Le tireur a été candidat MNR aux municipales
Article paru dans l'édition de l’Humanité du 16 juillet 2002.
La réaction citoyenne de quatre touristes a permis d’éviter l’attentat.
Maxime Brunerie figurait en septième position sur la liste Mégret dans le 18e arrondissement de Paris.
Maxime Brunerie, l’auteur de la tentative d’attentat contre Jacques Chirac lors du défilé du 14 Juillet, un " jeune homme calme et très discret ", selon ses voisins d’un quartier résidentiel de Courcouronnes (Essonne), camouflait ses véritables activités militantes. Dès dimanche soir, le ministère de l’Intérieur indiquait que l’individu âgé de vingt-cinq ans était connu des services de police depuis 1997 pour avoir participé à des manifestations de mouvements néonazis organisées par le Parti nationaliste français européen, membre du GUD (aujourd’hui Unité radicale), mouvement étudiant d’extrême droite, et connu dans le milieu skinhead. Lundi matin, la mairie du 18e arrondissement de Paris précisait que Maxime Brunerie avait été candidat aux élections municipales de 2001 sur la liste du Mouvement national républicain (MNR) qui avait obtenu 1 359 voix (2,90 %).
Bruno Mégret, le président du MNR, s’est empressé hier d’affirmer que son mouvement n’était " pas concerné " par la tentative d’attentat, sans toutefois démentir l’appartenance du tireur à son parti. On comprend la gêne de Mégret pour deux raisons principales. Maxime Brunerie n’était pas un candidat MNR de fin de liste. Il occupait la septième position (voir fac-similé). Il avait aussi participé à la soirée électorale de Bruno Mégret au Novotel situé rue de Vaugirard à Paris le 21 avril dernier et avait livré ses états d’âme au journal le Monde. Il indiquait notamment à Virginie Malingre qu’il voterait Le Pen au second tour de l’élection présidentielle malgré les " dérives du Front national " tout en précisant : " Quand les Mégret ont remporté la mairie de Vitrolles, il n’y a pas eu un seul télégramme de félicitations de la part de Le Pen. Et puis, Le Pen, il a soixante-seize ans c’est vieux. On souhaite la réconciliation. "
Maxime Brunerie était donc un homme " calme et discret ", selon ses voisins. · Courcouronnes, peut-être. N’empêche que les enquêteurs ont découvert chez lui de la " propagande extrémiste ", notamment " néonazie ", sans lien avec la tentative d’attentat et qu’il aurait laissé un message sur un site Internet invitant les internautes à regarder la télévision dimanche, sans préciser ses intentions exactes. Le tireur a passé la nuit de dimanche à lundi à l’infirmerie psychiatrique de la Préfecture de police de Paris. Son interrogatoire devait reprendre lundi dans la journée.
La tentative d’attentat contre le chef de l’État, heureusement sans conséquence, constitue un acte majeur contre la démocratie. Il ne semble pas être le résultat d’un complot. Pourtant, cataloguer sur-le-champ l’auteur du tir comme relevant d’un " cas psychiatrique ", selon Bruno Mégret, est allé trop vite en besogne. Maxime Brunerie n’a pas d’antécédent en ce domaine. Son comportement à Courcouronnes, ses multiples activités militantes à Paris, son engagement en politique dans le MNR, ses déclarations au Monde donnent plutôt de l’homme une image de cohérence. En revanche, il est probable que les discours de haine, de xénophobie l’ont entraîné à passer à l’acte.
De cet épisode qui aurait pu s’achever tragiquement, il convient de réfléchir à trois enseignements. Le tireur était placé à environ 150 mètres du cortège présidentiel et, malgré la forte présence policière, aurait pu atteindre Jacques Chirac même avec son arme de faible calibre, une carabine 22 long rifle. Une fois encore se pose la question de la circulation sans contrôle des armes. Le déchaînement extrémiste a toujours accouché de candidats aux crimes contre la démocratie. Les partis politiques faisant de la haine la base de leur recrutement portent une responsabilité écrasante. Enfin, et surtout, le réflexe courageux du touriste alsacien, Jacques Weber et de trois autres hommes qui ont détourné le tir puis maîtrisé Maxime Brunerie mérite d’être souligné. La citoyenneté, dans les moments les plus critiques où pas, n’est pas un vain mot.