Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

Référencement

Il y a actuellement  

  personnes connectées à Over-Blog dont  

  sur ce blog
  Blogue Parade - L'annuaire des blogues francophones - BlogueParade.com

 

Wikio - Top des blogs - Politique

Archives


Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 14:29

Oui, les socialistes sont coupables!
 
source : Le Nouvel Observateur le 13/02/1997 auteur : Daniel Carton
 
«Une partie de trompe-couillons!» Les socialistes les plus lucides des Bouches-du-Rhône n'ont pas trouvé d'autres mots devant le désastre de Vitrolles.
 
Un désastre annoncé, programmé, que personne à gauche n'aura été capable de conjurer. Jean-Jacques Anglade n'était certainement pas le candidat idéal, et tout le monde chez les socialistes le savait. Accusé de mégalomanie - il régissait sa ville comme un duché -, soupçonné de pis encore, la personnalité de l'avocat à l'écharpe blanche n'en finissait pas d'alimenter la chronique.
 
Dès le congrès de Liévin de 1994, les rocardiens, de qui il se réclame, prennent leurs distances avec lui. Cela n'empêche pas, aux municipales de 1995, Bernard-Henri Lévy, Bernard Kouchner, Jack Lang, pour ne citer qu'eux, de faire le voyage pour lui apporter le soutien de Paris...
 
Dans le combat contre le Front national, se disait-on justement, priorité à la victoire. Le miracle s'est produit une fois, pas deux. Lionel Jospin était dans la même disposition d'esprit quand, interrogé début janvier sur son soutien à cette candidature, il expliquait laborieusement que, face au péril lepéniste, il ne fallait pas faire la fine bouche. Mais le coeur n'y était pas et, contrairement à ce qu'il avait fait pour Kouchner à Gardanne, il attendra le second tour pour faire un petit aller et retour à Vitrolles.
 
A la fin de l'été dernier, lorsque l'invalidation des municipales de Vitrolles est déjà quasi certaine, François Bernardini, le patron de cette fédération historique des Bouches-du-Rhône, monte à Paris pour alerter sur les menaces que représenterait pour le PS la reconduction du ticket Anglade. Sur place, le feu couve. Une partie de l'équipe municipale a claqué la porte, la section locale est à la dérive. Quantité de messages de détresse remontent rue de Solferino. Pour en avoir le coeur net, la direction nationale du PS commande à l'automne, dans le dos d'Anglade, un sondage Sofres confidentiel sur «la situation politique à Vitrolles.» Quatre cents électeurs sont interrogés les 30 et 31 octobre. Les handicaps d'une nouvelle candidature Anglade sautent aux yeux: 58% des Vitrollais critiquent son action à la tête de la municipalité; 57% se disent insatisfaits de leur maire; 5% seulement lui accordent le bénéfice de l'honnêteté ! En cas de face-à-face avec Bruno Mégret, Anglade est battu: 48% contre 52%.
 
Selon ce même sondage, seules deux autres personnalités du cru pouvaient escompter faire mieux, sans pour autant garantir la victoire. Un autre élu de Vitrolles, Guy Obino et, l'ancien fils spirituel de Gaston Defferre, en retraite de la politique à Marseille, Michel Pezet. Approché, le premier revendique tout de suite l'étiquette «UDF de gauche», courant inconnu au PS ! Si on venait vraiment le chercher, Pezet se dit prêt à se dévouer. Mais il apparaît bien vite que son importation à Vitrolles déclencherait un incendie général dans une fédération qui n'en finit pas de liquider l'héritage de Gaston Defferre. Ainsi se joua, en secret, le premier acte de cette comédie tragique. Le second ne pouvait surprendre. Dès qu'est connue, fin novembre, l'invalidation par le Conseil d'Etat du scrutin de 1995, Anglade, sans consulter quiconque, s'autoproclame candidat. Coup de force parfait. Le soir même, un grand meeting lance sa campagne. La mégalomanie d'Anglade a encore frappé.
 
Lui-même dit se « trouver bon»! C'est parfait ! Paris n'a pas réussi à sortir ce maire sortant, à propulser le candidat qui ferait passer un courant d'air frais sur Vitrolles.
Entre les deux tours, les règlements de comptes à gauche ont déjà commencé. Ils vont se poursuivre. A qui la faute ? Tous ont leur part de responsabilité. Des cas Anglade, dans les Bouches-du-Rhône, il en existe des dizaines, incontrôlés, incontrôlables. Voilà des années que cette fédération s'embourbe dans ses petits combats de chefs, ferme les yeux sur des élus peu regardants, trafique les cartes des militants. Des années qu'on s'y promeut ou s'y défait suivant les humeurs et les intérêts, sans plus aucune notion d'honneur et de vérité.

Pas plus que ses prédécesseurs, Lionel Jospin n'a essayé d'y remettre de l'ordre. «Je ne peux pas rallumer la guerre», confiait-il encore quelques jours avant ce rendez-vous noir de Vitrolles. Car ces terres sont réputées fabiusiennes... Jospin et Fabius vont-ils enfin s'entendre pour donner ensemble un coup de pied dans cette termitière? Où laisseront-ils les affaires se dégrader encore un peu plus, pour le plus grand profit du Front national ?

A Marseille, les deux complices d'hier, Lucien Weygand, le président du prospère conseil général, et François Bernardini, l'inamovible patron de la fédération, sont engagés dans un combat sans merci, combat de petits coqs, avec leurs supporters obligés. Weygand a soutenu le conseiller général Anglade, parce que, dans son assemblée, chaque voix compte. Bernardini l'a lâché. Demain, on échangera encore d'autres coups bas, qui ne font plus rire personne.

Demain, la justice pourrait se mêler de siffler la fin de cette triste et trop longue partie. Avant l'été, elle pourrait être saisie d'un rapport explosif de la chambre régionale des comptes mettant en cause Bernardini, chargé au début des années 90 de la communication du conseil général, sous le contrôle bienveillant de Lucien Weygand.

Faudra-t-il en être surpris? Le bâtiment du conseil général des Bouches-du-Rhône, un immense vaisseau bleu échoué dans les tristes quartiers Nord de Marseille, est déjà à lui seul une provocation, le symbole de cette folie des élus qui ont oublié leurs électeurs. François Mitterrand s'était fait un devoir, durant sa présidence, de ne jamais y mettre les pieds. Ce gouffre pour argent public n'a pourtant jamais manqué de visiteurs parisiens. Depuis des années, ce faste incongru fait rire. Il est regardé comme une particularité folklorique locale. Sentant venir la tempête, Weygand a renoncé à être sénateur en 1998. De son côté, Bernardini a revu à la baisse les effectifs de sa fédération. Des 18000 adhérents annoncés, elle serait passée à 6000...


Dans une telle parodie politique, Jean-Jacques Anglade n'était, certes, qu'un personnage secondaire. Le drame, c'est que le rôle qu'on lui a laissé jouer était capital. D'où l'amertume, voire le désespoir, de beaucoup de socialistes de la région: désespérant de voir un plan Orsec déclenché par les plus hautes instances du PS, ils attendent en secret que la justice fasse son travail. Le grand enseignement de Vitrolles est qu'on ne peut combattre le Front national qu'avec les mains propres. Jospin aurait avantage, pour lui-même et pour son parti, à s'en souvenir. Et à tirer, dans l'urgence, la leçon de cette défaite annoncée

Partager cet article
Repost0
Published by Didier HACQUART - dans Histoire politique de Vitrolles : 1988 - 1997