Vitrolles : une ville en résistance contre le FN
Paru dans l’Humanité du 06/02/1998
VITROLLES, dans les Bouches-du-Rhône. Un an déjà que le Front national s’est installé à la mairie. Un anniversaire que la majorité lepéniste a marqué du sceau de la honte. De la préférence nationale. L’annonce de la création d’une allocation de naissance de 5.000 francs, qui serait versée aux seules familles dont l’un des parents au moins est français ou ressortissant de l’Union européenne, est perçue par une grande partie de la population comme un affront. Une nouvelle provocation.
Depuis que la famille Mégret a fait main basse sur la ville les coupes réglées se succèdent. Cependant, les pressions n’ont manifestement pas réussi à démobiliser ceux qui refusent l’arbitraire. Leurs rangs ne cessent de grossir. Dans cette cité du Midi de la France, les énergies se mobilisent. La lutte quotidienne des antifascistes et de tous les démocrates contre la mairie et ses décisions antidémocratiques, antisociales et anticulturelles, ne connaît pas de répit. "A Vitrolles, nous bénéficions d’un mouvement social et citoyen fort", explique Alain Hayot, membre du Comité national du PCF. Aussi, avec toutes les forces qui veulent débarrasser la commune de l’équipe frontiste, ce sociologue et universitaire de renom a décidé de relever le gant. Sur le terrain.
Candidat du rassemblement, présenté sur le canton par le PCF, les Verts, le Mouvement des citoyens, la LCR, Alain Hayot est soutenu par de nombreuses associations. Son engagement, il le place sous le signe de la citoyenneté. "Cette expression diverse et plurielle incontournable", comme il aime à le dire. "Ici, confie-t-il, les événements nous ont contraints à travailler ensemble, à se parler." A la cité HLM de la Petite Garrigue, un quartier populaire de la ville, dans la petite salle "Le Bartas" où, l’autre soir, quatre-vingts personnes se pressaient, on pouvait au fil des interventions vérifier cette volonté d’écoute mutuelle. De recherche de ce qui rassemble et non divise. Et, comme devait le noter un participant, s’apercevoir qu’à Vitrolles on avait "commencé à faire autrement". Un "autrement" qui, après bien des réticences, a contraint le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur à suspendre Ä comme ne cesse, depuis le premier jour, de le demander Alain Hayot Ä les mesures de "préférence nationale" instaurées par la municipalité Front national.