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Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
2 janvier 2006 1 02 /01 /janvier /2006 06:40


Belgique, le Block fait pâte de velours

 
 

source : Le Nouvel Observateur le 09/03/2000 auteur : Didier Pavy


Avec sa façade néoclassique fraîchement repeinte d'un jaune éclatant et sa porte de chêne verni, l'hôtel de maître du 98 Amerikalei, à Anvers, respire l'opulence et l'honorabilité. Seuls trois étendards accrochés au balcon distinguent cette belle demeure de ses voisines: le lion noir sur fond jaune de la Flandre, le rouge et blanc de la ville d'Anvers et le blanc et orange du Vlaams Blok. A l'intérieur, aucune relique néonazie, pas le moindre skinhead bardé de cuir. Pas même une banderole avec le fameux slogan flamingant né dans les tranchées de 14-18: «Tous pour la Flandre, la Flandre pour le Christ». Mais des jeunes gens concentrés sur les écrans d'ordinateurs flambant neufs. Cette demeure bourgeoise est pourtant le siège du parti nationaliste, xénophobe et intégriste qui fait peur à la Belgique depuis qu'il a raflé 18 sièges sur 55 au conseil communal d'Anvers, lors des élections de 1994.


Même s'il est issu de l'aile dure du mouvement nationaliste flamand, dont certaines figures sont allées jusqu'à la collaboration avec l'occupant pendant la Seconde Guerre mondiale, le Vlaams Blok ne se présente pas pour autant sous les traits d'un parti néonazi professant des thèses négationnistes. On imagine mal ses dirigeants déclarer publiquement, comme le fit Le Pen, que les chambres à gaz étaient un «détail» de l'histoire. Le Blok affiche clairement sa volonté de rendre la Flandre indépendante de la Wallonie, son rejet des immigrés et sa politique nataliste. Mais il le fait sans violence, laissant aux activistes du Tak, du Vlaamse Volksbeweging ou du Voorpost le soin de jouer les gros bras. C'est ce qui le rend tout à fait fréquentable aux yeux de certains élus libéraux ou sociaux-chrétiens flamands qui ne refuseraient pas de former une coalition de centre-droit, à l'autrichienne, avec cette organisation qui, forte de 15000 adhérents, est soutenue par 600000 électeurs.


«La participation du FPÖ au gouvernement autrichien est un précédent très intéressant, explique Filip Dewinter, secrétaire général du parti et député au parlement de la Région flamande. Nous sommes déjà le premier parti d'Anvers, avec près de 30% des voix. Si nous obtenons 5% de plus aux prochaines élections communales, continuer à gouverner cette ville sans nous irait à l'encontre de la volonté du peuple.» «Nous n'avons rien contre les Wallons, nous sommes leurs meilleurs amis, affirme Dewinter. Mais nous avons deux langues, deux cultures et deux économies différentes. Et la Flandre donne chaque année 200 milliards de francs belges à la Wallonie, victime de l'incurie socialiste, pour financer sa sécurité sociale. Cet argent serait très utile pour régler les problèmes qui affectent la Flandre.»

 

Xénophobe, le Vlaams Blok ? Raciste ? «Pas du tout, réplique Dewinter. Nous ne nous considérons pas supérieurs aux Marocains ou aux Turcs mais nous pensons que chacun doit organiser sa propre culture dans son propre pays. L'intégration, ça ne marche pas.» «Pour emporter Anvers, dont Dewinter rêve de devenir le bourgmestre, ils copient la politique du Front national à Vitrolles et à Orange, explique Fauzaya Talhaoui, élue du parti écologiste flamand Agalev et première femme  d'origine étrangère à siéger au Parlement fédéral belge. Ils offrent, par exemple, un chèque de 30000 francs belges (5000 francs français) à chaque naissance d'un "echte Vlaams" (un Flamand de souche).» Alors que la majorité des Flamands ne désirent pas la disparition de l'Etat belge et que le chômage, en constant recul depuis cinq ans, est passé en Flandre au-dessous de la barre des 10%, comment expliquer la progression du Blok? «Pendant près de soixante-dix ans, explique le politologue Pascal Delwit, Anvers a été gérée conjointement par les socialistes et les sociaux-chrétiens. Elle est la ville la plus endettée du pays, avec Liège. Pour endiguer le chômage, la municipalité a créé un grand nombre d'emplois publics. Mais les deux partis au pouvoir se sont répartis les postes dans la plus pure tradition clientéliste.» «Anvers croulait sous la dette, nous l'avons réduite, répond la bourgmestre socialiste Léona Detiège. Nous avons aussi investi dans la rénovation de la ville et lancé un programme d'intégration des jeunes immigrés.» Une enquête publiée le mois dernier par l'institut régional flamand de la statistique fournit une autre explication à la progression du Vlaams Blok. Selon ce document, le Flamand moyen se considère comme comblé mais «subjectivement» malheureux. «Cette impression de malheur, cette angoisse irrationnelle, ce sentiment désagréable sont autant de sources d'inspiration pour l'extrême-droite», écrit Yves Desmet, rédacteur en chef du quotidien «De Morgen». «Je ne crois pas qu'on puisse uniquement lier le vote Vlaams Blok à la pauvreté dans les villes, confirme la syndicaliste Mia De Vits. Je vais dans certaines d'entre elles, prospères, tranquilles, et où il n'y quasiment pas d'immigrés, et on me dit que le Blok y a progressé.»


Reste à savoir, aujourd'hui, si le cordon sanitaire établi depuis 1994 par les partis démocratiques du nord de la Belgique autour du Vlaams Blok l'empêchera de déferler jusqu'à Bruxelles. Renouvelé aux élections législatives et provinciales de juin 1999, il n'a pas empêché le Blok de progresser non seulement à Anvers mais aussi à Gand et à Malines. En vue des municipales d'octobre prochain, les dirigeants des partis flamands ont menacé d'exclusion ceux de leurs membres qui se laisseraient tenter par un flirt avec le Blok. Mais les partis francophones de Bruxelles et de Wallonie doutent de l'efficacité de cette méthode. «Le choix est difficile, admet Fauzaya Talhaoui. Isoler totalement le Vlaams Blok, c'est en faire la seule réponse au mal-être des gens. L'interdire, c'est en faire un parti martyr.» Rinke Van Den Brink, spécialiste de l'extrême-droite européenne à l'hebdomadaire néerlandais «Vry Nederlands», va plus loin: «La classe politique belge a peur du Vlaams Blok et elle manque de foi dans la force de la démocratie. Il faut les combattre à visage découvert plutôt que par de petites machinations qui ne font que le renforcer.» Il serait en tout cas paradoxal que la Belgique, qui s'est montrée l'une des plus ardentes partisanes de l'isolement de l'Autriche au sein de l'Union européenne au moment de l'arrivée du FPÖ au pouvoir à Vienne, se retrouve quelques mois plus tard dans la situation de l'arroseur arrosé.

 
D. P.
 
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1999 - 2001