« Quand on parle à l'esprit, à la conscience, alors toutes les consciences entendent. ». Voià ce qui me plait chez Mélenchon !
DH
Mélenchon n'est pas un gueulard populiste !
Le Point.fr - Publié le 18/04/2012
Chaque mercredi, Anna Cabana, grand reporter au "Point", livre une analyse politique pour le 6/7 de France Inter.
Ce matin, Anna, vous voulez nous parler de Jean-Luc Mélenchon, qui sait parler au peuple...
Et pas seulement en vociférant contre les riches et en insultant les puissants. Le candidat du Front de gauche n'est pas qu'un gueulard populiste. Ce serait trop simple. Or ses discours sont tout sauf simples. L'ancien prof de français s'adresse au "populo" avec des mots compliqués et une syntaxe sophistiquée. Depuis des années, les communicants expliquent aux politiques que, pour être compris du grand public, il faut faire des phrases simples - sujet verbe complément - en bannissant les mots trop recherchés et en évitant de parler trop longtemps, pour ne pas lasser. Eh bien Mélenchon fait strictement l'inverse.
Que voulez-vous dire ?
Il considère que la simplification de la langue est une forme de mépris de classe. Il pense que respecter le peuple, c'est le tirer vers le haut, y compris dans le choix du vocabulaire et le raffinement de la syntaxe. J'étais samedi sur la plage du Prado, à Marseille, pour son meeting géant. Sa harangue - qui a duré 1 heure 20 - était écrite dans un français plus que parfait. Il y avait de la poésie de bout en bout. Il a dit qu'il était venu - je le cite - "recevoir sur cette plage, au bord de ses lèvres fraiches, le baiser de la Méditerranée". Il a invité les quelque 100 000 personnes rassemblées à "écouter le murmure de l'histoire longue qui travaille en nous" et à ne pas "laisser la mer violette, comme disait Homère, devenir un cloaque". Il a expliqué que "l'obscurantisme jetait à terre l'esprit humain", il a apostrophé le résistant Aubrac à la deuxième personne du singulier.
Comment réagit son public?
Ce qui était frappant, c'est qu'au lieu de tordre le nez, les gens le regardaient avec des yeux brillants. Mais pas comme on regarde une rock star ou un gourou. "C'est un éclaireur, m'a dit Sylvain, un employé de banque de 34 ans. Contrairement aux autres, il ne nous prend pas pour des imbéciles. Quand on l'écoute, on se sent plus intelligent." Une dame voilée qui n'a pas arrêté de lancer des youyous pendant le meeting me l'a confirmé : "Je ne comprends pas tous les mots, mais c'est généreux, c'est beau, et j'apprends tant de choses", m'a-t-elle dit. Pendant ce temps, sur la scène, Mélenchon grondait : "Quand on parle à l'esprit, à la conscience, alors toutes les consciences entendent."