Une gestion du personnel municipal teintée de brutalité et de favoritisme
Article paru dans l'édition du Monde 25.09.02
De notre correspondant régional
La gestion du personnel par l'équipe Mégret a été marquée par la préférence partisane et une pression permanente des élus sur les fonctionnaires. Dès le début du mandat, en avril 1997, les éducateurs et agents de prévention sont licenciés. Plus de 80 contractuels et auxiliaires sont évincés dans les mois qui suivent. Cette brutalité dans la gestion du personnel crée un climat détestable. Dans le même temps, nombre de cadres préfèrent quitter la ville que servir les Mégret qui recrutent leurs amis. Cette gestion des effectifs a un coût puisque la chambre régionale des comptes (CRC) a calculé que le licenciement précipité des 31 contractuels a coûté 94 000 euros à la ville.
En mai 1998 la mairie décide de privatiser la collecte des ordures. Une grève de dix jours appuie un recours syndical devant le tribunal administratif. La mairie est contrainte d'annuler sa décision de passer une délégation de service public. Résultat : elle signe un marché avec la société Polyurbaine, mais elle est obligée de garder les 48 agents qu'elle espérait voir partir.
La direction de la ville cherche alors à mieux organiser ses rapports avec le personnel. Elle favorise, en mars 1999, la création d'une section Force ouvrière, afin de contrer la CGT et surtout la CFDT, qui lui menaient une incessante bataille.
CONDAMNE POUR MEURTRE
Après la réélection de Catherine Mégret, en 2001, le climat s'alourdit à nouveau, et le recrutement des amis s'accélère en juillet 2002 avec la « stagiarisation », ouvrant la porte à des contrats stables pour 52 personnes, dont nombre de candidats MNR aux dernières élections dans le Vaucluse, en Gironde et dans le Gard. Cette liste comprend aussi Mario d'Ambrosio, condamné à dix ans de prison en juin 1998 pour le meurtre, à Marseille, du jeune Français d'origine comorienne Ibrahim Ali.
Récemment publié, le bilan social de la mairie confirme ces tendances lourdes. Pour 796 agents titulaires, il y a 516 non-titulaires. Avec un agent pour 38 habitants, cela représente un taux supérieur de 30 % à la moyenne régionale, comme au temps de la gestion socialiste. Pourtant, la Cour Régionale Compte estime que « l'administration municipale manque cruellement de compétences [car] de nombreux services n'ont pas de responsables ». La CFDT précise qu'il n'y a pas « d'ingénieur, de conservateur de bibliothèque, de conservateur du patrimoine, de directeur d'établissement d'enseignement artistique ». Les cadres sont donc remplacés par des chargés de mission qui « perçoivent des salaires supérieurs à leur qualification et à leur niveau professionnel ». Et qui sont souvent des militants du MNR, comme Hubert Fayard, ancien premier adjoint, chef d'un service de sécurité de 12 personnes.
Le syndicat remarque aussi que l'absentéisme, qu'il attribue à cette gestion harcelante et au favoritisme politique, a nettement crû : il y a eu 16 812 journées d'absence pour maladie en 2001, contre 10 845 en 1997. Les congés de maladie de longue durée sont passés de 9 400 jours en 1997 à 15 678 en 2002. Un accroissement considérable qui n'est pas pour rien dans ce que la CFDT appelle, non sans emphase, « la destruction du service public ».