Je vous communique 2 articles de Jean - Luc MELENCHON sur la situation d’AIRBUS. Jean – Luc a saisi l’importance du sujet, et son analyse sur la situation est pertinente et éclairée.
AIRBUS redécollera !
L'affaire d'Airbus est une caricature. Un dossier de propagande clef en main pour apprenti anti-capitaliste de base. N'était le désastre humain inouï et la destruction d'intelligence concrète qu'il signifie à l'heure à laquelle j'écris ces lignes amères, on rirait de l'avidité farcesque des dirigeants gloutons et prédateurs qui ont amené une des plus belles réussite de l'Etat entrepreneur, jacobin et colbertiste au désastre grâce au passage obligé par la case "gros profits tout de suite".
Lisez la communication prétentieuse et bouffie d'EADS qualifiant de "légitimes" les "attentes des actionnaires" en matière de rentabilité de l'entreprise et plaçant publiquement cette préoccupation au poste de commande et vous aurez compris que le désastre ne fait que commencer. Car la rentabilité dont il est question ce n'est pas celle de l'équilibre des comptes mais le prélèvement d'un 15% de rente sur la bête, chaque année, à l'heure où l'on tond les coupons, selon les "standards" (dixit EADS) désormais exigés de l'industrie par le marché boursier.
L'Etat "mal placé pour gérer", "trop lourd à l'heure de la mondialisation réactive" et dont "ce n'est pas la vocation de produire des avions", avait pourtant porté l'entreprise au numéro un mondial de son secteur contre la toute puissance américaine. Pour cela la bureaucratie d'Etat avait mobilisé tout l'argent public nécessaire sous forme d'avances remboursables à long terme. Et permis, entre autres, de révolutionner la technique de construction des avions (soudage au laser et matériaux composites) et de leur fonctionnement (commande électrique inventée dans le Concorde et industrialisée par Airbus). On voit que ça ne pouvait plus durer.
J'ai été aussi assez content de lire dans la presse les réactions des dirigeants socialistes, et notamment de Ségolène Royal, sur un registre de résistance au plan prévu par EADS. Je pense que c'est important de le constater. En fin de note je parle de la réaction de Sarkozy.
On voit bien sur ce dossier la ligne de partage. Je prends le pari que le commentaire verbeux de Sarkozy répétant les refrains fétiches de la résignation néo libérale sur ce dossier aura un retentissement au moins aussi assassin que l'avait été la malheureuse phrase de Lionel Jospin avec les LU à Evry.
Je prends le pari que le volontarisme de Ségolène Royal, son étatisme et son appel aux ressources de la puissance publique fut elle régionale face à l'inertie de l'Etat UMP lui vaudront un très sérieux bonus.
A juste titre. Vu de ma tour d'observation, ceci fera davantage que bien des shows télévisés. Bref, je considère que c'est une confirmation d'un possible retour du débat de la présidentielle sur les questions de fond, à belles distances des grotesques pantalonnades qui ont surchargé la scène publique ces derniers temps. Bien mené, bien expliqué cet épisode de solidarité dans la lutte avec les travailleurs les plus hautement qualifiés pour une des productions industrielles les plus moderne de notre temps, peut faire prendre la colle qui réuni les français dans les épreuves et tout faire aller l'énergie dans le bon sens, de droite à gauche, de la résignation bavarde à l'action audacieuse. EADS peut aussi être le procès public du bilan du libéralisme en France.
(*) Par Jean – Luc MELECHON