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Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 15:30

Vitrolles refuser le piège !
 
source : Le Nouvel Observateur le 06/02/1997 auteur : Marie-France Etchegoin

Ce soir-là à Vitrolles, alors que Catherine et Bruno Mégret s'embrassent pour la troisième fois devant les photographes pour fêter leurs 46,7%, on pense soudain à la petite caméra. Celle qui est accrochée sur la façade d'un immeuble, dans une rue du centre-ville, à deux pas de la permanence de Jean-Jacques Anglade, à côté d'une belle pancarte où il est écrit: «Ce site est équipé d'un système de vidéosurveillance visant à renforcer la sécurité des personnes et des biens... signé: municipalité de Vitrolles.» Et ce soir-là, on mesure plus que jamais combien cette enseigne, installée depuis deux ans par la mairie, est dérisoire et pathétique. On dirait une bouée inutile jetée dans un ultime effort à une ville qui se noie. «Ce qu'ils proposent, nous l'avons déjà fait», disaient les tracts d'Anglade. Mais la petite caméra qui fait de l'oeil à l'électorat frontiste n'a rien empêché.

Que filme-t-elle, ce dimanche 2 février au soir? Les sympathisants atterrés de Jean-Jacques Anglade qui battent la semelle devant son local de campagne. Au fil des minutes, les résultats tombent, toujours plus mauvais pour leur candidat qui n'obtient que 37% des voix. Toujours meilleurs pour les époux Mégret. Pas de larmes, pas de cris de colère. Seulement de la stupeur. Et de l'amertume aussi. «Nous sommes tous responsables de ce qui arrive aujourd'hui, dit Alain Castan, un vieux militant associatif vitrollais. C'est notre faute à tous. Aux pro-Anglade qui n'ont rien voulu voir venir. Et aux anti qui n'ont pas trouvé de solution de rechange.»
 
Un peu plus loin, les proches du maire essaient tant bien que mal de se persuader que rien n'est encore perdu: «On ne les laissera pas faire. Dès demain, nous repartons de plus belle. Sans états d'âme et tous ensemble. Regardez, tout le PS est là.»

Les caciques locaux sont venus, en effet. Et ils s'évitent soigneusement. Dans un coin, il y a François Bernardini, le secrétaire fédéral, qui s'était opposé à une nouvelle candidature du maire sortant. Ses troupes ont formé un cercle imposant et hermétique autour de lui. Car, dans un autre coin, il y a son adversaire au sein du PS des Bouches-du-Rhône, le président du conseil général, Lucien Weygand, qui soutient depuis le début Jean-Jacques Anglade. Devant la permanence, il a lui aussi rassemblé ses fidèles. «Ça va être très dur», dit l'un de ceux-là. «Surtout avec les fausses cartes qui circulent dans certaines sections», précise le militant socialiste venu de Marseille. De quoi parle-t-il? «Mais voyons, du vote de mardi prochain, au PS. La désignation des têtes de liste pour les sénatoriales! Vous n'êtes pas au courant?»
 
C'est ainsi, pendant que Vitrolles bascule les stratèges locaux du Parti socialiste dissertent sur leurs batailles internes. Aussi impuissants que le système de vidéosurveillance face à l'expansion du Front national.

Il est presque minuit. Les rues de Vitrolles se vident. Les ténors du PS sont rentrés chez eux. Si la petite caméra tourne toujours, elle enregistre peut-être le triste manège de trois femmes et d'un homme qui profitent de la nuit pour se montrer, à la recherche des derniers journalistes encore debout. Ils tiennent entre leurs mains un communiqué manuscrit sur une feuille de papier sans en-tête, une sorte de brouillon photocopié en plusieurs exemplaires. On y lit: «La section du PS de Vitrolles ne souhaitait pas la candidature de Jean-Jacques Anglade. Elle avait alerté les instances nationales et départementales. Seul un front républicain peut encore sauver la ville, mais sans le maire désavoué.»
 
Qui sont ces délateurs nocturnes? Des membres du PS vitrollais en rupture de ban, dont la secrétaire de section, le trésorier, une ancienne directrice de cabinet de Jean-Jacques Anglade, licenciée il y a quelques mois. Ils ne représentent pas beaucoup plus qu'eux-mêmes. Mais ils ont fini par trouver des caméras, des vraies, cette fois, celles de la télévision.

Et le lendemain, ils lisent leur déclaration dans les journaux télévisés. Une heure plus tard, le responsable de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, François Bernardini, aura beau prononcer leur exclusion, le mal est fait. Malgré les suppliques d'Alain Areski, le directeur de campagne du maire, aux journalistes, aux sympathisants qui traînent les pieds, aux déçus de «l'angladisme»: «S'il vous plaît, on parlera de tout ça après le second tour. Il faut d'abord retrousser les manches. Sonner le tocsin auprès des abstentionnistes. Il faut battre le Front.» Faire taire les rancoeurs, remettre les règlements de comptes à plus tard, attendre encore un peu pour la grande auto-flagellation, l'examen de conscience, les promesses de renouvellement.

Ce dimanche soir à Vitrolles, la droite elle aussi se déchire à belles dents. Mais à huis clos. Dès 22h30, le rideau de fer de la permanence du candidat de la majorité, l'UDF Roger Guichard, est baissé. Mais à l'intérieur, les membres de sa liste sont en pleine mutinerie. Parce que, dès le début de la soirée, les «patrons» du département (Renaud Muselier pour le RPR et Jean-Claude Gaudin pour l'UDF) ont ordonné le retrait de Roger Guichard pour le second tour. «Sans même nous demander notre avis, alors que nous avons tout de même fait 16%, soit 4 points de plus qu'en juin 1995!», s'insurgent les colistiers. Ils refusent de se saborder. Ils jurent qu'ils n'obéiront pas aux injonctions venues de «là-haut»...

En fait, la poussée du FN a, encore une fois, pris tout le monde au dépourvu. Les états-majors de l'UDF et du RPR pensaient que le score de Catherine Mégret ne dépasserait pas celui de son mari aux dernières municipales. Ils avaient parié sur un résultat de 43%, peut-être moins. C'était le cas de figure idéal. Guichard n'aurait pas été obligé de se retirer. Comme aux dernières municipales, sa présence aurait servi à «fixer» une partie des voix de la droite en les empêchant de se reporter sur le Front national. Les électeurs d'Anglade comme ceux de Guichard y auraient trouvé leur compte. Mais au soir du premier tour, cette confortable stratégie ne tient plus la route. Cette fois, la droite doit mouiller sa chemise. Prendre position. Désormais, Jean-Jacques Anglade a besoin de toutes les voix. Comme le RPR Gérard Hamel en novembre dernier à Dreux. Et les socialistes n'oublient pas de rappeler qu'ils s'étaient alors désistés pour empêcher l'élection de Marie-France Stirbois.

Voilà ce que tente d'expliquer Roger Guichard à ses colistiers, cette nuit du 2 février, derrière son rideau de fer, même si devant les micros quelques heures auparavant il a laissé planer le doute. «C'est Jean-Claude [Gaudin] qui nous demande de jeter l'éponge, dit il. Et même Alain Juppé.»
 
Mais à 2 heures du matin, le petit chef d'entreprise vitrollais n'a toujours pas réussi à convaincre. Et pendant toute la journée du lundi, ceux qui ont fait sa campagne traînent leur désarroi, étalent leur ressentiment. Ils sont aussi désemparés que la grande majorité des électeurs d'Anglade. «Près de 2500 personnes ont voté pour nous, explique la numéro deux de la liste, Bonnie Alleman. A ces gens-là, qui ne veulent plus entendre parler d'Anglade, on a promis qu'on reviendrait au second tour. Pendant notre meeting, c'est aussi ce que leur ont dit Jean-Claude Gaudin et Renaud Muselier. Ils ont eté applaudis à tout rompre à ce moment-là. Comment voulez-vous que les électeurs de la droite traditionnelle s'y retrouvent aujourd'hui? Vous croyez qu'ils nous feront confiance la prochaine fois? Ils voteront FN, dès le premier tour, à toutes les élections.»

Christian Borelli, l'un des responsables du RPR vitrollais, s'énerve lui aussi: «Aujourd'hui, il faut qu'on se fasse hara-kiri, qu'on renonce à nos conseillers municipaux, qu'on laisse tous les sièges aux Front national et à la gauche. Il faut qu'on vole au secours de nos ennemis du PS pour empêcher les canailles du FN de gagner.» Le militant RPR marque une pause et dit, l'air malheureux: «C'est vrai que ce serait atroce si l'extrême-droite gagnait.» Et Bonnie Alleman ajoute: «Ce serait pire que tout. Pire qu'à Marignane ou à Orange. Eux, ils ont des frontistes du cru. Nous on aura les Mégret. On sera montré du doigt partout. On deviendra le fief de Le Pen.»
 
Comme tous les Vitrollais qui ne veulent pas de l'extrême-droite, les deux militants RPR se sentent coincés, ligotés. Eux aussi disent qu'après l'élection «il faudra remettre les choses à plat», entamer les séances d'autocritique.
 
Pourquoi la droite n'a-t-elle pas présenté un candidat plus crédible que Roger Guichard? «Parce que nous n'avions personne d'autre sous la main, reconnaissent aujourd'hui les responsables de la majorité. Beaucoup de RPR sont passés au Front. Il a fallu rapidement trouver un UDF pour combler le vide. Ce fut Guichard.»


A Vitrolles, la droite comme la gauche semblent frappées d'impuissance. Toutes deux se sont laissé engluer dans le piège frontiste. Paralysées. Incapables de préparer la relève. Dimanche soir, il fallait aller dans un hôtel de l'aéroport de Marignane pour trouver des gens heureux. Là-bas, les militants du Front national trinquent. Bruno Mégret triomphe. Sa femme prend d'heure en heure un peu plus d'assurance. Elle se désinhibe. Reprend à son compte les insinuations, les jeux de mots douteux de son mari contre ses adversaires. Elle rit beaucoup. A n'en pas douter, elle sera mordante pour cette campagne du second tour. Tous la félicitent. Tous l'envient déjà. Les nouveaux postulants, les futurs candidats, jeunes ou moins jeunes, tous ceux qui se sont juré de «prendre» les communes des environs. Et qui rêvent déjà d'installer partout des milliers de petites caméras

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Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997