En septembre Vitrolles peut se débarrasser des Mégret
Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 7 août 2002.
L’annulation des élections municipales pour diffamation ne laisse que peu de temps à la gauche pour s’organiser. Mais tout est possible.
Vitrolles n’en finit plus de vomir ses convulsions politiques. La ville, gérée depuis 1997 par Catherine Mégret, l’épouse du fondateur du MNR, va revoter fin septembre afin de se choisir un maire, et ce pour la quatrième fois en sept ans. Le Conseil d’État a en effet annulé, le 29 juillet dernier, les municipales de mars 2001, qui avaient vu Catherine Mégret s’imposer avec 201 voix d’avance dans une triangulaire face à la gauche, réunie entre les deux tours, et à la droite républicaine.
La plus haute juridiction administrative s’est appuyée sur la diffusion d’un tract hautement diffamatoire contre Christian Rossi, le candidat RPR, accusé d’avoir abusé sexuellement d’un SDF. Les enquêteurs chargés de la plainte ont découvert que ce tract comportait les mêmes défauts graphiques que les publications du MNR et provenait vraisemblablement de la même imprimerie. Yves Bovéro, premier adjoint de Catherine Mégret, a été mis en examen dans cette affaire.
Déjà dans la ligne de mire de la cour régionale des comptes et du parquet pour des soupçons de financement électoral du parti mégrétiste, Vitrolles tient dans ces nouvelles élections l’occasion de se débarrasser du MNR et de sa sulfureuse réputation de bastion de l’extrême droite. Pourtant, l’histoire politique récente montre que, sans union à gauche, Catherine Mégret est en mesure de conserver son poste.
" L’annulation des élections est une bonne chose, mais la situation serait encore plus terrible si le maire l’emportait de nouveau, témoigne un militant associatif, opposant de la première heure. Aux dernières législatives, l’UMP Éric Diard a remporté la circonscription en bénéficiant des consignes de vote de Bruno Mégret, et une part de l’électorat de droite pourrait se reporter sur le MNR. Le danger est d’autant plus grand qu’il n’est pas sûr que le FN arrive à constituer une liste. "
A droite, le RPR Christian Borelli et le DL Henri-Michel Porte se disputent une investiture UMP, que Christian Rossi ne souhaite officiellement plus porter. La gauche, historiquement majoritaire dans la ville nouvelle, n’est pas non plus en ordre de bataille. Le conseiller général PS Dominique Tichadou, tête de liste l’an dernier, n’est plus en odeur de sainteté dans sa fédération. Cette dernière préférerait se ranger sous la bannière du docteur Guy Obino, un sexagénaire ancien adjoint de Jean-Jacques Anglade, l’ex-maire battu par Catherine Mégret en 1997.
Pour le PS des Bouches-du-Rhône, ce sera François Hollande lui-même qui devra trancher ce litige avant qu’il ne débouche sur une candidature dissidente.
" La gauche est à nouveau devant ses responsabilités, constate Alain Hayot, tête de liste communiste l’an dernier. Saura-t-elle s’unir et offrir aux Vitrollaises et Vitrollais une véritable alternative de progrès social, de citoyenneté et de démocratie ? Il nous faut constituer une liste qui rassemblera très largement le monde associatif et social. Aujourd’hui, le PS est au pied du mur et ne doit plus tergiverser. "
Alain Hayot s’est également déclaré " disponible pour prendre ma place dans ce combat contre l’extrême droite et contre la droite, pour rouvrir à Vitrolles les chemins de l’espoir ".
" Nous devons peser pour obliger le PS à se positionner sur une liste de rassemblement à gauche, estime Jean-Marc Coppola, secrétaire fédéral du PCF. Les communistes vont organiser un forum citoyen dans la dernière semaine d’août, et nous appelons à d’autres initiatives en ce sens. "
De leur côté, les Verts locaux sont prêts à s’aligner sur une liste conduite par un socialiste " sur un programme clair " et la gauche alternative a annoncé qu’elle ne présenterait pas de candidat.
L’annulation des élections apparaît comme une bénédiction pour les démocrates. Mais, au cour des vacances, elle laisse moins de deux mois à la gauche vitrollaise pour s’organiser et convaincre une population flouée et démobilisée par sept ans de gestion mégrétiste.