Catherine Mégret garde Vitrolles grâce au reflux du RPR entre les deux tours
Article paru dans l'édition du Monde du 20.03.01
Catherine Mégret, maire MNR de Vitrolles, a réussi à conserver sa mairie avec 7 292 voix (45,32 %), soit 201 de plus que son concurrent socialiste Dominique Tichadou, allié pour le second tour au communiste Alain Hayot.
Christian Rossi, le candidat du RPR, qui s'était maintenu, a perdu 7 % d'un tour à l'autre, passant de 2 365 voix (17,47 %) à 1 707 voix (10,61 %). On s'accordait dans les deux camps à dire que cette spectaculaire déperdition avait profité à la maire sortante : c'est dans les bureaux les plus favorables à la droite que l'hémorragie a été la plus importante.
La défaite, longue à se dessiner, a proprement asphyxié les militants des gauches, qui ont longtemps voulu croire que les urnes leur seraient favorables. Réunis devant leur local de campagne au vieux village de Vitrolles, sous les micocouliers d'une placette bucolique, ils croyaient encore vers 19 heures que leur héros ferait la course en tête. Pourtant l'inquiétude gagnait dès les premières séries de cent comptées : Catherine Mégret doublait leur candidat, et les responsables commençaient à chuchoter qu'il fallait s'attendre au pire. Une employée municipale pleurait dans son coin et ses trois copines s'efforçaient de lui faire garder l'espoir. Peu à peu la gêne s'installait et les dialogues devenaient plus aigres. « De toute façon, la Mégrète a raison, disait l'un, elle prend les Vitrollais pour des cons - et c'est des cons. » Un autre annonçait qu'il faudrait attendre « jusqu'au bout de la nuit pour avoir les vrais résultats, mais il faudra encore plus attendre le bout de la nuit si elle passe ».
A 21 h 30, Dominique Tichadou et Alain Hayot venaient mettre fin au suspense. Juché sur le perron de la porte Notre-Dame, le candidat socialiste, « très triste », déplorait que « les Vitrollais n'aient pas choisi la paix, le progrès, la démocratie ».
Trois raisons expliquaient, selon lui, l'échec de sa liste : « La prime au sortant et la campagne atroce menée par Mme Mégret ; l'effondrement de la droite vitrollaise, qui n'hésite pas à rallier l'extrême droite ; les mauvais résultats de la gauche en France et dans le département. » Alain Hayot y ajoutait « la difficulté de la gauche à mobiliser l'électorat populaire ». Les deux hommes, applaudis dans la tristesse, annonçaient alors qu'ils allaient déposer des recours contre une élection qu'ils estiment perturbée par les tracts anonymes. Et pour mettre un peu de baume au coeur, Dominique Tichadou lançait : « 1995-1997, ça vous rappelle quelque chose ? 2001-2003. » Mais rien semblait pouvoir atténuer la douleur des militants et sympathisants présents, qui n'arrivaient pas à croire qu'il leur faudrait affronter à nouveau les équipes municipales sortantes.
INVECTIVES, INSULTES
A la mairie, quelques instants plus tard, l'euphorie triomphante révélait que l'inquiétude avait longtemps plané. Au deuxième étage on s'embrassait, on se tapait sur l'épaule, on se congratulait comme après une grande peur. Une employée de mairie, larmes de bonheur aux yeux, glissait à une élue : « Ils nous ont fait souffrir, mais on les a eus ». Quelques-uns des gagnants se montraient sur le balcon de l'Hôtel de Ville face aux quelques dizaine de jeunes des cités massés en contrebas. Invectives, insultes et projectiles suivaient. La police chargeait sur le parvis pour disperser les opposants, qui brisaient quelques vitres.
Catherine Mégret entrait alors dans la salle du conseil municipal pour lire sa déclaration. Sa victoire lui paraît d'autant plus symbolique que « jamais une municipalité n'a subi un tel harcèlement et une telle propagande ». Il s'agit donc, a-t-elle ajouté, « d'une victoire de la liberté sur le totalitarisme, du courage sur la haine, c'est l'échec du politiquement correct ». Mais la victoire est aussi « celle du MNR, qui démontre ainsi que [ses] idées mises en oeuvre dans la durée sont celles que veulent une majorité de Français ». Catherine Mégret a ensuite posé pour les photographes devant le tableau lumineux sur lesquels les chiffres de la soirée étaient inscrits. Puis elle a disparu sans répondre à la moindre question. Ses amis, soulagés, se sont alors installés autour de la table du conseil municipal pour s'attaquer aux plateaux repas de la soirée.