Rassemblement symbolique contre la stèle de la honte
Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 8 juillet 2005.
Enfants des victimes de l’OAS, associations, syndicats et partis politiques ont manifesté sous les fenêtres du maire UMP, ex-Front national, ex-MNR.
Correspondant régional. « Non à la stèle de la honte ».
En portant cette banderole face à la mairie de Marignane, transformée en bunker, qui a mis gracieusement à disposition de l’association de pieds-noirs ultras Adimad une concession où a été érigée une stèle en l’honneur des assassins de l’OAS, les fils et filles de victimes incarnaient la dignité mercredi soir.
À l’appel de nombreuses associations (Georges Doussin, président de l’ARAC était présent), syndicats et partis politiques, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées symboliquement sous les fenêtres de Daniel Simonpiéri, le maire divers droite de la ville, au FN dès 1974, puis membre fondateur d’un MNR qu’il a abandonné aux premiers revers électoraux du groupuscule de Bruno Mégret.
« Simonpiéri siège dans le groupe UMP au conseil général et est vice-président de la communauté Marseille-Provence-Métropole, rappelle Annick Boët, présidente des élus communistes de Marseille. Pour la droite, il est passé par un sas de décontamination, alors que ces actes montrent qu’il est resté d’extrême droite. » Le matin même, 600 nostalgiques de l’OAS ont tenté d’inaugurer la stèle posée la veille dans une ambiance tendue.
Les CRS les en ont empêchés grâce à un arrêté préfectoral très tardif. « Ce rassemblement montre notre détermination pour empêcher toute inauguration future, mais aussi pour obtenir l’enlèvement de cette stèle et de toutes celles qui existent en France, témoigne Alain Biot, président de Ras l’front Vitrolles-Marignane. Il faut également revenir sur la loi du 23 février dernier et se pencher sur le cas des rues Salan et autres dans toute la France. » « Honorer l’OAS, cette organisation fascisante, est une provocation, estime Jean-Marc Coppola, responsable départemental PCF.
Ceux qui voulaient inaugurer cette stèle portent en eux le racisme, la xénophobie et la haine. Malheureusement, le pouvoir en place est muet ou accompagne cette opération de révisionnisme. On aimerait beaucoup entendre Sarkozy s’exprimer sur ce trouble à l’ordre public. » « Cette stèle participe à une entreprise de réhabilitation du colonialisme, de ses méfaits et de ses forfaits, dénonce Mouloud Aounit, président du MRAP. La bataille va continuer jusqu’à l’éradication de ces stèles, qui ouvrent les plaies de la revanche et de la haine. Ces monuments sont un coup de couteau au traité d’amitié franco-algérien, une crampe mentale effrayante. » « Elle est la preuve qu’en France, on n’a jamais dit la vérité sur la guerre d’Algérie, constate François Nadiras, vice-président de la LDH Toulon. Des amnisties, des réhabilitations, ont interdit le travail d’histoire. Il faut se frotter à cette réécriture du passé. »
Marignane a aujourd’hui besoin d’une alternative politique construite face à un maire aujourd’hui notabilisé et qui obtient des scores de sénateur à chaque élection.
Marc Leras