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Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 14:45

Les femmes relèvent le défi
 

Article paru dans l'édition de l’HUMANITE du 6 février 1997.

 
De notre envoyé spécial.
 

QUAND on arrive à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), ce qui frappe, c’est d’abord le soleil. Puis, c’est une mobilisation dynamique autour de la liste de gauche conduite par Jean-Jacques Anglade. Mais ça, on ne peut la sentir d’emblée, puisque, précisément, cette dynamique est nouvelle. Il paraît qu’on la sent depuis seulement mardi soir ou mercredi matin.

 

Beaucoup parlent d’effets de campagne. D’autres, mais parfois aussi les mêmes, évoquent l’émission de TF1 « le Monde de Léa », supprimée au dernier moment mardi soir. Le motif : les lepénistes ont refusé d’y participer. Ici, ça fait un choc. Auraient-ils quelque chose à craindre d’un débat à la télévision ? Pourquoi le FN a-t-il choisi d’organiser la censure ? Il y a le coup de la télé. Mais il y a aussi le comportement des colistiers de Roger Guichard (UDF-RPR) qui se montrent de plus en plus pour faire barrage au second tour au Front national et font le porte-à-porte de leurs électeurs.

 

Le point d’orgue devrait être la venue de Jean-Claude Gaudin, ministre UDF et maire de Marseille, sur le marché, vendredi, en compagnie de Jean-Jacques Anglade. C’est qu’ici, dans les Bouches-du-Rhône, la crainte grandit : si on laisse Vitrolles au Front national, il prendra ensuite le canton, le département, puis la région. Et personne ne veut de cette mauvaise histoire-là. Tout cela donc commence à se savoir. L’espoir gagne du terrain. Et on relève la tête. « Depuis quelques heures, on a le sentiment que les gens recommencent à se parler après la chape de plomb qui avait pesé les derniers jours de campagne du premier tour », explique Nadine, responsable de l’association culturelle « Font Blanche ».

 

Leur tête, elles la portaient bien haute, mercredi après-midi, les femmes de Vitrolles. Une manifestation spontanée, impressionnante. Deux cents jeunes femmes, les poussettes des bébés au premier rang, et un slogan crié à pleins poumons : « Les femmes contre la haine. » Une détermination à donner la chair de poule. Dina, jeune animatrice : « Les femmes ont pris conscience que le FN n’apportera pas la sécurité, bien au contraire. » A peine a-t-elle prononcé cette phrase, que dix, quinze, vingt femmes de tous âges veulent apporter témoignage. C’est ainsi qu’à plusieurs voix un récit prend forme. L’histoire est celle qui a eu lieu dimanche soir. Il était 22 heures. Les résultats du premier tour venaient d’être proclamés. Dans les quartiers de La Frescoule, des bandes armées sont arrivées et ont agressé des jeunes. Précision : dans ces quartiers-là, le FN n’a pas fait le score qu’il escomptait. « Est-ce cela que certains visiteurs de Saint-Cloud proposent pour établir la paix dans notre ville ? » s’indignent les femmes. Leur crainte est que la violence face tache d’huile : « Nos jeunes ne laisseront pas faire. »

 
Donc, à Vitrolles, on relève la tête. On se reparle. Et on compare. Notamment avec l’action municipale du FN à Toulon ou à Marignane. Et, du coup, le bilan de l’ancienne municipalité n’est finalement pas si mauvais. Surtout si l’on imagine que, comme à Toulon, les lepénistes fermeraient les maisons de quartier. Où, comme à Marignane, excluraient des cantines scolaires les enfants des familles considérées comme immigrées. Et l’on évoque aussi le sort que l’extrême droite réserverait au centre de vacances qui accueille plus d’un millier de jeunes quels que soient les revenus de leurs familles.

 

Nadine : « Ici, tout le problème se résume autour d’un constat : les Vitrollais sont en quête de reconnaissance et beaucoup sont confrontés à une misère qui n’épargne aucune couleur de peau. » Hasard ? Au moment même où ces lignes sont écrites, un groupe de jeunes brandissant pancartes appelant à refuser la haine défilent devant la permanence de la liste Jean-Jacques Anglade. Et ils chantent « la Marseillaise ».

 

D. B.

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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997