17 mars 2007
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Les entreprises cotées en Bourse ont réalisé cent milliards de bénéfices en 2006.Le CAC 40 casse la baraqueLe chiffre commence à donner le tournis. L'année dernière, les entreprises composant le CAC 40 ont réalisé près de 100 milliards d'euros de profits. Sur 39 entreprises ayant publié leur compte 2006 la dernière en date étant hier Gaz de France , le total se monte à 97,7 milliards de résultat net. C'est-à-dire le résultat obtenu, une fois tous les frais payés, notamment les impôts.Il s'agit d'un record historique. La progression est de 10 % par rapport à la cuvée 2005, elle-même un record. C'est bien simple, depuis 2002, année où le CAC 40 avait engrangé 20 milliards d'euros de bénéfices, cet indicateur progresse sans arrêt. Pour le plus grand bonheur des actionnaires. Les distributions de dividendes, qui auront bientôt lieu au titre de 2006, augmentent de 30 %, encore plus que les profits. C'est 40 milliards d'euros qui devraient être déboursés au total par les entreprises du CAC 40.Cette évolution est d'autant plus remarquable qu'elle est totalement déconnectée de la croissance française modérée en 2006 et de la santé du tissu industriel. Les groupes du CAC 40 réalisent une part grandissante de leur profit à l'étranger et ils profitent de la croissance internationale. En France, la rentabilité moyenne des entreprises hexagonales, telle que mesurée dans les comptes de la nation par le taux de marge, est restée d'ailleurs globalement stable ces dernières années.Pertes et dividendes. Cette richesse va d'autant plus être jalousée qu'elle profite toujours aux mêmes : les actionnaires, et notamment les fonds de pension anglo-saxons (fin 2005, les non-résidents détenaient 46 % des actions à la Bourse de Paris). Et même si, via les plans d'intéressement, les salariés des groupes du CAC 40 profitent aussi de cette évolution, la manne est loin d'être équivalente.Plus gênant pour les salariés, les entreprises font comme si, quelle que soit la conjoncture, le dividende était dû. Les entreprises en difficulté se font même un devoir de mieux rémunérer les actionnaires. Renault par exemple a vu son résultat baisser de 15 %, son dividende augmentera pourtant de 29 %.A EADS, de nombreuses voix s'étaient fait entendre pour qu'aucun dividende ne soit versé au moment où 10 000 emplois étaient supprimés. Mais les actionnaires LAGARDERE et DAIMLER ont réussi à faire entendre leur voix. Louis Gallois, le PDG du groupe aéronautique et de défense, a ainsi promis qu'il y aurait un dividende, sans dévoiler son montant. Même face à l'Etat et à la mobilisation des politiques la logique de la finance réussit à l'emporter.Après cela on nous dira qu’il n’y a pas de marges de manœuvres…Mais à ces chiffres mirifiques, il faut mettre en lumière le fait que les effectifs en 2006 de ces mêmes entreprises ont baissé de 0,3 % (- 35 500 emplois)… Est - ce que cela a un rapport ?
DHExtrait d’un article de Libération du mercredi 14 mars 2007
Published by Didier HACQUART
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dans
Réflexions