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Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
15 août 2007 3 15 /08 /août /2007 17:05

 



GAUCHE AVENIR travaille pendant les congés, n’hésitez pas à consulter le site :

 
 
 
 
 
 
DH
 
 
 

Jaurès aurait-il voté Sarkozy ?

 
 
 
 
 

Tribune de Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès publiée dans Le Figaro du 1er Août 2007

 



Jaurès fut indiscutablement l’un des héros de la campagne de 2007. Pas tant en raison des maigres références des socialistes et de leur candidate au grand tribun, mais parce que Nicolas Sarkozy l’appela abondamment en renfort.

 

 
Ce n’est pas la première fois qu’un candidat de droite s’essayait à cette récupération.

 
 
 

François Mitterrand y avait en son temps répondu : «  la droite adore les socialistes….quand ils sont étrangers ou morts ! » Mais si, le temps passant, l’œuvre de Blum et de Jaurès est plus largement saluée, c’est que la plupart des grandes avancées sociales, voir sociétales sont nées en France de l’action de la gauche et des socialistes. Refuser que nos figures historiques  participent du patrimoine commun du pays serait la preuve d’un sectarisme déplacé, mais accepter leur banalisation, l’affaiblissement ou le rangement au musée de leurs idées serait tout aussi inacceptable.

 


Jaurès, à partir du projet républicain, n’a cessé d’appeler à son dépassement, pour qu’il embrasse tous les champs de la vie, et bien sûr celui du social et de l’économie. La citoyenneté ne pouvait pas rester exclue des entreprises, l’égalité exigeait des politiques publiques volontaristes et un engagement contre toutes les injustices sociales, la fraternité condamnait l’exploitation de l’homme par l’homme. Cette synthèse originale et exigeante entre  la vision républicaine et le mouvement ouvrier est la matrice originale du socialisme français. Jaurès était un visionnaire et défendait des valeurs fondamentales et universalistes qui traversent le temps.  Elles demeurent d’une profonde modernité et, par certains aspects, d’une totale actualité.

 


Dès 1888, Jaurès, qui n’est pas encore socialiste, condamne la réaction qui  veut « accroître les impôts de consommation qui pèsent partout, à la campagne comme à la ville, sur les pauvres gens ». Et il propose: « nous voulons remplacer l’impôt foncier par un accroissement des droits qui frappent les successions au-dessus d’un certain chiffre », car « nous pouvons demander quelques sacrifices aux capitaux mobiliers ou immobiliers que les générations se transmettent souvent sans les féconder sans les légitimer par leur travail propre ». On imagine mal Jaurès votant la réforme fiscale de N. Sarkozy !

 


La récidive ? La délinquance ? Des sujets évoqués aussi par les politiques de l’époque, qui dénoncent déjà la fascination pour l’argent facile, la perte des repères, le rôle des médias dans l’exaltation de « bandits tragiques » en même temps que la surexcitation des peurs. Non seulement Jaurès, mais l’ensemble de la gauche se battent pour une justice plus humaine, qui ne soit pas seulement répressive, mais aussi éducative. A cette époque aussi, il fallait convaincre et ce n’était pas facile, mais Jaurès estimait qu’il fallait parfois savoir « dépenser sa popularité » en allant à contre-courant de l’opinion, de la mode, « ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe »

 


Pas étonnant que, sur tous ces sujets, N. Sarkozy ne cite plus Jaurès ! Et il est bien dommage que la gauche, oublieuse d’elle-même, n’ait pas l’audace de le faire.

 


Durant la campagne, la candidate socialiste, au-delà de quelques références convenues à Jaurès et Blum, a préféré vanter fréquemment Prodi et Blair, démobilisant un peu plus l’électorat de gauche. L’appel à la rénovation sonnait et sonne encore souvent comme un hymne  au renoncement et à l’abandon des valeurs du socialisme français, à ses racines, à son esprit rebelle, qui ne s’accommode guère  de l’ordre dominant. Nous pensons, au contraire que l’avenir est à une gauche décomplexée qui propose des réponses renouvelées tout en ne craignant pas d’assumer son identité. Une gauche qui, selon la méthode jaurésienne, n’oublie jamais la réalité.

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Published by Didier HACQUART - dans Réflexions
13 août 2007 1 13 /08 /août /2007 17:02

 



Jaurès contre Sarkozy

 
 
 

A l'occasion de la commémoration de la mort de Jaurès (31 juillet 1914), vous trouverez ci-dessous un texte de Gilles Candar, historien, jaurésien, signataire de l’appel Gauche Avenir, paru dans le quotidien Libération.

 
 
 

La commémoration de l’assassinat de Jaurès, le 31 juillet, prend cette année un relief particulier, en raison des nombreuses invocations, sollicitations et références dont il a été l’objet au cours des récentes campagnes électorales, et en premier lieu de la part du candidat élu président, Nicolas Sarkozy.

 

    

 

Sans doute peut-on penser qu’il entrait dans cet enthousiasme récent une part de calcul politique, le plaisir et l’intérêt d’élargir sa base et de jeter la confusion chez l’adversaire ? Mais pourquoi pas ? C’est un peu la loi du genre, et au fond, si Jaurès devient aussi une référence obligée de la droite, il assure ainsi sa consécration nationale, fait pleinement partie de notre patrimoine commun, et c’est très bien. Nous pouvons même espérer que les choses vont aller plus loin encore, et, qu’au-delà des hommages et des cérémonies, chacun prenne un peu de temps pour entendre la voix de Jaurès, être attentif à ce qu’il a cru, voulu et pensé.

 


Prenons l’actualité de cet été 2007 : réforme fiscale, loi sur la récidive, réforme des universités…

 


Évitons les polémiques faciles, contentons-nous par exemple de feuilleter la collection de La Dépêche, « journal de la démocratie du Midi » comme elle s’appelait si joliment alors. Le 15 avril 1888, Jaurès, qui est encore loin d’être socialiste, qui se définit comme républicain et défend l’action de Gambetta et de Ferry, s’en prend à la réaction qui veut « accroître les impôts de consommation qui pèsent partout, à la campagne comme à la ville, sur les pauvres gens ». Il lui oppose son projet : « nous voulons remplacer l’impôt foncier par un accroissement des droits qui frappent les successions au-dessus d’un certain chiffre » car « nous pouvons demander quelques sacrifices aux capitaux mobiliers ou immobiliers que les générations se transmettent souvent sans les féconder sans les légitimer par leur travail propre » (« la taille »). Sans abuser du parallèle historique, au titre de jeu d’été, ce Jaurès, encore bien « modéré » aurait-il voté le projet gouvernemental ?

 



L’autonomie des universités ? Un sujet de prédilection pour Jaurès, maître de conférences à la Faculté de Toulouse, avant et après son premier mandat de député, et aussi adjoint au maire de Toulouse (1890-1893) chargé de l’instruction publique dans son ensemble, mais en fait d’abord du projet de création d’une Université régionale. Jaurès n’a rien d’un centralisateur, et ce défenseur de la « liberté universitaire » (titre d’un article de La Dépêche, 25 juin 1894) va même plus loin que la plupart des républicains de son temps quand il envisage des « expériences » diverses. Rappelons-nous aussi qu’il vit dans un temps où même l’enseignement secondaire reste réservé à une infime minorité, mais cela dit, le fond de sa pensée est bien que la République suppose une démocratie, donc des citoyens instruits. Sa préoccupation est d’assurer l’enseignement du peuple : c’était alors la fonction de l’instruction primaire, aujourd’hui le même objectif suppose un accès généralisé aux universités, qui ne soit pas seulement formel, mais substantiel… C’est toujours l’enjeu des débats actuels.

 


 La récidive ? La délinquance ? Des sujets qui deviennent sans doute des questions politiques au temps de Jaurès, avec déjà la fascination pour l’argent facile, la perte des repères, le rôle des médias dans l’exaltation de « bandits tragiques » en même temps que la surexcitation des peurs. À l’époque, non seulement Jaurès, mais l’ensemble de la gauche se bat pour une justice plus humaine, qui ne soit pas seulement répressive, mais aussi éducative, qui refuse les facilités de l’élimination sociale… Jaurès mena en vain le dernier grand combat parlementaire contre la peine de mort (1908) avant celui que put faire aboutir deux générations plus tard Robert Badinter (1981). Ce n’était pas facile, mais le généreux Jaurès professait aussi qu’il fallait parfois savoir « dépenser sa popularité » en allant à contre-courant de l’opinion, de la mode, « ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe » (lycée d’Albi, discours à la jeunesse, 30 juillet 1903). Il citait Hugo (« construire des écoles, c’est abattre les murs des prisons ») et qualifia un jour le Code pénal de « barbare », un mot rare chez lui. Se serait-il reconnu dans le projet de loi défendu par Mme Dati ?

 



Bien sûr, le monde a changé… Jaurès ne donne pas de solutions pratiques à tout. Mais il reste une référence, un inspirateur : nous l’avons bien entendu voici quelques semaines. Et il n’est pas inutile de revenir aux valeurs sur lesquelles il s’appuyait. Nos interprétations seront diverses, des discussions probables… Mais nous sommes certainement nombreux à espérer qu’une politique de gauche moderne, efficace et résolue puisse continuer à faire entendre et à renforcer l’autorité du message jaurésien. Une initiative comme celle de Gauche Avenir n’a pas d’autre ambition que d’y contribuer. 

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Published by Didier HACQUART - dans Réflexions
11 août 2007 6 11 /08 /août /2007 16:50

 



Ouf, tout va bien, et vive le bouclier fiscal à 50 %. Il y avait urgence…

 
 
 
DH
 
 
 
 
 

Les 500 plus grandes fortunes professionnelles de France pèsent 15% du PIB

 
 
 
 
 

PARIS (AFP) - Le total des 500 plus grandes fortunes professionnelles de France est passé en un an de 200 à 280 milliards d'euros et pèse désormais 15% du PIB contre 6% il y a dix ans, selon le classement 2007 établi par le magazine Challenges publié en juillet.

 
 
 

Au cours de la décennie 1997-2007, le patrimoine professionnel des 500 plus grosses fortunes a triplé et a progressé trois fois plus vite que la richesse nationale, note le magazine.

 
 
 

En tête du classement de Challenges pour la troisième année consécutive, le patron de LVMH, Bernard Arnault, a vu sa fortune professionnelle passer en dix ans de 3,3 milliards à 23 milliards d'euros.

 
 
 

Le classement ne change pas pour les deux places suivantes, toujours occupées par le patron du groupe Auchan, Gerard Mulliez et sa famille, avec 17 milliards d'euros, et Liliane Bettencourt des cosmétiques L'Oréal, avec plus de 15 milliards.

 
 
 

Avec plus de 10 milliards d'euros, François Pinault, le PDG du groupe de luxe PPR, ravi la 4e place à l'industriel Serge Dassault qui recule en 7e position.

 
 
 

Romain Zaleski (5e), homme d'affaires franco-polonais inconnu du grand public, qui ne figurait pas dans le classement il y a 10 ans, effectue un bond de huit places, avec plus de 9,1 milliards d'euros de patrimoine. Actionnaire d'Arcelor-Mittal, il vient d'acquérir 2% dans Vinci.

 
 
 

Vincent Bolloré, qui contrôle les 3/4 du capital du groupe de transports et de médias qui porte son nom, progresse de la 17e à la 12e place, avec 4,3 milliards.

 
 
 

Arnaud Lagardère et sa famille, avec 802 millions, figurent à la 55e place.

 
 
 

Gérard Augustin-Normand du groupe financier Richelieu Finance, fait quant à lui, un bond de la 310e à la 169e place, avec 240 millions d'euros.

 
 
 

L'origine de cet enrichissement général des fortunes provient de la flambée des cours de Bourse, de la multiplication des opérations juteuses de rachats d'entreprises, et du retour en grâce des valeurs internet, indique le magazine économique.

 
 
 

Parmi les nouveaux entrants, on trouve l'ingénieur Pâris Mouratoglou (64e), qui détient encore 25% d'EDF Energies Nouvelles, dont le cours a progressé de plus de 60% depuis le début de l'année.

 
 
 

Xavier Chausson (136e) du groupe de promotion Immobilière Omnium, et Olivier Mitterrand (173e), neveu de l'ancien président français et patron du promoteur Les Nouveaux Constructeurs, figurent également parmi les meilleures entrées.

 
 
 

Le dernier du classement est Pascal Lota (et sa famille), qui contrôle la compagnie maritime Corsica Ferries, avec "seulement" 60 millions d'euros.

 
 
 

"En 1997, il suffisait d'une quinzaine de millions" d'euros pour faire partie du classement, note Challenges.

 
 
 

Par ailleurs, l’AFP nous rappelle que le nombre d'assujettis à l'impôt sur la fortune (ISF) est en hausse de 17% à plus de 518.000 foyers en 2007, et le montant global de cet impôt progresse de 22% à 3,96 milliards d'euros par rapport à 2006, selon un premier bilan du ministère du Budget.

 
 
 

"Le nombre de déclarations imposables à l'impôt sur la fortune s'établit à ce jour à plus de 518.000 contre près de 445.000 l'an dernier à la même date, soit une augmentation du nombre de redevables de 17%", écrit le ministère dans un communiqué publié vendredi.

 
 
 

Parallèlement, le montant de l'impôt total progresse de 22% et s'élève à 3,96 milliards d'euros, est-il précisé.

 
 
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Published by Didier HACQUART - dans Parti Socialiste
9 août 2007 4 09 /08 /août /2007 16:31

 


Et si on reparlait des OGM et de la recherche en france …

 
 
 
 
 

A voir l’interview de Jacques TESTART…

 
 
 
 
 
DH
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Published by Didier HACQUART - dans Réflexions
7 août 2007 2 07 /08 /août /2007 10:29


Les congés pour tous…
 
 
Au hasard de mes congés et d’un possible accès à Internet, je continue à alimenter ce blog et à répondre dans la mesure du possible aux commentaires…
 
C’est ce que j’ai fait commencer à faire depuis plus d’une semaine.
 
J’assurerai un nouveau suivi régulier d’ici quelques temps. Dans l’attente je souhaite de bons congés à mes visiteurs réguliers et aux autres.
 
DH
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Published by Didier HACQUART - dans Qui suis - je
5 août 2007 7 05 /08 /août /2007 11:36



Chiche !!!!!
 
 
 
DH
 
 
 
 
 

L’évidence du mandat unique

 
 
 

Un vrai projet de réforme des institutions devrait envisager le non-cumul des mandats, par Marion PAOLETTI, Maitresse de Conférence en Sciences Politiques à Bordeaux.

 
 
 

Paru sur Libération.fr du jeudi 2 août 2007

 
 
 

Pour rénover la Ve République profondément, il est une mesure qui a pour elle la force de l’évidence et le soutien majoritaire des Français, mais sur laquelle le président de la République est resté étonnamment silencieux, durant la campagne présidentielle et lors de son discours d’Epinal : le mandat unique pour les députés. Sa propre pratique du cumul des fonctions et des mandats politiques ne le porte sans doute pas à vouloir clarifier les rôles politiques des gouvernants. Il a par exemple été simultanément président du conseil général des Hauts-de-Seine et ministre de l’Intérieur, à ce titre supérieur hiérarchique du préfet en charge de contrôler la légalité des actes pris par le premier. Et d’ailleurs, un de ses premiers actes politiques, une fois élu, a été d’encourager les ministres à conserver leur poste de président de collectivité locale et de les encourager à se présenter aux élections législatives, augurant d’une profonde régression en la matière. Pourtant, de Besancenot à Bayrou, le vote en faveur du mandat unique pour les députés a été majoritaire dans l’électorat au soir du premier tour de l’élection présidentielle. L’ouverture ne suppose-t-elle pas de se rallier à des ­conceptions différentes des siennes pour peu qu’elles recueillent l’assentiment majoritaire ? Qui peut douter qu’un référendum proposant le mandat unique des députés ne serait pas massivement adopté par les Français ? Dans l’assemblée élue en 2002, 9 % des députés n’exerçaient que ce seul mandat. Dans celle élue en 2007, et telle qu’elle s’affichait sitôt l’élection passée seulement 19 femmes députées (sur 107) et 27 hommes (sur 470) n’étaient que députés, dans l’attente, peut-être, que ceux ayant fait campagne pour le mandat unique, démissionnent de leurs mandats locaux. Comment faire croire qu’on rehaussera le Parlement en organisant l’absentéisme chronique des députés qui, quand ils sont maires, président de conseils généraux, régionaux, de structures intercommunales vivent d’abord pour les collectivités locales qu’ils président ? Surtout, le sujet connexe des institutions locales n’a pas été abordé en toute logique par le président de la République, tant il est lié à celui du cumul des mandats. Jusqu’à présent, la décentralisation est faite par des élus locaux pour des élus locaux, dans la mesure où ce sont des patrons de collectivités locales cumulant qui font la loi au Parlement.

 
 
 

Il en résulte depuis vingt-cinq ans une décentralisation qui consiste à promouvoir de multiples collectivités locales, aux compétences croisées, le tout hypothéquant l’idée même d’une participation des habitants aux décisions des collectivités locales, pour un coût prohibitif. La démocratie représentative locale fonctionne mal entre des structures ­intercommunales non élues au suffrage universel direct et des assemblées communales, ­intercommunales, départementales, régionales organisées sur un mode présiden­tialiste et la confusion des pouvoirs exécutif et «délibératif» sur une personne. En l’état actuel, le sens de la participation des habitants est incertain dans ce millefeuille local, la loi telle qu’elle est votée plaçant d’emblée les dispositifs consultatifs sous le contrôle des exécutifs locaux. Cette multiplication des institutions locales induit bien souvent des décisions à quelques-uns, en réseau, loin des assemblées élues qui fonctionnent comme des chambres d’enregistrement de décisions marchandées ailleurs, entre les élus locaux les plus cumulards. Et on viendra sans doute au printemps 2008 vanter les mérites de la démocratie locale. Avec quelle crédibilité ? Grâce au mandat unique des députés, la décentralisation pourrait être faite par les parlementaires pour les citoyens et animés par les élus locaux. Les institutions locales pourraient évoluer dans un sens plus conforme aux standards démocratiques. Et l’équilibre des pouvoirs serait mieux ­assuré au niveau central. Une commission prétendant ­rénover les institutions qui ne ­proposerait pas l’évident mandat unique pour les députés passerait à côté de l’essentiel.

 
 
 

A paraître : Décentraliser d’accord, démocratiser d’abord, «Sur le vif», éd. la Découverte, septembre 2007.

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Published by Didier HACQUART - dans Parti Socialiste
3 août 2007 5 03 /08 /août /2007 11:31

 



Nicolas SARKOZY nous avait déjà fait le coup avec le pseudo déterminisme de la pédophilie. Il récidive avec l’Homme africain dans son discours de DAKAR. J’ai trouvé cet article dans la rubrique REBOND de Libération intéressante.

 
 
 
A suivre…
 
 
 
 
 
«L’homme africain...»
 


Retour sur le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar le 26 juillet dernier.

Par Thomas Heams, maître de conférences en génétique à Paris.
 

Paru dans sur Liberation.fr du jeudi 2 août 2007

 
 

Ainsi donc, le déterminisme de la pédophilie était un signe avant-coureur, une mise en jambe de campagne avant les choses sérieuses. Dans une allocution sidérante prononcée à Dakar, Nicolas Sarkozy qui ose tout, et c’est à cela qu’on le reconnaît, a dévoilé le fond d’une pensée qui, si les mots ont un sens, est la parole officielle française la plus raciste depuis longtemps. Chimiquement pure.

 
 

Ainsi donc, « le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain [.] dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine ni pour l’idée de progrès. Dans cet univers où la nature commande tout, [ il ] reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble être écrit d’avance. Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin.» Nous y voilà. La chaleur, le rythme des saisons.

   

Nicolas Sarkozy a oublié de concéder que dans cet océan de médiocrité, l’Africain, au moins, avait le rythme dans la peau et courait vite. Le tableau aurait été parfait. Une typologie lamentable, qui n’est même pas du néocolonialisme mais du bon vieux colonialisme à l’ancienne, à la Jules Ferry. Car à quoi servent ces considérations d’arrière-zinc ? A parler de la colonisation bien évidemment. Oh, certes, cruelle ! Mais que l’on se rassure, si terrible qu’elle soit, la colonisation a «ouvert les cœurs et les mentalités africaines à l’universel et à l’Histoire». On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. Ces mots ont été prononcés par notre plus haut représentant. En notre nom. Mais depuis combien de temps ne parle-t-on plus comme cela ?

 

Doit-on rappeler au président de la République ces propres mots, prononcés quelques jours plus tôt au Mémorial de la Shoah, ces mots justes et pertinents, s’inscrivant dans la lignée de ceux de Jacques Chirac : ne jamais oublier, assumer sa part de responsabilité. Pourquoi à Paris ces mots forts qui insistent sur la permanence de la mémoire, et en Afrique ces mots veules qui font de la mémoire des crimes de la colonisation une réalité que l’on concède du bout des lèvres, pour aussitôt appeler à ne pas s’y complaire. Est-ce trop demander, au XXIe siècle, que d’attendre d’un président un minimum de cohérence ?

 
  

Ces mots dessinent-ils le portrait d’un raciste fanatique ? Non bien sûr. Notre Président ne se lève pas le matin en maudissant les Africains. Mais cela ne suffit pas à l’absoudre, tout comme il ne suffit pas d’emmener Basile Boli pour faire passer la pilule. Et être capable de prononcer un discours sur l’homme Africain, et de toutes ses supposées tares de même que l’on incline à penser que l’on naît pédophile, c’est incontestablement s’inscrire dans une anthropologie raciste, une vision rancie et fermée du monde, où l’Europe civilisatrice et l’Afrique éternelle se regardent en chiens de faïence. Cruelle déception pour tous ceux qui, indépendamment du reste, pouvaient espérer de la France qu’elle passe un cap. Solidement ancrée sur sa vigilance face aux aventures impériales états-uniennes, elle avait en revanche donné trop souvent l’impression d’être frileuse sur les droits de l’homme, officiellement au nom du très chiraquien «respect de la différence» pour les régimes en place. Nicolas Sarkozy, dans son discours au soir de son élection, s’étant présenté comme le président des droits de l’homme (du moins à l’étranger) on pouvait espérer de sa part une audace, puisée aux sources du libéralisme politique, qui aurait permis de rompre avec le paternalisme gaulliste, sans renouer pour autant avec l’impérialisme. On assiste avec stupeur à une régression inattendue qui ne manquera pas de nous isoler encore plus aux yeux de nos partenaires africains. Cette parodie de discours prétendument direct, qui s’autorise toutes les outrances sur la base de sa sincérité autoproclamée, est une marque d’infamie. Reste une question. Dans un pays normal, ces propos devraient mettre le feu au débat. Mais en ces temps où il est de bon ton d’être décomplexé, tout devient possible, comme dirait l’autre. Mais, citoyens, commentateurs, représentants, qu’auriez-vous dit si ces mots, ces catégorisations pitoyables et scandaleuses, étaient sortis de la bouche d’un Le Pen ? A quels feux croisés aurions-nous assisté ! Mais non, l’indignation de la presse sénégalaise semble n’avoir eu d’égal que le silence incroyable de tout ce que nous pouvons compter d’intellectuels, de ligues de droits de l’homme.

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Published by Didier HACQUART - dans Rien n'est inéluctable - mobilisons nous !
31 juillet 2007 2 31 /07 /juillet /2007 07:22


Pour un référendum sur le nouveau traité européen
 
 
L'Humanité a publie mardi 17 juillet un appel d'une vingtaine de personnalités de gauche pour exiger un référendum sur le nouveau traité européen. Jean-Luc Mélenchon et François Delapierre en sont signataires.
Un referendum pour le nouveau Traité européen !
Le dernier Conseil européen de Bruxelles du 23 juin 2007 a décidé de confier à une Conférence intergouvernementale de travailler d’ici à la fin de l’année à la rédaction d’un nouveau Traité européen « simplifié », suite au rejet par les peuples hollandais et français du Traité constitutionnel. Le Président de la République française, puis son ministre des Affaires étrangères, ont néanmoins explicité les grandes lignes de ce nouveau traité « simplifié ». Il ressort qu'il concernera le système et le mode de décisions européens, les questions sociales, les valeurs constitutives de l’Union et des mesures significatives concernant la lisibilité de l’Union. Ce nouveau Traité « simplifié » aura des conséquences majeures et directes pour la vie de nos concitoyens et de nos institutions. Cela implique donc qu'il soit soumis à referendum.
 
Tout d’abord, conformément à la Constitution française, dès lors que ce nouveau Traité modifiera le fonctionnement de nos institutions il devrait être soumis à approbation populaire. En second lieu, si le besoin existe absolument de réconcilier l’Union européenne et les peuples européens alors ce Traité doit être aussi leur affaire. Le précédent Traité, dit constitutionnel, a montré que la voie parlementaire n’était pas la voie par laquelle les peuples pouvaient se reconnaître. Et si ce nouveau Traité fait la synthèse entre les tenants du « non » et du « oui », ainsi que le dit le Président de la République, alors que peut-il craindre d’un referendum ? Les arguments du ministre des Affaires étrangères selon lesquels la ratification par la voie parlementaire évitera les inconvénients précédemment constatés ne peuvent être recevables. La démocratie n’est pas négociable. Elle ne peut souffrir d’une mise à l’écart, d’un manque d’appropriation par les peuples européens de la construction européenne. Le retour de la politique suppose que notre peuple soit consulté. Il a défait le précédent Traité. Il doit s’exprimer sur ce nouveau Traité. C’est une double exigence : nationale et européenne. En conséquence, nous appelons solennellement le Président de la République Française à soumettre le nouveau Traité à la ratification de notre peuple et à décider de l’organisation d’un referendum.
 
Que l’on soit pour ou contre ce nouveau Traité, l’Europe ne se fera pas contre les peuples. Elle ne se fera pas sans eux. Elle se fera nécessairement avec eux !

Premiers signataires :

Clémentine Autain
, Maire adjointe de Paris ; Robert Bret, Sénateur ; André Chassaigne, Député, Président de l’ANECR ; François Delapierre, Délégué général de PRS ; Jean Desessard, Sénateur ; Christian Favier, Président du Conseil général du Val-de-Marne ; Jean-Claude Gayssot, ancien ministre, Conseiller régional ; Dominique Grador, Conseillère régionale ; Jacqueline Fraysse, Députée ; André Laignel, Député européen ; Jérôme Lambert, Député ; Marie-Noëlle Lienemann, Députée européenne ; Jean-Claude Lefort, Député honoraire ; Patrick Le Hyaric, Directeur de l’Humanité ; Jean-Luc Mélenchon, Sénateur, Président de PRS ; Jean-Claude Sandrier, Député, Président du Groupe de la gauche démocrate et républicaine à l’Assemblée nationale ; Noël Mamère, Député-maire ; Paul Quilès, ancien ministre, Marie-Pierre Vieu, Conseillère régionale.
Un site Internet va être ouvert pour soutenir cette initiative :
 
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Published by Didier HACQUART - dans Réflexions
29 juillet 2007 7 29 /07 /juillet /2007 06:51
 

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A la veille des congés, cela bouge beaucoup au sein de la Gauche. Que les congés soient des instants propices pour préparer la rentrée politique et la nécessaire refondation de la Gauche, évidemment sans exclure le repos, la détente la découverte d’autres lieux et les rencontres…

 
A suivre…
 
DH
 
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L’ère des possibles, par François DELAPIERRE de PRS

 
 

Ce dernier éditorial de la revue de PRS avant les départs estivaux achève l'année scolaire sur une note incertaine. On ne peut dire pour l’heure laquelle dominera à la rentrée des deux tendances simultanées qui travaillent la gauche : poursuite de la décomposition d’un côté, premiers signes de reconstruction de l’autre.

 

Commençons par la décomposition. Les débauchages et autres manœuvres visant à désarticuler l’opposition socialiste fonctionnent à plein. Elles commencent à produire leur effet, au-delà des ralliés, dans le gros de la troupe. Désarçonnés par ces désertions, KO debout, d’éminents socialistes sont désormais convaincus que l’urgence est d’en rabattre dans leur opposition à la droite. En témoignent les déclarations convergentes de Royal, Collomb, Valls, Lang… qui rivalisent de formules pour réclamer une opposition modérée. Des socialistes rendent hommage à Sarkozy dans la presse, d’autres affaiblissent par avance toute opposition résolue en prétendant qu’elle serait politicienne.

 

Tous rendent les armes au moment même où Sarkozy conduit une offensive brutale au Parlement, avec les lois sur les peines planchers, l’autonomie des universités et le service minimum, met en œuvre la suppression de la carte scolaire, viole le « non » des Français avec son nouveau traité européen et ne renonce en rien à son idéologie libérale-sécuritaire. On pourrait faire la liste de ces innombrables petites capitulations. N’en retenons qu’une : le refus de s’opposer au cœur du projet de loi sur les universités. Celui-ci n’est pas la sélection en master, c’est l’autonomie comme moyen de mise en concurrence des établissements. Car les néolibéraux n’ont nul besoin de revenir sur la démocratisation de l’accès à l’université. Ils atteindront le même résultat par l’explosion des inégalités entre établissements, qui conduira de fait à une inégalité entre diplômes. D’autant que cette autonomie ouvre la voie à un futur grand marché de l’enseignement supérieur, nouvelle source de profits où régnerait la « concurrence libre et non faussée » et où toute règlementation nationale apparaîtrait comme une survivance archaïque.

 

Mais on perçoit aussi les ferments de la recomposition. Nous sommes très frappés de l’intérêt suscité par notre proposition d’une force nouvelle à gauche, présentée dans ces colonnes la semaine dernière. Les très nombreux téléchargements du document « la gauche d’après » sur le site de PRS ( La gauche d'après (pdf)), les retours extrêmement positifs, prises de contact, demandes d’adhésion à notre association témoignent d’une disponibilité remarquable pour cette perspective. De plus, une convergence s’opère déjà avec d’autres.

 

Samedi dernier, je participais à la réunion de Maintenant à gauche, carrefour de militants et responsables issus des collectifs unitaires antilibéraux, parmi lesquels Eric Coquerel, président du Mars-Gauche républicaine, Claude Debons, ancien coordinateur de l’appel du 29 mai et Christian Picquet, animateur de la sensibilité Unir de la LCR. Notez que Marc Dolez était également présent, quelques jours après avoir participé à notre propre Convention nationale. Je fus frappé de la grande proximité entre leur analyse de la situation (Introduction au débat du 7 juillet de "Maintenant à Gauche") et la nôtre.

 

Eux aussi décrivent la victoire électorale de Sarkozy comme « le résultat d’un travail politique, idéologique et culturel ».

 

Eux aussi analysent son projet comme « une rupture globale avec le modèle de société façonné par notre histoire : rupture avec le pacte social et républicain hérité de l’après-guerre, mais aussi avec l’héritage des Lumières et de la Révolution française. »

 

Eux aussi pointent le vide politique à gauche, les « lourdes responsabilités » de l’autre gauche, sa « division » mais aussi son « déficit en termes de projet dès lors qu’il faut développer une cohérence globale alternative au projet sarkozien », comme celles de Ségolène Royal dont les « multiples références à Tony Blair (…) ont plus désorienté l’électorat de gauche qu’elles ne l’ont mobilisé. »

 

Eux aussi estiment qu’il « ne suffira pas de construire une nouvelle petite formation à gauche de la gauche » mais qu’il faut conduire une refondation « en s’adressant à toute la gauche », « au cœur de la gauche et non à ses marges ».

 

Eux aussi estiment que l’objectif doit être « l’émergence d’une nouvelle force politique (…) à l’image de ce qui vient de se concrétiser en Allemagne avec Die Linke ».

 

Eux aussi appellent à asseoir cette nouvelle force sur un projet qui réussisse « la fusion du meilleur de la tradition du mouvement ouvrier et des combats républicains avec les nouvelles problématiques de contestation de l’ordre dominant », capable, « dans un contexte marqué par le double échec historique » du « communisme d’Etat » et de la « social-démocratie » de « reconstruire une perspective d’émancipation humaine répondant au capitalisme de notre temps ».

 

Nous avons donc proposé à ces camarades de participer dans notre stand de la fête de l’Humanité à une initiative commune pour la force politique nouvelle. Ils y ont répondu favorablement. Chacun part en vacances de son côté, mais nous sommes déjà un certain nombre, socialistes, communistes, militants de l’autre gauche à avoir inscrit la même date de rentrée en première page de notre cahier de textes

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Published by Didier HACQUART - dans Parti Socialiste
27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 14:02
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« Nous vivons une époque formidable »… J’ai découvert le livre d’Isabelle PIVERT par hasard ainsi que ses analyses. Elles me paraissent pertinentes et correspondent au vécu dans les grandes entreprises. Loin des discours et de la propagande véhiculée dans les médias, la réalité dans les entreprises est très souvent différente.
 
Par ailleurs cette réalité est en constante évolution et mon secteur professionnel d’activité, l’Aéronautique, est touché de plein fouet par cette logique. Il est intéressant d’en connaître les origines. Isabelle Pivert y contribue.
 
Pour finir, je rappelle que l’économie n’est pas une science, mais le résultat de choix politiques.
 
A suivre…
 
DH
 
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La création de valeur pour l’actionnaire détruit la démocratie, ou quand la finance prend le pouvoir sur l’économie…
 


Le capitalisme financier triomphe. La « création de valeur » pour l’actionnaire est devenu le must de la gouvernance dans les grandes entreprises. L’actionnaire s’enrichit aux dépens des autres créateurs de richesses : les salariés, ouvriers ou cadres, les sous-traitants et fournisseurs sont spoliés. Jusqu’à quand ?
 
 
Par Isabelle Pivert*
 
Issue des banques d’affaires anglo-saxonnes, la shareholder value ou création de valeur pour l’actionnaire est un concept financier dont se sont emparés, au début des années 1990, les cabinets internationaux de conseil en organisation et stratégie pour l’implanter de manière pratique à tous les niveaux de décision dans la multinationale cotée en Bourse, partout sur la planète. En l’espace de seulement une dizaine d’années, ce concept est devenu central dans toute grande entreprise. A chaque étape de décision, la question unique est martelée tant et si bien qu’elle devient la règle naturelle et implicite de toute « bonne » gestion - ou gouvernance - d’entreprise.
 
Tel scénario crée-t-il de la valeur pour l’actionnaire, l’enrichit-il ? Si l’entreprise est cotée en Bourse, cela fait-il monter le cours de l’action ? Si elle ne l’est pas, mais possédée par des fonds de capital-risque, les scénarios d’enrichissement des actionnaires à trois ans seront privilégiés, grâce à l’endettement de l’entreprise, quitte à la faire couler, une fois celle-ci revendue : endettement énorme, réduction de personnel, de budget de recherche, etc. Entre plusieurs scénarios « créateurs de valeur », on choisira d’emblée celui le mieux à même de faire grimper le cours, immédiatement. Telle activité générant 6, 7 ou 8 % de retour sur capitaux investis sera abandonnée ou bradée au profit de celles générant au moins 15%. Il s’agit tout simplement de destruction d’activités rentables, et donc de richesse et d’emplois.
 
Croyance hystérique et peur de l’avenir
 
La suppression de la notion de durée constitue une perversion de la notion même d’entreprise qui est un pari sur l’avenir.
 
Cette perversion provient entre autres de la croyance hystérique, savamment entretenue, en une concurrence effrénée et permanente entre tous : face à la peur de l’avenir, tout est toujours bon à prendre. De là à inverser la fin et les moyens (la Bourse représentait auparavant l’un des outils de financement de l’entreprise), il n’y a qu’un pas, allègrement franchi. La « bulle internet », au tournant du dernier siècle, a servi de test involontaire. Pour faire grimper la valeur d’une start-up avant même son introduction en bourse, les analystes financiers racontaient n’importe quoi. Il suffisait seulement qu’un maximum de gens les croit. Le cours de l’action n’a désormais plus rien à voir avec la performance ou le développement réel de l’entreprise.
 
Dans une telle logique financière, l’abondance de main-d’œuvre de plus en plus qualifiée joue en faveur des pays à bas coûts salariaux. Ces transferts de production sont quasi immédiats. L’actuel effondrement des emplois durables dans nos sociétés riches génère pour les classes populaires - et désormais les classes moyennes - une insécurité sociale et économique permanente. Quand la réduction de personnel, au mépris de la vie réelle de milliers de personnes et de leurs familles, est instrumentalisée pour faire monter le cours de l’action (ou faire « cracher » l’entreprise si elle n’est pas cotée mais pilotée par des financiers absents), il y a antagonisme. Les antagonismes croissants entre les objectifs des financiers qui ont corrompu les dirigeants avec des stocks options, dont les montants réalisés - des dizaines ou des centaines de millions d’euros - n’ont plus rien à voir avec la notion de rémunération du travail sur la durée d’une vie, et ceux des salariés, qu’ils soient cadres ou non, ont abouti (mais le processus n’est pas achevé) à une prise de pouvoir et de contrôle du premier groupe sur l’autre. Les syndicats, au lieu de quémander des emplois ou de meilleures conditions de licenciement ( !), feraient mieux de créer un nouveau rapport de force basé sur la simple évidence que l’outil de production - au sens large, comprenant aussi l’immatériel - est un bien collectif (une telle idée, quand on sait l’argent public investi pour assurer les services collectifs autour d’une usine par exemple, ne peut pas être rejetée).
 
Spoliation organisée
 
En l’absence de ce rapport de force, le groupe dominé - les salariés - développe des stratégies de survie (qui incluent des pratiques de détournement, de rétention d’information, etc) gênant la stratégie du premier - les financiers - dont la survie et la rémunération tiennent à l’enrichissement constant du seul actionnaire. Par conséquent, deux types d’emplois commencent à affluer de manière inquiétante dans nos sociétés occidentales : le premier, dans la communication-propagande (surtout faire croire que tout continue à être pour le mieux dans le meilleur des mondes) pour s’acheter la docilité de millions de consommateurs et de salariés. Le second, dans le contrôle et la sécurité (dans l’entreprise, avec notamment la multiplication des procédures, mais aussi en dehors, aidé en cela par le développement fulgurant des nouvelles technologies dites de communication). La croissance liberticide des deux participe du même déni de réalité, basé sur l’incapacité tragique pour la plupart de remettre en cause une croyance aveugle en un capitalisme foncièrement bon.
 
S’il y a seulement une vingtaine d’années, les dirigeants présents dans l’entreprise prenaient des décisions qui tenaient compte des rapports de force avec tous les acteurs - fournisseurs, salariés, clients, syndicats - aujourd’hui ils se soumettent - et se déresponsabilisent, moyennant finance ou statut social - face à un actionnaire absent. Un enfant de dix ans est capable de s’en apercevoir : puisque tous sont acteurs dans la production, la création de valeur pour l’actionnaire n’est ni plus ni moins que la spoliation organisée des richesses produites au seul profit de ce dernier. Pourtant, jusqu’à présent, l’actionnaire, ou son exécutant, n’est qu’un être humain, aussi fragile qu’un roseau dans le vent de la vie : aucune arme n’est pointée sur la tête du salarié et chacun est mortel. Il est grand temps de s’attaquer aux mécanismes d’une économie capitaliste en pleine perversion, et au bout du compte aux croyances sur lesquelles elle repose. Faute de quoi, c’est un nouveau totalitarisme qui nous tend les bras.
 
*Editrice, Auteur de Soleil Capitaliste, entretiens au cœur des multinationales, éditions du Sextant
 
A lire aussi : « Quand la finance prend le pas sur l’économie » 
 
 
et notamment le passage sur EADS…

 

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Published by Didier HACQUART - dans Réflexions