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Pour mieux connaitre  l’histoire politique de Vitrolles, gérée pendant 5 années (1997 - 2002) par l'extrême droite et le couple Bruno et Catherine MEGRET, plus de 200 articles de presse sont à votre disposition (colonne de droite, rubrique "thèmes" sur ce blog). A l'heure de la banalisation de l'extrême droite, un devoir de mémoire s'impose avec l'expérience vécue à  Vitrolles.

Cette histoire politique est désormais complétée par des vidéos que vous pouvez retrouver dans le thème "l'histoire politique de Vitrolles en vidéo", dans la colonne de droite. Cette rubrique sera renseignée au fil du temps.

@ DH
22 septembre 2006 5 22 /09 /septembre /2006 07:27

En finir avec l'affaire du sang contaminé


Soutenir Laurent FABIUS, c’est se prendre sans cesse "dans les dents" l’affaire du sang contaminé. Plutôt qu’esquiver le débat, il importe d’être clair et précis sur ce dossier.

Le plus simple est de reprendre un article p
aru dans L'Express du 04 mars 1999. Cet article a le mérite de mettre sur la table tout le dossier du sang contaminé et du rôle exact de Laurent FABIUS.

Ensuite chacun est libre de penser ce qu’il veut en connaissance de cause.

DH

Référence :
 
 

Dix ans dans la tête de Fabius par Elise Karlin
 

Pendant tout ce temps, le drame du sang contaminé a hanté l'ancien enfant gâté de la politique. Et hypothéqué son destin. Le verdict du 9 mars 1999 lui apportera-t-il la paix ?

 
[’Express en ligne - Au terme du procès de l’affaire du sang contaminé, la Cour de justice de la République a rendu son jugement le 9 mars: Laurent Fabius a été relaxé, par douze voix contre trois, et «réhabilité». En effet, la Cour a non seulement rejeté toutes les accusations portées contre lui, mais elle l’a également crédité d’une action positive, puisqu’il serait intervenu dans des délais normaux et aurait plutôt aidé à l’accélération des dossiers.]
 

«Mais Laurent... Tu es pédé ou quoi?» Juin 1985. Laurent Fabius déjeune avec Serge Moati. Dans la conversation, le Premier ministre explique à son ami qu'il va rendre systématique le dépistage des dons du sang. Le cinéaste n'en revient pas, un instant il s'amuse. Bien sûr, Serge Moati a entendu parler du sida - pour qui connaît un peu les Etats-Unis, le «cancer gay» affole déjà la communauté homosexuelle américaine... Les autres? Pas concernés. Alors, à table, ce lundi-là, Moati se moque de «Laurent», marié, deux enfants. Et il n'est pas le seul: mis au courant le matin du 19 juin, à quelques heures de l'annonce dans l'hémicycle du palais Bourbon, Claude Bartolone ne cache pas non plus sa stupéfaction. Non, vraiment, il ne comprend pas l'intérêt du chef du gouvernement pour une maladie qui tue moins de 100 personnes par an. Un même souci comptable agace d'ailleurs le journaliste François-Henri de Virieu, qui interpelle Laurent Fabius pendant son Heure de vérité, le 4 septembre 1985: «La question que les Français se posent: est-ce que c'est un travail de Premier ministre [...] dans ce pays de, finalement, prendre la tête de la bataille contre le sida, qui fait 80 morts en France, alors que l'infarctus fait 50 000 morts?»

 
Laurent Fabius, à qui la vie n'a rien refusé, a l'arrogance et la légèreté des esprits brillants
 

«Intuition», dira Fabius plus tard. Certes. Mais cet homme a trop peu l'habitude du hasard pour prendre une décision sur sa seule intuition. En juin 1985, une controverse oppose l'équipe du professeur français Luc Montagnier à celle de l'américain Robert Gallo sur l'antériorité de la découverte du VIH. Depuis des mois, la France et les Etats-Unis se disputent le marché des tests de dépistage. «Intuition.» Dans la tête de Laurent Fabius, une petite voix le met en garde. Trop d'enjeux, trop de signes. Un jour, peut-être, pouvoir dire: «J'ai agi.»

Le dépistage systématique annoncé des donneurs de sang tient en quelques lignes dans la presse du 20 juin. Qu'importe: à 38 ans, le plus jeune Premier ministre «donné à la France» n'en finit pas de composer son portrait, dont chaque touche doit éclairer la modernité. Une gestion moderne des affaires du pays, une communication moderne à la télévision, une écoute plus attentive de la société moderne, des minorités... Laurent Fabius, à qui la vie n'a rien refusé, a l'arrogance et la légèreté des esprits brillants. Normalien, agrégé, énarque, distingué par François Mitterrand, il n'a connu que des succès. La morgue du «dauphin» irrite les socialistes? C'est sans importance, il a la confiance du président. Dans les sondages, les Français le portent aux nues et les Françaises le trouvent «sexy». Les premiers revers n'entament pas cette assurance, ni le naufrage du Rainbow Warrior, ni le parapluie dont l'affuble le dessinateur Faizant à la Une du Figaro, ni l'humiliation que lui inflige Jacques Chirac au cours d'un face-à-face télévisé. Rien ne semble pouvoir atteindre Laurent Fabius jusqu'à ce qu'en 1988, malgré le soutien de François Mitterrand, les socialistes lui préfèrent Pierre Mauroy pour diriger le parti. Il découvre le désamour de ses amis politiques, perçoit celui des Français: l'opinion admirait sa prestance, désormais elle le juge glacé. Hier, elle saluait son parcours; aujourd'hui, elle critique une ambition démesurée. La même réserve, qu'elle tolérait avec bienveillance, devient le symbole d'une insupportable condescendance...

 

Ce mur d'indifférence qui paraît l'isoler a grandi avec lui. Dans la maison d'André Fabius, son père, l'émotion se dissimule: «Tout ce qui était personnel, tout ce qui était susceptible de créer un choc, tout ce qui pouvait simplement poser problème, tout cela devait être évacué», écrira Laurent Fabius. Ne jamais aborder l'essentiel. Un jour, l'un de ses amis lui demande ce qu'il lit. «Robert Ludlum», répond Fabius. «En réalité, j'ai découvert qu'il lisait des poésies de Valery Larbaud dans la Pléiade. Mais le dire, c'était presque ouvrir son cœur.» Pour parer l'indécence des sentiments, le cœur se bronze. La politique, cette passion froide, lui offre toutes les raisons de se durcir encore. La «machine» Fabius promet les plus belles victoires, celles des calculs stratégiques, celles qui méprisent l'ennemi pour la fragilité de sa défense.

 
1991-1992: l'engrenage
 

Elu président de l'Assemblée nationale en 1988, Laurent Fabius retouche son autoportrait. Sous les ors de la République, il s'applique à séduire les parlementaires. Moderne, forcément moderne, il communique sur la revalorisation du rôle du Parlement. Il joue sa propre partition et fait entendre sa différence, comme ce matin d'avril 1991, sur Radio-Monte- Carlo. Laurent Fabius connaît de longue date le journaliste qui l'interroge: ils ont fait leurs études ensemble. Après l'émission, la conversation se poursuit dans la rue. «Dis donc, Laurent, tu as vu cette affaire du sang?» Le journaliste fait allusion à un article d'Anne-Marie Casteret, dans L'Evénement du jeudi, sur la contamination en 1985 des lots destinés aux hémophiles. Fabius s'arrête, à peine un instant de silence. Oui, il a lu cet article, il dit qu'il ne comprend pas. De toute façon, en 1985, il a agi très vite, d'ailleurs on l'a beaucoup critiqué. Les deux hommes changent de sujet.

 
Lorsqu'il prend la direction du PS, le 9 janvier 1992, Laurent Fabius est encore dans les médias «l'enfant gâté de la gauche»
 

Cette année-là, comme tous les ans, Laurent Fabius passe le week-end de la Toussaint avec quelques amis. L'Egypte, les rives du Nil, les coups de téléphone réguliers à Paris... Un jour, le président de l'Assemblée nationale revient soucieux de la cabine. Son directeur de cabinet, Jean-Claude Colliard, vient de lui annoncer que la presse le met en cause assez violemment dans le scandale du sang contaminé. La réponse de Laurent Fabius tient en quelques mots: le seul message à faire passer, c'est la rapidité et l'efficacité de la décision annoncée le 19 juin 1985. Il multiplie les coups de fil, s'exaspère des difficultés de ses collaborateurs à convaincre les journalistes. Dès son retour, il les reçoit lui-même, en vain. Il y a des morts, des enfants, des victimes à peine écoutées.

 

Lorsqu'il prend la direction du PS, le 9 janvier 1992, Laurent Fabius est encore dans les médias «l'enfant gâté de la gauche». Malgré les affaires et le juge Van Ruymbeke, qui perquisitionne Rue de Solferino le jour même de son entrée en fonction. Malgré les remugles de la loi d'amnistie. Malgré les militants d'Act up, qui accueillent le nouveau premier secrétaire en brandissant son portrait en noir et blanc frappé d'une main ensanglantée. Dans sa voiture, Laurent Fabius est impassible. Il faut être de ses amis pour remarquer les traits qui se creusent, la mâchoire qui se durcit, cette absence dans le regard. Fidèle à cette image sans aspérité, il l'est encore le 24 juillet 1992, lorsqu'il est entendu comme témoin au procès des responsables de la transfusion. Il dit qu'il veut «s'incliner devant la douleur des victimes», affronte l'indignation de la salle. Dans la rue, Act up hurle sa colère. L'association a déclaré la guerre aux politiques: comme les médecins, ils doivent payer. Inlassable, Laurent Fabius répète qu'il a été l'un des premiers à agir, en 1985. Mais, à quelques mois des législatives, l'opposition ne laisse pas passer sa chance: en octobre, à l'initiative des groupes RPR et UDF, le député gaulliste Bernard Pons demande une saisine de la Haute Cour pour juger Laurent Fabius, Edmond Hervé et Georgina Dufoix.

 

Les déclarations mettant en cause l'ancien Premier ministre se multiplient, à droite, à gauche parfois: à la buvette des parlementaires, Claude Bartolone et Claude Evin en viennent quasiment aux mains. Le député fabiusien du Pré-Saint-Gervais n'a pas supporté une remarque de l'ancien ministre rocardien. Laurent Fabius, lui, se débat pour échapper au piège. Le 11 octobre, il estime que «la demande de constitution de la Haute Cour est une ignominie». Le 31 octobre, il souhaite s'expliquer devant un jury d'honneur, en attendant qu'une révision de la Constitution lui permette de se défendre devant la justice ordinaire. Mais, le 9 novembre, sans l'en avoir averti, François Mitterrand affirme à la télévision que «le devoir actuel consiste à faire élire les membres de la Haute Cour et à la faire fonctionner normalement». Fou de rage, Laurent Fabius assiste en direct au désaveu présidentiel. Personne n'ose lui téléphoner. Le lendemain, l'homme a recomposé le masque. «Il faudra compter avec cela aussi», dit-il à un proche. Le 15 novembre, sur TF 1, il revendique la procédure de la Haute Cour, sans réussir à effacer le soupçon: ses volte-face apparaissent comme autant de manœuvres pour éviter de comparaître.

 
L'opinion le condamne aux profondeurs des sondages, jetant aux oubliettes ses ambitions politiques
 

Le 10 décembre, il croit apercevoir l'issue: le Sénat l'exempte de Haute Cour, faute d' «éléments suffisants». A une écrasante majorité, après un débat passionné, l'équipe de Laurent Fabius, Rue de Solferino, l'engage pourtant à ne pas se désolidariser d'Edmond Hervé et de Georgina Dufoix. Les «éléphants» du parti sont aussi de cet avis. Dans le secret de l'Assemblée nationale, le premier secrétaire réunit le groupe socialiste. L'atmosphère est tendue, les élus sont divisés. «Laurent, tu dois y aller», lui lance André Labarrère. D'autres voix, sa femme, ses amis, Robert Badinter ou l'avocat Jean-Michel Darrois, lui ont soufflé qu'il serait broyé. En dépit des paroles du président, en dépit des avertissements de ses proches, qui lui parlent d'erreur politique, Laurent Fabius ne se résout pas à comparaître. Que cessent les accusations, les calomnies, les menaces sur sa famille. L'échappée est à portée de la main. Dans la confusion, le 16 décembre 1992, les députés socialistes bloquent la procédure en ne votant pas la mise en accusation d'Edmond Hervé et de Georgina Dufoix. Ils pensent ainsi accorder à ces deux ministres l'indulgence consentie à Laurent Fabius par le Sénat. Le tollé quasi général et la fureur des hémophiles ont raison dès le lendemain de cet ultime stratagème. Hagard, le visage défait, Laurent Fabius est contraint d'annoncer devant la presse qu'il votera lui-même l'acte d'accusation qui saisira la Haute Cour, «puisque tel est aujourd'hui le prix de la vérité et de l'honneur». Mais l'opprobre est jeté sur les socialistes: en mars 1993, la sanction électorale laisse le PS exsangue. Dans sa circonscription, en Seine-Maritime, Laurent Fabius est épargné. Ses collaborateurs respirent: «Jusqu'à la dernière minute, on n'y a pas cru. C'était tellement dur, cette campagne, les poches d'encre rouge qu'on nous balançait à la tête, les tracts avec la photo et la main pleine de sang...»

 

Victorieuse, la droite se tait: la responsabilité pénale n'a pas de couleur politique. En avril 1993, Michel Rocard écarte Laurent Fabius de la tête du Parti socialiste. Quant à l'opinion, elle le condamne aux profondeurs des sondages, jetant aux oubliettes ses ambitions politiques. Désormais, Laurent Fabius le sait: pour le débarrasser du doute et lever l'hypothèque, la procédure devra aller au bout.

 
1994: l'opprobre
 

En juillet 1993, au terme d'une révision de la Constitution, la Cour de justice de la République succède à la Haute Cour. En septembre, une nouvelle information judiciaire est ouverte, pour «empoisonnement», à l'encontre des conseillers ministériels, des transfuseurs et des membres de la Direction générale de la santé. Un an plus tard, en septembre 1994, Laurent Fabius, Edmond Hervé et Georgina Dufoix sont mis en examen pour «complicité d'empoisonnement». L'ancien Premier ministre est atterré. Toujours, il a prévu le pire, et toujours il a eu raison. Mais la cruauté des mots le brûle de l'intérieur. Depuis quelques semaines, pourtant, la politique recommençait à lui sourire. Le premier, il a réclamé des frappes aériennes contre les milices serbes en Bosnie. Le premier, il a dénoncé le «verrouillage» de l' «Etat Balladur». Il s'est même pris à songer à l'échéance présidentielle, celle de 2002. Pour 1995, au lendemain du renoncement de Jacques Delors, quelques-uns de ses amis viennent le solliciter. Il se met presque en colère, imagine son premier meeting chahuté par des militants d'Act up. «Ne venez plus me parler de cela.»

 
«C'est un homme complexe, pas un homme compliqué», dit de lui son ami Maurice Benassayag
 

Depuis 1991, sa défense n'a pas changé. Laurent Fabius répète qu'il est l'un des premiers hommes politiques à avoir agi aussi vite dans ce domaine. Il répète qu'en 1985 les avis médicaux étaient contradictoires. Il répète qu'il a brutalisé l'administration française en imposant un délai d'un mois et demi entre l'annonce d'une décision et sa mise en application. Il répète qu'il n'a pas le sentiment d'avoir failli. A l'automne 1995, il tente une réhabilitation littéraire. Il écrit Les Blessures de la vérité (Flammarion), pour répondre à ceux qui s'interrogent: «Laurent Fabius a-t-il une âme?» «Je dois sortir de moi-même», confie-t-il aux journalistes. Dans le chapitre consacré au drame du sang, il plaide encore: «Y arriverons-nous jamais? Je me sens innocent. Je me sais innocent. Mais la confusion dans l'opinion est si profonde, la demande d'expiation est si puissante...» La parole, si longtemps contenue, n'efface pas la raideur. Un trait de plume ne biffe pas des années de réserve. Les mêmes, qui louent sa gentillesse et la qualité de sa présence, racontent que Laurent Fabius peut passer une soirée sans adresser la parole à quiconque, muré dans son silence au milieu du brouhaha. «C'est un homme complexe, pas un homme compliqué», dit de lui son ami Maurice Benassayag.

 
1998: l'épreuve
 

En juin 1997, Lionel Jospin s'installe à Matignon. Laurent Fabius retrouve la présidence de l'Assemblée nationale, mais il est toujours au plus bas dans les sondages. «Dans l'affaire du sang, l'opinion est chienne, soupire le sénateur Henri Weber. Elle veut des responsables à la hauteur de la tragédie, dans une volonté d'expiation commune. On est loin d'une simple soif de justice.» A l'hôtel de Lassay, sans que jamais sa loyauté ne soit prise en défaut, Laurent Fabius se reprend à espérer, sortant du placard le costume du socialiste moderne. Jamais à court de propositions, il retouche encore son autoportrait et entretient son courant. Il n'est pas en situation de présenter une alternative, juste de reconquérir un espace de liberté. En juin 1998, le deuxième réquisitoire de non-lieu du procureur général paraît ouvrir la dernière porte. L'arrêt de renvoi de la commission d'instruction de la Cour de justice de la République la claque brutalement au visage des trois accusés. «J'avais arrêté de fumer depuis douze ans. Quand j'ai lu cela, j'ai allumé une cigarette», raconte l'avocat de Laurent Fabius, son ami d'enfance Jean-Michel Darrois. Dans l'entourage, c'est la consternation. Toutes ces années, ils ont partagé les doutes, bravé les colères et le découragement, ils ont espéré, convaincus que la politique française ne saurait se passer de l'envergure d'un Fabius. Ils voulaient un procès pour s'expliquer, ils devront d'abord se défendre.

 

Laurent Fabius se jette à corps perdu dans son dossier. Il apprend chaque note, connaît toutes les dates, décortique la presse, travaille sur l'état des connaissances médicales de l'époque. Cette fois, il veut en finir. Ecarter enfin l'épée de Damoclès. Il voit des juristes, des légalistes, des psychologues, il dit qu'il cherche à comprendre les victimes. Les amis de Laurent Fabius, réunis à l'hôtel de Lassay, se consacrent à la préparation du procès. Personne n'en parle, mais tous les socialistes y pensent. Bertrand Delanoë, sénateur PS de Paris, peu suspect d'amitié fabiusienne, prend l'initiative de rencontrer dans le plus grand secret le président d'Act up pour l'interroger sur ses intentions. Philippe Mangeot, qui rendra compte de cet entretien aux militants, lui répond qu'Act up s'est battu pour un procès. Aujourd'hui qu'il a lieu, pas question de descendre dans la rue réclamer la tête des ministres. A quelques jours de l'ouverture du procès, Lionel Jospin déjeune à Lassay avec Laurent Fabius. Le mardi 2 février, comme tous les mardis, le président de l'Assemblée reçoit à sa table les parlementaires qui animent son réseau. Les fidèles ont été conviés, une vingtaine. Tous ils sont venus. «Je suis prêt», leur dit Laurent Fabius. Pendant les trois semaines que dure le procès, il écoute, intervient, se défend, profite d'une situation où personne ne paraît en mesure de lui porter la contradiction. Mis hors de cause par le Pr François Gros, son ancien conseiller scientifique, Laurent Fabius fait annuler les témoins dont il avait demandé l'audition. Il a longuement préparé le texte qu'il lit, le 23 février. La main tremble sans qu'il semble pouvoir la maîtriser. Convaincu de sa propre relaxe, Laurent Fabius, très clairement cette fois, exprime un soutien «vigoureux» à Edmond Hervé et à Georgina Dufoix.

 

Déjà, la reconquête de l'opinion peut commencer. Offrir une autre conception de la politique, plus moderne, plus européenne, peser dans le débat: la place laissée vacante est toujours à prendre. Un discours devant les socialistes au moment de la convention Europe, à la fin du mois, quelques meetings pendant la campagne, plus tard, peut-être, un autre livre - la machine n'a rien perdu de son efficacité. «Elle peut devenir une entreprise à recycler les rancœurs, le centre d'accueil des déçus qui n'ont rien obtenu, analyse un dirigeant socialiste. Mais Fabius n'a pas de perspective à court terme, du moins pas au regard de la situation actuelle de Jospin.» Le temps n'a pas d'importance. Laurent Fabius a appris la patience.

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Published by Didier HACQUART - dans Parti Socialiste