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Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
2 janvier 2006 1 02 /01 /janvier /2006 05:55

Le Sous-Marin met le feu aux poudres
 

Paru dans l’HUMANITE du 10/11/2000

 

Le café-musique de Vitrolles muré par l’extrême droite locale fête ses six ans d’existence au Docks des Suds de Marseille. À cinq mois des élections municipales de 2001.

 

Concerts, théâtre de rue, table ronde... Durant deux jours le Sous-Marin et les associations Vitrollaises vont conjuguer fête et activisme politique. Histoire de faire le bilan et surtout préparer l’avenir.

 

Positive Radical Sound, M, Lo’Jo Triban, Mickey 3 D, Général Alcazar, Louise Attaque... Il va y avoir du monde, aujourd’hui et demain, au Dock des Suds de Marseille où auront lieu une quinzaine de concerts (reggae, dub, chanson, musiques métisses ou électroniques) mais aussi du théâtre de rue, expositions, un village associatif, une table ronde et de nombreux débats. Le Sous-Marin fête son sixième anniversaire d’existence. Six ans marqués par une histoire mouvementée.

 

Né en 1994, du mouvement rock alternatif, en réaction au show-business, le café-musique avait pour vocation d’organiser des spectacles tous azimuts pour les Vitrollais, en collaboration avec les nombreuses associations de la ville.

 

Tout allait bien jusqu’à ce jour de juin 1997Catherine Mégret, nouveau maire FN (devenu MNR depuis) décide de supprimer la subvention de la salle (deux cent mille francs) prétextant que l’endroit " développait les mauvais instincts de la jeunesse ". " C’était un peu le délit de sale musique " se souvient Loïc Taniou, directeur du Sous-Marin. La réaction fut immédiate. En difficulté économique, le café-musique en appelle à un grand concert de soutien au Stadium, auquel participent des artistes comme Bertrand Cantat de Noir Désir, Massilia Sound System ou Miossec.

 

Objectif   Sensibiliser l’opinion et dénoncer la chape de plomb culturelle imposée par l’extrême droite locale : " Ce qui gênait la municipalité se rappelle le directeur du Sous-Marin, c’est que nous étions un lieu situé à 50 mètres de la mairie, où se développait un espace de résistance pour les associations n’ayant plus accès aux lieux publics de la ville, qui y venaient rencontrer leurs adhérents ". Près de 5 000 personnes se sont ainsi rendues au Stadium, pour assister, non seulement aux concerts mais aussi pour protester contre les pratiques d’exclusion de la mairie : " Ça été un grand moment de médiatisation de notre combat qui n’a pas plu aux élus ". De fait, dès octobre, la mairie donne l’ordre de murer le Sous-Marin : " Ils ont arraché l’enseigne, cassé des panneaux de verre. Ils sont entrés par effraction et ils ont monté un mur ".

 

Torpillé par l’extrême droite, le Sous-Marin n’a jamais accepté de se laisser couler, multipliant les actions auprès des tribunaux. Résultat, la municipalité a été condamnée une première fois (en octobre 1997) pour " effraction, voie de fait caractérisée et entrave à la liberté d’expression " par le tribunal de grande instance d’Aix-en-Provence. Tandis que le tribunal administratif de Marseille, jugeait, un an plus tard (novembre 1998) la fermeture du Sous-Marin " illégale ".

C’est dans ce contexte que va se dérouler le rassemblement au Dock des Suds. Soit deux jours placés sous le signe de la " fête " et de " l’activisme " : " Nous sommes toujours interdits de séjour, mais le temps est venu de rassembler nos troupes " peut-on lire dans le programme distribué à l’entrée. C’est dire si on espère beaucoup de ce que tous considèrent comme un moment fort qui va permettre de discuter et surtout de préparer l’avenir : " Pour nous, c’est un peu boucler une histoire précise Loïc Taniou.

 

Nous allons témoigner et faire un travail de mémoire de ce que nous avons vécu ". Déjà un concert surprise, en forme de conférence de presse, a été donné le 31 octobre dans un restaurant de la ville. Ce premier concert officiel du Sous-Marin sur Vitrolles depuis 1997, a permis aux nombreux acteurs des 37 associations présentes regroupées autour de la CAVM (coordination associative, Vitrolles-Marignane), d’exprimer leur désir de mettre fin à la parenthèse de l’extrême droite, et ce, à cinq mois des élections municipales de mars 2001 : " Nous avons tous ressenti une blessure après l’agression contre le Sous-Marin " souligne Alain Huertas, président de la coordination associative.

 

Une coordination qui participera à la table ronde (animée par Claude Villers, de Radio France) qui se tiendra demain en compagnie de Louise Attaque, Bertrand Cantat et Dieudonné, sur le thème de la " démocratie et de la citoyenneté ". Un temps de prise de parole qui sera un moment phare du sixième anniversaire. D’autant qu’en dépit d’un combat quotidien, sans cesse mené depuis 1997 (tournée de sensibilisation en France à travers le réseau de salles de la Fédurock, récolte pétition signatures, organisation annuelle du festival hors les murs " La tête dans les étoiles ", le Sous-Marin ne bénéficie plus d’une " lisibilité franche " auprès du grand public. Le lieu existe-t-il encore, est-il ouvert, fermé ?

 

C’est pour répondre à ces questions qu’on a fait appel au groupe Louise Attaque qui avait déjà participé à des concerts de solidarité avec le Sous-Marin. Il est à l’origine de la programmation de cette année : " ça va être un bilan de résistance " dit Gaetan, le leader des Louise. Pour Alex, le rassemblement va " favoriser la prise de conscience. Il faut que le Sous-Marin arrive à se sortir de là. La meilleure façon d’y parvenir, c’est de virer la municipalité ". Et de poursuivre : " Je crois que les gens se sont rendus compte de ce qu’est l’extrême droite dés qu’elle a un peu de pouvoir. Ce n’est pas juste dans les livres ! Ces gens-là arrivent à pourrir la vie de tous ceux qui ont envie de faire avancer les choses. Ils en ont donné la preuve. Ça va sûrement aider à réfléchir ". Arnaud, lui, va plus loin : " Il faut donner le droit de vote aux immigrés pour toutes les élections parce qu’au moins, les gens qui subissent l’extrême droite, seront à égalité sur le terrain de la République. Ça s’adresse à tous les partis de gauche ".

 

La gauche ? Vitrolles, ses associations et bien sûr les acteurs du Sous-Marin, attendent beaucoup d’elle en cas de victoire aux prochaines élections : " Il faudra que les élus donnent des moyens matériels et financiers qui permettent de créer de l’offre culturelle aux Vitrollais et aux habitants de la région ", indique Gaetan. " Les politiques doivent se montrer adultes ", renchérit Arnaud. Loïc Taniou, lui aussi attend beaucoup des futures échéances municipales : " Ce que nous aimerions, c’est que les politiques soient à l’écoute, qu’ils sachent tenir un langage constructif à la portée des jeunes. Ils voteront d’autant plus qu’ils seront pris en considération. On attend beaucoup d’un travail avec le monde associatif de Vitrolles et au-delà avec l’ensemble de la population. J’espère qu’on parviendra à se débarrasser de la chape de plomb de l’extrême droite sur Vitrolles et sa région et qu’on pourra souffler un peu ". Bref, la balle est dans le camp des démocrates et de tous ceux qui veulent que les choses bougent à Vitrolles. À commencer par la réimplantation d’un lieu fixe " centré sur les musiques actuelles " qui permette à la vie culturelle et associative de refleurir. Et à la commune des Bouches-du-Rhône de renouer avec le bien dont elle est privée depuis des années : la démocratie.

 
Victor Hache
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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1999 - 2001