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Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
7 mai 2008 3 07 /05 /mai /2008 04:59

Tout est véridique !...


DH


Entretien avec Victor Hugo (*)


M. Hugo, vous semblez vous tenir très informé de l'actualité politique française. Quel regard portez-vous sur notre nouveau président ?


Victor Hugo : Depuis des mois, il s'étale ; il a harangué, triomphé, présidé des banquets, donné des bals, dansé, régné, paradé et fait la roue... Il a réussi. Il en résulte que les apothéoses ne lui manquent pas. Des panégyristes, il en a plus que Trajan. Une chose me frappe pourtant, c'est que dans toutes les qualités qu'on lui reconnaît, dans tous les éloges qu'on lui adresse, il n'y a pas un mot qui sorte de ceci : habilité, sang-froid, audace, adresse, affaire admirablement préparée et conduite, instant bien choisi, secret bien gardé, mesures bien prises. Fausses clés bien faites. Tout est là... Il ne reste pas un moment tranquille ; il sent autour de lui avec effroi la solitude et les ténèbres ; ceux qui ont peur la nuit chantent, lui, il remue. Il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète.


Derrière cette folle ambition personnelle, décelez-vous une vision politique de la France, telle qu'on est en droit de l'attendre d'un élu à la magistrature suprême ?


V. H. : Non, cet homme ne raisonne pas ; il a des besoins, il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse. Ce sont des envies de dictateur. La toute-puissance serait fade si on ne l'assaisonnait de cette façon. Quand on mesure l'homme et qu'on le  trouve si petit, et qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve si énorme, il est impossible que l'esprit n'éprouve quelque surprise. On se demande : comment a-t-il fait ? On décompose l'aventure et l'aventurier... On ne trouve au fond de l'homme et, de son procédé, que deux choses : la ruse et l'argent... Faites des affaires, gobergez-vous, prenez du ventre ; il n'est plus question d'être un grand peuple, d'être un puissant peuple, d'être une nation libre, d'être un foyer lumineux ; la France n'y voit plus clair. Voilà un succès.


Que penser de cette fascination pour les hommes d'affaires, ses proches ? Cette volonté de mener le pays comme on mène une grande entreprise ?


V. H. : Il a pour lui désormais l'argent, l'agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort et tous les hommes qui passent si facilement d'un bord à l'autre quand il n'y a à enjamber que la  honte... Quelle misère que cette joie des intérêts et des cupidités... Ma foi, vivons, faisons des affaires, tripotons dans les actions de zinc ou de chemin de fer, gagnons de l'argent ; c'est ignoble, mais c'est excellent ; un scrupule en moins, un louis de plus ; vendons toute notre âme à ce taux ! On court, on se rue, on fait antichambre, on boit toute honte... une foule de dévouements intrépides assiègent l'Elysée et se groupent autour de l'homme... C'est un peu un brigand et beaucoup un coquin. On sent toujours en lui le pauvre prince d'industrie.


Et la liberté de la presse dans tout ça ?


V. H. : (pouffant de rire) Et la liberté de la presse ! Qu'en dire ? N'est-il pas dérisoire seulement de prononcer ce mot ? Cette presse libre, honneur de l'esprit français, clarté de tous les points à la fois sur toutes les questions, éveil perpétuel de la nation, où est-elle ? 



 
* Toutes les réponses de Victor Hugo proviennent de son ouvrage "Napoléon le Petit ", le pamphlet républicain contre Napoléon III publié en 1852. Réédité en 2007 chez Actes Sud.

 

 


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Published by Didier HACQUART - dans Parti Socialiste
6 mai 2008 2 06 /05 /mai /2008 05:51

Gauche Avenir est une initiative lancée par Noëlle Lienemann et Paul Quilés. Je l'ai déjà évoqué sur ce blog, et je suis d'ailleurs signataire de l'appel lancé il y a quelques mois. Ils sont aussi à l'initiative de la création d'un parti de Gauche.

 

Aujourd'hui, ils nous livrent leur contribution pour et les réflexions de gauche Avenir, pour l'avenir de la gauche. Le livre sera disponible prochainement. Il l'est déjà sur internet. Marianne.fr nous en livre des extraits choisis.

 

Publier sur ce blog "Fiers d'être de Gauche" ce 6 mai 2008, date anniverssaire de l'élection de Nicolas Sarkozy, ne me dépalit pas...


A suivre...

 

DH

 


 

Gauche Avenir présente le livre « Fiers d'être de Gauche »



Cliquez sur l'image pour lire le document

Depuis sa création, Gauche Avenir s'est fixé comme objectif de faire prévaloir une nouvelle dynamique unitaire à gauche et d'affirmer l'identité contemporaine des valeurs et idéaux de la gauche.


Un travail collectif et démocratique a été engagé et a permis de rédiger
un projet de Charte pour l'unité de la gauche. Ce projet de Charte a été élaboré grâce à une participation active, à travers des réunions locales et de très nombreuses contributions écrites, ou encore à travers le site Internet www.gaucheavenir.org.


Au-delà de toutes ces réunions, des échanges par Internet, des auditions, nous avons largement puisé dans de nombreux travaux de sociologues, de politologues et d'économistes, car beaucoup convergent pour dire qu'on ne peut plus continuer comme cela et pour plaider en faveur de solutions radicales et rapides. Cette richesse intellectuelle rejoint le vécu que, comme militants politiques ou associatifs, comme élus, nous rencontrons chaque jour sur le terrain. La parole populaire et les abstentions électorales appellent à un bouleversement politique à gauche.

Le fait d'avoir pu débattre entre communistes, socialistes, écologistes, républicains de progrès, altermondialistes....nous a aussi été d'un apport considérable. A condition de se débarrasser des vieux préjugés, la richesse de la gauche réunie est bien supérieure à celle de chacune de ses parties.


Merci à toutes celles et ceux qui ont apporté leur contribution à nos travaux.

Le livre « Fiers d'être de Gauche » a pour ambition d'être un outil de dialogue entre les composantes de la Gauche à propos de ses valeurs, des grands objectifs qu'elle se doit d'atteindre dans les vingt ans qui viennent. Gauche Avenir souhaite que ce débat contribue à l'Unité de la Gauche et à un nouveau projet politique.


Gauche Avenir va désormais organiser dans toutes les régions des banquets républicains, pour débattre autour de « Fiers d'être de Gauche », avec vous, militants de tous horizons, sur ces enjeux essentiels :


- Quelle identité pour la Gauche d'aujourd'hui ?

- Comment réussir une nouvelle étape de l'unité de la Gauche ?


Ces rencontres seront aussi l'occasion pour Gauche Avenir d'inviter et d'interroger des personnalités représentant la diversité de la Gauche...
Quelques dates à noter : le 16 mai à Roye (80) ; le 31 Mai à Tulle (19)...

Vous trouverez plus de détails sur cet ouvrage en consultant le site www.gaucheavenir.org dans les prochains jours.


Faites connaître autour de vous « Fiers d'être de Gauche »



Marianne.fr nous livre son analyse sur l'initiative et quelques extraits...


Des banquets républicains en prévision


Ces palinodies ne risquent pas de redonner le moral à l'opposition à Sarkozy ou à la gauche. Voilà pourquoi, avant même que la bataille batte son plein, il nous semble intéressant de populariser une initiative prise par quelques responsables de gauche rassemblés autour de Marie-Noëlle Lienemann, Paul Quiles et l'ancien ministre communiste Jean-Paul Gayssot à travers le club Gauche avenir, créé voici un an. Le texte, dont publions quelques extraits, «Fiers d'être de gauche» a été signé par quelques dizaines de militants socialistes, communistes, Verts, MRC et sans partis.
Ce signataires ont deux convictions :


1°) La gauche doit revenir à ses fondamentaux que la crise actuelle du système rend plus actuels que jamais.


2°) Le rebond de la gauche passe par l'unité de toute la gauche. Pour Marie-Nöelle Lienemann et Paul Quiles, plus rien ne justifie la division née du congrès de Tours. Il convient donc d'entamer un processus d'unification du PS et du PC. Pour les autres, l'unité entre les composantes de la gauche ne doit pas se cantonner au plan électoral ; elle passe par un échange approfondi aboutissant à un nouveau programme commun.


Dans l'immédiat les animateurs de Gauche avenir organisent une série de banquets républicains qui rassembleront diverses composantes de la gauche locale. Le premier se déroule le lundi 5 mai à Choisy-le-Roi.


Extraits de Fiers d'être de gauche

Le capitalisme règne sans partage ; face à ce système, il n'y a rien, aucun modèle alternatif. Combien de fois n'avons-nous pas lu ou entendu cette affirmation ? Pas étonnant que certains, à gauche, aient la tentation de remiser leurs ambitions et de considérer que le rôle de la gauche serait désormais d'améliorer le système, de l'«humaniser», faute de mieux, de limiter la casse, faute de pouvoir imaginer une alternative globale. Cette approche, qui se fonde sur un bilan lucide, mais partiel, de la situation actuelle, semble d'autant plus pertinente qu'elle part d'un postulat incontestable : les anciens «modèles» de la Gauche sont inadaptés au monde d'aujourd'hui.

LES ANCIENS «MODÈLES» DE LA GAUCHE SONT INADAPTÉS


Le XXe siècle a vu l'émergence de deux courants politiques importants dans le camp progressiste, le communisme et la social démocratie.

 

A- FAILLITE DU COMMUNISME


La disparition de l'Union Soviétique et de ses satellites à l'Est de l'Europe a sonné le glas des sociétés qui se réclamaient du communisme et du «socialisme réel» . Elles ont le plus souvent sombré dans d'effroyables tragédies humaines, faisant des millions de victimes ; elles ont soumis la vie des hommes à des Etats policiers implacables ; économiquement et socialement, elles ont élaboré des systèmes qui ne se sont pas révélés viables. Leurs variantes dans les autres continents (Asie, Afrique, Amérique Latine), qui subsistent ou non, sont aussi marquées par des échecs cuisants.


Aucun des partis communistes dans le monde, notamment en Europe Occidentale, n'a été épargné par les stigmates du stalinisme. Certains ont disparu ; d'autres ont subi un recul général de leur influence ; le magnifique idéal humain et la grande espérance qu'ils ont représentés en ont été lourdement affectés. Pour sa part, le communisme français n'a pas échappé à cette faillite : mais précisément parce que sa culture est fille de l'histoire de notre pays, il survit, comme on le dit d'une nappe phréatique, dans les couches profondes de la société.

 
Si la lettre du communisme est morte, son esprit -qui, à sa source, appelle le partage des avoirs, des pouvoirs et des savoirs- hante toujours le monde. Quant à l'œuvre de Karl Marx, elle est désormais inscrite dans l'histoire de la pensée humaine ; elle fournit encore aux combattants de l'émancipation humaine de nombreux concepts opératoires, comme ceux de classes sociales, d'exploitation, d'aliénation, de fétichisme de la marchandise, d'extraction du travail vivant.



B- ÉCHEC DE LA SOCIAL DÉMOCRATIE


À première vue, la social démocratie n'a pas connu le même sort. Parce qu'elle a rapidement plaidé pour la conquête pacifique du pouvoir, parce qu'elle a très tôt accepté d'exercer des responsabilités gouvernementales (en jouant le jeu de ce qu'on appela longtemps la «démocratie formelle» , qui suppose alternance et respect des libertés et droits fondamentaux), parce qu'elle a mis «l'espérance révolutionnaire» entre parenthèses, elle se maintient tant bien que mal, au point de représenter aujourd'hui, dans la plupart des pays, la seule alternance crédible face au camp conservateur. Elle a même connu son âge d'or, dans un contexte économique et territorial précis (les «trente glorieuses» en Europe), qui a fait beaucoup pour sa réputation.


En conciliant efficacité économique et réformes sociales, elle a contribué un temps à accréditer l'idée selon laquelle le capitalisme pouvait faire l'objet de sérieuses régulations permettant l'amélioration des conditions de vie des travailleurs, matérielles (via la redistribution) et intellectuelles (via l'éducation).


L'objectif de la social démocratie européenne aurait alors pu se résumer par le slogan : le pain et la liberté, plus l'émancipation individuelle. Pourtant, le courant social démocrate a subi de plein fouet les évolutions contemporaines du système capitaliste. Mal préparée aux mutations technologiques et financières induites par le processus de mondialisation, la social-démocratie a perdu pied au début des années 80 : alors que les libéraux ont accompagné idéologiquement et politiquement l'accélération des échanges et l'explosion des moyens de communication, les sociaux démocrates ont laissé faire, paresseusement confiants dans les vieilles recettes et les vieilles grilles de lecture, pensées dans le cadre des Etats Nations et avec un mode de production issu de la deuxième révolution industrielle.

 
LES IMPASSES


D'autres voies, inspirées par des «valeurs refuges» de la pensée politique actuelle n'offrent aucune perspective réelle et conduiraient à des impasses.

 

A- LE MIRAGE DE LA «TROISIÈME VOIE» ET DE LA GAUCHE DITE MODERNE


La crise actuelle de la social démocratie vient de son incapacité à penser le capitalisme financier transnational et ses conséquences. En retard d'une révolution, bon nombre d'idéologues progressistes ont rendu les armes : plutôt que d'élaborer une réponse politique, ils ont suivi le mouvement, en faisant mine d'en maîtriser la direction.


Cette idéologie de la «troisième voie» n'est finalement que le renoncement à la transformation du monde capitaliste et des rapports de forces sociaux. Sous couvert de modernité et d'efficacité, le «blairisme», le «clintonisme» et leurs avatars multiples proposent d'accompagner la mondialisation libérale, voire d'en accélérer le rythme (hymne au libre échange, aux opportunités de la globalisation financière...) tout en prenant soin de maintenir, tant bien que mal, les inégalités dans les pays développés à un niveau supportable. Dans la marchandisation généralisée du monde, la «troisième voie» se démarque essentiellement des idéologues libéraux par la volonté d'«humaniser» le système, d'en atténuer un peu la brutalité.


La gauche dite moderne a donc choisi de s'adapter à la logique du nouveau capitalisme financier transnational. À quelques exceptions près, la plupart des socialistes européens - écartés du pouvoir dans les années 1980 - se sont engagés dans un processus de révision idéologique, renonçant à toute ambition de transformation sociale radicale et intégrant à leurs programmes la majeure partie des prescriptions économiques des libéraux : privatisation, déréglementation, libéralisation des échanges, flexibilité du marché travail, réduction des dépenses publiques et allégement des «charges» fiscales et sociales.


Le XXe siècle s'est refermé sur un paradoxe politique désastreux. En effet, à la fin des années 1990, la gauche reprend les commandes dans de nombreux pays d'Europe. Il y avait là une occasion historique : celle de réorienter la construction européenne, par exemple en harmonisant par le haut les normes sociales et environnementales, en coordonnant les politiques macroéconomiques au service du plein-emploi, en s'alliant aux pays en développement pour imposer la démocratisation des institutions financières internationales. On sait ce qu'il advint malheureusement de cette «séquence social démocrate», avec onze gouvernements «de gauche» sur 15 : ce fut, à l'arrivée, le traité d'Amsterdam (1999) et le traité de Nice (2001), qui ont consacré comme intangibles des critères macro économiques malthusiens pour la croissance, comme toute-puissante la Banque Centrale Européenne et qui ont mis hors jeu les régulations politiques de l'économie. L'élargissement de l'Europe s'est fait avant tout approfondissement et les ambitions redistributrices ou sociales ont été reléguées à une illusoire subsidiarité.


B- LES TENTATIONS CENTRISTES


En dépit de l'échec patent de la «troisième voie», certains persistent à croire que le salut de la gauche viendra de la prise en compte de certaines thèses libérales.


En France, les plus cohérents sont allés au bout de cette démarche: à la faveur d'une élection présidentielle ratée, ils ont rejoint le camp du gagnant, maquillant en «ouverture» ce qui n'était que l'aboutissement logique de leur itinéraire idéologique. Plus prudents, d'autres tentent de ressusciter le vieux rêve du centre triomphant. Leur tour de force, c'est de faire passer cette idée vieille de 100 ans pour une trouvaille majeure et même moderne : le rassemblement des raisonnables, des tièdes et des modérés, pour affronter les défis d'aujourd'hui, pour contrecarrer la violence d'un système qui ne fera qu'une bouchée de leurs propositions «gagnant/gagnant».


Naïveté ou double langage ? En tout cas, l'occultation des rapports de forces à l'œuvre dans la société, le plaidoyer pour un juste équilibre entre libéralisme et solidarité, se fracassent contre la réalité économique et sociale marquée par l'explosion des inégalités et la persistance d'une précarité de masse.



LES POINTS D'APPUI D'UNE GAUCHE VOLONTARISTE


Si l'on veut construire une alternative digne de ce nom, il faut penser autrement. Nous sommes convaincus que, pour transformer la société durablement, il faut des solutions radicales. Mais l'histoire nous a appris les erreurs qu'il faut éviter de renouveler et qui ont conduit par exemple à la chute rapide du Front Populaire, ou à la parenthèse de 1983 qui ne se referme pas. Les plus enthousiastes se tournent vers l'Amérique latine et la renaissance, dans un contexte cependant différent, d'une gauche volontariste et efficace. Il ne semble donc pas qu'il y ait de véritable «modèle» pour une gauche de combat, mais la convergence des contestations dans le contexte de l'actuelle mondialisation représente un point d'appui pour des changements radicaux.

 
Même multiforme, même désorganisée, cette contestation fait tache d'huile. Depuis le rassemblement des ONG de défense de l'environnement et d'aide au développement en marge du sommet de la terre de Rio en 1992, jusqu'aux manifestations de Seattle, Porto Alegre, Gênes, à l'organisation des Forums Sociaux Mondiaux, le mouvement n'a cessé de s'élargir et de rencontrer un écho grandissant à l'échelle internationale. Les femmes et les hommes qui les animent sont venus à la contestation de la mondialisation libérale par des chemins différents (refus des dégâts écologiques provoqués par les multinationales, révolte contre la dette des pays du Sud et les politiques du FMI, colère contre les délocalisations sauvages, manifestations contre l'OMC), mais ils sont mus par un idéal commun, celui de bâtir un autre monde.


Dans sa diversité, ce mouvement se retrouve sur des exigences communes. Il se bat à la fois pour répondre à l'urgence écologique (arrêter la destruction des ressources naturelles, promouvoir un autre mode de développement), à l'urgence sociale (pour éradiquer la pauvreté), à l'urgence économique (pour en finir avec la marchandisation généralisée), à l'urgence démocratique (défense des droits de l'homme, appel à une gouvernance mondiale).

 
C'est finalement la question même du sens de la mondialisation que pose la critique radicale du libéralisme économique faite par ce mouvement, qui a remporté des succès, comme lors du combat contre l'AMI. Il promeut l'idée non d'un repli identitaire ou nationaliste, mais d'une autre mondialisation. Il avance une plateforme de propositions : salaires, retraites, protection de l'environnement, exigences de protection, limites de la libre concurrence... Et, fait capital, il réunit des citoyens du Nord comme du Sud.


Sans mythifier ce mouvement international de contestation anti- libéral, il faut en retenir l'essentiel : il renvoie la gauche politique à sa raison d'être, celle qui consiste à imaginer une alternative globale au système dominant, tout en lui offrant un formidable point d'appui. On peut aussi remarquer que, dans de nombreux pays, les thématiques nées de cette gauche des luttes s'imposent de plus en plus sur le terrain politique, comme en témoigne l'évolution des débats qui dominent la présidentielle aux États-Unis (salaires, sécurité sociale, santé, protection face à la globalisation, changement climatique).

 

LA MONTÉE DES PROJETS ALTERNATIFS DÉBOUCHE SUR LA NÉCESSITÉ D'UNE VRAIE RUPTURE AVEC LA SOCIÉTÉ ACTUELLE ET SUR UNE DEMANDE DE SENS


Les contestations de l'ordre dominant, du capitalisme et du libre échange sans règle prennent des formes nombreuses et variées. Elles peuvent apparaître de moindre portée, car elles ne s'appuient pas sur une critique et une vision glo- bale. C'est précisément l'enjeu de la constitution d'une gauche mondiale que de faire converger des mouvements locaux, des pratiques parfois en marge, mais aussi des initiatives qui font tâche d'huile et dont une des caractéristiques est de répondre en priorité aux besoins humains, à la préservation des écosystèmes, en associant celles et ceux qui doivent en être les bénéficiaires. Ces mouvements créent des solidarités actives et des mouvements collectifs. Les grands rassemblements comme les forums sociaux mondiaux ont montré la vitalité de ces mouvements. À l'évidence, ils ont impérativement besoin de prolongements politiques plus larges, tant au niveau de la gouvernance mondiale qu'à l'échelle nationale.

 
La Gauche se doit de mettre en valeur tous les mouvements de société montrant que des changements profonds sont :

 
• L'économie solidaire (avec la montée des besoins non totalement solvables, des aides à la personne, du développement local), l'économie sociale (moins vulnérable aux délocalisations) regagnent de la crédibilité. Des expériences intéressantes de microcrédit, de réduction des circuits «producteurs consommateurs» ou des plateformes locales de dépollution et de fourniture d'énergie se multiplient. Tous ces mouvements tendent à faire naître une économie libérée de l'hyper-valorisation du capital, non lucrative, créatrice d'emplois.


• Du côté des consommateurs, le souci de protéger les écosystèmes génère une évolution des modes de vie et des gestes citoyens porteurs d'une prise de conscience politique. On retrouve des évolutions similaires en ce qui concerne de grandes fonctions collectives comme la santé ou l'éducation.

 
• Pour l'essence même du capitalisme, c'est-à-dire la monnaie, ces dernières années ont vu se développer des expériences de monnaies sociales ou alternatives. Cela signifie logiquement que l'échelle des valeurs qui fondent la notion de richesse peut être modifiée.

 
• Le développement d'Internet et de ses applications présentes et prévisibles constitue une formidable révolution. On parle souvent des «success-stories» des nouveaux groupes industriels constitués. On parle moins du décloisonnement des esprits, des nouveaux réseaux d'échanges et de solidarité, des médias alternatifs...


C'est ainsi que s'organisent, peu à peu et sans publicité intempestive, des millions d'acteurs de la transformation sociale et d'une alter mondialisation qui montrent la possibilité d'avènement d'un monde nouveau. La Gauche doit offrir à ces citoyens actifs une reconnaissance, prendre en compte leurs attentes et favoriser le développement de leurs initiatives. Elle doit intégrer dans son projet cette dimension du changement, donnant un sens plus large à leur engagement.


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Published by Didier HACQUART - dans GAUCHE AVENIR
5 mai 2008 1 05 /05 /mai /2008 06:09

Et on s’étonne ensuite que la France ait voté NON au TCE en 2005 ?

 

J’avais trouvé cette rubrique dans Libération il y a quelques temps. C’est un exemple de plus de l’ingérence de l’Europe dans le droit des salariés. Le problème c’est que ce n’est pas une Europe sociale qui se met en place, mais une Europe libérale que les français ont massivement rejeté en 2005. Malheureusement, Sarkozy en ratifiant le traité de Lisbonne, copie conforme du traité de 2005, l’a remise sur les rails en faisant fi du vote des français, et ceci malheureusement avec la complicité d’une partie du PS

 

DH


Le droit européen contre l'Europe sociale



Tribune de Pierre Khalfa secrétaire national de l'Union syndicale Solidaires, membre du conseil scientifique d'Attac.


Source : Libération.fr du 15 Avril 2008


Coup sur coup, en quelques semaines, la Cour européenne de justice vient de rendre trois arrêts redéfinissant les rapports entre le droit européen et le droit du travail existant au niveau national. Après l'arrêt Viking concernant la Finlande (*)  et l'arrêt Vaxholm-Laval pour la Suède, c'est maintenant au tour de l'Allemagne d'être touchée avec l'arrêt Rüffert. Jusqu'à présent, le droit du travail relevait essentiellement de dispositifs nationaux issus des compromis sociaux passés dans le cadre des Etats-nations. En théorie, l'Union européenne a, en la matière, une compétence limitée. Le traité de Lisbonne, en cours de ratification, n'a pas modifié cette situation et indique simplement que l'Union «soutient et complète l'action des Etats membres» (article 153 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne).


Les trois arrêts précités modifient cette situation. La Cour européenne de justice a décidé que l'application du droit du travail au niveau national relevait de ses compétences. Pour la Cour «les Etats sont néanmoins tenus de respecter le droit communautaire, même dans des domaines ne relevant pas de l'application des traités» (arrêt Vaxholm-Laval). Elle construit ainsi une doctrine juridique lui permettant d'intervenir sur des domaines ne relevant ni des traités ni du droit communautaire qui en est issu.


Les arrêts Viking et Vaxholm-Laval condamnaient l'action collective des travailleurs pour empêcher une délocalisation dans le premier cas, un dumping salarial dans le second. L'arrêt Rüffert du 3 avril condamne le Land de Basse-Saxe pour avoir voulu appliquer à une entreprise polonaise une loi obligeant les entreprises de travaux publics à appliquer la convention collective du secteur dans le cas de passage de marchés publics. L'entreprise polonaise avait refusé de le faire en ne payant à ses ouvriers que 50 % du salaire minimum prévu par la convention collective. Dans les trois cas, l'argumentation de la Cour européenne est la même. Elle considère que l'égalité de traitement entre les salariés constitue une restriction de la «libre prestation de service» garantie par l'article 49 du traité instituant la Communauté européenne, article repris par ailleurs intégralement dans le traité de Lisbonne.


Le dumping social est explicitement justifié : «imposer aux prestataires de services établis dans un autre Etat membre, où les taux de salaire minimal sont inférieurs, une charge économique supplémentaire qui est susceptible de prohiber, de gêner ou de rendre moins attrayante l'exécution de leurs prestations dans l'Etat membre d'accueil [...] est susceptible de constituer une restriction au sens de l'article 49 CE» (arrêt Rüffert). Elle indique de plus que «créer les conditions d'une concurrence loyale, à conditions égales entre employeurs suédois et entrepreneurs venant d'autres Etats membres» (arrêt Vaxholm-Laval) ne peut être considéré comme une mission d'ordre public et que, par conséquent, cela ne peut justifier une restriction à la libre prestation de service. La Cour peut, au nom de la liberté du commerce, limiter l'action syndicale et les droits des salariés. C'est le détricotage de l'ensemble des droits sociaux qui est programmé.


Ces arrêts de la Cour ne tombent pas comme des coups de tonnerre dans un ciel serein. Fin 2006, la Commission rendait public un livre vert intitulé Moderniser le droit du travail pour relever les défis du XXIe siècle. Ce livre vert fut suivi, en juin 2007, d'une communication de la Commission «Vers des principes communs de flexicurité». L'analyse et les préconisations de la Commission sont édifiantes. Selon elle, le marché du travail serait «trop protégé». Pour lutter contre la division entre les exclus, outsiders, et les intégrés, insiders, il faut accroître la flexibilité de ces derniers. Le chômage et la précarisation des premiers sont le produit de la trop forte protection des seconds et les allocations chômage sont analysées comme des obstacles à l'emploi. On reconnaît là l'habituelle doxa néolibérale en matière d'emploi, alors même qu'aucune étude n'a pu mettre en évidence un lien quelconque entre le niveau de protection de l'emploi et le chômage. Il s'agit d'accélérer les évolutions se déroulant au niveau national pour promouvoir un «autre modèle contractuel» en lieu et place du contrat à durée indéterminée qui organise encore la grande majorité des relations au travail dans la plupart des pays européens. Bien entendu, rien n'est dit sur les politiques macroéconomiques de lutte contre le chômage.


Pour la Commission, la notion de «flexicurité» signifie flexibilité pour les salariés et sécurité pour les entreprises : il s'agit de supprimer les normes de protection de l'emploi, d'assouplir les règles d'embauche et de licenciement, de généraliser la flexibilité et la précarité du travail... le tout au nom de la lutte contre le chômage et la précarité. La novlangue orwellienne a encore de beaux jours devant elle.


Ces arrêts de la Cour de justice et les projets de la Commission sont en ligne directe avec la logique profonde de l'Europe actuelle, qui fait de l'ouverture à la concurrence son axe principal de construction. La liberté de circulation des biens, des services et des capitaux est au cœur des traités. Directement dérivé des traités européens, le droit de la concurrence, de niveau communautaire, surdétermine les autres. Les droits économiques et sociaux des citoyens qui relèvent du droit national y sont subordonnés. Le droit de la concurrence joue véritablement un rôle de droit «constitutionnel» au niveau européen. Face à ce droit de portée normative, les autres textes européens apparaissent en l'état comme de simples déclarations d'intention sans aucune véritable portée opérationnelle. Il est aujourd'hui de la responsabilité du mouvement syndical en Europe, et plus largement de tous les mouvements sociaux et citoyens, de construire les rapports de forces nécessaires pour bloquer les processus en cours et imposer une législation européenne qui permette l'harmonisation par le haut des droits sociaux.

 

(*) Lire page 3


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Published by Didier HACQUART - dans Parti Socialiste
4 mai 2008 7 04 /05 /mai /2008 06:19

Sarkozy et ses lapsus...

 

 

 



Mais est-ce vraiment un lapsus ?


DH

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Published by Didier HACQUART - dans Réflexions
3 mai 2008 6 03 /05 /mai /2008 05:55

L'économie n'est pas aussi complexe qu'on veut bien nous le dire et surtout nous l'expliquer ! Le 1er ministre François FILLON nous expliquait il y a quelques temps que la France était en faillite, que les caisses étaient vides. Qu'en est - il réellement ?


Je rappelle que l'économie n'est pas une science mais relève de choix politiques. Rien n'est donc inéluctable dans le domaine !


Je rappelle ainsi par exemple que les fameux 3 % du traité de Maastricht ont été fixés au hasard et donc par simple choix, car dans le contexte économique de l'époque, il était facilement atteignable. Des années plus tard, c'est devenu un dogme qui verrouille nos économies  et justifie le moins de fonctionnaires, le moins de services publics, etc. en étranglant la France pour l'investissement industriel par exemple...


A méditer...


DH


La dette publique : où est le problème ? (*)

La dette publique française fait l'objet d'une dramatisation politique croissante. Certains n'ont pas hésité à déclarer la France "en faillite ". Qu'en est-il ? Examinons d'abord l'argument des contempteurs les plus virulents de la dette publique : l'État devrait être géré comme le compte d'un simple individu, ou celui d'une entreprise, et ne jamais dépenser plus qu'il ne gagne. Cette doctrine, au premier abord pleine de bon sens, repose sur un présupposé irréaliste : les ménages et les entreprises dépensent souvent plus qu'ils ne gagnent. Sinon, il n'y aurait plus besoin de banques ni de marchés financiers. Les individus comme les entreprises s'endettent régulièrement, pour des durées plus ou moins longues. C'est une bonne chose pour la croissance, tant qu'une certaine mesure n'est pas dépassée.


L'endettement public a-t-il dépassé cette bonne mesure ? La dette publique brute est passée de 59 % du PIB en 1997 à 64 % en 2007, atteignant 1.200 milliards d'euros, et franchissant la limite de 60 % établie par le traité de Maastricht. Mais ce critère ne correspond pas à un raisonnement économique précis. Il avait été le fruit de négociations politiques et arrêté à 60 % pour stigmatiser les finances publiques italiennes, tout en permettant à l'Allemagne de remplir le critère. La comparaison internationale des dettes publiques brutes situe la France dans une honnête moyenne. Nous sommes au même niveau que les États-Unis ou l'Allemagne, aux alentours de 65 % du PIB. C'est plus que le Royaume-Uni (44 %), mais nettement moins que le Japon (160 %) ou l'Italie (104 %).


Analysons le bilan du secteur public comme celui d'une entreprise. Il faut alors calculer la dette publique nette des actifs financiers détenus. D'après l'Insee, la dette publique nette est de 685 milliards d'euros fin 2006, soit 38 % du PIB, deux fois moins que la dette publique brute. L'OCDE fournit des chiffres de dettes publiques nettes, qui corroborent les chiffres de l'Insee. Dans le classement international des dettes nettes, la France fait bonne figure, au même niveau que le Royaume-Uni, bien en dessous de l'Allemagne et des Etats-Unis. Par ailleurs, la dette nette a légèrement baissé en dix ans, passant de 42 % du PIB en 1997 à 38 % en 2006.


Poursuivons plus avant l'analyse de ce bilan de la France : il se révèle riche non seulement de 700 milliards d'actifs financiers, mais encore de 1.400 milliards d'actifs non financiers (terrains, bâtiments, infrastructures, etc.). Le montant des actifs non financiers dépasse largement le montant de la dette nette. Le secteur public est donc en situation d'actif net positif (pour environ 38 % du PIB).


L'effet boule de neige


Nous sommes loin d'une situation de faillite, pas même en tendance : l'actif net public a progressé de 560 milliards d'euros en dix ans. Belle cagnotte ! Venons-en à une objection plus sophistiquée, celle de l'effet " boule de neige " de la dette. Les intérêts payés pour cette dette pourraient déclencher une réaction en chaîne incontrôlable, même si nous devenions vertueux et cessions d'avoir un déficit public primaire (avant paiement des intérêts annuels de la dette). Chaque année les intérêts produiraient un déficit plus grand, entraînant un nouvel endettement, puis des intérêts encore plus importants à payer l'année suivante, etc.


Pour éviter cet effet " boule de neige ", il faut que le coût annuel de la dette ne soit pas plus important que la croissance annuelle du PIB, de sorte que le ratio dette/PIB reste stable. Nous sommes loin de ce seuil critique. Le coût de la dette est d'environ 2,5 % du PIB, alors que le PIB en valeur progresse d'environ 4 % par an. Reste une objection majeure, celle du contribuable : cette montagne d'intérêts payés, n'est-ce pas de l'argent jeté par les fenêtres ? C'est en effet un des premiers postes budgétaires. Mais il a pour contrepartie le produit des actifs financiers (intérêts et dividendes) et des actifs non financiers qui produisent des revenus implicites. Prenons l'exemple des locaux publics. Aux prix actuels du marché, le coût du loyer est d'environ 5 %. Le secteur public fait donc plutôt une bonne affaire en empruntant de l'argent à 4 % sur les marchés financiers et en plaçant cet argent dans l'immobilier public.


Faut-il pour autant conclure qu'il ne reste plus qu'à augmenter le déficit public à volonté ? Certainement pas. L'augmentation de la dette publique ne se défend que si elle a pour contrepartie un investissement. Si l'éducation et la recherche s'apparentent sans doute à un investissement immatériel, les dépenses de santé sont plutôt de l'ordre de la dépense courante. Il conviendrait donc de clore la dette rampante de la Sécurité sociale (46 milliards fin 2007). En outre, il faut que l'investissement soit au moins aussi rentable que le coût de la dette. Enfin, une hausse du déficit public, destinée à stimuler la demande intérieure, risque de disparaître dans un surcroît d'importation, comme si l'on arrosait du sable, et d'avoir peu d'impact sur la croissance. Le principal problème de l'économie française n'est pas le déficit public ou l'insuffisance de la demande interne, mais le déficit de compétitivité extérieure qu'illustre notre déficit commercial croissant.


PHILIPPE BROSSARD, ÉCONOMISTE


(* ) La Tribune.fr du 24/04/08


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Published by Didier HACQUART - dans Parti Socialiste
2 mai 2008 5 02 /05 /mai /2008 06:06

La crise du dollar faible est une catastrophe pour notre industrie. Travaillant dans le secteur Aéronautique, c’est la première justification de nos dirigeants pour les délocalisations d’activités.

Le virtuel, la parité des monnaies, l'emporte sur le réel, la fabrication « physique » d'avions ou d'hélicoptères. En effet, pour rester « compétitifs », nous devons délocaliser dans la zone dollar, et/ou dans des pays à bas coûts (de main d'œuvre), non pas parce ce que nous ne sommes pas performants, flexibles ou autres, mais uniquement, parce que nos ventes s'effectuant en dollar, nous perdons automatiquement en compétitivité du fait de la parité  €/ $.
J'ai toujours été convaincu, que les américains jouaient sur la partié de leur monnaie. Aujourd'hui cela leur donne un gros avantage compétitif, qui au passage détruit l'industrie européenne...
Edouard HUSSON sur marianne.fr livre son analyse. Sans être autant Gaulliste, qu'il semble l'être, cela n'est pas inintéressant...
DH

Sarkozy incapable de tourner la page du dollar

Par Edouard Husson, historien, qui voit dans l'histoire monétaire française, a fortiori dans les volontés du président, une incapacité à sortir du «système dollar» alors que la réalité devrait nous pousser à se tourner vers les nouveaux grands: Russie, Chine, Japon...


Le 4 février 1965, le général de Gaulle prononça ce qui fut sans doute l'appel le plus important de sa présidence - et l'un des moins compris. Il attira l'attention du monde sur les dysfonctionnements de l'économie mondiale qu'allait bientôt entraîner le système monétaire international tel qu'il avait été conçu à Bretton Woods. Disposant de la seule monnaie convertible en or, monnaie dont ils avaient fait un moyen de réserve international, les Etats-Unis pouvaient s'endetter à volonté puisque le reste de l'économie mondiale avait besoin de dollars pour garantir sa propre fabrication de monnaie. En fait, comme le montrait De Gaulle, qui avait parfaitement intégré les leçons de Jacques Rueff, on avait passé le point d'équilibre: la quantité de dollars en circulation dans le monde était déjà telle que la monnaie américaine se dévaluait de fait. Il fallait refaire de l'or, disait-il, le point d'ancrage du système monétaire international.


De Gaulle, seuls contre tous, à gauche comme à droite


Que ne s'est-on payé la tête de De Gaulle à l'époque ! Sa conférence de presse fut la première d'une série d'analyses lucides de l'état du monde (les discours de Phnom Penh, de Montréal, de la conférence de presse sur la Guerre des Six jours), qui se révélèrent toutes prophétiques, mais qui coupèrent progressivement l'ancien chef de la Résistance française des faiseurs d'opinion, puis ébranlèrent la confiance d'une partie des Français. Le mythe d'un président trop vieux se répandit, complaisamment entretenu par la presse anglo-américaine. Pensez-vous, De Gaulle croyait encore à ces vieilles lunes, il n'avait pas lu Keynes, le pourfendeur de la «relique barbare», l'or ! Personne ne suivit le président français, ni ne comprit la portée de ses avertissements.

C'était l'officier de la Première Guerre mondiale qui comprenait comment les Américains entretenaient, au Vietnam ou dans la multiplication des missiles intercontinentaux, l'esprit de la Guerre froide - grâce à une fabrication potentiellement illimitée de dollars, pourvu que le «monde libre» marche dans la combine. Et tout cela afin de doper, par un «keynésianisme militaire», leur économie soumise à toujours plus rude concurrence (européenne dans les années 1960, asiatique depuis les années 1970). A l'opposé, les soixante-huitards pacifistes sont devenus, avec les années et malgré leur slogan «Faites l'amour, pas la guerre», les garants du système américano-centré. Dans les années 1980, ils ont découvert l'argent facile mis par les Etats-Unis à la disposition du reste du monde, et ont vite oublié leur vieille détestation de l'impérialisme américain. Ils ont toléré, puis encouragé, un système international où le pétrole a remplacé l'or comme garantie matérielle du dollar, ce qui conduit les Etats-Unis à défendre toujours plus agressivement le contrôle qu'ils exercent sur les approvisionnements pétroliers - au risque d'embraser le Moyen-Orient. Ils ont participé toujours plus activement à l'accaparement toujours plus frénétique par une minorité d'individus toujours plus voraces d'un dollar-papier toujours plus dévalué et des produits financiers fondés sur lui à la valeur toujours plus hypothétique. Il n'y a pas d'autre explication sérieuse à la croissance des inégalités dans le monde.


La prise en otage des économies par le dollar


Si l'esprit européen avait été une réalité à la fin des années 1960, les membres du Marché commun auraient fait bloc derrière De Gaulle et exigé des Etats-Unis qu'ils remettent de l'ordre dans leurs finances et qu'ils adhèrent sérieusement à l'esprit de détente. Mais les Etats-Unis n'eurent rien à craindre: on se moqua de De Gaulle, on se réjouit de son départ. Personne ne s'opposa au coup d'état monétaire d'août 1971, lorsque Nixon annonça que les Etats-Unis n'honoreraient plus la convertibilité en or du dollar - le président Pompidou et son ministre des Finances Giscard capitulèrent comme les autres Européens. Et depuis plus de trente ans, le monde a dû subir un système monétaire international pervers où les déficits américains servent à financer la croissance monétaire mondiale, où les Etats-Unis drainent jusqu'aux trois quarts de l'épargne mondiale. Car lorsque l'on a des dollars-papiers toujours plus nombreux - et donc valant en réalité toujours moins - on n'a guère d'autre perspective que de les replacer aux Etats-Unis en espérant que la force de travail des Américains, leur ingéniosité financière et leurs dépenses de défense en maintiendront la valeur.


Un système américano-centré tenu par la peur de l'effondrement


Il y avait quelque chose de pathétique dans l'opposition, en 2003, de Jacques Chirac et Dominique de Villepin à la guerre en Irak. Ils étaient lucides politiquement, mais incapables de comprendre l'envers du décor. Les pays, toujours plus nombreux, qui à la suite de la France et de l'Allemagne, se sont opposés à la guerre, ne semblaient pas voir que c'était la communauté internationale qui donnait, malgré ses critiques, aux Etats-Unis les moyens de financer leur appareil de défense et la guerre. Comment les Etats-Unis peuvent-ils dépenser 50 milliards de dollars par mois pour leur défense, quand ils ont besoin de la même somme, mensuellement, pour combler leurs déficits de toutes sortes ? Parce que le reste du monde (épargnants européens, investisseurs des pays producteurs de pétrole, banques centrales asiatiques) continuent à couvrir ces déficits sans broncher depuis des années.


Ce que Chirac et Villepin dénonçaient n'était que la face émergée de l'iceberg. Mais leur combat venait au bon moment, malgré l'insuffisante compréhension des mécanismes en jeu. En effet, George W. Bush restera dans l'histoire comme le président qui aura poussé à bout les ressources du système mis en place par Nixon, au point de le détraquer. Durant les six premières années de sa présidence, la masse monétaire américaine, tous produits confondus, a augmenté de 20% par an - pour amortir le krach des actifs boursiers, entretenir la consommation américaine et financer les guerres américaines. Depuis le début de la crise des subprimes, on en est à au moins 5% par mois. C'est-à-dire que, sous notre ami W, la masse monétaire américaine aura historiquement triplé. Autant dire que les Etats-Unis ont détruit la monnaie de réserve internationale. Le système ne continue à tenir que parce que le reste du monde, à commencer par la Chine, ne veut pas voir s'évaporer en quelques jours d'immenses réserves en dollars sur lesquelles repose le financement de son économie. Mais nul ne peut dire ce qui l'emportera, des forces de destruction inhérentes à la politique «néo-conservatrice» (quelle ironie dans cette auto-désignation !), ou des tentatives de stabilisation de la situation par les grands acteurs internationaux.

On saisit le contresens commis par Nicolas Sarkozy lorsqu'il veut resolidariser la France aux Etats-Unis au moment où il faudrait se concerter activement avec la Russie, la Chine, le Japon et les pays pétroliers pour poser les bases d'un système monétaire international assaini.



Marianne.fr du mercredi 30 Avril 2008

Edouard Husson


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Published by Didier HACQUART - dans Réflexions
1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 14:35

Manifestation du 1er mai à Marseille



Nous étions entre 2.500 et 3.000 personnes selon la police, 30.000 selon les syndicats, à manifester à Marseille ce matin 1er mai.


Dans les premiers rangs, des salariés de l'usine Coca-Cola des Pennes-Mirabeau et du site ST Microelectronics de Rousset qui ont récemment obtenu des augmentations après des grèves, défilaient derrière une banderole commune: «Pour les salaires on a lutté, pour les salaires on a gagné». Dockers et agents portuaires qui observent depuis trois semaines une grève perlée à Marseille contre la réforme des ports autonomes, étaient en nombre.

 

Gérard PERRIER militant infatigable avec Hélène, de PRS Essonne, venue renforcer le temps de la manifestation PRS13


PRS et le mouvement social sont indissociables, et bien évidemment les militants de PRS étaient présents à la manifestation et plus de 2000 tracts sur la défense de laïcité ont été distribués. A l'heure ou Nicolas Sarkozy s'attaque à la loi de 1905, et remet en cause la laïcité garante de notre république, après ses discours du Latran et de Ryad, notamment, il est important de se mobiliser.


La manifestation du 1er Mai c'est aussi l'occasion de retrouver les copains syndicalistes et politiques. Cette année, il faut noter l'absence officielle du PS qui n'a semble - t - il pas juger bon d'être aux cotés des salariés ? Il y avait cependant une petite délégation des jeunes du MJS13 qui manifestait et que je salue, sans oublier quelques camarades comme Pascale Morbelli élue de Vitrolles ou Gaëlle Lenfant, candidate PS aux législatives 2007 dans la XIème circonscription.


 

Hélène Lecacheux de PRS13 au coeur de la manifestation en grande discussion pour convaincre
et toujours convaincre !

 

 

 



Mon badge PRS est pret pour la manifestation du 22 mai pour défendre nos retraites !

 


DH

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Published by Didier HACQUART - dans PRS
1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 05:49

C'est aujourd'hui !


Le mois de mai débute par le traditionnel défilé des salariés. La manifestation syndicales sera presque unitaire avec l'appel de la CGT, la CFDT, l'UNSA, SOLIDAIRES et la FSU. FO comme à son habitude à Marseille  fera son rassemblement seule le matin devant son UD.


PRS sera bien sûr à la manifestation à Marseille pour une distribution de tracts.


Le moi de mai 2008 risque d'être chaud, avec les appels à la grève dans l'Education (FSU, Unsa-Education, Sgen-CFDT, Ferc-CGT et Sud-Education) et parmi les fonctionnaires (CGT, FSU, Solidaires, Unsa, CFTC, FO, CFDT)


Le 22 mai se sera l'appel de la CFDT, CGC,CFTC,CGT et FO pour la défense de nos retraites  (lire ci-après). L'Unsa, Solidaires (Sud) et la FSU ont annoncé mercredi qu'ils se joignaient au mouvement.


A ces manifestations, il ne faut pas oublier les lycéens.


Mai 2008 sera chaud...


A suivre !


DH



MANIFESTATION DU 1er MAI


A 10H30 MARSEILLE


Les Mobiles (haut de la canebière)


A l'appel des organisations


CGT - CFDT - UNSA - SOLIDAIRES - FSU


Contre l'austérité !


Pour le progrès social

Pour la solidarité

Pour la paix




COMMUNIQUE DES CONFEDERATIONS

 

CFDT, CFE‑CGC, CFTC, CGT, CGT-FO


Pour les confédérations syndicales, le « rendez‑vous de 2008 sur les retraites », doit être l'occasion de consolider le système par répartition, seul à même d'assurer la solidarité indispensable entre générations et de répondre aux exigences de justice sociale.


Fondamentalement, l'avenir des retraites est lié à la situation de l'emploi et des politiques économiques. Les confédérations syndicales n'entendent cependant pas nier les différences d'approche existantes entre organisations sur les réponses à apporter.


Mais face au blocage gouvernemental sur les principales propositions des organisations syndicales (garantie et niveau des retraites, droit à la retraite à 60 ans, durée de cotisation, reconnaissance de la pénibilité, ressources financières assurant l'avenir à long terme du système de retraite, réduction des inégalités entre les femmes et les hommes...), les confédérations décident d'appeler à une journée nationale interprofessionnelle d'action et de manifestations le 22 mai 2008.


Elles appellent les salariés, les jeunes et les retraités à être nombreux le 22 mai dans l'action et les manifestations pour la défense de la retraite solidaire.


Paris, le 29 avril 2008

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Published by Didier HACQUART - dans Rien n'est inéluctable - mobilisons nous !
30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 05:48

Rien n'est jamais inéluctable, et rien n'arrive jamais par hasard...


A méditer.


DH

 


Les révoltes de la faim dans les pays du Sud :

l'aboutissement logique de choix économiques et politiques désastreux


Communiqué commun Attac - Confédération Paysanne



Les révoltes dans divers pays révèlent une crise alimentaire mondiale qui s'installe sans doute pour une longue période, à défaut de changement radical d'orientation.


Nous ne sommes pas dans une situation de pénurie mondiale. Quoiqu'extrêmement faibles, les stocks sont encore suffisants pour faire la jonction entre deux récoltes. Mais l'accès à l'alimentation des populations s'est dégradé brutalement face à une augmentation considérable des prix.  Elle aggrave encore la situation actuelle (20000 morts par jour, près de 900 millions de personnes souffrant de malnutrition dont 80% de paysans).


La faiblesse des stocks est en cause. Elle provient en partie de phénomènes nouveaux : une demande forte en céréales et oléagineux pour l'alimentation, une demande en hausse pour la production d'agrocarburants industriels (éthanol et diester)  et des accidents climatiques qui ont diminué les récoltes sur certains territoires de la planète.


Mais cette nouvelle tension sur les marchés révèle surtout des problèmes structurels, issus de choix économiques désastreux, basés sur la croyance des bienfaits pour l'humanité de la libéralisation des marchés agricoles et de la marchandisation tous azimuts :


-    avançant la nécessité du remboursement de la dette, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale contraignent depuis des dizaines d'années les pays pauvres à réorienter leurs productions agricoles vers l'exportation. Ces pays ont ainsi dû délaisser leurs cultures vivrières, augmentant leur dépendance aux marchés extérieurs ;


-    sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce et sous la pression des accords bilatéraux, les politiques agricoles de tous les pays et leurs tarifs douaniers ont été progressivement démantelés : l'agriculture paysanne des pays du Sud se retrouve sans protection, en compétition directe avec l'agriculture subventionnée et industrielle des pays du Nord ;


-    la spéculation sur les marchés de matières premières accentue l'instabilité, à la baisse ou à la hausse, de leurs prix. Elle s'inscrit dans le cadre d'un capitalisme financier exacerbé, qui détériore l'ensemble des conditions de vie, y compris dans ce qu'elles ont de plus élémentaire ;


-    de nombreux pays, en soutenant le développement des agrocarburants, répondent aux intérêts des multinationales mais mettent un peu plus en danger la sécurité alimentaire mondiale. Tandis que leur bilan carbone est contesté dans la plupart des cas, les cultures intensives d'agrocarburants concurrencent directement les productions alimentaires et favorisent la hausse des prix et la spéculation.

Pour toutes ces raisons qui n'ont rien de conjoncturel, il est à craindre que l'extrême pauvreté et les conflits régionaux ne fassent que s'aggraver. Seules des mesures cohérentes, en rupture avec les politiques libérales actuelles, peuvent permettre d'endiguer la catastrophe qui s'annonce :


-    une régulation mondiale des marchés agricoles avec le recours aux stocks publics dans le cadre d'une instance internationale sous l'autorité des Nations unies : elle doit permettre une régulation des prix mondiaux compatible avec l'intérêt général et l'instauration d'une fiscalité procurant les ressources publiques pour satisfaire les besoins en développement des pays du Sud ;


-    la reconnaissance du droit à la souveraineté alimentaire, c'est-à-dire le droit des populations, de leurs États ou Unions à définir leur propre politique agricole et alimentaire sans dumping vis-à-vis des pays tiers ;


-    l'annulation de la dette des pays pauvres et l'augmentation substantielle de l'aide publique, à commencer par celle de l'Union européenne et de ses États membres, qui est aujourd'hui en diminution ;


-    un moratoire pour suspendre la production d'agrocarburants et expérimenter des solutions alternatives, comme le propose Jean Ziegler, rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation.


Enfin, la crise alimentaire ne peut être résolue au détriment des impératifs écologiques, notamment par la déforestation et le développement des OGM. La crise climatique et l'épuisement des sols sont autant de facteurs qui, au contraire, accentuent la crise alimentaire. Les solutions résident dans des pratiques agricoles écologiques et sociales. Elles nécessitent en particulier une réorientation de la recherche publique agronomique et des politiques agricoles et alimentaires dans leur ensemble.


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Published by Didier HACQUART - dans Rien n'est inéluctable - mobilisons nous !
29 avril 2008 2 29 /04 /avril /2008 06:04

Le vieil éléphant n'est pas encore out. Il a des idées et des propositions concrètes pour la France.

Ce n'est pas inintéressant, et c'est concret...

A suivre.

DH


Quatre propositions pour retrouver une perspective

28 avril 2008



Tribune publiée par Laurent Fabius dans Les Echos.


Que M. Sarkozy déçoive est une évidence. Que la gauche doive formuler des contre-propositions pour l'avenir est une exigence. En voici quatre, originales, dans des domaines essentiels.


Nous souffrons en France d'un lourd problème de compétitivité. Le plus inquiétant, c'est moins la question de nos coûts salariaux, relativement inévitables dans un pays très développé, que celle de notre insuffisance d'innovation et de recherche. C'est elle qui est déterminante sur le long terme. C'est par elle que nous ferons la différence dans la mondialisation. Puisque la France va présider l'Union européenne, je propose que nous lancions le projet concret d'une Coopération européenne pour la recherche et l'innovation (Ceri), nouveau moteur du développement. Osons mettre en commun nos budgets nationaux de recherche, créer un espace européen de l'innovation dont bénéficieront nos PME, abattre les murs qui fragmentent les parcours et les carrières de nos étudiants et de nos chercheurs. Proposons un seul ministère européen de la Recherche et de l'Innovation, doté d'une politique coordonnée. C'est ainsi que l'Europe et la France redresseront la tête et contribueront au développement durable.


Précisément, le péril environnemental constitue un deuxième et colossal défi. La détérioration écologique, si elle se confirme, provoquera des bouleversements économiques, sociaux, sanitaires et d'ordre public massifs. Plusieurs pays parmi les plus grands continuent d'agir - ou de ne pas agir - comme si de rien n'était. Pour concilier la protection de l'environnement et la concurrence internationale, je propose l'établissement d'« écluses écologiques » taxant l'importation des produits polluants, ou, davantage compatible avec les règles internationales, l'établissement d'une « pollutaxe » universelle. En bref, instituer un prélèvement écologique, modulé en fonction de l'impact environnemental des produits. Ce prélèvement sera faible ou nul sur les produits propres et significatif sur les produits polluants. Le montant en sera affecté à un Fonds mondial d'action contre la pauvreté. On objectera que ce mécanisme contredirait l'autorégulation économique : mais on voit les catastrophes auxquelles celle-ci aboutit ! Chacun admet qu'il faille mobiliser des centaines de milliards d'euros pour sauver des établissements financiers ; pourquoi, dans le même temps, serait-il impossible de protéger la planète et la vie humaine tout en favorisant la concurrence par cette pollutaxe universelle ?


La France connaît des problèmes spécifiques liés à son manque de stratégie industrielle et d'outils pertinents pour la mettre en œuvre. Alors que beaucoup de pays se dotent d'instruments forts d'action publique, nous avons tendance, nous, à démembrer ceux que nous possédons, dans un grand mouvement anti-État qui nous affaiblit nous-mêmes. La vérité est que, si nous devons combattre la bureaucratie, nous avons besoin d'une puissance publique dynamique. Je propose que la France se dote d'un fonds souverain, constitué à partir de la Caisse des Dépôts. Il interviendra dans le domaine économique selon des critères éthiques analogues à ceux de l'actuel Fonds souverain norvégien. Il pourra être rapproché du Fonds de réserve des retraites. L'un et l'autre seront alimentés notamment à partir du produit des privatisations et des cessions immobilières de l'État. Si on veut éviter que notre industrie se délocalise systématiquement ou/et se fasse dominer par des pays tiers, ce « Fonds souverain France » ainsi qu'une politique monétaire européenne beaucoup plus pragmatique qu'aujourd'hui sont des voies nouvelles à explorer pour une stratégie de nos entreprises à la fois offensive et défensive.


Ma dernière proposition concerne le pouvoir d'achat. Le climat social dans notre pays se dégrade : perte d'espérance de la jeunesse, inquiétude des salariés, précarisation des retraités, voilà ce qu'on constate sur le terrain. En l'absence de perspective claire de redémarrage, le risque existe de tensions fortes à l'automne, notamment dans nos banlieues. Personne n'a rien à y gagner. Il est urgent que le pouvoir s'attelle sérieusement à la question de la dette, du logement, des services publics et du pouvoir d'achat. Qu'il revienne sur tout ou partie du paquet fiscal, ou plutôt du « boulet fiscal » afin de dégager des fonds pour ces priorités. Qu'il subordonne l'octroi des exonérations sociales à la conclusion d'accords salariaux. Et que les dirigeants en place commencent par montrer l'exemple. Le pire dans la situation présente est en effet que ce pouvoir ne présente aucune perspective de long terme, qu'il donne le sentiment de se préoccuper surtout de lui-même et ne dessine pas d'espoir.


Voici quatre propositions de fond. Elles sont cohérentes avec la vision d'une « économie sociale et écologique de marché » que j'ai proposée au PS et qu'il vient de reprendre dans sa nouvelle déclaration de principes. Ces pistes sont ambitieuses, concrètes, elles sont soumises à discussion. N'est-ce pas cela, d'abord, ce qu'on attend des responsables politiques ?


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Published by Didier HACQUART - dans Congrès PS 2008