Catherine Mégret interrogée dans une enquête sur la mairie de Vitrolles
Article paru dans l'édition du Monde du 04.07.02
La police est saisie après un rapport de la chambre régionale des comptes
La maire (MNR) de Vitrolles (Bouches-du-Rhône), Catherine Mégret, a été entendue, mardi 2 juillet, en qualité de témoin au siège de la police judiciaire de Marseille, dans le cours d'une instruction ouverte contre X... pour détournement de fonds publics et confiée à la juge Françoise Issenjou.
L'enquête vise les conditions dans lesquelles son mari, Bruno Mégret, aurait utilisé les services de sa mairie pour recueillir les signatures nécessaires à sa candidature à la présidence de la République. Dans un rapport provisoire, la chambre régionale des comptes (CRC) avait relevé, au mois de février, que plusieurs courriers avaient été adressés aux 36 000 maires de France en 2000 et 2001 et estimé cette dépense, « dont l'intérêt communal ne ressort pas de façon évidente », à près de 75 000 euros ( Le Monde du 17 mai). La CRC avait transmis ces éléments au parquet d'Aix-en-Provence.
L'interrogatoire de Mme Mégret est consécutif à une série de perquisitions et d'auditions. Lundi 24 et mardi 25 juin, neuf inspecteurs de la brigade financière du SRPJ de Marseille se sont présentés à l'hôtel de ville de Vitrolles pour interroger des élus et des fonctionnaires. Albert Motte, adjoint aux finances, et Yves Bovéro, premier adjoint et ex-directeur de cabinet de la maire, ont été entendus ainsi que le directeur actuel du cabinet de Mme Mégret et l'ancien directeur général des services. Les deux premiers ont été convoqués le lendemain à l'hôtel de police de Marseille pour des interrogatoires plus approfondies, ainsi que le nouveau directeur des services.
Hormis ces responsables, un employé du service courrier a été auditionné : il aurait assuré aux policiers avoir reçu l'ordre explicite de faire partir les dizaines de milliers de lettres par lesquelles M. Mégret essayait de convaincre les maires de soutenir sa candidature. L'employé aurait cité, devant les enquêteurs, les noms de ces donneurs d'ordre. Les policiers semblent s'intéresser également aux 150 téléphones portables généreusement attribués par la municipalité à des employés et à des élus.
Cette activité judiciaire paraît avoir créé une ambiance délétère à l'intérieur de la mairie, où beaucoup de langues se délient. Certains évoquent l'attribution des marchés publics du columbarium et de la cybermaison. Concernant le premier, le rapport provisoire de la CRC affirmait que sa construction avait été « facturée trois fois sa valeur ». Quant à la cybermaison, les travaux relatifs à son aménagement avaient été dévolus sans appel au marché public et entrepris avant même la transmission des pièces au représentant de l'Etat chargé d'en vérifier la régularité.