L'affaire de TARNAC et la fameuse cellule invisible n'est pas finie. Julien COUPAT est toujours incarcéré.
Je suis intervenu à plusieurs reprises sur ce blog sur cette affaire qui commence à prendre des proportions démesurées et surtout inquiétantes en termes de respects de nos libertés individuelles. L'autre soir lors de notre réunion publique à Vitrolles sur l'Europe, une des intervenantes rappelait que les libéraux face à la crise et surtout au maintien de leurs pouvoirs n'avaient d'autres issues que de durcir la pouvoir et restreindre les libertés. Quelque part nous y sommes avec l'affaire de TARNAC...
DH
Pseudos rebondissements dans l'affaire dite de Tarnac (1)
26 mars 2009
La journée d'hier a été l'occasion de pseudos rebondissements dans l'affaire dite de Tarnac.
Dans un premier temps, un article du journal Le Monde (2) revient à nouveau sur l'enquête judiciaire : une journaliste ayant visiblement eu accès à l'intégralité du dossier d'instruction. Décrivant sur toute une page ce qu'elle y a découvert, elle en arrive à cette conclusion (la même que tous ceux qui ont pu accéder à ces informations) : la justice ne dispose d'aucun élément matériel permettant d'étayer l'accusation "d'association de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste". L'article détaille par ailleurs les mesures toujours plus délirantes qui furent mises en œuvre pour surveiller Julien pendant plusieurs mois : écoutes, caméras dans les arbres, intervention des services financiers, courrier ouvert, filatures, enquêtes de voisinage, etc.
Quelques heures après la sortie de cet article, l'accusation s'est fendue d'une brève contre-attaque. "Non non le dossier n'est pas vide" : la police prétend avoir "découvert" plusieurs documents informatiques permettant de légitimer l'accusation de terrorisme : des textes évoquant l'ouvrage "l'Insurrection qui vient", une quittance EDF ("qui aurait pu servir à d'éventuelles falsification"), et un "manuel" de 60 pages (!) expliquant la fabrication de bombes artisanales. La police et le parquet sont visiblement à la peine pour tenter de relancer l'intérêt pour cette affaire. Personne ne croira sérieusement à la "découverte", sur des ordinateurs saisis il y a 4 mois déjà, de "nouveaux" documents accablants. Il ne faut pas plus de quelques heures pour faire le tour d'un disque dur. Une partie du matériel informatique a d'ailleurs été inspectée durant les gardes à vues. Ces documents sont-ils si crédibles qu'il n'a même pas été nécessaire de les évoquer plus tôt dans l'enquête ? Où découlent-ils de pures falsifications ? Ces basses manœuvres sont celles d'une accusation visiblement en perte d'arguments.
Malgré la grossièreté de telles opérations, il n'en a pas fallu beaucoup plus à certains médias pour relayer cette information "croustillante", participant (encore une fois) pleinement à cette nouvelle opération de propagande (qui vise à faire oublier la faiblesse du dossier d'instruction). La police se délecte : elle a non seulement réussi à réactiver l'imaginaire terroriste (grâce au simple mot "bombe"), mais elle prétend à partir de ces "nouveaux éléments" pouvoir user de cette spécificité française qu'est l'accusation d'"association de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste" - qui permet des condamnations préventives sur des présomptions d'intention, même quand aucun acte ne peut être imputé aux inculpés. Gageons que ces pseudo révélations feront long feu, comme nombre d'éléments dans cette affaire qui, avant d'être totalement décrédibilisés, furent brandis victorieusement par les fins limiers de la SDAT. Il serait d'ailleurs temps que l'accusation cesse de se ridiculiser jour après jour.
Rappelons enfin que cette offensive intervient alors que les inculpés ont publié il y a peu une lettre ouverte à leurs juges, et tandis que le pouvoir accentue les opérations répressives dans la crainte de troubles sociaux (poursuites judiciaires à la suite de la manif du 19 mars, lois anti-bandes, réincarcération de Farid, sommet de l'OTAN) (3)
(1) et (3) http://soutien11novembre.org/
(2)
http://abonnes.lemonde.fr/web/recherche_breve/1,13-0,37-1075775,0.html
http://abonnes.lemonde.fr/web/recherche_breve/1,13-0,37-1075814,0.html