Vitrolles : rassembler et mobiliser face au FN
Paru dans l’Humanité du 19/03/1998
DEPUIS le début de la semaine, le beau bébé blond aux yeux bleus a disparu des panneaux d’affichage officiels de la mairie de Vitrolles, au profit d’un placard sur la sécurité vantant la politique de la municipalité lepéniste en la matière. A l’heure où le parti d’extrême droite est prêt à mettre "la préférence nationale" en veilleuse dans le cadre de son opération de charme en direction de l’UDF et du RPR, il n’hésite pas à mobiliser les moyens de la mairie au service de cet ajustement. Quitte à prendre quelques libertés avec la réalité.
Brandissant des statistiques faisant état d’une diminution de la délinquance dans la ville, pour s’en attribuer la paternité, le FN oublie de dire que celles-ci portent sur les années 1995 et 1996, donc sur une période antérieure à son arrivée aux affaires. Sur fond de grandes manoeuvres en vue de l’élection des présidents de région, le FN est prêt à tout pour effectuer son entrée au conseil général des Bouches-du-Rhône. Il n’a manqué que 168 voix au maire de Marignane, Simonpieri, pour réussir ce pari dès le premier tour. Aucun effort ne sera de trop pour parvenir au sursaut citoyen susceptible d’empêcher que ce soit chose faite au second.
A Vitrolles aussi, l’heure est à la mobilisation des forces de progrès, pour faire barrage à Cesari, maire adjoint de la ville. Dès dimanche soir, le communiste Alain Hayot candidat du PCF, des Verts, de la LCR, du MDC et du MDV (mouvement démocratique vitrollais), appelait au rassemblement autour de Dominique Tichadou, candidat socialiste devenu celui de la gauche et de tous les républicains. Après l’élection du socialiste Henri d’Attilio aux législatives de juin dernier, la campagne d’Alain Hayot a confirmé qu’une dynamique pouvait se créer.
Obtenant 14,5% des suffrages, soit le double du score communiste aux cantonales de 1992, Alain Hayot a amélioré de quatre points le pourcentage qu’il avait réalisé sur la ville lors de ces mêmes législatives. Il n’en regrette que davantage que cette dynamique ait été "plombée" par les querelles et les divisions dans la mouvance socialiste. Bref, après la douloureuse expérience des municipales, à Vitrolles on sait ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire quand les blés sont sous la grêle. Il n’est pas trop tard pour agir en conséquence.
Le meeting en préparation témoigne de cette volonté. Il se tiendra demain soir à 19 heures, à la salle des fêtes de la ville. A l’heure où ces lignes étaient écrites, tandis que d’autres contacts étaient pris, on annonçait la participation de Michel Vauzelle, celle du député de la circonscription Henri d’Attilio, celle d’Alain Hayot, et bien entendu celle de Dominique Tichadou.
Sans attendre, Alain Hayot s’engage à fond. Sans rien abandonner dans "le combat d’idées et sur les valeurs", il estime que celui ci "doit être nourri par un combat politique sur le projet même du FN". Ainsi, estime-t-il indispensable de "démasquer l’imposture". "Non, lance-t-il, le FN n’est pas un parti défenseur des intérêts populaires et des exclus. Il est, au contraire, un défenseur du capitalisme dans ses formes d’exclusion les plus extrêmes". Et de rappeler l’hostilité du parti d’extrême droite "à toute avancée sociale : 35 heures, emploi jeunes, sécurité sociale"...
Du côté de la droite, Christian Rossi (RPR), le candidat du premier tour éliminé du second, laisse ses électeurs se prononcer "en leur âme et conscience". Une âme que certains de ses amis sont en train de monnayer avec ceux de Le Pen et Mégret. Le conseil régional UDF Alain Bayrou prône "le dialogue". Le maire frontiste de Toulon, Le Chevallier, ne cache pas que ce dialogue est effectivement engagé dans des "conversations privées". Au point que Philippe Séguin a cru devoir inviter François Léotard à revenir sur sa décision de ne pas se présenter pour l’élection du président de région afin de "fixer" ses collègues tentés par le chant des sirènes. Pour sa part, Karim Belkacemi, membre du PPDF, une des composantes de l’UDF, en appelle aux sentiments républicains des électeurs de droite. Il appelle les Vitrollaises et les Vitrollais à voter pour Dominique Tichadou.