Des patrons hostiles à la maire sortante, une gestion sévèrement critiquée
Article paru dans l'édition du Monde du 02.10.02
La promesse de baisse d'impôts n'a pas été tenue. La chambre régionale des comptes a noté des « opérations douteuses »
En arrivant au pouvoir, en février 1997 après avoir battu le socialiste Jean-Jacques Anglade, l'extrême droite a trouvé une situation économique très dégradée : des dépenses de personnel imposantes et le suréquipement de la ville, dont la salle de spectacle et de sport le Stadium était le meilleur symbole. La chambre régionale des comptes (CRC), dans son rapport provisoire de décembre 2001 sur la gestion de la commune, notait : « Au début des années 1990, les dépenses totales de la commune par habitant s'élevaient à 11 000 francs, soit 30 % de plus que les communes de la région de 20 000 à 50 000 habitants. »
Cette mauvaise gestion - exploitée par le FN, le parti des Mégret à l'époque, durant la campagne électorale - fut fatal à M. Anglade, accusé, par ailleurs, de bien des péchés qu'il n'avait pas commis. L'extrême droite s'était engagée à diminuer les impôts locaux, ce qu'elle fit en début de mandat. La CRC précise que « la pression fiscale (...) a légèrement augmenté jusqu'en 1996, pour diminuer ensuite et retrouver, en 2001, son niveau de début de période ». Dans sa plaquette de campagne comme dans ses déclarations orales, la candidate du MNR reste floue sur les chiffres, se contentant de rappeler « une baisse des impôts locaux » en 1997 et 1998.
La chambre régionale précise également que la taxe d'habitation est très faible (9 % contre 16 % dans la région). Les retombées de ce cadeau aux électeurs imposables ont été immédiates : de moindres services aux habitants. Actuellement, la ville dépense en fonctionnement 106 euros par habitant, alors que la moyenne régionale est de 229 euros. Mais la CRC a aussi dévoilé un subterfuge qui a permis à la commune de fonctionner tout en réduisant la pression fiscale : « La trésorerie de la commune est largement assurée par les usagers de l'eau, qui ont eu à supporter une hausse brutale des tarifs en 1997. » Le consommateur d'eau a donc joué, « tout en l'ignorant (...), un rôle de prêteur non rémunéré, permettant [à la commune] de faire face à ses problèmes de trésorerie ».
Le conseiller économique du candidat socialiste Guy Obino résume l'affaire ainsi : « Ils ont demandé une surtaxe de 1 franc par m3 pour financer la station d'épuration, mais ils ont utilisé ces fonds en trésorerie. » Les élus de Vitrolles se sont d'ailleurs rendu compte que la ficelle risquait de devenir visible : le 26 janvier 2001, ils décidaient une « baisse de 1 franc du prix du m3 d'eau », comme l'annonce le dépliant de Catherine Mégret.
Résultat : un budget plus que difficile à équilibrer. Les magistrats de la chambre régionale des comptes expliquent qu'il n'a pu l'être que grâce à des « opérations financières douteuses », comme l'étalement année après année du remboursement de la dette et autres fuites en avant. « Elles ne seront désormais plus possibles », écrivait un consultant extérieur sollicité par la mairie. La CRC note, en effet, que « le coût financier de ces opérations, connu des services sans avoir été présenté à l'assemblée délibérante [le conseil municipal] est le prix que la collectivité paiera dans les dix ans à venir »
Dans le même temps, l'action économique de la ville a été minime. Catherine Mégret se félicite d'avoir lancé, en 1999, « la rénovation générale de la zone industrielle des Estroublans » qui, avec celle de l'Anjoly, regroupe 600 industriels et 10 800 emplois. Mais elle omet d'écrire que c'est la communauté d'agglomération du pays d'Aix, dont Vitrolles est membre, qui était le maître d'ouvrage et le financeur principal des 18,2 millions d'euros dépensés pour les quatre tranches de travaux dont le principe avait été arrêté dès 1995.
En revanche, la mairie n'a eu aucun contact sérieux avec les acteurs de l'immense zone commerciale qui gravite autour de Carrefour et de sa galerie marchande, selon les responsables des magasins concernés. La direction d'Eurocopter, le plus gros employeur de la région, dont les usines d'hélicoptères sont à cheval entre Vitrolles et Marignane, ont refusé publiquement le moindre contact avec les deux mairies d'extrême droite dès leur arrivée au pouvoir. Une position de principe qui n'a jamais varié d'un pouce.