Les BBR, ou le monde rêvé du FN
RENDEZ-VOUS annuel des militants FN, la fête des "BBR" (Bleu-Blanc-Rouge) se révèle surtout l’expression de la culture ghetto du FN, bien en peine de montrer des signes d’ouverture. On y vient moins pour débattre de l’actualité politique (rien par exemple dans les forums sur les accords passés dans les régions avec la droite...) que pour s’y retrouver entre soi.
N’en déplaise à Le Pen, toute la France n’y est pas. Seules les fédérations départementales les mieux structurées sont représentées. Vitrolles et Toulon sont présentes en leur nom propre. L’ancien SS Franz Schönhuber a fait un bref passage. La scène musicale, elle, se résume à quelques groupes nationalistes au professionnalisme approximatif, ne se cachant pas de faire du "rap celtique" parce que c’est à la mode, et parce que "les chants de la Waffen, c’est un peu démodé". "Dr Merlin" dédicace son dernier album, intitulé... "Brasillach", tandis que d’anciens militaires orphelins de grandeur, en uniformes de béret vert ou de zouave, entonnent dans les allées quelques chants de la Légion. "Je ne suis pas un alibi", s’évertue à proclamer Isabella, la chanteuse "de couleur" qui précède désormais les discours de Jean-Marie Le Pen.
Entre un hommage rapide à Maurice Bardèche, l’écrivain antisémite et les habituels ouvrages tendant à réhabiliter la collaboration, la fête des "BBR" s’attache à promouvoir la contre-culture du Front national, en entretenant le sentiment d’un complot généralisé. Un mélange d’orgueil et de nostalgie. Loin du "pays réel" que le FN prétend incarner.