A 78 ans, Colette Mégret est candidate à Dreux par amour maternel
Article paru dans l'édition du Monde du 05.06.02
DANS LA FAMILLE Mégret, la mère ! Chez le président du Mouvement national républicain (MNR), on a l'esprit de famille. En 1997, rendu inéligible par une condamnation sur ses comptes de campagne, Bruno Mégret avait convaincu son épouse, Catherine, de le remplacer pour l'élection municipale partielle de Vitrolles (Bouches-du-Rhône). Aujourd'hui, sans candidat pour la 2e circonscription de Dreux - celle où le Front national, représenté autrefois par Jean-Pierre Stirbois, puis par sa veuve, Marie-France, obtenait ses meilleurs scores -, il a recruté, in extremis... sa mère.
A 78 ans, Colette Mégret, ex-maître de conférences de droit européen à l'université Paris-I, se lance donc en politique par amour maternel. N'ayant plus l'âge de parcourir les rues et les marchés, elle laisse aux militants de la section le soin du « tractage » et des collages. Seule une conférence de presse avec son seul fils - l'aîné de ses quatre enfants, à qui elle voue une admiration sans borne - a été envisagée.
En fait, elle ne passe guère que le week-end à son domicile familial d'Anet (Eure-et-Loir) ; aussi est-ce dans son appartement de Ville-d'Avray (Hauts-de-Seine) qu'elle reçoit Le Monde. La télévision est branchée sur Roland-Garros. A terre, sur le tapis, un sac avec des pelotes de laine laisse entrevoir un pull inachevé : « Je tricote pour mes petits-enfants », explique-t-elle sans qu'on lui pose de question.
Si elle reste laconique sur sa circonscription, elle se montre intarissable sur son fils, Bruno. « La politique m'a toujours passionnée, mais je n'en ai jamais fait de façon active, raconte-t-elle. Quand mon fils a créé le MNR, je me suis inscrite. J'ai été gaulliste, et je pense que c'est mon fils, par son amour du pays, son patriotisme, qui est plus dans la ligne du général de Gaulle que d'autres, qui se disent ses successeurs. » Mme Mégret mère se dit « très sensible à l'identité de la France, à son histoire, à sa langue, à l'environnement ». « Je ne me sens pas mondialiste, ajoute-t-elle. Il y a la famille et, après, la patrie ; ce qui donne un certain équilibre. »
Raciste, Bruno Mégret ? Elle le conteste farouchement. « Il est pour la préférence nationale, plaide-t-elle (...), ce n'est pas quelque chose d'ethnique ! » A propos des immigrés, elle ajoute néanmoins : « Pourquoi tous ces gens viennent ? Pour les avantages (...). Si on les limite, la France sera moins attractive pour les étrangers. C'est dans ce sens-là que mon fils veut supprimer les avantages : pour qu'ils viennent moins, pas par méchanceté. »
Questionnez, enfin, la candidate sur un éventuel rapprochement entre le MNR et le FN, et c'est la mère qui sort ses griffes : « Jean-Marie Le Pen a traité mon fils de crapule, de moins que rien. Il est tellement furieux que mon fils soit parti avec les éléments les plus valables du FN qu'il voudrait qu'il disparaisse. S'il se représente à 80 ans à l'élection présidentielle, ce sera uniquement pour ennuyer Bruno ! »