Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

Référencement

Il y a actuellement  

  personnes connectées à Over-Blog dont  

  sur ce blog
  Blogue Parade - L'annuaire des blogues francophones - BlogueParade.com

 

Wikio - Top des blogs - Politique

Archives


Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
2 janvier 2006 1 02 /01 /janvier /2006 04:48

Vitrolles : chronique d’une libération annoncée
 
 

Article paru dans l'édition du 17 février 2001.

 

La gauche, qui présente deux listes au premier tour, semble en passe de " débarquer " l’extrême droite de l’hôtel de ville.

 
De notre envoyé spécial à Vitrolles
 

Vendredi 9 février, 10 h 25, marché des Pins, Vitrolles. Derrière une horde de gardes du corps à la mine patibulaire, on devine Catherine Mégret, tailleur rouge, sourire niais, et Bruno Mégret, gabardine beige, sourire noir.

 

" Trente-cinq jours avant la libération de Vitrolles ". C’est écrit au marqueur bleu sur un tableau, dans le local de campagne d’Alain Hayot. Comme un compte à rebours : 34, 33, 32... Ce samedi 17 février, à trois semaines du scrutin, cela semble écrit également dans les sondages (1). Au second tour, dans tous les cas de figures (duel ou triangulaire), Catherine Mégret est battue, quel que soit le candidat de gauche présent (2). Car c’est bien la gauche, défaite, humiliée en février 1997, qui semble en passe de " faire tomber " l’extrême droite. Mais attention !

 

Coincée entre Marseille et Aix d’un côté, les falaises et l’étang de Berre de l’autre, coupée par l’autoroute A7, Vitrolles, la " ville nouvelle " rattrapée par le chômage et consorts, vit encore en partie dans ce " syndrome du bunker " qui l’avait conduit à se livrer en 1997 - à la majorité absolue, fait unique en France - au Front national et au couple Mégret.

 

La liste Catherine Mégret (Bruno Mégret se présente, lui, à Marseille, en compagnie de l’ancien premier adjoint de Vitrolles, Hubert Fayard) est encore créditée de près d’un tiers des intentions de vote, tandis que 30 % des personnes interrogées n’ont pas voulu répondre ou préciser leur choix.

 

Attention, donc ! " Il n’y a pas de rejet massif de l’extrême droite ", avertit Alain Hayot, universitaire, vice-président communiste du conseil régional, qui conduit la liste Vitrolles Plurielle et Citoyenne. " L’élection n’est pas encore gagnée. Le score de Mégret reste très fort ", tempère lui aussi, Dominique Tichadou, médecin et tête de liste PS.

 

La gauche donnée gagnante dans cette ville symbole, mais la gauche divisée, c’est à n’y rien comprendre. Divisée pourquoi, au fait ? Chacun a son interprétation et rejette la responsabilité sur l’autre. En fait, les problèmes ont commencé lorsque l’idée est venue au sein de la gauche plurielle de régler le cas des villes détenues par le FN ou le MNR (outre Vitrolles, Toulon, Orange et Marignane) d’un bloc et séparément de l’accord national. Problème : après un rapide tour de piste, le Parti socialiste revendique les quatre têtes de liste.

 

À Vitrolles, le PS accuse le PCF de vouloir " rafler la mise de l’après-1997 ". Ce dernier dénonce les tentations hégémoniques du premier. À défaut de se mettre d’accord sur une tête de liste unique, il y en aura deux. Mais chacun glisse (plus ou moins) vite sur le passé pour aller à l’essentiel. Alain Hayot, à la tête d’une " liste citoyenne " où se retrouvent des militants politiques (PC-PS-Verts) et des militants associatifs de Convergences (jeunes issus de l’immigration), du Mouvement démocratique vitrollais ou de Ras l’Front : " La gauche se trouve en très bonne position pour gagner. Notre liste est la seule qui soit dans une dynamique. C’est grâce à elle que la gauche progresse. " Alain Hayot, investi lors des assises citoyennes (structure réunissant formations politiques, associations et citoyens) en octobre 2000, peut se prévaloir d’une dynamique certaine : entre 16 et 20 % dans les sondages, contre 7 % aux municipales de 1997 et 14 % aux cantonales de 1998. De plus, les enquêtes d’opinion indiquent un " carton " chez les 18-24 ans : premier candidat avec 34 % des intentions de vote.

 

Si Hayot parie sur la dynamique, Dominique Tichadou, le leader de la liste PS-Verts-PRG-MDC, cultive sa légitimité. " Je suis le conseiller général du canton qui recoupe exactement la ville... ". Ce constat fait, Dominique Tichadou s’amuse souvent à placer quelques petites piques à son concurrent de gauche, tire la leçon fondamentale de ces sondages : " Le seul combat digne, c’est celui contre l’extrême droite. Or on constate que la division n’a pas influé sur les scores de la gauche, puisqu’ils s’établissent à 46 % contre 36 % en 1997.

 

Le PS a conforté sa position de leader de l’opposition à Vitrolles. Nous sommes les seuls à pouvoir battre l’extrême droite à Vitrolles. " Jouant les grands seigneurs, il ajoute : " Ma liste est toujours ouverte avant le premier tour. " À distance, Alain Hayot cultive son leitmotiv qui résonne comme une réponse : " C’est la démarche citoyenne qui permet de booster la gauche. " Malgré les petites tensions d’avant premier tour, les deux candidats ont déjà prévu de se retrouver avant le second, afin d’affronter unis l’extrême droite.

 

Alors que ce duel gauche-extrême droite est annoncé, si ce n’est programmé, Christian Rossi, directeur général adjoint des hôpitaux de Marseille et candidat unique de la droite (RPR-UDF-DL-RPF), prétend tirer son épingle du jeu. " Le score qui nous est attribué dans les sondages (autour de 23 % - NDLR) représente le double de ce que nous faisons habituellement. Au premier tour, je veux être en tête des candidats démocrates. Je resterai au second tour car il ne faut pas reproduire ce qui s’est passé en 1997 avec un face-à-face gauche-extrême droite. Avec Tichadou, on recommence avec le pire clientélisme marseillais. " Son thème de campagne " Réconcilier Vitrolles " est une sorte de traduction positive d’une stratégie de double rupture : " Avec la municipalité sortante, qui a montré son incompétence à gérer la ville, et avec les pratiques de l’ancienne équipe ", celle qui, sous la houlette du socialiste Jean-Jacques Anglade, a géré Vitrolles jusqu’en 1997.

 

Hop là ! répond en substance Dominique Tichadou, ce n’est pas l’histoire d’une équipe, " mais celle d’un homme, Jean-Jacques Anglade. Et ça a fait mal au parti auquel il appartenait. Les sondages en 1997 montraient qu’Anglade était battu. Un an après aux cantonales, je battais le candidat d’extrême droite avec 51 % des suffrages. C’est toute la gauche qui a perdu à travers cet homme ". Jean-Jacques Anglade, retiré de la politique, s’est retranché dans son cabinet d’avocat à Marseille, mais dont on assure que les " réseaux " fonctionnent encore.

 

1997. Cela pourrait redevenir du passé dès le 18 mars prochain, s’il se confirmait qu’une douloureuse parenthèse de quatre ans allait se refermer à Vitrolles. Quatre années au cours desquelles Vitrolles et sa population ont payé un lourd tribut.

 

Les chiffres de l’insécurité ne se sont pas améliorés, loin s’en faut, malgré l’augmentation du nombre de policiers municipaux. La zone économique perd un peu plus chaque jour de sa substance, victime à la fois de la mauvaise image de la ville et donc d’une concurrence déloyale d’autres bassins d’emplois, ainsi que de l’inaction de la mairie (lire page ***). Les Vitrollais ont aussi payé cher la manie de la fermeture, particulièrement développée chez leur maire : fermeture du cinéma, fermeture de lieux culturels comme le Sous-marin, fermeture des maisons de quartier...

 

Quant à la " préférence nationale ", mesure phare du programme mégrétiste, elle a heureusement été mise en échec. Dès 1998, la municipalité a créé une allocation municipale de naissance réservée uniquement aux enfants de parents français ou européens. Mal lui en a pris. La famille Delessert, première récipiendaire, après avoir accepté le chèque de 5 000 francs (" une bouffée d’oxygène " financière, pensait-elle alors), l’a renvoyé à l’expéditeur, s’en expliquant dans la presse. " J’ai cru alors que nous pouvions empocher l’argent et oublier les idées qui allaient avec. (...) La richesse du monde, c’est la différence entre les peuples ", déclarait Véronique Delessert (3). Une gifle, puis deux. Saisi par le gouvernement, le tribunal administratif a jugé cette prime illégale. Depuis les Delessert ont quitté Vitrolles pour une destination inconnue, signe du climat pesant et malsain que fait régner l’équipe Mégret sur la ville.

 

Pour Régine Juin, l’ancienne directrice du cinéma de Vitrolles virée en 1997 (lire page ***), la leçon de ces quatre années est à la fois simple et terrible : " J’ai cru, comme d’autres, qu’ils allaient remplacer un monde par un autre monde. Mais non. Ces gens-là ne savent que détruire. " Vivement la libération !

 
Christophe Deroubaix
 

(1) La Marseillaise-Louis Harris du 2 février 2001 et la Provence-SOFRES du 5 février.

 

(2) Tichadou-Mégret : 57-43 ; Hayot-Mégret : 56-44. En cas de triangulaire également, Catherine Mégret est devancée par l’un ou l’autre des candidats de gauche.

 
(3) Voir l’Humanité du 4 novembre 1998.
Partager cet article
Repost0
Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1999 - 2001