranger. Mais est-ce que vous entendez l'énormité que c'est ? Il s'agit de demander à l'armée d'emmener avec elle des jeunes Français délinquants à l'étranger pour les redresser. Tout ça est absurde.
- Vous aussi spontanément, Jean-Luc Mélenchon, sans que là pour le coup, le journaliste y soit pour grand chose...
Non, mais bon !
-... Vous critiquez les positions, les propositions de Ségolène Royal.
Ah bien oui, non c'est normal. Oui, oui, bien sûr.
-... Parce que ça vous paraît être le plus important, aujourd'hui. Il s'agit de démontrer que Ségolène Royal a des faiblesses ?... Parce qu'elle est en tête dans les sondages d'opinions sur des quantités, il est vrai, assez négligeables de sondés ; mais néanmoins, c'est une réalité. Et puis parce que nous devons quand même essayer de percer - c'est un débat - il faut percer pour nous le mur de l'image. Et ce mur de l'image, il est constitué de l'à peu près qui fait que vous n'êtes pas curieux. Hier soir, par exemple, Laurent Fabius a évoqué la question des primo-délinquants. Il est quand même incroyable que ce soit un mois après que cette proposition tout à fait fantaisiste d'après laquelle il fallait mettre au premier acte de délinquance, les Jeunes dans des camps encadrés par des militaires, que quelqu'un pose la question de savoir : combien ça faisait de monde ? Moi, j'ai fait cette recherche. On tombe sur 48.000 personnes. Ca revient à dire qu'on double la population carcérale du pays. Et il n'y a pas eu un seul journaliste pour poser la question depuis un mois. Bon.
Et là, hier, vous avez entendu des choses comme : dans les établissements, les enseignants vont choisir leurs collègues... Bon, ce qui veut dire que ça met parterre toute l'organisation du déroulement de carrière des enseignants ; mais non, ça ne gêne pas. On peut le dire comme ça.
- Pour vous, Jean Luc Mélenchon, Ségolène Royal raconte n'importe quoi ?
Non, non, non. Ah là, là, là, là... Pas du tout, c'est extrêmement construit. C'est extrêmement cohérent. Mais j'ai le droit de désapprouver. Je désapprouve formellement et je pense que, d'ailleurs. Je vous dis les choses franchement : plus elle s'exprime, et plus le fossé se creuse entre une catégorie, tout un secteur de la Gauche et ce qu'elle dit parce que ça nous pose des problèmes politiques, philosophiques, d'orientation politique extrêmement lourds. Pour moi, ce paternalisme social - parce que c'est du paternalisme social - qui nie toutes les instances de représentation, du fonctionnement de la démocratie représentative, c'est un très gros problème. Hier soir, nous avons entendu le slogan, le contrat plutôt que la loi. Mais ça, c'est plus la république française, ça mes amis, c'est autre chose.
- Pour critiquer ses positions, Laurent Fabius a employé le terme de "populisme" contre Ségolène Royal. Ségolène Royal vous paraît-elle populiste ?
Moi, j'ai du mal avec ce mot parce que je ne sais pas bien ce que ça veut dire. Si ça veut dire : être populaire. Moi, j'ai plutôt envie d'être populaire qu'impopulaire.
- Ca ne veut pas tout à fait dire ça.
Non, je crois que dans le vocabulaire, j'ai regardé dans les dictionnaires pour voir ce qu'est-ce qu'on voulait dire avec ce mot. Ca veut dire une espèce de mise en cause des élites au nom d'un savoir, comme ça, spontané. Alors, on dit : "Le peuple ceci, le peuple cela..." Moi, j'emploie souvent l'expression "le peuple" et je suis très attaché à ça. Seulement, je dis aux mêmes (vous avez vu dans le référendum : moi j'ai confiance à l'idée que le peuple français était capable de comprendre un texte compliqué).Ce que je veux dire, c'est que nous devons faire attention, à ne pas tout bousculer en faisant semblant que tout va mal et c'est grâce à des consultations informelles en prenant des paquets de gens dans la rue qu'on va ...Ségolène ferait bien de réfléchir elle-même au fait que la phrase d'après laquelle "les citoyens sont experts" et comme elle l'a dit, une fois "meilleurs que les experts eux-mêmes", elle devrait réfléchir que c'est très grave de dire ça parce qu'on répand une illusion dont elle-même a été victime. Tout à l'heure, on a parlé d'Outreau, qui se rappelle que lorsque les arrestations ont eu lieu, elle a dit par un sentiment qu'on peut parfaitement comprendre, qui était spontané, un élan d'horreur, elle a dit : il faut les mettre en prison, et vite...
- Elle a dit ça, comme ça ? Elle était ministre à l'époque ?
Eh oui, mon ami ! Donc, vous voyez, il faut faire attention, quand même... Je veux dire par là...
- Non, elle a dit... C'était quand elle était ministre qu'elle a dit ça ?
Je ne veux pas... Je crois me souvenir... Je ne sais plus très bien quelle année c'était, donc...
- Le débat évolue, ceci dit. Ségolène Royal demeure favorite ; et celui qui paraît en position de la contester, peut-être de provoquer un deuxième tour contre elle, c'est Dominique Strauss-Kahn. Vous soutenez Laurent Fabius, Jean-Luc Mélenchon ?
Oui.
- Pourriez-vous, pour éviter que Ségolène Royal ne remporte l'investiture, soutenir Dominique Strauss-Kahn ?
Je comprends ce que vous voulez dire, Monsieur Aphatie...
-... Avant que je finisse la question, vous êtes très vif ce matin...
Je ne suis pas trop mauvais. Je suis de Gauche mais quand même, j'ai un peu fait des études... J'arrive à comprendre une phrase...
- C'est pas mal.
Donc, non je n'ai pas envie de répondre à ça parce que moi, j'en sais rien...
- Merci.
Vous me dites... Non, mais attendez Monsieur Aphatie, ne vous fâchez pas ! Vous me dites : il semble que... il semble que... Moi, je ne raisonne pas sur des apparences. Je raisonne sur le fond. Il y a trois lignes qui se confrontent : la ligne social-démocrate que représente Dominique Strauss Kahn, dont je pense qu'elle est en impasse dans toute l'Europe. Un jour, on en parlera de l'impasse de la social-démocratie.On a beaucoup parlé de la faillite du communisme d'Etat, jamais du problème de la social-démocratie européenne. Il y a la ligne sociale républicaine de Laurent Fabius et puis, y'a la ligne du paternalisme social. Donc, laissez-nous, s'il vous plaît Monsieur Aphatie, de grâce, laissez-nous aller au bout de ce débat ! Et puis, après on verra.
- Donc, Jean-Luc Mélenchon, vous souteniez le "Non" au référendum, il y a un peu plus d'un an. Est-ce que vous êtes triste de voir que le camp du "Non" n'arrive pas à s'organiser ?
Oui, c'est très triste. Je vous remercie de le dire parce que c'est lamentable de voir ça. D'abord ça a commencé au Parti socialiste : les partisans du "Non" ont été incapables de s'entendre, ont refusé l'offre que nous avons fait avec Laurent Fabius de se regrouper.Aujourd'hui, la vie serait différente si on avait fait une motion commune du nom, au congrès du Parti.Et puis, dans la société elle-même, ça me désole de voir que la Gauche qui a voté "Non" était incapable de faire une proposition cohérente. Les communistes font ce qu'ils peuvent pour arriver à formuler quelque chose qui tient la route ; mais pour le reste, j'ai des fois l'impression que l'on s'est fait prendre la main. Ca, ça me rend triste. Bon, enfin, la vie continue. C'est pas fini tout ça.
- Jean Luc Mélenchon qui en a autant à dire sur les journalistes que sur les hommes politiques, était l'invité de RTL, ce matin...
Mais je ne suis pas le seul !
- Bonne journée.
La dernière de Ségolène, la surveillance populaire des élus, est une mesure populiste et démagogique. Cette mesure aux contours flous sur les modalités, comme elle l’admet elle-même se veut « une autre façon de faire de la politique ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette mesure soulève un véritable tollé.DHMme Royal propose une "surveillance populaire" de l'action des élusLE MONDE | 23.10.06 | 14h35 • Mis à jour le 23.10.06 | 14h44
Pour Ségolène Royal, "un projet présidentiel se noue avec le peuple pendant la campagne électorale". Mais déjà la candidate à l'investiture du PS, invitée dimanche 22 octobre à la Cité de la réussite, à la Sorbonne, a son idée sur "la façon dont (elle) entend répondre à la crise démocratique dans le pays" - crise "morale, politique" mais aussi "crise du résultat". Interrogée sur la responsabilité des politiques, Mme Royal a ainsi évoqué l'hypothèse d'une "surveillance populaire" de leur action. "Il n'y a pas d'évaluation au long cours. Or c'est une demande profonde des Français », a-t-elle souligné. C'est pourquoi je pense qu'il faudra clarifier la façon dont les élus pourront rendre compte, à intervalles réguliers, avec des jurys citoyens tirés au sort."Ces jurys, a précisé Mme Royal, assureraient "une surveillance populaire sur la façon dont les élus remplissent leur mandat par rapport à la satisfaction des besoins, ou par rapport au juste diagnostic des difficultés qui se posent".Cela a-t-il quelque chose à voir avec les comptes rendus de mandat instaurés par Bertrand Delanoë, le maire de Paris ? "Non", répondait Mme Royal à la sortie. Y aurait-il sanction ? "Pas forcément". Jusqu'à quel niveau de responsabilité s'étendrait ce contrôle citoyen ? "Je n'ai pas réponse à tout", éludait avec le sourire la présidente de la région Poitou-Charentes."ELITE"Mme Royal paraît puiser son inspiration dans La République des idées, un forum qui réunit depuis 2001 des intellectuels. Dans un livre paru le 21 septembre intitulé La Contre-démocratie, Pierre Rosanvallon, critique sur la démocratie participative, évoque en effet la création d'"agences citoyennes de notation pour apprécier les actions de certains organismes publics" ou d'"observatoires citoyens". "C'est indéniablement sur ce terrain de l'expertise et de la veille citoyenne que se situe l'un des enjeux essentiels du progrès démocratique", écrit le professeur au Collège de France. Il avait, dans un passé récent, reproché à Mme Royal d'"emprunter"quelques-unes de ses idées. Or, parmi les pistes à explorer citée par M. Rosanvallon figure celle de "citoyens tirés au sort constitués en commission d'enquête".A la Sorbonne, Mme Royal s'est défendue de vouloir opposer la démocratie participative à la démocratie représentative. "On m'a traitée de populiste", s'est-elle indignée, mais les Français "ne veulent plus être simplement convoqués tous les cinq ans aux urnes". Pour illustrer le "fossé qui s'est établi entre les politiques et le peuple", elle est revenue sur sa déclaration s'abritant derrière l'avis des Français au sujet de l'intégration de la Turquie dans l'Union européenne. "J'ai bien entendu les réactions, a souligné Mme Royal. Mais on ne peut pas dire au peuple Français qu'on va le consulter et puis lui dire qu'il est trop bête et qu'il doit faire comme l'élite lui dit.""Moi, a-t-elle dit après s'en être prise à M. Sarkozy, le pouvoir, j'en ferai quelque chose et je ne trouverai pas une échappatoire." Parmi les réformes qu'elle promeut figure toujours la décentralisation. Dimanche, elle a pris l'exemple de la construction de centres éducatifs. "L'Etat central n'y arrive pas, n'y arrivera pas", a-t-elle justifié.Pour le président de la République, comme "pour tous les élus", Mme Royal s'est prononcée pour le non-cumul des mandats et leur limitation dans le temps à deux. Ce point, qui ne figure pas dans le projet du PS, lui a semble-t-il échappé. Car dans la soirée, elle s'est employée à corriger le tir en se déclarant "favorable" à cette limitation uniquement pour l'hôte de l'Elysée.Isabelle MandraudArticle paru dans l'édition du 24.10.06
lundi 23 octobre 2006, mis à jour à 18:30Feu sur les "jurys populaires" proposés par Ségolène RoyalReutersL'idée avancée par Ségolène Royal d'une "surveillance populaire" des élus par des "citoyens tirés au sort" a déclenché un tollé jusque que dans sa propre formation, le Parti socialiste.Lors de leur point de presse hebdomadaire, les porte-parole de l'UMP Valérie Pécresse et Brice Hortefeux ont retourné contre la prétendante socialiste à l'élection présidentielle l'accusation de "démagogie" et de "populisme", dont elle use contre le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy."On ne peut pas substituer au suffrage universel le tirage au sort. Je crois que c'est démagogique et je crois que c'est populiste", a déclaré Valérie Pécresse."Là où Nicolas Sarkozy propose le progrès de la démocratie, Ségolène Royal imagine un recul", a renchéri Brice Hortefeux.Lors d'un débat dans le cadre de la Cité de la Réussite, à la Sorbonne, la présidente du Poitou-Charentes a estimé dimanche qu'il faudrait "clarifier et préciser la façon dont les élus pourraient être obligés de rendre des comptes à intervalles réguliers, avec des jurys de citoyens tirés au sort".Une idée apparemment inspirée d'un livre publié en septembre par Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, "La contre - démocratie", qui propose notamment la création d'"agences citoyennes de notation" ou d'"observatoires citoyens" pour évaluer l'action d'organismes publics.Pierre Rosanvallon évoque notamment la piste de "citoyens tirés au sort" et formant des commissions d'enquête.Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale Bernard Accoyer a jugé la proposition de Ségolène Royal contraire aux traditions démocratiques de la France "depuis 1789"."Mme Royal confond manifestement le suffrage universel et l'opinion publique, corps électoral et panels d'instituts de sondages", a-t-il écrit dans un communiqué.La proposition de la présidentiable socialiste "ne trouve d'équivalent que dans les régimes totalitaires" et "a suscité le trouble chez ses propres amis", a-t-il souligné.TRIBUNAUX POPULAIRESDe fait, l'ancien ministre socialiste Dominique Strauss-Kahn, autre candidat à l'investiture du PS, s'est également dit opposé à la proposition de Ségolène Royal."S'il s'agit de mettre en place, éventuellement en les tirant au sort, des assemblées qui viendraient concurrencer celles qui ont été élues démocratiquement (...) je suis contre", a-t-il déclaré sur Europe 1."Généralisons les comptes-rendus de mandat mais pas de jurys populaires", a suggéré le dirigeant socialiste. "Le suffrage universel, c'est la règle et, dans l'intervalle, entre deux élections, des comptes-rendus aussi fréquents que possible."Max Gallo, historien et ancien ministre du président socialiste François Mitterrand, a pour sa part fustigé le "flou démagogique" de la proposition de Ségolène Royal, dans une interview publiée par le Figaro."En démocratie, on n'a pas trouvé mieux pour rendre des comptes que le suffrage universel au terme d'une durée fixée par la loi", déclare-t-il. "Je ne connais qu'un seul jury populaire digne de ce nom : celui que compose le corps électoral."Dans un communiqué, l'Association des maires de France (AMF) rappelle aussi que "dans une démocratie, il n'y a d'autres jurys populaires que l'expression du suffrage universel."Aller à l'encontre de ce principe revient à mettre en cause notre pacte républicain, qui donne au seul électeur le droit de désigner et de sanctionner les élus", ajoute l'AMF.Lundi 23 octobre 2006 chronique sur France InterDes jurys de citoyens(par Hélène Jouan)C'était l'endroit où il fallait être ce week-end : la Sorbonne où se déroulait la cité de la réussite. Candidats affirmés, potentiels ou putatifs se sont succédés à la tribune.Certains ont lancé quelques idées iconoclastes. Exemple, Ségolène Royal qui a proposé hier de créer des « jurys de citoyens » pour juger de l’action des gouvernants.Des jurys de citoyens... Quesako ?Interrogé hier à brûle pourpoint pour savoir ce que ça pouvait bien être, un des soutiens de Ségolène Royal, Jean-Marc Ayrault, n’a pu s’empêcher de rigoler !Rire pour cacher sa gêne, car visiblement il n'était pas au courant de cette nouveauté programmatique ! Ce n’est pas Ségolène Royal pourtant qui a inventé le concept. Le jury de citoyens est une méthode de participation citoyenne mise au point en Allemagne dans les années 70 et utilisée au niveau local.Dans le même esprit, les pays scandinaves sont friands de cette gouvernance participative avec leurs conférences de citoyens ou conférences de consensus au cours desquelles des citoyens lambdas se frottent aux experts.En France, il y a déjà eu de telles conférences citoyennes, en 98 sur les OGM ou sur le climat en 2002. Le conseil général de Meurthe et Moselle a déjà usé d'un jury de citoyens. En mai dernier, il a tiré au sort dans la population 15 jurés, défrayés financièrement sur le modèle des jurés d’assises, pour les impliquer dans une réflexion locale mais conflictuelle, sur « Arbres et routes ».Mais hier, Ségolène Royal avait visiblement une autre idée en tête. Il s’agit, a-t-elle dit, d’instituer « une surveillance populaire sur la façon dont les élus remplissent leur mandat ». On frissonne, ça a des petits airs de comité de salut public cette histoire !A quel niveau ces jurys seraient-ils mis en place, pour surveiller qui ? Maires, députés, président... Avec quel pouvoir de sanction ? Tout cela reste flou, tandis que Max Gallo rétorque ce matin que le meilleur jury populaire, c'est encore le suffrage universel !En fait, Ségolène Royal comme d'autres, cherche à renouer le lien avec le peuple. Un lien distendu voire rompu, à cause dit-elle du décalage entre les discours politiques et les actes, alors après tout pourquoi pas lui demander son avis régulièrement à ce peuple ?C’est cohérent avec son engagement en faveur d'une démocratie participative, parée de toutes les vertus depuis qu’elle est en campagne. Sauf que c’est un nouveau coup porté à la démocratie représentative.Car si les institutions, les médiations qui existent aujourd’hui fonctionnent mal, pourquoi ne pas prendre l’engagement de les réformer plutôt que de les contourner par le peuple ?Et quelle différence peut-on faire aujourd'hui avec un Sarkozy qui dit « mon juge, ce sont les Français » et elle qui affirme "mon opinion sera celle des Français", sur des questions différentes je vous l'accorde ?Et bien si l'un veut montrer le chemin au peuple, quand l'autre affirme vouloir le suivre, en réalité les deux mettent en scène un face à face exclusif entre eux et le peuple français.Et c'est un début de définition du populisme ça.
Laignel (PS) étrille la proposition Royal de " jurys de citoyens"PARIS, 23 oct 2006 (AFP) - Le secrétaire général de l'Association des maires de France (AMF), André Laignel (PS), a estimé lundi que la proposition de Ségolène Royal de créer "des jurys de citoyens" pour évaluer l'action des élus en cours de mandat se situait "dans la veine de l'antiparlementarisme le plus sommaire".Par cette proposition, "Mme Royal fait reculer les frontières de la République", déclare dans un communiqué M. Laignel, qui soutient la candidature de Laurent Fabius à l'investiture pour l'élection présidentielle."Juger à intervalle rapproché", sans attendre la sanction électorale, "ce serait abandonner l'intérêt général aux humeurs et aux modes", estime le maire d'Issoudun (Indre) et député européen.Selon lui, "désigner, ainsi, dans la veine de l'antiparlementarisme le plus sommaire, les élu(e)s comme des irresponsables potentiel(le)s qu'il faudrait mettre en examen permanent, pour flatter les électeurs, relève d'une démagogie proche du populisme"."Notre légitimité, nous la tirons du suffrage universel, et non parce que nous serions mis sous surveillance", conclut le dirigeant de l'AMF.Ségolène Royal, candidate à l'investiture PS pour la présidentielle, s'est prononcée dimanche pour la mise en place de "jurys de citoyens tirés au sort" afin de surveiller l'action des élus.
Le second débat pour la désignation du candidat socialiste s’est déroulé hier à Clermont - Ferrand. Comme il n’était pas télévisé, et hors micro, vous trouverez camarades internautes, quelques comptes rendus parus dans la presse.
Devant les militants, les présidentiables socialistes réservent leurs attaques à la droite
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 20.10.06 | 06h39 • Mis à jour le 20.10.06 | 10h02
Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius ont évité soigneusement toute confrontation, au risque d'une réunion aseptisée, devant quelque 3 000 militants attentifs et réservés, jeudi soir 19 octobre, à Clermont-Ferrand.
Deux jours après leur premier exercice télévisé, les trois prétendants à l'investiture socialiste pour 2007 ont cultivé pendant deux heures chacun son style : Mme Royal dans le registre de "la proximité", M. Strauss-Kahn, dans celui de la pédagogie, et M. Fabius dans l'affirmation passionnée de convictions antilibérales.
Les militants socialistes des autres régions et les Français ne pourront s'en faire une idée : caméras et micros étaient bannis, à l'initiative de la direction du PS, sous prétexte de ne pas donner des armes à la droite par la confrontation intra-socialiste.
Contrairement au grand oral des présidentiables à Lens, le 16 septembre, le débat de Clermont-Ferrand a été celui d'une attention peu démonstrative des militants. En ouverture, la chanson "Le Chiffon rouge", un hymne de la gauche, avait cédé la place à une musique techno...
"UNE POLITIQUE OFFENSIVEMENT ANTILIBÉRALE"
Les trois candidats, loin de s'ignorer, se sont donné à plusieurs reprises du "Ségolène", du "Dominique" et du "Laurent". Mais M. Fabius n'a pas caché ses désaccords avec ses concurrents, notamment sur le rôle de l'Etat.
Lanterne rouge dans les sondages auprès des sympathisants – mais ce seront les militants qui voteront –, Laurent Fabius, très souvent applaudi, est celui qui a le plus mobilisé la salle, en usant de ses talents reconnus de tribun. Il s'est fait le héraut d'"une politique offensivement antilibérale", pour lui la seule orientation capable de faire gagner la gauche en 2007 et de faire oublier l'échec de Lionel Jospin en 2002. Il a invité la gauche à "ne pas mettre ses pieds dans les thèmes" de la droite, le plus sûr moyen à ses yeux de courir à l'échec.
Première à s'exprimer, Ségolène Royal a délivré un discours extrêmement général, reprenant ses formules maintes fois testées : "développement équitable contre désordre libéral", "donner un désir d'avenir à la France". "La politique moderne, c'est écouter pour agir juste", a déclaré Mme Royal en prononçant un énième plaidoyer pour "la démocratie participative", devenue sa marque de fabrique.
La présidente de Poitou-Charentes, qui fait toujours la course en tête dans les sondages, a encore promis de "mettre fin à l'insupportable distance entre les discours et les actes, qui sape la confiance en la politique".
Un discours pimenté peu après par une sortie virulente contre le système bancaire français. Répondant à une question, Ségolène Royal l'a accusé de "s'enrichir sur le dos des pauvres" et de "plonger des familles dans le surendettement". Un tonnerre d'applaudissements a salué cette charge.
"CHANGER LE RAPPORT DE LA POLITIQUE À LA VÉRITÉ"
Tout aussi posé que Mme Royal, Dominique Strauss-Kahn s'est présenté en champion d'une gauche de "la vérité", seule à même de ne pas décevoir pour avoir trop promis. "Nous devons changer le rapport de la politique à la vérité, dans notre pays. Non, on ne distribuera pas plus que l'on a produit", a affirmé le député du Val-d'Oise, crédité d'une progression auprès des sympathisants PS dans plusieurs sondages.
M. Strauss-Kahn s'est fait le chantre d'une gestion rigoureuse. Il faut "cesser de faire croire que les socialistes veulent fuir dans le déficit, car la dette publique c'est payer des intérêts, et alors, l'effort de redistribution est presque annihilé par la dette publique", a-t-il dit. DSK a décliné son credo social-démocrate. "Nous sommes la gauche et nous sommes attachés à cette société solidaire qui ne laisse pas le marché décider" de tout sans contrepoids.
Tour à tour sur une même tribune mais sans jamais se croiser, les trois présidentiables socialistes ont attaqué la droite jeudi soir à Clermont-Ferrand, lors du premier meeting régional de la campagne pour l'investiture.
Dernier à prendre la parole en vertu d'un tirage au sort, Laurent Fabius a exhorté le Parti socialiste à ne "pas mettre ses pieds en quoi que ce soit dans les engagements de la droite".
"Il faut que la gauche soit directement, offensivement antilibérale", a souligné l'ancien Premier ministre, sur un ton extrêmement offensif, le poing levé, applaudi par les 3.000 militants réunis à la Maison des sports.
"La droite prône l'individualisme, elle cherche la division. Evidemment, elle finit par récolter ce qu'elle a semé et à l'élection de 2007 elle arrivera divisée", a renchéri Dominique Strauss-Kahn, pour qui Nicolas Sarkozy n'est "évidemment qu'une queue de comète" de "l'épopée lamentable de Jacques Chirac".
Ségolène Royal a, elle, senti chez les Français une "farouche envie" de battre la droite qui "dresse les gens les uns contre les autres".
"La politique de la droite se résume aujourd'hui à une phrase: elle demande aux salariés de travailler plus et aux riches de payer moins", a déclaré la présidente de la région Poitou-Charentes.
Chacun des candidats à la candidature disposait d'un temps de parole équivalent pour ce premier "côte à côte" de campagne mais devait répondre à trois questions différentes - dont ils connaissaient la teneur - posées par des militants triés sur le volet.
Seule anicroche dans ce débat au cordeau, une militante a interpellé les présidentiables du haut des gradins. "Qui est-ce qui sauve le monde?", a-t-elle crié en direction du parterre.
"Ce ne sont pas, comme on me le suggère à ma droite, Jésus. Ce sont les valeurs laïques du socialisme", a répliqué sans se démonter Laurent Fabius, alors à la tribune.
Parlant devant un grand panneau proclamant "Réussir ensemble le changement", le titre du projet adopté par le PS pour 2007, Ségolène Royal a pris un ton nettement plus à gauche que lors de ses allocutions précédentes.
Le "vrai scandale" de la tarification bancaire c'est que "les riches ont les moyens de renégocier leurs prêts", a-t-elle dénoncé. La droite "permet aux riches de s'enrichir sur le dos des pauvres".
Interrogée sur sa future politique de l'immigration, la favorite des sondages a suggéré que tous les immigrés s'arrêtent de travailler pendant 24 heures en France. "Ce serait quand même très pédagogique", a-t-elle ironisé.
Totalement engagé dans le "marathon enthousiasmant mais éreintant" de l'investiture, Dominique Strauss-Kahn a proposé un "chemin praticable" sur lequel les socialistes doivent avancer pour "durer" au pouvoir une fois l'élection remportée.
Après le congrès d'Epinay, en 1971, la gauche "promettait la rupture mais (...) peinait à la mettre en œuvre". Pour 2007, le PS doit retenir la "leçon d'Epinay" et tenir ses promesses une fois aux affaires, a fait valoir l'ancien ministre de l'Economie.
Pour apporter un "souffle nouveau" au socialisme et à la France, le futur président de la République de gauche devra "changer le rapport de la politique à la vérité".
En terrain ami au cœur d'une fédération qui l'a massivement soutenu lors du congrès du Mans, en novembre 2005, Laurent Fabius a prononcé un discours présidentiel offensif sous les yeux de ses compétiteurs, assis au premier rang.
Contrairement à Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn qui ne l'ont jamais cité, l'ancien Premier ministre s'est référé très souvent au projet présidentiel du PS.
"Le projet socialiste, c'est l'alternative à la mondialisation financière", a-t-il martelé, défendant à nouveau sa proposition d'augmenter le smic de 100 euros immédiatement après la présidentielle.
"Pour des personnes qui gagnent 1.000 euros net par mois, il faut qu'avec l'arrivée de la gauche au pouvoir ils gagnent un peu plus qu'avec la droite", a-t-il insisté, alors que ses rivaux ont remis en cause cette proposition lors du débat télévisé de mardi soir consacré aux questions économiques et sociales.
"Cette campagne sera rude contre la droite parce que nous avons en face de nous des gens redoutables qui disposent de moyens colossaux financiers et médiatiques et qu'il n'hésiteront pas à s'en servir", a-t-il expliqué. "La seule force que nous ayons avec nous, c'est vous, les militants. Il va falloir tenir bon".
De notre envoyé spécial à Clermont-Ferrand NICOLAS BAROTTE.
Publié le 20 octobre 2006
Actualisé le 20 octobre 2006 : 07h29
Ségolène Royal, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn ont tenu hier leur premier débat régional à Clermont-Ferrand.
LA MAISON des sports de Clermont-Ferrand est pleine à craquer : près de 3 000 personnes assises sur un mur de gradins impressionnant. Elles sont venues assister au premier « débat régional d'investiture » entre les trois candidats Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius. Des sympathisants se sont invités aux côtés des militants, dans une fédération principalement favorable aux deux derniers prétendants.
À leur entrée, les deux challengers marchent côte à côte. Ségolène Royal, la grande favorite, est un pas derrière eux. Mais les caméras et les photographes sont sur elle, avant de devoir sortir : les télévisions et les radios n'ont pas le droit d'enregistrer les discours. Les journalistes ont même dû batailler pour pouvoir travailler avec leurs ordinateurs !
Chacun à leur tour, les prétendants prennent place à la tribune. Ségolène Royal est la première. « La France est au bord du déclin », lance-t-elle, parce qu'elle est « en de mauvaises mains ». Décidée à se montrer offensive, elle cible l'adversaire : « En 2007, deux conceptions opposées de l'exercice du pouvoir vont s'affronter : la solidarité, la réconciliation d'un côté, la brutalité de l'autre ». Outre ses désormais traditionnelles formules sur « l'ordre juste » ou le « désir d'avenir », elle s'en prend au « système bancaire qui s'enrichit sur le dos des pauvres pour redistribuer aux riches ». Thème inhabituel chez elle, elle s'aventure aussi sur le terrain de la laïcité pour proposer de « supprimer l'article de loi qui oblige les communes à payer la scolarisation des enfants dans le privé ».
«Ne pas mettre nos pieds dans les pas de la droite »
Dominique Strauss-Kahn prend la suite. Plus structuré, l'ancien ministre veut comprendre les mutations de la société et proposer un chemin « praticable ». Ce qui veut dire ne pas « rester dans le slogan, l'imprécation », et ne pas retomber dans les réponses du « passé ». La voie de DSK passe aussi à gauche : « La gauche n'est pas là pour s'adapter mais pour transformer », dit-il. La social-démocratie qu'il propose repose sur « quatre piliers » : la protection, la promotion individuelle, le respect de chacun, la vérité. Rassembleur, il promet que la gauche sera unie en 2007.
Comme lors du débat de Lens, mi-septembre, Laurent Fabius termine. Usant de son talent d'orateur, il invite les militants à tirer les leçons des années précédentes. « Il faut que la gauche soit offensivement antilibérale, il ne faut pas mettre nos pieds dans les pas de la droite. » Persuadé d'avoir plus que les autres une stature de chef d'État, il poursuit : « Le rôle du président n'est pas celui du premier ministre ou tel ou tel ministre. Il est de tracer un chemin, donner une explication du monde. » À la fin de son discours, il choisit d'assumer sa différence avec Ségolène Royal en contestant sa vision de la régionalisation, en ce qui concerne par exemple de la politique d'immigration. « On a besoin d'une décentralisation forte, mais on a besoin d'un État fort qui corrige les inégalités. »
Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal et Laurent Fabius à leur arrivée à Clermont-Ferrand. REUTERS
Après le débat télévisé de mardi, les trois postulants à l'investiture pour 2007 se sont retrouvés hier soir face aux militants d'Auvergne.
Par David REVAULT D'ALLONNES
LIBERATION : Vendredi 20 octobre 2006 - 06:00
Clermont-Ferrand envoyé spécial
Le «socialo show» s'est arrêté dans le Puy-de-Dôme. Quarante-huit heures après s'être confrontés sur les chaînes parlementaires, les trois prétendants socialistes à l'investiture s'offraient, hier, aux militants de la région Auvergne, venus officiellement à 3000 à la Maison des sports de Clermont pour le premier des trois débats régionaux face aux militants. Entre les représentants des concurrents, la négociation préparatoire à ce «débat régional d'investiture» fut nettement moins épineuse que celle précédant le premier débat télé. Mais la séance se rapprocha davantage d'un cérémonial à l'albanaise adapté au pays de Michelin que d'un libre-échange total entre camarades. Ni caméras ni appareils photo (hormis pour une séance de pose de trois minutes). Un quart d'heure de présentation par candidat, puis trois questions pour chacun, posées par des militants triés sur le volet. Les trois compétiteurs sont rentrés groupés, sur une musique electro. Ségolène Royal, première oratrice, a centré le renouveau sur sa personne. «La politique moderne, c'est d'abord écouter pour agir juste. 2007 sera aussi une révolution démocratique», a-t-elle entamé. Avant de rappeler que, sondages obligent, elle semble la mieux placée pour gagner, atout maître aux yeux de militants qui nourrissent «une farouche envie de battre la droite». «Combattre sans relâche les inégalités» et les «excès de la mondialisation libérale et financière», fustiger un «système bancaire qui s'enrichit sur le dos de pauvres pour pouvoir redistribuer aux riches» : face aux militants, Ségolène Royal a soigné le profil gauche. Non sans glisser, à l'adresse de Laurent Fabius, la nécessité d' «accomplir ce que les socialistes ont toujours promis mais jamais vraiment réalisé : changer le rapport de force entre capital et travail».
Des terres où la candidate ne s'était pas aventurée aussi franchement lors du débat de mardi, et sur lesquelles Dominique Strauss-Kahn a semblé lui aussi chasser. Citant Malraux : «La France est grande quand elle parle à tous les hommes.» Prenant le parti des immigrés «pourchassés, poursuivis, mis de côté parce que la couleur de leur peau n'est pas la couleur dominante de notre pays». Un DSK social et égalitariste, donc, qui, fort de son expérience sarcelloise, l'assure : «Il faut que la République revienne dans les cités, qu'elle y apporte l'égalité. Il faut plus que de l'argent, il faut du respect.»
L'argent, il en fut évidemment question dans l'intervention de Laurent Fabius tonnant contre ce «capitalisme, financier, mondial, en train de tout envahir». Et qui, face à ces incursions, a rendu coup pour coup. Côté DSK : «Je suis pour le contrat, mais je demande qu'avec la même force l'Etat intervienne pour le gouvernement de la gauche.» Côté Ségolène Royal, ensuite : «La politique de l'immigration et les universités n'ont aucun besoin d'être régionalisées.» Et de conclure, habilement : «La seule force que nous ayons avec nous, c'est vous, les militants.» Pour leur plus grand plaisir politique.
Les candidats socialistes unis... contre la droite
NOUVELOBS.COM | 20.10.06 | 14:39
Pour leur 2ème débat, les trois candidats à la candidature socialistes se sont retrouvés à Clermont-Ferrand, devant 3.000 militants, sans les médias. Un seul ennemi : la droite.
Tous unis contre Nicolas Sarkozy: pour leur premier débat "régional" de la campagne interne du PS devant les militants à Clermont-Ferrand, Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius se sont retrouvés jeudi soir 19 octobre sur leur plus petit dénominateur commun, le combat contre la droite en 2007.
Hasard du tirage au sort, la favorite des sondages à gauche a parlé la première, visiblement sereine pour cette première confrontation publique de deux heures devant près de 3.000 militants et sympathisants à la Maison des sports de Clermont-Ferrand, fédération PS à tendance pro-Fabius et pro-DSK. "C'est un moment de plaisir", a-t-elle assuré à son arrivée dans une énorme bousculade qui a failli tourner au pugilat.
"Délinquance de masse"
S'attaquant bille en tête à la droite, elle a fustigé son "échec flagrant", sans jamais citer le président de l'UMP. "Elle demande aux salariés de travailler plus et aux riches de payer moins", "dresse les Français les uns contre les autres" et a "fabriqué de la délinquance de masse".
"En 2007, deux conceptions opposées de l'exercice du pouvoir vont s'affronter: la solidarité, la réconciliation, l'espoir, le désir d'avenir d'un côté et la brutalité de l'autre", a-t-elle assuré.
Mais si elle a dit sentir "une farouche envie, un désir profond, une volonté immense de battre la droite", la candidate de "l'ordre juste" a prévenu que "rien n'est acquis", que "la victoire n'est pas donnée". Et cette chantre de la démocratie participative d'insister sur la nécessité "d'associer les électeurs à la définition de notre projet", car "les socialistes n'ont pas encore réponse à tout". Une réplique implicite à DSK qui venait d'affirmer, sûr de lui: "nous vivons un moment historique, dans quelques mois la gauche va gagner!"
"Libéral", "bushiste" et "communautariste"
La campagne de 2007 "sera rude", a également alerté Laurent Fabius, intervenu le dernier, s'attaquant à un Nicolas Sarkozy "libéral", "bushiste" et "communautariste". L'ancien Premier ministre, haussant la voix, a mis en garde ceux qui, au PS, seraient tentés de marcher sur les plates-bandes de la droite, allusion à sa rivale. "Il faut que la gauche soit directement, offensivement antilibérale.
Il ne faut pas mettre ses pieds en quoi que ce soit dans les engagements de la droite".
Fait notable, Ségolène Royal a d'ailleurs semblé orienter son discours plus à gauche, évoquant comme Laurent Fabius "le capital et le travail". Ainsi a-t-elle fustigé "le système bancaire qui s'enrichit sur le dos des pauvres" et proposé d'"interdire les publicités scandaleuses" de boîtes aux lettres qui "font basculer des familles entières dans le surendettement".
"La France d'après Sarkozy"
Pas moins féroce contre le gouvernement, Dominique Strauss-Kahn, applaudi à son arrivée une rose à la main, a montré du doigt une droite qui "a rapetissé la France", qui "ne veut pas parler à tous les hommes" mais "aux marchés" et qui "n'a que la répression à la bouche". Quant au président de l'UMP, "il propose aux Français la France d'après. Nous nous proposons la France d'après Nicolas Sarkozy", a-t-il moqué.
"Le régime qui est en place est à bout du souffle, l'épopée lamentable de Jacques Chirac se termine et Nicolas Sarkozy n'est finalement qu'une queue de comète", a-t-il raillé sous les rires de la salle.
"Même édentés, les vieux dirigeants de la droite continuent à se donner des coups de dents!", a moqué le candidat "social-démocrate".
Contrairement au débat télévisé de mardi soir, celui-ci se déroulait sans micro ni caméra, hormis pour quelques images au début. Au final, l'échange était peu spontané: les neuf questions posées -trois différentes par candidat- étaient connues d'avance.
Prochaine confrontation entre les trois prétendants: mardi soir 24 octobre, en direct sur les chaînes parlementaires. (AP)
PS : un débat sans confrontation
Laurent Fabius, Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn : les trois candidats à l'investiture socialiste pour la présidentielle ont tenu jeudi 19 octobre au soir leur premier débat régional à Clermont-Ferrand devant 3.000 militants. Evitant toute confrontation, ils ont réservé leurs attaques à la droite
Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius ont évité soigneusement tout affrontement, au risque d'une réunion aseptisée, devant 3.000 militants attentifs et réservés, jeudi 19 octobre au soir à Clermont-Ferrand.
Deux jours après leur premier exercice télévisé (pour le revoir en vidéo, cliquez ici), les trois prétendants à l'investiture socialiste pour 2007 ont cultivé pendant deux heures chacun leur style : Ségolène Royal dans le registre de "la proximité", Dominique Strauss-Kahn dans celui de la pédagogie, et Laurent Fabius dans l'affirmation passionnée de convictions anti-libérales.
Les militants socialistes des autres régions et les Français ne pourront s'en faire une idée : caméras et micros étaient bannis, à l'initiative de la direction du PS, sous prétexte de ne pas donner des armes à la droite par la confrontation intra-socialiste.
Contrairement au grand oral des présidentiables à Lens le 16 septembre, le débat de Clermont-Ferrand a été celui d'une attention peu démonstrative des militants. En ouverture, la chanson "Le chiffon rouge", un hymne de la gauche, avait cédé la place à une musique techno...
Fabius veut une gauche offensivement anti-libérale
Les trois candidats, loin de s'ignorer, se sont donné à plusieurs reprises du "Ségolène ", du "Dominique" et du "Laurent". Mais Laurent Fabius n'a pas caché ses désaccords avec ses concurrents, notamment sur le rôle de l'Etat.
Lanterne rouge dans les sondages auprès des sympathisants - mais ce seront les militants qui voteront -, Laurent Fabius, très souvent applaudi, est celui qui a le plus mobilisé la salle, en usant de ses talents reconnus de tribun.
Il s'est fait l'avocat tranchant d'"une politique offensivement anti-libérale", la seule orientation capable de faire gagner la gauche en 2007 et de faire oublier l'échec de Lionel Jospin en 2002, selon lui. Il a invité la gauche à "ne pas mettre ses pieds dans les thèmes" de la droite, le plus sûr moyen à ses yeux de courir à l'échec.
Première à s'exprimer, Ségolène Royal a délivré un discours extrêmement général, reprenant ses formules maintes fois testées : "développement équitable contre désordre libéral", "donner un désir d'avenir à la France". "La politique moderne, c'est écouter pour agir juste", a déclaré Ségolène Royal en prononçant un énième plaidoyer pour "la démocratie participative", devenue sa marque de fabrique.
La présidente du Poitou-Charentes, qui fait toujours la course en tête dans les sondages, a encore promis de "mettre fin à l'insupportable distance entre les discours et les actes, qui sape la confiance en la politique".
Un discours pimenté peu après par une sortie virulente contre le système bancaire français. Répondant à une question, Ségolène Royal l'a accusé de "s'enrichir sur le dos des pauvres" et de "plonger des familles dans le surendettement". Un tonnerre d'applaudissements a salué cette charge.
Strauss-Kahn se veut le champion d'une gauche "de la vérité"
Tout aussi posé que Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn s'est présenté en champion d'une gauche de "la vérité", seule à même de ne pas décevoir pour avoir trop promis. "Nous devons changer le rapport de la politique à la vérité, dans notre pays. Non, on ne distribuera pas plus que l'on a produit", a affirmé le député du Val-d'Oise, crédité d'une progression auprès des sympathisants PS dans plusieurs sondages.
Dominique Strauss-Kahn s'est fait le chantre d'une gestion rigoureuse. Il faut "cesser de faire croire que les socialistes veulent fuir dans le déficit, car la dette publique c'est payer des intérêts, et alors, l'effort de redistribution est presque annihilé par la dette publique", a-t-il dit.
Une autre analyse des amis de PRS, sur le 1er débat…
Intéressant, non ?
Débat socialiste : Royal et DSK font l'impasse sur l'Europe
Mardi 18 octobre : c'est le premier débat public entre les candidats socialistes à l'investiture présidentielle. Beaucoup de questions seront discutées en deux heures par les trois concurrents, sauf l'Europe, qu'abordera uniquement Laurent Fabius.
Il y aurait beaucoup à dire sur le premier débat télévisé entre les trois candidats socialistes à l’investiture de leur parti pour l’élection présidentielle. L’exercice comportait sa part de risque. Le camp Royal a beaucoup répandu la hantise qu’il dérape dans de violents affrontements. On peut penser que la plupart de ces mises en garde visaient à jeter la suspicion sur le débat interne accusé d’enclencher une « machine à perdre ». Car les trois compétiteurs se connaissent depuis longtemps, se rencontrent régulièrement, ont participé et participent encore à de nombreuses instances communes sans qu’ils se soient jamais jetés à la gorge.
Un risque bien plus réel était de transformer un débat d’orientation politique en prestations d’étudiants à Science Po, alignant des monologues successifs avec des faces de bons élèves devant des militants réduits à noter, zapette à la main, les qualités cathodiques de leurs champions. Bref, que ce débat soit paradoxalement un moment de dépolitisation ne faisant guère appel à la capacité de raison et d’action qui devrait normalement caractériser tout militant de gauche. Même si cet écueil est loin d’avoir été évité, ce débat où la confrontation directe était interdite aura malgré tout permis de mesurer de nettes divergences sur des sujets aussi fondamentaux que le rapport au capitalisme, la relation aux classes populaires ou encore la conception du rôle de l’Etat. Il devient du coup plus difficile de prétendre, comme a tenté maladroitement de le faire Ségolène Royal en conclusion de la soirée, que la compétition interne au PS se limite à une différence de sexe ou comme le dit à l’extrême-gauche la LCR à une simple Star Academy sans contenu politique.
Pour autant, le débat a souffert d’une absence de taille. Alors que Laurent Fabius s’est exprimé clairement et à plusieurs reprises au cours de l’émission sur la nécessité de réorienter la construction européenne, ni Ségolène Royal ni Dominique Strauss-Kahn n’y ont fait la moindre référence. Ils n’ont tout simplement pas dit un mot de cette question. Or comment peut-on croire que la politique économique que mènera la gauche au pouvoir, le thème de l’émission, est déconnectée du contenu des politiques européennes ?
Royal et DSK, ardents partisans du « oui » à la Constitution européenne, ne peuvent l’ignorer. Si par extraordinaire ils l’avaient oublié, l’actualité immédiate leur a nécessairement rappelé cette réalité. Au moment même où ils passaient cette question sous silence, on débattait des énormes difficultés du groupe européen Airbus, qui a d’ores et déjà entraîné des suppressions d’emplois chez plusieurs sous-traitants français. A l’heure même où ils préparaient leur émission, on apprenait que la Commission européenne engageait une offensive en règle contre La Poste en demandant la libéralisation totale du marché postal au 1er janvier 2009, en exigeant que l’Etat français cesse d’accorder sa garantie à l’entreprise publique, en instruisant une procédure d’infraction contre le monopole du livret A.
Que valent les grandes orientations du projet socialiste sans une réorientation de la construction européenne ? Pourra-t-on défendre et développer le service public, imposer des priorités sociales et écologiques, financer le logement social, défendre l’indépendance énergétique, lutter contre les délocalisations si l’Europe continue à dériver vers une zone de libre échange, où toute intervention de la puissance publique est interdite au motif qu’elle fausserait le libre jeu du marché ? Bien sûr que non. Une politique de gauche digne de ce nom dans notre pays implique nécessairement une réorientation de la construction européenne.
Or pour y parvenir, il faudra affronter la réalité d’un capitalisme financier qui refuse tout compromis et de partis sociaux-démocrates européens blairisés qui ont fait le choix de l’accompagnement du système.
En quoi la démocratie participative de Royal et l’alignement sur la social-démocratie européenne promu par DSK permettraient d’y faire face ? C'est la question à laquelle ils ne se sont pas aventurés à répondre. Mais alors qu’elle a été la préoccupation politique principale de l’année 2005, alors que la France prendra la présidence de l’Union en 2008, il n’est pas très raisonnable d’espérer que l’Europe soit la grande absente de la campagne présidentielle. D'autant que faire l'impasse sur l'Europe pendant la campagne, c'est se mettre la gauche et la France dans l'impasse au lendemain de l'élection.