Le nucléaire fera partie du débat en 2012 ; c’est un choix de société et ce qui se passe au Japon interpelle tout le monde, y compris ceux qui n’étaient pas anti-nucléaire à la base.
On connait la position de Nicolas SARKOZY « pro-nucléaire » et de l’UMP. Au PS, il y a les pros et les antis. Manifestement la position reste ambigüe même après le Japon… Qu'il y ait débat c'est normal et mêm sain, mais le PS doit être clair avec les électeurs.
Pour le Parti de Gauche, la position est claire… C’est la sortie du nucléaire ! C'est un point de divergence avec le PS.
DH
Le PS ne se sort pas du nucléaire
Juste après la catastrophe de Fukushima, dès le 15 mars, Jean-Marc Ayrault, le patron des députés socialistes, demande au gouvernement un moratoire sur les nouvelles installations nucléaires [PDF].
On pense alors que c’est la nouvelle position du PS sur le sujet. Mais le soir-même, Jean-Marc Ayrault subit les foudres de Martine Aubry qui lui reproche de s’être trop avancé.
Pourtant, le lendemain, la direction du parti rédige un projet de communiqué qui va plus loin, dans lequel il est dit qu’il faut réfléchir à une politique énergétique «sans nucléaire».
Au Bureau national, Alain Richard et François Rebsamen, très pro-nucléaires, sont furieux, ils obtiennent le retrait de cette phrase qui reviendrait à changer, d’un coup, comme ça, la doctrine des socialistes sur une question essentielle.
Et puis voilà que sur Canal+, quelques jours plus tard, Martine Aubry explique qu’il faut, à terme, «sortir du nucléaire».
Le lendemain matin, Harlem Desir, précise que «non non!», Martine Aubry voulait dire «sortir du TOUT nucléaire».
Bon, fermez le ban. Et bien non! Le 28 mars Martine Aubry, sur France inter, dit ceci:
«Il y a un avant et un après Fukushima, il faut aller au plus vite sur la question de la sortie du nucléaire.»
Visiblement s’il y a effectivement un avant, il y plusieurs «après Fukushima» au PS…
Et puis le PS publie son projet pour 2012 dans lequel il s’agit bien de sortir du «TOUT nucléaire»…
Et là, on croit que la position est enfin arrêtée et que, même si cette expression «sortir du tout nucléaire» n’est pas spécialement limpide, puisqu’on n’est pas dans le «tout nucléaire», le PS reste en faveur de cette forme d’énergie quitte à en réduire progressivement la part.
En réalité, cette position est une concession de Martine Aubry au reste de la direction du PS.
La première secrétaire, elle, a changé d’avis. Elle pense maintenant qu’il faut sortir du nucléaire. Elle se différencie des Verts en estimant qu’il faudra certainement beaucoup plus que 25 ans pour ça, mais Fukushima plus son expérience au Pôle Energie de Pechiney (souvenir du temps où elle faisait partie de la direction de cette entreprise), l’ont fait évoluer.
Le projet présidentiel, lui, reste fondamentalement nucléariste. Il dit globalement ceci: «Ne gâchons pas des années de succès techniques et économiques parce que la gestion privée du nucléaire au Japon a été un désastre.»
Pour le PS, la sûreté nucléaire tient donc au caractère public de l’exploitation. Un argument –soit dit au passage– qu’il n’aurait pas fallu sortir après Tchernobyl et sa gestion totalement publique…
Samedi, le projet présidentiel doit être avalisé par le Conseil national du PS. A cette occasion, les anti-nucléaires socialistes comme Aurélie Filippetti ou Christophe Caresche présenteront un amendement intitulé, de façon assez maline, l’«amendement Aubry», proposant la sortie du nucléaire en s’inspirant de ce qu’a dit Martine Aubry sur France Inter.
Le projet ne sera certainement pas modifié cette fois-ci, mais le candidat désigné par les primaires précisera sa pensée et c’est à ce moment-là que les socialistes changeront peut-être de position.
François Hollandereste attaché au nucléaire, Martine Aubry veut en sortir… Quant à Dominique Strauss-Kahn, favorable au nucléaire, il serait, aux dernières nouvelles, en train de sérieusement réfléchir à la question.
Sur ce point, au moins, les primaires socialistes permettront peut-être un débat de fond intéressant.
Thomas Legrand